Popaul emploi (4)
Échapper, ce mot persiste dans sa tête comme un écho sourd. Il y a également cette solution. Se lever et laisser la place vacante. Quelques agents l’avaient déjà fait auparavant. On les avait traités de lâches et les aurait certainement enduits de plumes et de goudron si ces matières s’étaient trouvées dans le stock de fournitures. Quoiqu’il en soit, cet abandon volontaire de poste était sévèrement sanctionné puisque le fautif et ses descendants se voyaient interdits à vie de travailler dans la fonction publique. Georges n’a pas de gamin mais, de toute façon, il n’a aucune intention de lâcher son taf. En tout cas, pas comme ça. Et certainement pas à cause des sanctions. Il tient à son boulot comme un péon à sa mule et compte bien le défendre farouchement. Cependant, vu la baraque qui s’amène, il a intérêt à éviter la confrontation physique. Ou du moins à la retarder le plus possible. Le gars est chaud, il le sent. S’il l’attaque avec les shurikens mis à sa disposition par l’Administration il a toutes les chances de se faire étaler. Ses collègues qui ne le quittent pas des yeux affichent tous une expression ahurie. Traduction : « Qu’attends-tu pour passer à l’offensive ? ». Sauf que Georges a une autre stratégie en tête. Les armes de jet même si elles atteignent leur cible ne feront qu’accroitre la rage du type. Autant direct exposer ses boules à ses écrases-bichons coquées.
Se mettant hors de portée de mandale, Georges rentre ses épaules et prend un air de chien battu. L’autre s’assied, martyrisant un autre siège de l’agence, l’un des rares encore potable. Très bien, juste ce que Georges voulait. Impression qu’une cloison en béton armé s’est brusquement érigée devant lui. Une cloison avec des petits yeux de désosseur fanatique.
Annotations
Versions