Interrogatoire de Sébastien Serreau
Je m’appelle Sébastien Serreau j’ai 31 ans. Je travaille comme cuisinier au Rialto. Oui c’est bien celui-là, le restaurant Italien. Je vis en couple. Non, je n’ai pas d’enfants.
Je suis arrivé tout de suite après Mr et Mme Lalande. Pour une fois, j’ai pu me libérer et j’avais promis à Sophie de lui préparer les sauces alors je suis venu le plus tôt que j’ai pu. D’ailleurs, je me suis mis tout de suite à la cuisine.
Laurent et Sofia étaient en retard, comme d’habitude, alors on a commencé l’apéro sans eux. L’apéro allait les faire venir, c’est ce qu’on dit. L’ambiance était bonne, Sophie avait sorti son « Times up » et je tentais désespérément de mimer un pompier quand les retardataires sont arrivés. Vraiment, tout était très bien. Comme d’habitude. Sophie est excellente pour organiser des soirées.
J’étais juste à côté de Patrice, j’ai d’abord senti sa main serrer le haut de mon bras, comme un appel au secours. Je n’ai pas compris tout de suite. Le père de Sophie m’a poussé, il a pris Patrice et lui a fait une vraie prise de judo. C’est ce que j’ai pensé sur l’instant. Je n’ai pas réalisé. D’ailleurs, je crois qu’il est le seul à avoir compris ce qu’il se passait. Nous on est tous resté à regarder comme au spectacle. Et puis le « Non » strident de Sofia m’a sorti de ma torpeur, elle faisait littéralement une crise de nerf incontrôlable. C’était sans surprise. Je n’ai vu qu’une chose à faire pour l’aider à reprendre ses esprits, la gifler. Plutôt efficace, je dois dire.
Sophie, Mme Lalande et moi puisque nous avons tous les trois fait des préparations. Mais en soi, tous le monde à fait un tour par la cuisine. Soit pour discuter, soit pour récupérer un plat ou une bouteille.
Si j’ai remarqué quelque chose d’inhabituel ? La seule chose c’est que Pascal était plus actif, serviable que d’habitude. Il est un peu précieux Pascal, ce n’est pas quelqu’un qui aime se salir les doigts. Mais là, il insistait pour aider à mettre la table, à servir. Voilà, c’est la seule chose que j’ai trouvé inhabituel mais ça ne veut rien dire en soi.
Des tensions, voyons voir, oui, quand vous mettez Patrice et Pascal dans une même pièce, vous avez forcément de la tension mais ce n’était pas plus pas moins que d’habitude. Ce qui m’a semblé le plus bizarre c’était la tension silencieuse entre Mr et Mme Lalande. Ça ce n’était pas commun. Mme Lalande était curieusement silencieuse et distante. Je la voyais plutôt toujours assez souriante même si elle n’était jamais vraiment très loquace. En même temps, les histoires de couple ça arrive à tout le monde.
Patrice, je l’ai toujours trouvé beau, avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus. Et il était tellement drôle. S’il n’avait pas été si hétéro, j’aurais bien tenté ma chance. Plus sérieusement, hier, il était égal à lui-même. Je n’ai rien vu de différent.
Dans le salon, je suis resté à côté de Mme Lalande. Elle n’a pas dit un mot. Elle regardait fixement ses pieds et n’arrêtait pas de triturer sa bague. Cela dit moi non plus je ne trouvais rien à dire. C’était si terrible ce qu’il venait de se passer. Mais j’avoue qu’à aucun moment je n’ai cru à un meurtre. C’est seulement quand vous nous l’avez annoncé que j’ai pris conscience qu’il y avait un meurtrier parmi nous. Ça m’a glacé le sang. Vraiment. On se connait tous depuis tellement longtemps. Comment est-ce possible ? Je ne comprends toujours pas.
Ah, ne me demandez pas ça, je suis bien incapable d’imaginer qui que ce soit faire une chose pareille. Même pas Pascal. Pourquoi je pense à Pascal ? Eh bien tout simplement parce qu’il est le seul à avoir un motif de le faire. Mais encore une fois je n’en crois rien. Il y a forcément une autre explication. Un accident, un malencontreux accident.
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