Chapitre 13

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La fidélité, dans le cadre d'une relation de couple, était un principe auquel il adhérait avec une certaine rigueur, une forme d'éthique personnelle qui lui conférait une image de lui-même stable et cohérente. Il y voyait une marque de respect, un engagement tacite qui, une fois consenti, ne devait pas être transgressé à la légère. Pourtant, une pensée subversive serpentait parfois dans les méandres de son esprit, une dissonance troublante à cette conviction affichée. L'homme, se disait-il, n'était-il pas fondamentalement un animal social, dont les instincts primaires le poussaient vers la diversité, vers l'exploration de territoires inconnus, y compris sur le plan intime ?

Cette dualité le taraudait. Il appréciait la sécurité émotionnelle et la stabilité qu'offrait la fidélité, le sentiment d'un lien privilégié et exclusif. Mais il y avait aussi cette curiosité latente, cette envie inavouée de goûter à d'autres saveurs, de découvrir d'autres corps, d'autres étreintes. Non pas par manque d'amour ou de désir pour sa partenaire actuelle, mais plutôt par une sorte d'appel atavique, un écho de cette nature animale qui sommeillait en lui.

Il flirtait parfois avec des concepts marginaux, des idées de couples libres, de "célibataires accompagnés", des oxymores relationnels qui tentaient de concilier l'attachement profond et la liberté sexuelle. Il y voyait une logique tordue, une tentative intellectuelle de résoudre une équation émotionnelle complexe avec des outils conceptuels bancals. Ces idées lui traversaient l'esprit comme des rêveries coupables, des scénarios improbables qu'il n'oserait jamais mettre en œuvre.

La question lancinante était toujours la même : comment exprimer de telles envies à sa partenaire ? Comment verbaliser ce besoin d'exploration qui risquait de la blesser, de la faire douter de son amour et de son engagement ? Le commun des mortels considérait de telles aspirations comme une trahison, une ignominie. L'idée même de suggérer une ouverture du couple était un tabou puissant, susceptible de briser des liens apparemment solides.

Il imaginait les mots, les silences, le regard de l'incompréhension ou de la blessure. Comment expliquer ce besoin qui n'était pas un rejet de l'autre, mais plutôt une exploration d'une part de lui-même qu'il ne pouvait ignorer ? Comment justifier cette envie qui semblait contredire la notion même de fidélité telle qu'elle était socialement construite et émotionnellement ressentie ?

Il se sentait pris au piège de cette contradiction. Son désir de fidélité lui offrait une certaine paix intérieure, une cohérence avec ses valeurs. Mais cette autre part de lui, cet appel de la "meute", cette curiosité insatiable, restait une source de tension, un désir refoulé qui menaçait parfois de faire imploser ses convictions. Il rêvait d'un espace de dialogue ouvert, d'une compréhension mutuelle qui pourrait transcender les normes conventionnelles, mais il savait la fragilité de tels équilibres et le risque immense de briser l'harmonie existante.

Alors, il gardait ces pensées pour lui, les laissant errer dans les limbes de son esprit comme des fantasmes inavouables. La fidélité restait son engagement, mais le désir d'ailleurs continuait de murmurer, rappelant la complexité de la nature humaine et la difficulté de la contenir dans des cadres relationnels rigides. Il était un homme fidèle, certes, mais un animal social tiraillé, dont les instincts primaires se heurtaient aux constructions morales de la civilisation.

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