La fin de la téloche (2)
Assis devant un vaste bureau, Emmanuel Macron me fixait, mains jointes derrière le bloc compact d’un ordinateur portable fermé. Debout, derrière lui, se tenaient Nicolas Sarkozy et François Hollande, flingues à la main. Assise à côté de moi, Ségolène Royal qui avait les jambes croisées, balançait son mollet nerveusement. J’ai failli rire devant pareil tableau. Les masques portés par les quatre individus étaient si expressifs, si joviaux qu’on aurait pu vraiment croire que les originaux s’étaient réunis pour préparer un sale coup.
Comme s’il avait deviné mes pensées, Emmanuel Macron a dit :
- Nous avons avant tout choisi ces masques parce que c’étaient les moins chers, monsieur Covache. Très drôle n’est-ce pas ?
Puis il a fixé Ségolène Royal, lui demandant sur un ton dur si personne ne les avait suivis. Ségolène a remué la tête, non, bien sûr que non évidemment. François Hollande ne cessait de passer son flingue d’une main à l’autre. Sans doute avait-il déjà envie d’une autre clope.
- Hum, a fait Emmanuel Macron en ouvrant son ordinateur portable. Entrons dans le vif du sujet, monsieur Covache…
La pièce dans laquelle nous étions ressemblait à une grande cave vide. Elle était éclairée par deux néons blafards qui bourdonnaient plus ou moins fort. À chaque silence, le bruit émis par les deux objets me perçait le cerveau.
Emmanuel Macron a relevé la tête de l’écran lumineux. Après un examen plus attentif, je remarquai qu’il était plus imposant que l’original. Comme si, en une nuit et grâce à un cocktail miracle, il avait gagné de la masse musculaire.
- Je récapitule… Vous avez cinquante cinq ans et vous entamez votre douzième année de chômage…
- Treizième, ai-je rectifié en joignant les mains à mon tour, ponctuation gestuelle constructive et rassembleuse chez les politiques.
- Au fait, n’ai-je pas pu m’empêcher de dire en me tournant vers Sarkozy et Hollande, ça va ? Vous êtes contents de votre œuvre ?
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