La faible lueur émise par la bougie n'éclairait qu'une modeste partie du couloir que Zach parcourait. Il venait de descendre l'escalier de bois en colimaçon qui séparait sa chambre des pièces inférieures. Bien que la distance fut courte, la nonchalance avec laquelle il se mouvait dans la pénombre avait rendu sa progression assez longue. La nuit était tombée depuis quelques heures déjà. Une douleur au ventre avait contraint le jeune homme à descendre se rafraîchir dans la cuisine de la maison. Arrivé au pas de la porte, il la poussa en même temps que d'actionner sa poignée. Un léger grincement s'était fait entendre et une petite pièce de quelques mètres carrés seulement s'était dévoilée à lui. Des flammes dansantes animaient les torches accrochées aux murs. Une table en bois avait été éloignée dans un coin de la pièce afin d'en libérer son centre.

Zach resta immobile à l'entrée, maintenant le support circulaire de sa bougie au-dessus de son épaule. Sur une chaise, à quelques pas de lui, une frêle créature partiellement dévêtue demeurait assise calmement, dos à la porte. De longs cheveux noirs lui retombaient jusqu'au milieu du dos, sa peau était sombre et souillée. Malgré les nombreuses marques de blessures encore suintantes qu'elle endurait, elle paraissait aux yeux du jeune garçon d'une extrême douceur. Sa présence lui fit même négliger celle de sa corpulente mère se tenant pourtant debout à côté d'elle. Elle venait de poser un bol rempli de désinfectant sur un tabouret. De l'autre main, elle tenait un tissu imprégné du produit en question qu'elle parcourait à différents endroits du corps de la jeune fille. Zach regretta de ne pas avoir quitté la pièce plus tôt lorsque la femme l'interpella sèchement :

― Eh bien, ne reste pas planté là. Tu ferais mieux de venir m'aider !

Le jeune homme s'exécuta aussitôt. Il s'approcha lentement des deux femmes et découvrit le visage angélique de la jeune esclave tranchant radicalement avec sa mine attristée. Il eut de la peine pour elle mais se rappela les consignes de son père qui lui avait appris à ne pas se laisser influencer par ses émotions. D'après lui, le monde était ainsi fait : les plus faibles étaient asservis par les plus forts et n'avaient d'autre choix qu’une existence sans honneur.

Néanmoins, non sans éprouver un sentiment de culpabilité, le fait d'avoir aidé sa mère à préparer les bandages ce soir-là lui avait fait ressentir quelque satisfaction vis-à-vis de la jeune femme meurtrie dans sa chair.