Interrogatoire de Daniel Martinez
Oui d’accord, eh bien, je m’appelle Daniel Martinez, j’ai 34 ans, je suis séparé avec 1 enfant. Mon métier, instituteur. J’ai la classe de CP cette année.
Je suis arrivé un peu tard car j’ai dû déposer Aurélien, mon fils, chez sa mère. On s’est mis d’accord avec elle pour qu’il ne rencontre pas nos nouveaux conjoints avant que cela soit sérieux. Avec Sophie, cela fait seulement 6 mois que l’on est ensemble et je ne sais pas si nous sommes vraiment sur une relation sérieuse pour le moment. Enfin bref, lorsque je suis arrivé, il manquait uniquement son frère et sa belle-sœur. Sinon tout le monde était là.
C’était bon enfant. En toute honnêteté, c’était seulement la troisième fois que je rencontrais tout le monde. Je ne suis donc pas encore un intime de leur cercle. Je sais que Sophie, étrangement, n’a que des meilleurs amis hommes. Personnellement, cela ne me dérange pas. Elle les connaît depuis sa toute petite enfance. Ils sont comme des frères pour elle. L’ambiance était donc très chaleureuse. Comme à chaque fois où ils étaient réunis ensemble.
Tout s’est passé très vite, le père de Sophie a fait tout ce qui était en son pouvoir et lorsque la tête de Patrice a plongé dans son assiette, Sophie s’est levée d’un bond, faisant tomber sa chaise à la renverse. Sofia s’est mise à hurler d’horreur alors que Mme Lalande fuyait vers la cuisine dans un mouvement de panique. Moi, je suis resté assis là complétement abasourdi par la scène qui me faisait face. Je me suis demandé comment il était possible de mourir de la sorte aussi bêtement. Rien qu’en mangeant un potage. Franchement, en me faisant cette réflexion, je me suis tout de suite dit que quelque chose n’allait pas. Visiblement, Gilles avait pensé à un étranglement mais c’était complètement improbable. J’ai presque souri de l’incrédulité de tous ces gens autour de la table. Je l’ai senti qu’il y avait autre chose.
Pour l’accès aux plats, je ne sais pas vraiment. Je suis arrivé dans les derniers mais je crois savoir que Sophie et Mme Lalande étaient les principales cuisinières. Après, effectivement, tout le monde a, à un moment donné de la soirée, eu accès à la cuisine.
Des choses inhabituelles, oui, en réalité, deux-trois choses m’ont paru sortir de l’ordinaire. Sophie avait fait un plan de table. Elle était plus dans la spontanéité d’habitude. Mais bon, elle avait trouvé ces petites ardoises si mignonnes et elle s’était laissé tenter. C’est ce qu’elle m’avait dit en tout cas. La deuxième chose s’était le mutisme de la mère de Sophie. C’est, en tout cas de ce que je connais, une femme peu bavarde mais là, elle était vraiment comme muette et complètement absente. Et la troisième, visiblement la plus étrange, selon les autres, c’est l’empressement de Pascal à mettre la table et à servir les convives. A mon avis, nous avons là un indice. Mais bon, je ne vais pas vous apprendre votre travail.
Les tensions habituelles, enfin c’est ce que me dit Sophie. Entre ces trois meilleurs amis ce n’est franchement pas la joyeuse entente. Ils font tous un effort pour Sophie. Je crois que Pascal et Patrice sont secrètement amoureux d’elle et que leur rivalité vient de là. Pour Sébastien, c’est sans aucun doute autre chose, certainement un transfert maternel. Si je ne me trompe pas Patrice a été un peu acerbe avec Pascal. Lui, il ne goûte pas bien l’humour et est un peu coincé. Alors j’imagine que devant sa nouvelle fiancée, la réflexion ne lui a pas du tout plu. C’est ce que j’ai senti en tout cas. Je me souviens bien du froid que cela a jeté. Ça n’a pas duré longtemps mais le froid était bien là.
Quand je suis entré dans le salon, et je suis entré le dernier, ils étaient tous comme sonnés. Sauf Pascal, j’ai trouvé qu’il était presque content. Je dis bien presque, attention, je ne veux pas faire de raccourci.
Pour moi, s’il doit y avoir un coupable parmi ce groupe c’est sans aucun doute Pascal. Je suis désolé mais ma logique ne peut s’empêcher de le voir ainsi.
Annotations
Versions