CHAPITRE 53 : « Centre hospitalier De Bierne » « Afrique »
CHAPITRE 53 : « Centre hospitalier De Bierne » « Afrique »
La vie trépidante et habituellement joyeuse du centre hospitalier semble entachée par les événements récents, il n’est pas rare d’apercevoir çà et là des attroupements, chacun donnant ses propres impressions sur ce qu’il en pense.
Le retour mystérieux de Florian, ses conversations secrètes avec Annie suivies du départ précipité de Xiao, avec ensuite la disparition soudaine de Damien et enfin sans compter ces étrangers venus poser tout un tas de questions plus indiscrètes les unes que les autres.
Raphaël depuis l’ancien dispensaire transformer en clinique vétérinaire en est au même point, il en est arrivé à plusieurs conclusions qui l’inquiètent toutes autant quelles sont, du simple fait que chacune d’elles puisse devenir un gros problème pour le futur.
Malgré tout sa confiance en Florian reste un solide point d’appui pour ne pas broyer du noir, il continue donc son travail avec la même passion qu’avant que les premiers troubles ne viennent perturber leur vie.
Avec deux de ses assistants, il termine d’opérer la jeune guenon retrouvée prise dans un piège de braconnier, quand un mouvement de l’autre côté de la vitre attire son attention et qu’il reconnaît avec une certaine surprise, la personne le nez maintenant collé au carreau à lui faire de grands signes.
Un signe rapide lui signifiant qu’il n’en a plus pour longtemps et Raphaël se remet sur les dernières sutures avant de laisser la main à ses assistants, ôtant ses vêtements tachés de sang pour ensuite se diriger vers le sas de sortie rejoindre son visiteur qu’il enlace avec une joie manifeste.
- Qu’est-ce que tu fais là ? Tu parles d’une surprise !! Annie sait que tu es au centre ?
- Pas encore, je viens juste d’arriver.
Raphaël desserre son étreinte en reculant d’un pas pour regarder de tout son soûl la beauté du jeune garçon qu’il a eu comme stagiaire ces quatre dernières années et avec qui un lien disons-le des plus spéciaux, s’est tissé au fil du temps.
Il le détaille de la tête aux pieds, ce qui fait sourire Alexandre.
- Tu me trouves changé ? Je n’ai été absent qu’un petit trimestre à peine pourtant.
- Pourquoi tu me demandes ça ?
- Tu me regardes comme un maquignon ! Hi ! Hi !
Raphaël lui fait un clin d’œil amical, alors qu’il en prend plein les yeux du sourire charmeur de ce grand blond au visage empreint d’une grande douceur de traits.
Son cœur bat soudainement la chamade de ce qu’il a l’intention de lui dire, l’attrapant par la manche pour l’emmener jusqu’à la salle de repos où il est certain d’être sans oreille indiscrète, quoiqu’il sache très bien que ce qu’il a à lui révéler n’est pas une chose taboue, surtout ici.
Ne voulant pas attaquer par ce qui pour lui est le plus important, il préfère commencer par l’aspect professionnel de sa présence au centre.
- Maintenant que tu as eu ton diplôme, tu feras partie de l’équipe à part entière comme médecin vétérinaire. Ce n’est pas le travail qui manque comme tu t’en es rendu compte durant tes stages.
Alexandre hoche la tête en souriant, conscient que ce n’est pas pour cette seule raison qu’il a été emmené jusqu’ici et il attend avec une certaine anxiété les paroles qui le rassureront sur l’envie qu’il a depuis le premier jour où il l’a connu de devenir plus qu’un ami pour cet homme magnifique.
Quatre années de rêves érotiques, où son maître de stage lui enseignait bien d’autres choses que la médecine vétérinaire et où il se perdait dans ses bras après des relations tout en tendresse.
La petite douzaine d’année de différence d’âge qui pourrait pour certains être un frein à une liaison durable, n’est qu’un plus pour Alexandre qui depuis son plus jeune âge a le fantasme de se sentir dans les mains d’un homme mature plutôt qu’un jeune de son âge.
Alors que penser du flash qu’il a ressenti quatre ans plus tôt, quand il a été présenté à celui qui restera son mentor durant ses quatre années de spécialisation.
Pourtant rien n’a jamais été au-delà d’une amitié, certes forte, mais sans ambiguïté aucune, tout du moins de la part de Raphaël qu’il sait fidèle à Éric son amant de toujours.
Ce n’est pas faute pour Alexandre d’avoir tenté maintes méthodes de séduction, restées pour la plupart sans retour, à part peut-être quelques sourires démontrant qu’il n’en était pas dupe une seconde mais qu’il n’en ferait pas cas.
Ce n’est qu’à la fin de son dernier stage, quand il est reparti pour la France passer ses examens et en profiter pour visiter sa famille, que les choses se sont décantées à sa plus grande surprise.
Tout a commencé par SMS quand Raphaël s’enquérait tantôt de sa santé, tantôt de ses études ou de ce qu’il faisait de son temps libre.
L’allusion qu’il lui a faite alors de ne pas retenir l’offre d’emploi que lui avait proposé la responsable du centre, a été l’élément déclencheur d’aveux de moins en moins cachés de la part de Raphaël et également il doit bien le reconnaître, de cette nervosité d’adolescent qui ne l’a plus quitté depuis lors et qui maintenant qu’il se tient à quelques centimètres à peine de celui qu’il chérit de tout cœur, lui amène un état de transes qu’il n’aurait jamais pensé connaître un jour.
Malgré tout il sait bien qu’il doit dire quelque chose, le temps semblant déjà bien trop long depuis que Raphaël lui a parlé.
- Euh… oui !!
- J’aimerais savoir où sont tes pensées ? Te rappelles-tu seulement de ce que je viens de te dire ! Hi ! Hi !
Raphaël comprend dans quel état d’esprit est Alexandre qui vient juste de traverser la moitié du monde pour le rejoindre, avec des espérances qu’il n’attend plus qu’à entendre de sa bouche.
- Je vois que ce n’est pas le moment pour te parler, alors... peut-être que ça ira mieux après ça.
Il prend le jeune homme par la taille en l’enlaçant, tandis que leurs lèvres viennent se plaquer les unes sur les autres toutes tremblantes d’émotions.
C’était assurément ce qu’il attendait, puisqu’à son tour ses bras viennent lui enserrer le cou avec douceur et ses lèvres s’entrouvrir en livrant le passage attendu, pour que leur langue se mêle dans un ballet bien connu par tous les amants du monde.
Ils restent ainsi un long moment jusqu’à ce que leurs corps s’éloignent quelque peu l’un de l’autre, chacun dévorant des yeux le visage de l’être aimé.
C’est Raphaël qui répond à la question muette qu’Alexandre se pose très certainement.
- Tu vas vivre avec nous, tout est prêt pour te recevoir et Éric était au moins aussi nerveux que moi ces derniers jours à attendre ta venue.
- Il est vraiment d’accord pour nous deux ?
- Disons qu’au début ce n’était pas gagné.
- Qu’est-ce qui lui a fait revoir sa position ?
- Toi !!
- Hein !! Comment ça moi ??
- Je crois qu’il te kiffe aussi et il espère que tu finiras par l’accepter !!
- Et toi alors ?
- Quoi moi ?
- Tu serais d’accord pour que j’aille aussi avec lui ?
- Je n’en sais trop rien en fait, je sais que ce serait la solution idéale à la condition qu’elle satisfasse tout le monde, mais honnêtement je n’ai pas envie de te partager avec quelqu’un et même si ce quelqu’un est celui que j’aime depuis une bonne vingtaine d’années.
- Moi non plus tu sais, j’accepte Éric parce que tu ne me l’as jamais caché mais puisque nous en sommes à faire une mise au point, j’aimerais mieux qu’il se trouve quelqu’un d’autre si tu ne lui suffis plus.
- Laissons-nous une chance, après tout après quelques jours les choses se décanteront par elles-mêmes et on verra où cela nous mène.
Raphaël sourit d’un air mutin dont il connaît parfaitement l’effet qu’il fait, le resserrant contre lui pour reprendre là où ils s’étaient arrêtés et c’est avec une passion dévorante qu’ils expriment leurs sentiments si longtemps retenus.
Il ne se fait pas trop de soucis au sujet d’Éric, qu’Alexandre ne connaît pratiquement que de nom et l’effet qu’il aura sur son jeune futur amant, quand ce dernier sera mis en sa présence.
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