7.Réveil-matin

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Attablée devant un cappuccino crémeux et savourant un délicieux croissant aux amandes, Julie parcourait les annonces immobilières sur sa tablette tactile. Florian et elle rêvaient de s’offrir un petit pied-à-terre en bord de mer pour les vacances, mais les prix exorbitants décourageaient la pulpeuse brune. Elle soupira longuement, avisa l’horloge de la cuisine et se dit qu’il faudrait qu’elle s’active si elle voulait traîner son fils à l’auto-école. Perdue dans ses pensées, Laurène la surprit en entrant dans la pièce :

  • Salut ! lança la blonde cannelle en faisant sursauter son amie.
  • Oh falut ! répondit celle-ci, la bouche pleine. Wouah, elle te va trop bien la nuisette de ma sister !

Johanna, la « sister » en question, avait quinze ans de moins que Julie et ne vivait que très épisodiquement en France, passant le reste de son temps à parcourir le monde en tant que reporter-photographe. Alors, son point de chute, c’était chez sa frangine. Elle y laissait quelques affaires pour éviter d’avoir à trop se charger à chacun de ses voyages.

  • Tu trouves ?
  • Hé, je t’avais dit que vous faisiez à peu près la même taille ! Tu vois, j’ai l’œil… Tu veux déjeuner quelque chose ? Viennoiseries, pain frais, confiture, miel, Nutella, thé, café… Tu as l’embarras du choix, Florian est allé à la boulangerie ce matin, exprès pour toi. Bon, un peu pour moi aussi, j’avoue…
  • C’est vraiment un amour, t’as trop de la chance d’avoir un mec comme ça !
  • Je sais…
  • Il est parti à l’atelier là ?
  • Oui, il avait de la facturation à faire. C'est pas ce qu'il préfère, mais son personnel étant réduit à la portion congrue… Et sinon toi, comment tu te sens ce matin ?
  • Bof… Je ne sais plus trop où j’en suis…
  • C’est normal ça, ma Lolo. C’est le contre-coup. Ecoute, tu te poses là tranquilou, tu déjeunes ce qui te fait envie, après tu fais comme chez toi pour la salle de bain, tu piques des fringues dans la penderie de Johanna…
  • Je ne voudrais surtout pas abuser, c’est déjà tellement gentil à Florian et toi de m’accueillir…
  • C’est pas gentil, c’est normal ! T’es ma meilleure amie, non ? Et les amis, c’est fait pour ça. Bon, faut que j’aille réveiller mon grand paresseux d’ado. QUENTIIIIN ! DEBOUT !!

La pétillante brunette se saisit de sa tablette et quitta la cuisine en vociférant à l’attention dudit ado tandis que Laurène se bouchait les oreilles pour ne pas amplifier un mal de tête naissant.

Après s’être douchée, sommairement apprêtée, vêtue d’un jean et d’un chemisier saupoudré de dentelle fine, la jolie blonde tapa rapidement un texto destiné à son mari pour l’informer de son intention de rester quelques jours chez Julie et Florian. Pour lui dire qu’elle avait besoin de réfléchir, mais sans s’étendre sur les raisons de cette nécessaire réflexion. Et qu’elle passerait dans la journée récupérer quelques affaires. Peu après l’envoi de son SMS, son portable se mit à sonner. Appel entrant : Jean-Louis. Elle le refusa. Quelques secondes plus tard, un bip retentit pour lui signifier qu’on lui avait laissé un message vocal. Elle l’ignora. Elle était en train de chercher quelque chose dans sa pochette. Une carte de visite. Celle de Miguel. Elle la prit entre ses doigts, la regarda longuement puis se décida à le contacter. Après trois sonneries, on décrocha :

  • Miguel Costello à l’appareil, j’écoute !

Sa voix, si chaude, si rassurante, si renversante… Elle hésita un instant.

  • Bonjour, c’est Laurène… Laurène D’Estrée…
  • Oh, bonjour Laurène, répondit-il d'un ton on ne peut plus avenant. Je suis ravi d’entendre à nouveau ta voix. Je pensais que tu n’oserais pas m’appeler… Comment vas-tu, ce matin ? Mieux ?
  • Oui... Disons que je ne pleure plus, c’est déjà ça !
  • Tu… Tu voulais me demander quelque chose peut-être ?
  • Hein ? Euh… Une voiture… J’ai une soudaine envie de changer de voiture… Ce serait possible d’en essayer une ?
  • Quand ça ? Aujourd’hui ? Oui bien sûr ! Ton heure sera la mienne.
  • Ah bon ? Très bien ! Alors, mettons 16 heures.
  • OK, va pour 16 heures. A tout à l’heure Laurène !
  • Oui, à tout à l’heure…

Avant de raccrocher, elle aurait voulu lui souffler un « je t’embrasse » empli de promesses. Mais officiellement, leur rendez-vous était professionnel. Sauf que ce n’était qu’un leurre, ils le savaient tous les deux…

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