Chapitre V, partie 3 : Les premiers jours

5 minutes de lecture

 -Oui, je sais, on me fait souvent la reflexion.

 -C'est une drole de coïncidence.

Elle rit. Moi, à côté, je me réjouissais du fait que les gens ne croient plus au surnaturel et au divin. Être un homme immortel, c'est assez pratique à ce niveau là. Les gens accordent ça à l'alcool, à la drogue, ou bien àl'envie de se rendre interessant. Il ne leur vient pas à l'idée que ça puisse exister réellement. Quand on leur en parle, ils s'immaginent des manipulations génétiques, des complots politiques et des super-méchants qui veulent dominer le monde.En quelque sorte, je suis une espèce de conte de fée à moi tout seul.

 -Oui, vous avez raison, sacré coïncidence.

Elle réorganisa son plan de travail pour être plus efficace. Apparemment, malgré ce mélange, il restait encore pas mal de choses à faire.

 -Bon, commença-t-elle, sinon, comment sa passe ton intégration dans le roupe?

 -Eh bien, j'ai du mal à doser ce genre de choses après trois jours sans vraiment avoir parlé à grand monde.

 -Au moins tu es franc, dit elle en riant gaiement. Je sais que les procédures administratives du début sont un peu longues, mais crois moi quand je te dis que c'est rien à côté de ce qui t'attend un peu plus tard !

Eh bien de mieux en mieux. Jusqu'à maintenant, mon rôle dans ce groupe s'était limité à des allers retours répétés au bureau de la secrétaire, une jolie jeune femme brune très sympathique. Bien plus chaleureuse que toutes ces brutes de militaires que j'allais devoir côtoyer désormais.

 -Oh, ce n'est pas grave, ça m'a permis de faire plus ample connaissance avec votre secrétaire. Vous saviez qu'elle adorait la patisserie? 

 -Absolument pas. Au fait, si ca te dérange pas, je préfererais que tu me tutoies. Tout le monde me tutoie, tout le monde m'a toujours tutoyé, même mon superieur. Pour être franche, j'ai l'impression d'être vieille quand on me vouvoie.

Je la regardai d'un air surpris. D'habitude, les gens ont plutôt tendance à detester le tutoiement justement parce qu'il manque de respect. Je n'en ai personnellement jamais rien eu à faire, c'est le caractère qui fait ça, mais le fait qu'elle soit militaire rendait cela encore plus étrange. Enfin, si ça lui faisait plaisir, pourquoi pas, mais j'aurais du mal à m'y faire.

 -Très bien, alors. Eh bien, à part ça, ne t'inquiète pas, mon intégration se passe très bien. 

 -Bon, bon, très bien dans ce cas.

Jusqu'à présent, nous avions parlé des mondanités dans ce laboratoire. Mais moi, là, je voulais avoir des infos sur ce que j'allais devoir faire. La voir préparer ces mélanges dignes du kit du petit chimiste, ça me donnait vraiment envie de lui poser tout plein de questions : quel est ce produit, à quoi est-il destiné, quelles sont ses motivations à elle? Et bien entendu, je voulais savoir un maximum de choses sur ces archives.

 -Bon alors, c'est pas que je ne vous fais pas confiance, mentis-je éffrontément, mais c'est quoi exactement les objectifs d'EXODUS. Vous faites quoi, concrètement ici?

Eolia ne me répondit pas tout de suite. Elle semblait être occupée avec de la verrerie qui ne voulait pas faire son travail correctement. Je l'entendais maugréer à travers son masque. Sur le moment, je crus qu'elle n'avait pas entendu. Je me décidai donc à reposer la question.

 -Désolé, j'ai posé une question. C'est quoi votre obj...

 -Pas la peine de répeter, Dieter, je t'ai parfaitement entendu. J'étais juste plongée dans mon travail.

Tant qu'elle était pas plongée dans sa solution, tout allait bien. Elle retira son masque quelques secondes, se tourna vers moi, et se gratta energiquement le menton.

 -Le groupe EXODUS est un groupe de recherche para-militaire. Basiquement, on fait tout le "sale boulot" de l'armée, on prépare des produits de nettoiement pour les armes, on fait des recherches sur des armements de nouvelle génération, ce genre de trucs. Des fois, on fait même des opérations exterieures.

 -Oh, tiens donc, des opérations exterieures. Et, sans être indiscret, sur quoi portent vos opérations? Du repérage?

 -Je te l'ai dit, des experiences.

Je voyais difficilement comment on pouvait mener des experiences chimique en exterieur. Il faut des conditions assez drastiques pour faire ce genre de choses. Leurs experiences, à mon avis, ça devait consister en des tests géologiques ou hydrologiques. Si ils s'occupaient de l'armement, ça devait être obligatoire comme contrôles. Mais comme j'étais assez fouineur, je décidai d'en rajouter une couche.

 -Mais ce que j'ai vu dans votre salle de contrôle, c'était pas vraiment des herbicides si tu vois ce que je veux dire. J'en ai déjà vu des armes chimiques, je sais à quoi ça ressemble. Tu travailles vraiment pour eux en sachant ça?

Son teint avait viré au beige très très pâle. Elle ne devait pas avoir l'habitude qu'on l'interroge sur les activités de son groupe. Malgré ça, elle continuait de mener sa petite préparation comme si de rien n'était.

 -Eh bien je suppose que ce sont des produits d'entretien. Tu sais, moi, je ne suis que lieutenant, je n'ai pas accès au secret militaire.

Je me mordai la lèvre inferieure. C'est vrai, j'avais complètement oublié comment fonctionnait le système d'informations dans l'armée. Des quatres niveaux de sensibilité, Eolia n'avait accès qu'aux trosième et quatrième en tant que lieutenant. Seuls les grands généraux, le gouverneur général et le représentant spécial avaient accès au premier niveau, et c'est là que se cachaient les vraies motivations.

Elle restait malgré tout évasive. Je décidai donc de changer de sujet, et de l'interroger un peu sur mon embauche précipitée. Après tout, nous nous connaissions depuis quelques heures quand elle a soumis ma candidature au grand lieutenant Tadéo. Elle devait bien avoir des raisons.

 -Sinon, tu peux me dire pourquoi tu m'as pris sous ton aile si rapidemment? Je veux dire, j'ai peut-être les habiletés nécessaires à ce boulot, mais tu m'as bien fait sauter d'un coup plusieurs années de formation à l'EDL. Qu'est ce que j'ai de particulier?

Cette fois-ci, elle ne répondit pas du tout. Je restai planté à côté d'elle durant plusieurs minutes à attendre une réponse, mais non. Rien du tout. Je me heurtai à un mur de silence. 

Je tentai alors de reposer ma question, mais Eolia fit soudainement un geste brusque avec son bras droit et revnersa plusieurs gouttes de produit sur le sol.

 -Aaaah, mais c'est pas vrai !

Elle se baissa précipitemment et sortit de sa poche un petit morceau de chiffon froissé, à l'image de sa blouse. Elle tenta d'éponger la petite flaque de liquide bleuté qui se répandait sur le sol, mais ce dernier était en déja imprégné. Je décidai de l'aider en prenant un paquet de mouchoirs et en tapotant par terre, puis en frottant, mais cela se révela inéfficace.

 -Je ne comprends pas pourquoi tu m'as fait venir ici si c'est pour ne rien me dire. J'ai à l'évidence quelque chose dont tu as besoin. Je ne sais pas quoi, pour le moment. Mais je le découvrirai vite, n'aie pas de doutes là dessus.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Guillaume Conpte ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0