Harpocrate

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Combattant l'anxiété et la fatigue, Harry presse compulsivement une main contre ses yeux. On est lundi. Une semaine s'est écoulée depuis la désastreuse entrevue de la dernière fois... Malefoy a hanté ses rêves toutes les nuits depuis. A présent que l'heure approche, Harry maudit la tension qui parcourt tout son corps. Il se sent faible. Et savoir que Malefoy est à l'origine de cette faiblesse ne l'aide pas à la surmonter...

S'enfonçant dans son fauteuil, Harry laisse son regard dériver sur la photo que Malefoy a su analyser avec tant de perspicacité... Quand a-t-il caché le visage de Ron, sur ce cliché ? Il n'arrive même plus à s'en souvenir.

Fermant l'accès à ses souvenirs avant que ceux-ci ne le submergent, Harry se redresse comme un ressort lorsqu'il entend frapper à la porte :

– Entrez, dit-il par réflexe.

Malefoy entre. Il sourit déjà de cet air insupportable qui donne à Harry l'envie de le plaquer férocement contre un mur. Seigneur, comment a-t-il pu survivre à Azkaban avec une pareille attitude ?

– Potter, le salue Malefoy.

– Malefoy, soupire Potter.

– Alors..., commence le blond en s'avachissant dans le fauteuil en face de lui. Quelles sont les questions déjà ? Ah, oui. Est-ce que j'ai un travail ? Non. Un logement ? Oui. L'adresse ? Dans ton cul. Voilà, maintenant que c'est fait, je peux y aller ?

– Notre entrevue doit durer au moins trente minutes, répond Harry sans se laisser démonter.

– Trente minutes ? Mais qu'allons-nous faire pour nous occuper, Potter ? Tu veux me dévoiler d'autres petits secrets sur toi et Granger ?

Malefoy sourit, sarcastique. Harry lutte pour cacher sa lassitude, mais devant Malefoy, il se sent désarmé. Rien que le regarder dans les yeux après ce qu'il lui a dit la dernière fois lui fait perdre tous ses moyens. Savoir que Malefoy est condamné lui fait perdre tous ses moyens... Savoir que c'est Malefoy, tout simplement. Harry se heurte à cet homme qu'il a connu et qu'il ne connaît plus. A cet homme qui a tellement souffert qu'il semble impossible de le toucher sans raviver d'anciennes blessures, ou en ouvrir de nouvelles. Malefoy semble être le genre de personne dont il est impossible de s'approcher, et ce constat, inexplicablement, fait bouillir Harry de rage. D'impuissance.

Alors, à défaut de pouvoir pénétrer le cœur et la confiance de Malefoy, Harry lui ouvre le sien : il choisit de lui donner un peu de lui-même, de le forcer à voir tout au fond de lui, puisque l'inverse lui est impossible :

– Après la guerre, Ron était anéanti, commence Harry en sentant sa gorge se serrer rien qu'à ces mots. Son frère était mort... Et tellement de nos proches... Le procès de ta famille n'a pas arrangé les choses. Ron n'arrivait pas à comprendre qu'Hermione et moi puissions prendre ta défense. Pas après la mort de Fred... Même si tu n'étais pas directement responsable.

Malefoy hausse les épaules de son air tranquille :

– J'ai l'habitude qu'on m'accuse de crimes que je n'ai pas commis.

Harry l'ignore :

– Nous ne sommes jamais parvenus à lui faire entendre raison, et c'était normal... Il était en plein deuil. Comme tout le reste de sa famille. Cette histoire nous a... détruits, Ginny et moi. Elle non plus ne comprenait pas.

Malefoy reste silencieux. Pour la première fois, il semble prendre la mesure de ce qu'Harry lui raconte et y accorder une once de respect. Harry continue :

– Ça a été difficile pour Ron et Hermione, mais petit à petit, avec le temps... Ils ont convenu d'enterrer l'histoire, je crois. De laisser leurs divisions derrière eux pour regarder vers l'avenir. Ils avaient compris qu'ils ne pourraient pas s'en sortir l'un sans l'autre... Ils se sont mariés, et les choses ont semblé pouvoir s'améliorer, pendant un temps. Ils ont même eu une petite fille... Rose.

Harry inspire à fond pour se forcer à poursuivre :

– Et puis, environ cinq ans après la fin de la guerre... George s'est suicidé.

Malefoy fronce les sourcils :

– Le frère de Weasley ?

– Oui. Il n'a jamais pu guérir de la mort de son jumeau. Il n'arrivait pas à surmonter son absence, ou l'absurdité de son décès... Pourquoi Fred et pas lui ? Sa fiancée, Angelina, a tout fait pour l'aider, mais... Il n'y est jamais parvenu. Il a sombré dans une profonde dépression, et au final... Il s'est pendu.

Une fois encore, Malefoy reste silencieux. Harry sent le chagrin et la culpabilité l'envahir, et il lutte pour contenir ses larmes :

– Cette mort de plus, cette tragédie de plus... Ron n'a pas pu le supporter. C'en était trop pour sa famille. Je crois que ça a ravivé ses vieilles rancœurs, l'incompréhension qui nous avait opposés, lui, Hermione et moi... Il a... Il a pété les plombs. Il s'est engagé pour une mission d'infiltration, et il est parti de la maison, tout simplement, sans avertir personne. Pendant des semaines, Hermione est restée sans nouvelle. Aucun rapport ne parvenait au Ministère : nous ignorions même s'il était en vie, capturé ou mourant... Au bout de plusieurs mois, il est devenu évident que Ron ne reviendrait plus. Nous avions perdu toute trace du réseau qu'il était censé infiltrer... Ron a été déclaré mort, et Hermione et moi l'avons enterré.

Harry s'interrompt l'espace de quelques instants, rattrapé par cette période de sa vie qui fut sans aucun doute l'une des plus noires entre toutes :

– J'ai tenté d'être là, pour Hermione et pour Rose... C'est comme ça que nous avons fini par nous rapprocher. Nous... nous sentions coupables, au début. Evidemment. Mais nous avions trop de peine. Trop de souffrance... Hermione paraissait être la seule personne à pouvoir comprendre ce que je ressentais, et pour elle, c'était la même chose. Nous nous sommes aimés, maladroitement, du mieux que nous le pouvions.

Harry inspire à fond :

– Et puis, Ron est revenu.

Cette fois, deux larmes s'écoulent sur ses joues : des larmes amères, des larmes coupables et brûlantes :

– Je serais incapable de te dire ce qu'Hermione et moi avons ressenti... Entre soulagement et horreur totale... Bonheur et culpabilité brute... Il s'est avéré que Ron avait été démasqué et retenu prisonnier pendant plusieurs mois. Il a été torturé, et il en a bavé, mais... Après plus d'un an d'absence, il a fini par réussir à s'échapper. Et, surtout, il avait besoin de soutien.

– Vous lui avez dit ? demande Malefoy. Pour la liaison ?

Harry fait non de la tête :

– Hermione et moi... Nous ne voulions pas lui infliger ça. Ron est revenu traumatisé. Il avait besoin de retrouver sa femme, sa fille, son meilleur ami...

– Alors, tu as rompu avec Granger.

– Nous avons rompu. D'un commun accord. En fait, nous n'avons même pas eu besoin de nous poser la question.

– Mais tu l'aimes encore.

Harry hausse les épaules :

– Je suppose que oui...

– Et elle ?

– Aucune idée.

Pendant quelques instants encore, Malefoy ne dit rien. Harry a peur qu'il se moque de lui, comme la dernière fois... Mais, étonnamment, il semble seulement perdu dans ses pensées :

– C'est drôle, dit-il enfin. Je n'ai jamais pensé aux répercussions que la guerre avait pu avoir sur le reste du monde... Sur Weasley, sur toi... Pas même sur moi. Je suppose que durant les premiers mois qui ont suivi la mort de Voldemort, j'étais trop occupé à survivre pour avoir le temps de m'en préoccuper...

Il hausse les épaules :

– Quelques fois, j'ai l'impression que la guerre ne s'est pas arrêtée lorsque Voldemort s'est effondré dans la Grande Salle de Poudlard, murmure-t-il. J'ai l'impression qu'en fait, pour moi, elle a vraiment commencé à cet instant-là... Lorsque j'ai réalisé que j'étais du mauvais côté, du côté de ceux qui avaient perdu... et que tout le monde me méprisait.

Malefoy le regarde soudain droit dans les yeux :

– Pour toi aussi, Potter, la guerre ne s'est pas arrêtée ce jour-là.

C'est une déclaration, pas une question. Harry ne sait pas quoi répondre. Il est paralysé par l'intensité qui se dégage de l'homme en face de lui. Leur première véritable conversation, depuis qu'il est sorti de prison... Les yeux gris de Malefoy le transpercent sans malice, sans appréhension, rien qu'avec ce désir de vérité pure. Il semble voir en lui comme à travers un livre ouvert... Harry se sent vulnérable, et pourtant, il ne veut pas renoncer à cela. Il a l'impression qu'en s'adressant à lui ainsi, Malefoy lui a fait un cadeau précieux. Alors, il articule simplement :

– La guerre ne s'est arrêtée pour personne, Malefoy.

Malefoy acquiesce, comme satisfait de sa réponse. Puis il se lève sans dire un mot. Harry fait de même pour le raccompagner, quand soudain, Malefoy se fige et s'agrippe au dossier de son siège :

– Qu'est-ce qui se passe ? s'exclame Harry dont le sang se glace. Qu'est-ce que tu as ?

Malefoy porte furtivement la main à son nez, d'où s'écoulent quelques gouttes de sang :

– Ce n'est rien, Potter, articule-t-il. J'ai été pas mal occupé ces derniers temps, c'est tout. Je suis claqué.

– Occupé à quoi ? Qu'est-ce que tu fais de tes journées ? Est-ce que tu te soignes, au moins ?

– Relax, Potter.

Malefoy se redresse, son sourire accroché aux lèvres, mais Harry ne manque pas les tremblements qui agitent ses mains. Soudain, Malefoy lâche le fauteuil et se plie en deux. Catastrophé, Harry fonce pour le soutenir :

– Ecarte-toi ! gémit Malefoy en le repoussant violemment. Je n'ai pas besoin de ton aide, ça va passer...

Harry n'écoute pas.

– Lâche-moi... Je crois que je vais vomir...

Mais à défaut de vomir, Malefoy perd connaissance et s'effondre, au beau milieu du bureau. Ahuri, Harry le secoue par les épaules, incapable de savoir comment réagir :

– Malefoy ! Nom de Dieu, Malefoy ! Réveille-toi ! Et merde !

Sans réfléchir une seconde de plus, Harry transplane avec le corps de Malefoy dans ses bras et les fait réapparaître chez lui, dans son appartement d'un quartier résidentiel de Londres. Là, Harry prend à peine le temps d'allonger l'ancien Mangemort sur le lit de sa chambre d'ami avant de transplaner à nouveau directement au Ministère, au bureau d'Hermione :

– Mme Weasley n'est pas venue travailler aujourd'hui, lui répond la secrétaire en poste. Sa fille était malade, elle a envoyé un hibou pour prendre congé.

Harry ne perd pas de temps à discuter : il transplane sur le perron d'Hermione. A l'arrivée néanmoins, ses souvenirs se brouillent. Il y a tellement longtemps qu'il n'est pas venu dans cette maison... Aucune importance, ce n'est pas le moment : Harry frappe à la porte et crie :

– Hermione !

La jeune femme ouvre presque aussitôt. Harry la regarde, et pendant quelques instants, il perd pied : elle est toujours la même, si belle, si douce, si vulnérable, et pourtant déterminée dans son regard...

– Qu'est-ce que tu fais ici ? lui dit-elle, et il sent bien que ce face-à-face est aussi difficile pour elle que pour lui. Tu sais bien que ce n'est pas une bonne idée pour toi de venir ici...

– Je sais. Je ne suis pas venu te faire une scène, je te le promets... C'est Malefoy.

Hermione baisse aussitôt ses défenses :

– Quoi, Malefoy ?

– Il s'est écroulé dans mon bureau il y a moins de cinq minutes...

– Quoi ?!

– Je l'ai fait transplaner chez moi.

– Tu es complètement malade !

– Non, Hermione, c'est lui qui est malade ! Il faut que tu viennes le voir, tout de suite !

Hermione jette un regard hésitant derrière elle :

– Je ne peux pas laisser Rose...

– Emmène-la chez tes parents. Et rejoins-moi tout de suite.

Harry rentre chez lui sans attendre une réponse. Quelques minutes plus tard, Hermione apparaît au beau milieu de son salon :

– Où est-il ?

Harry la conduit jusqu'à la chambre d'ami. Là, ils découvrent le corps de Malefoy, étendu sur le lit sans avoir bougé, immobile, pâle comme la mort. C'est à peine si sa respiration se devine dans la pièce aux volets fermés. Hermione s'avance et, timidement, glisse deux doigts dans son cou pour prendre son pouls :

– Il est très rapide..., murmure-t-elle.

– Fais quelque chose, s'écrie Harry. Hermione, il faut que tu le soignes !

– Je ne peux pas...

Hermione recule tout à coup, sur le point de fondre en larmes :

– Je ne sais même pas ce qu'il a ! Je suis psychiatre, Harry, pas immunologiste !

Harry se prend la tête à deux mains et s'exhorte au calme :

– Qui peut-on appeler ? demande-t-il.

– Aucun des médecins qu'on connaît, répond Hermione, la voix tremblante, tandis qu'elle prend la température de Malefoy. On ne sait pas ce qu'ils pourraient raconter, et à qui ils le raconteraient... Imagine qu'ils le reconnaissent ! Drago Malefoy inconscient chez Harry Potter... Tu n'aurais pas dû le ramener chez toi !

– C'est tout ce à quoi j'ai pu penser sur le moment !

Harry serre les poings :

– On pourrait demander à Harpocrate...

Hermione le dévisage comme s'il venait de dire une absurdité :

– Harpocrate ? C'est un cinglé !

– Je sais, mais c'est le seul qui nous aidera sans poser de questions... Et qui tiendra sa langue.

Hermione hésite quelques instants, contemple Malefoy, revient sur Harry :

– Va le chercher, dit-elle.

Harry s'exécute aussitôt. Un nouveau transplanage, et il se retrouve dans l'Allée des Embrumes. Rabattant aussitôt son capuchon, il s'écarte de l'artère principale pour s'enfoncer dans l'une des ruelles des bas-fonds de Londres. Rapidement, il arrive en vue d'une boutique obscure où s'alignent des dizaines de bocaux suspects à travers les vitres crasseuses. Harry entre et ne s'embarrasse pas du décorum :

– Harpocrate ! hurle-t-il en s'avançant jusqu'au comptoir.

Un petit homme vêtu de noir, acéré, lui retourne un regard impassible :

– Auror Potter, relève-t-il comme s'il s'agissait d'un détail particulièrement inintéressant.

– Il faut que vous veniez avec moi !

– Alors je suppose que je viens avec vous...

Soupirant, presque avec lassitude, l'apothicaire se lève pour laisser Harry le saisir par le bras. Ensemble, ils transplanent dans l'appartement.

A peine arrivé dans la chambre, Harpocrate retrousse ses manches et s'agenouille au côté du patient :

– Il est séropositif, s'exclame aussitôt Hermione en laissant l'apothicaire faire son œuvre.

Harpocrate ne répond pas. Comme la jeune femme, il prend le pouls et la température de Malefoy, puis colle son oreille contre son cœur. Il sort ensuite tout un kit d'examen d'une de ses poches et s'affaire dans les minutes qui suivent, dans un silence de mort. Au bout d'un moment, il énonce simplement :

– Ce n'est qu'un épisode de fièvre. Probablement dû au surmenage. Il est épuisé et très déshydraté. Il a besoin de rester allongé, et surtout, de boire beaucoup.

– Est-ce que...

– Le virus s'est réveillé, oui, j'en ai peur. Vous devriez vous attendre à des problèmes de ce genre de plus en plus régulièrement. Avec un système immunitaire en baisse, il va attraper tout ce qui passe...

– Mais vous ne pouvez rien faire ? demande Hermione, désespérée. Vous ne pouvez rien lui donner ?

– Je lui donne déjà des médicaments, madame, répond froidement Harpocrate.

Hermione fronce les sourcils.

– Expliquez-vous, exige Harry.

Harpocrate hausse les épaules :

– Je connais cet homme. Il ne montre jamais son visage, mais j'ai reconnu ses yeux. Voilà deux mois que je le fournis en médicaments contre le VIH. Mais, si j'en juge par la dégradation rapide de son état... Il ne les prend pas.

Harry doit se retenir pour ne pas agripper l'homme par les épaules :

– Qu'est-ce que vous dites ?

– Il ne les prend pas. C'est la seule explication. Autrement, son état n'aurait pas dû s'aggraver aussi soudainement.

– Mais pourquoi continuerait-il à se fournir chez vous s'il ne se traite pas ?

– Aucune idée.

Harpocrate demeure pensif quelques instants, puis déclare :

– Ce que je sais en revanche, c'est qu'à ce rythme, il n'en aura plus pour très longtemps.

Harry se glace :

– Vous avez une estimation ? demande-t-il sans reconnaître sa propre voix.

Harpocrate pince les lèvres :

– Un mois ? Peut-être deux ?

– Un mois ?

Hermione s'effondre dans le fauteuil au coin de la pièce et enfouit son visage entre ses mains. Harry,lui, serre les mâchoires si fort qu'il sent l'émail crisser contre ses dents :

– Est-ce qu'il a dit autre chose ? demande-t-il, mécanique. Quand il est venu se fournir chez vous, est-ce qu'il vous a dit où il vivait, ce qu'il faisait... ?

– Non, ce n'est pas quelqu'un de très bavard. Et il est évident qu'il veut rester discret. Ce que je peux vous dire en revanche, c'est qu'il est accro à la Laetheria.

Hermione redresse la tête :

– La quoi ?

– La Laetheria, répond Harry par réflexe. C'est une drogue qui couvre la douleur... Pas étonnant qu'il ne se soit pas rendu compte de son état...

– Oui, approuve Harpocrate. Et vu la pâleur de son teint, il sera bientôt en manque.

– Qu'est-ce que vous voulez dire ? demande Harry. Qu'il doit continuer à en prendre ?

– Il ne peut pas entamer un sevrage dans son état. Ça le tuerait. Je crois que vous lui rendriez service en lui en fournissant...

De plus en plus perdu, Harry se met à tourner en rond dans la pièce obscure :

– Je ne fournis pas les drogues, poursuit Harpocrate de sa voix détachée. Mais je suis sûr que vous avez vos contacts, monsieur Potter...

Harry acquiesce distraitement.

– En revanche, je peux revenir ici vous apporter le traitement de monsieur Constantine, si vous le souhaitez.

Harry et Hermione se dévisagent, se figent.

– Qu'est-ce que vous avez dit ? finit par demander Harry.

Harpocrate désigne l'homme étendu sur le lit :

– Je vous l'ai dit, je l'ai reconnu. C'est Nazca Constantine.

Harry tombe des nues : ses pensées se mélangent et s'entremêlent pour n'en former plus qu'une seule :

– Nazca Constantine, ce n'est pas...

– Le nouveau venu sur qui Ron enquête, si, complète Hermione à sa place.

Harry contemple Malefoy, incapable d'y croire, rattrapé par Harpocrate qui lui presse l'épaule et murmure simplement :

– Je vais chercher son traitement. Assurez-vous qu'il le prenne. Je reviens.

Et l'homme transplane sans un mot de plus. Lorsqu'il revient quelques minutes plus tard, Harry tente de le faire parler, en vain. Si l'apothicaire connaît la fausse identité de Malefoy, il ignore en revanche tout de ses activités ou de son logement. Ou alors, il ne veut pas parler...

Harry n'a pas le cœur à creuser davantage. Malefoy vient de se tordre d'une quinte de toux dans son inconscience, et Hermione arrache les flacons des mains d'Harpocrate lorsqu'il les lui tend :

– Gardez-le hydraté, recommande le vieil homme. Et veillez à ce qu'il se repose. C'est tout ce que vous pouvez faire pour lui.

Tandis qu'Hermione se met à trembler, le corps secoué de sanglots silencieux, Harry raccompagne l'apothicaire dans le salon. Son esprit est complètement blanc. Ses pensées sont devenues opaques, figées. Harpocrate le ramène à la réalité en lui saisissant brusquement le bras :

– Pensez à la drogue, monsieur Potter.

Harry le dévisage sans le voir :

– Il doit y avoir quelque chose à faire...

L'homme lui renvoie son regard, comme s'il attendait qu'il parle. Il semble y avoir un éclat dans ses yeux, qui s'évanouit à force de silence :

– Je reste à votre disposition, monsieur Potter, conclut l'apothicaire d'un ton de conspirateur.

Puis il transplane, laissant Harry seul et démuni.


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