Aimer une pute ou partir… Quentin était là, allongé sur son pieu, à se branler devant un film de cul ordinaire, sans importance. Une connerie qu’il avait dégotée sur le net, une vidéo en streaming qu’il matait sans vraiment la voir. Ce n’était pas les deux ou trois hardeuses s’y faisant défoncer par une armée de queutards qui le faisaient bander, non. C’était le fait d’imaginer Valentine faire de même avec d’autres que lui. Ça l’excitait autant que ça le rendait fou. Pourquoi n’avait-elle jamais voulu aller plus loin avec lui, plus loin que des french kisses, que des caresses encombrées de tissus, alors qu’elle s’offrait à tous les autres ? Tous ces connards qui se fichaient éperdument d’elle, qui ne pensaient qu’à la tringler dans tous les sens et à vider leurs couilles en elle. Ou sur elle…

Lui l’aimait. Il l’aimait depuis si longtemps. Bien avant qu’elle ne change d’apparence et se fasse refaire le corps de A à Z, bien avant qu’elle ne se mue en sosie de Paris Hilton.

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• Je te comprends pas, Val ! T’es très bien comme tu es, pourquoi tu voudrais être différente ? A cause d’eux, de ce qu’ils disent sur les réseaux sociaux ?
• Les filles comme moi, Quentin, on n’a aucune chance. Aucune chance d’être le premier choix d’un mec. On sera toujours un choix par défaut, parce qu’on écarte plus facilement les cuisses, parce qu’on veut bien. Parce qu’on ne peut pas vraiment faire les difficiles quand un gars s’intéresse un tant soit peu à nous. Parce qu’on sait très bien que c’est uniquement pour satisfaire ses instincts de mâle primaire, et qu’entre baiser un thon et se palucher en solitaire devant un porno, il n’y a pas photo. Mais ça n’ira jamais plus loin, on le sait très bien…
• T’es pas un thon, bordel ! Je t’interdis de dire ou penser ça ! T’es belle, sublime même, t’as absolument rien à envier aux autres nanas !
• Si, et je veux être comme elles : avoir ce pouvoir de dire non et de faire souffrir, de tenir la dragée haute à toutes ces petites bites qui fanfaronnent mais n’ont rien dans le calbute, être la bombasse du lycée sur laquelle ils fantasment tous mais qui n’appartient à personne…

Le jeune homme n’avait pas pu lui avouer ses sentiments ce jour-là. Pas parce qu’il craignait de se faire rembarrer ou qu’elle se moque de lui, mais parce que ses pensées, son désir pour elle lui paraissaient trop indécents à ce moment-là. La TS de son amie ne remontait qu’à quelques semaines en arrière, et le flot d’injures qu’elle avait enduré durant des mois ne l’avait pas laissée indemne. La désirer dans de pareilles circonstances, c’était presque être comme eux. Et il ne voulait surtout pas qu’elle le mette dans le même panier que tous ces enculés. Certes, il était un homme, avec des désirs et un sexe d’homme, mais lui l’aimait, bien au-delà de tout. Et il n’aspirait qu’à lui faire du bien, pas autre chose.

***

Aimer une pute ou partir ? La question n’en finissait pas de tarauder l’adolescent, qui songeait de plus en plus à s’éloigner, à quitter Lyon et poursuivre ses études ailleurs. Pour oublier. Mais il ne parvenait pas à se l’enlever de l’esprit : Valentine était toujours là, nue et offerte.

Et à force de s’astiquer de plus en plus vigoureusement le manche, le jeune homme finit par éjaculer en répandant l’abondance de son sperme de son torse à son menton. Il resta ainsi groggy quelques instants, jusqu’à ce que l’on frappe à la porte de sa chambre.

• Quentin, on va passer à table !

L’adolescent sursauta, articula un « oui » parfaitement audible et s’empressa de nettoyer la semence qui avait maculé le haut de son corps. Il se rhabilla en hâte et avant de quitter la pièce, déposa un baiser sur le cadre-photo qui trônait au chevet de son lit.

• J’espère que tu n’as pas oublié, Val, et que tu ne me feras pas faux bond ce soir… Je compte sur toi, ma belle. Je t’aime...