Chapitre III : Comme il y a 15 ans
Bazgo traversa le couloir et alla dans la pièce servant de passage pour le grenier. Ici se trouvait également une porte donnant sur la chambre de Freya. Il écouta à la porte et n’entendit que des pleurs. Il toqua doucement à la porte afin de ne pas réveiller toute la famille mais n’eu aucune réponse. Bazgo attendit une vingtaine de seconde avant de commencer à chuchoter à la porte.
- "Freya tu es là ? J’aimerais qu’on parle tous les deux, pour qu’on soit bien clair sur la situation où nous sommes…"
- "Entre, la porte est ouverte…"
Bazgo entra et vit Freya, assise sur son lit, en train de manipuler une boule entièrement sphérique et totalement transparente. Elle fit alors partir la boule dans un récipient posé contre la fenêtre avant de se retourner vers Bazgo. Des larmes coulaient en abondance sur les joues de la fille. Suivant le tracé de son arcane sous son œil droit, elles chutaient alors sur sa couche. L'Arcane de la fille brillait d’une douce lumière bleue. Quand les larmes touchaient ces symboles, elles se transformaient en glace. Les yeux de Freya étaient également luminescent. Ceci inquièta bazgo car seule une déstabilisation émotionnelle intense provoque ce phénomène chez les mages. Et cela peut conduire à une libération incontrôlée de magie. Il comprit alors que Freya était vraiment sincère sur ses sentiments. Il devait trouver un moyen de la calmer assez rapidement sinon la situation deviendrait ingérable. Il s’assit donc à côté d’elle et la prit dans ses bras.
- "Pou…Pourquoi tu me fais ça ? Quand je veux parler de nous tu commences à parler de tes projets de vengeance ! J’aimerais que pour une fois tu arrêtes de penser à toute cette violence. Et que tu commences à envisager ce qu'il pourrait y avoir de beau dans ta vie…" lacha-t-elle, au bord d'une nouvelle crise de pleurs.
- "Je suis désolé si je t’ai blessé tout à l’heure, mais il faut que tu comprennes que j’ai besoin d’y aller. Je dois trouver des réponses. Et quand je les aurais alors je pourrais mener une vie tranquille, adaptée pour avoir une famille. Pour le moment je ne suis pas prêt pour ce genre de choses."
- "Tu sais bien que si ton but était de partir au bout du monde, je te suivrais…"
- "Je ne peux pas te mettre en danger. Cassil ne me le pardonnerai pas, Ylda non plus."
- "Ils savent très bien que je sais me défendre, et toi aussi d’ailleurs. Si tu y vas tout seul, qui te couvrira quand tu en auras besoin ? Qui te réconfortera quand tu seras au plus mal ?" Freya reprenait petit à petit son aplomb.
- "Je suis quelqu’un de solitaire tu le sais."
- "Sinon... Sois honnête avec moi... Tu ne vois rien d'autre que ta cousine en moi ?..." dit-elle, sa voix trahissant un stress important.
- "Tu es ma cousine et ma meilleure amie, celle sur qui j’ai toujours pu compter, quels que soient mes problèmes. J’aimerais te dire que je te voudrais à mes côtés quand je partirai. Mais je ne peux pas te promettre une chose dont je ne sois pas sûr. Donne moi du temps et je prendrais une décision d’accord ?"
A la fin de cette phrase, Bazgo remarqua que le scintillement dans les yeux de Freya avait cessé et que les arcanes de son bras avaient également cessées de briller.
- "Pour l’instant tout ce que je peux te donner c’est ça…" Dit Bazgo avant de faire apparaître un oiseau de flamme dans sa cheminée. La flamme sembla danser dans la cheminée avant de commencer à s’éteindre. Quand la dernière lueur s’éteignit, Bazgo était déjà reparti dans le grenier, et Freya s’était endormie.
Bazgo avait profité que Freya s’était assoupi afin de partir dans sa chambre. Il y entra sans faire un bruit et déposa ses affaires dans un coin. Il prit ensuite une couverture et alla se coucher, encore soucieux de l’état de Freya. Même si elle semblait s’être calmé pour le moment. Bazgo finit alors par s’endormir.
Bazgo ouvrit les yeux et vit que le soleil s’était déjà levé. Il prépara alors son sac pour l’expédition qu’il devrait faire dans la journée et se stoppa net en apercevant une lumière bleue venant de sa fenêtre. Il s’approcha et vit alors que le soleil était devenu bleu et que des montagnes entières semblaient voler autour d’un orbe lumineux, volant dans le ciel.
- "Après toutes ces années, te voilà enfin de retour Bazgo, je t’ai manqué ?" dit une voix proche, menaçante.
Bazgo se retourna, reconnaissant la voix de la personne se trouvant à côté de lui. Il vit alors une forme enflammée, en train de le scruter.
- "Je pensais que ta conscience s’était diluée dans la mienne depuis le temps, Karos…" se contenta Baz.
- "Quelle prétention venant d’un simple humain. Dois-je te rappeler à qui tu dois tes pouvoirs ? Sans moi tu ne serais qu’un pauvre petit minable sans force." Affirma la forme, un sourire se dessinant difficilement sur son visage déformé par les flammes.
- "Sans force ? N’est ce pas toi qui m’avais proposé un marché ? Parce que j’avais le plus gros potentiel que tu n’avais jamais vu ?"
- "Sans ce marché tu ne serais rien, je peux l’annuler à tout moment et ainsi tu retourneras à l’état de créature inutile Baz."
- "Le marché que j’ai passé avec toi impliquait bien que ta magie serait mienne durant trente ans. Si à ce moment je trouve le moyen de m’emparer de toute ta force, alors compte sur moi pour effacer de la surface du monde ton existence."
- "Tu me feras toujours rire, humain. Enfin la raison de ma présence ici n’est pas de battre avec toi. J’ai senti une énorme vague de magie venant de la mer."
Bazgo perdit son calme habituel et commença à marcher en rond autour de sa table.
- "Quand tu dis énorme ?..."
- "Suffisamment pour m’avoir réveillée. Je ne l’ai pas sentie longtemps mais d’après mes estimations cette force serait deux à trois fois plus puissante que la mienne. Tu sais ce que cela implique."
- "Dans combien de temps arriva-t-elle ici ?"
- "En début d’après-midi je suppose, mais ce n’est pas tout j’ai pu également ressentir le nombre d’ennemis se trouvant sur les bateaux…"
- "Alors combien sont-ils ? Sommes-nous assez nombreux ?"
- "Si on compte toutes les sentinelles ainsi que les hommes forts des villages environnants, on dispose alors d’une centaine d’hommes. Les gardiens doivent arriver dans la soirée, mais même eux risquerais de ne pas être assez forts."
- "Alors combien sont-ils ? Ne tourne pas autour du pot !"
- "Je ne pourrais te dire leur nombre exact mais ils devraient être près de deux mille combattants, sans compter leurs esclaves et équipages de navire."
Le garçon resta immobile pendant un long moment avant de comprendre toute la gravité de la situation dans laquelle ils se trouvaient, lui et tout les habitants des villages voisins.
- "Où accosteront-ils ?"
- "Un premier groupe de deux cents soldats devrait arriver au niveau de la baie vers l’heure du midi. Un deuxième groupe de six cents soldats accostera deux heures plus tard au niveau de la falaise et le dernier groupe arrivera sur le port en même temps que le deuxième groupe."
- "Il faut avertir de toute urgences tout le monde, faire évacuer les civils et résister le temps que les gardiens n’arrivent."
- "Bazgo, même si je me fiche pas mal de ce qui pourrait arriver aux humains... Ne meurs pas devant ces pitoyables créatures. Qu'ils se rappellent le nom de celui qui les aura repoussé."
- "Compte sur moi la torche" Répliqua Bazgo avant d’esquisser un sourire.
Karos leva une main vers le ciel et le monde sembla s’effondrer sur lui-même.
Bazgo se réveilla en sursaut et regarda le ciel. Il était toujours sombre mais on pouvait deviner à la lueur faiblarde du soleil pointant à l’horizon que l’aube n’était plus très loin. Le garçon sauta hors de son lit et descendit les marches de l’escalier à toute vitesse, manquant de se rompre le cou. Il heurta de plein fouet Freya qui l’avait entendu courir dans le grenier. La jeune fille se cogna contre la porte et pesta contre Bazgo.
- "Désolé Freya mais on a pas le temps, prépare les et amène les aux points de fuite, je fonce prévenir tout le monde !"
L'intéressée mit quelques secondes à émerger, et se remettre du choc.
- "Attends quoi ? Pourquoi je devrais faire ça ? Qu’est-ce qui se passe enfin ?!"
- "Karos m’a parlé cette nuit, il a senti une grande magie venant de la mer et également près de deux milles soldats qui doivent arriver vers midi pour les premiers et quelques heures plus tard pour le reste de l’armée. On n’a pas beaucoup de temps dépêche toi !"
Freya regarda Bazgo et vit dans son regard de la peur. Elle qui n’avait jamais pensé qu’il puisse ressentir cette émotion, le voilà rongé par la peur. Elle se leva et alla se changer.
- "Part prévenir les autres je m’occupe de ce village, ne perds pas plus de temps."
Bazgo n’attendit pas la fin de la réponse de Freya et couru vers la porte de sortie la plus proche. Il ne prit même pas le temps de débloquer la serrure, il la fit brûler instantanément. Une fois dehors Bazgo regarda le ciel et leva les bras vers celui-ci. Une boule de flammes apparu dans les mains de Bazgo et fonça brusquement vers le ciel. Quand elle atteignit une distance de trente mètre, la boule explosa violemment. Provoquant alors un flash de lumière aveuglante et un bruit digne des plus grands tremblements de terre, qui perdura pendant une bonne minute. Quand le bruit cessa Bazgo vit que le village était en pleine effervescence. Il vit alors les premiers villageois, fuyant vers lui.
- "Pourquoi tu as fait ça Bazgo ? On subit une attaque ?!"
- "Rendez vous tout de suite devant le point de fuite, Freya vous expliquera la marche à suivre."
Sur ces mots Bazgo couru vers la caverne des sentinelles, craignant que son signal n’est pas été suffisant pour les prévenir. Il couru sans s’arrêter pendant tout le trajet et tomba nez à nez avec Jag, accompagné de Cassil, courant eux aussi mais vers le village.
- "Que ce passe-t-il Baz ? Pourquoi a tu déclenché le signal d’alerte ?"
- "Une attaque va avoir lieu ce midi dans la baie et deux autres débarquements avoir lieu au niveau de la falaise et dans le port. Karos m’a dit qu’il y aura plus de deux milles soldats ennemis, dont au moins un bien plus puissant que lui !"
- "Karos ?" demanda Jag "De qui tu nous parles là ?"
- "Laisse Jag je t’expliquerai mais sache que c’est une source fiable. Va chercher l’équipe de Matsu et previent tous les villages, je me charge de préparer nos forces."
Jag accepta à contre cœur, voulant savoir qui était ce Karos, et parti en courant vers les villages plus au sud. Cassil fit demi-tour et couru vers leur quartier général, Bazgo sur les talons. Ils parcoururent les derniers kilomètres sans échanger un mot et arrivèrent devant l’entrée de leur base, déserte.
- "Ce n’est pas normal" Dit Cassil. "Lesni et Gorok sont censé être de garde à cette heure là."
A ce moment un bruit sourd mais puissant arriva à leur oreille. L’entrée de leur base vola en éclat dans un nuage de poussière. Ils virent alors Gorok sortir en sang de ce nuage. Ce dernier remarqua alors Bazgo et Cassil et eu juste le temps de dire un seul mot.
- "Fuyez…"
Une fois sa phrase finit, un hurlement abominable sortit de la grotte. Une créature en sortit alors et attrapa Gorok. Elle le projeta ensuite contre des rochers comme un humain le ferai d’un simple caillou. La créature faisait quatre mètres de haut. Elle avait en guise de corps un mélange entre le corps d’une araignée, un buste humain avec pour surmonter le tout, une tête énorme de taureau. La créature tenait un énorme gourdin de bois, recouvert de sang.
- "C’est quoi ce truc ?" hurla Cassil avant de se jeter sur sa droite esquivant un rocher que la créature venait de jeter sur lui.
- "Si j’en crois son apparence, il s’agirait d’un Ushi-Oni. Le seul moyen de l’avoir est de lui couper ses pattes puis de lui trancher la tête !"
Dès la fin de sa phrase Bazgo pointa une main vers les pattes du monstre et commença à briller d’une lumière rouge. La créature comprit ce qu’il voulait faire et tenta de le charger. Mais Cassil réussit à sauter sur son dos d’araignée, et tenta de figer son épée dans une ouverture de la carapace du monstre. Il ne pu que la distraire le temps que Bazgo ne finisse sa préparation.
-« Incantation à trouver »
Deux colonnes de flammes jaillirent des mains de Bazgo et allèrent percuter les huit pattes du monstre, qu’elles embrasèrent instantanément. La créature chuta sur le dos, écrasant Cassil. Bazgo couru vers le monstre et tenta de le bouger pour faire sortir Cassil. Cependant le monstre, encore bien vivant et décidé à faire payer son bourreau, attrapa Bazgo et le rapprocha de sa bouche. La créature hurla tout en tenant le garçon devant sa tête, faisant suffoquer Bazgo. La main du monstre se rapprocha encore de sa bouche et Bazgo cru sa dernière heure arrivée. Mais, alors qu'il n’était plus qu’à quelques centimètres de la longue rangée de dents qui se présentait, une flèche siffla et se figea dans l’œil du monstre. Celle ci lui arracha un cri de douleur. Une deuxième flèche perça l’autre œil et une longue épée décapita le monstre, faisant gicler du sang sur le visage de Bazgo. Le garçon vit alors son sauveur et reconnut son visage.
-"Matsu…"
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