04
Plutôt que d’écouter sa gouvernante, Roman était en train de dessiner dans son cahier de cours. Des gribouillis d’ennuie qui se transformaient peu à peu en personnages, en décors, en théories… à l’échelle du niveau de dessin d’un enfant de sept ans, évidemment. Avec ras le bol, Mademoiselle Cake vint subtiliser le cahier de Roman pour lui confisquer dans un premier temps, puis, lorsqu’elle pris connaissance de chaque de ses dessins, elle lui rendit sont cahier, et mis fin au cours dans l’immédiat.
Sans justification, Roman ne trouvait bien désorienté. Il commençait à craindre une punition cette fois, à force de ne rien écouter sur les bonnes manières et le bon comportement à tenir en société, peut-être allait-elle lâcher l’affaire.
« Vous devriez aller dessiner dans votre chambre. Ça suffira pour aujourd’hui. »
Elle ne claqua même pas la porte, elle partit, tout simplement.
Avant qu’on ne lui reproche quoi que ce soit, Roman descendit de sa chaise. Puisqu’on lui proposait si gentiment, il irait dessiner dans sa chambre pour le reste de l’après-midi. Avant de sortir de la classe, il subtilisa un pot de crayons de couleur dans le fond d’une armoire qu’il n’avait en général pas le droit d’approcher. Et avec son petit cahier, il traversa le couloir jusqu’à sa chambre, tout au fond.
Au lieu de s’installer à son bureau, il préféra s’allonger par terre, au centre de la tache de lumière, c’était plus simple pour étaler tous ses crayons.
Quand le soleil se décalait, Roman roulait avec lui. Il remplissait des feuilles et des feuilles d’un peu tout et rien. C’était assez amusant, même s’il savait très bien que ça n’intéresserait pas grand monde. II rangerait ses dessins dans la pochette à dessins. Il avait décidé qu’il n’y avait que lui qui pourrait l’ouvrir, parce que c’était secrets. Des fois, il dessinait des choses qu’il voyait dans ses rêves, c’était toujours des histoires très étranges que seul lui pouvait comprendre. Des fois quand il ouvrait sa pochette à dessins, il ne se souvenait plus de certaines histoires, et comme elles n’avaient plus aucun sens, c’était assez drôle.
Encore un peu plus tard dans l’après-midi, Roman constata qu’il lui manquait une couleur pour dessiner son dragon. Il voulait colorier les ailes en violets, mais il n’avait que des couleurs qui y ressemblaient plus ou moin. Peut-être avait il fait tomber un crayon en partant de la salle. En fait, c’était sur puisqu’une fois il avait colorié la cape d’un magicien en violet.
Roman se releva donc pour retourner en classe. La porte n’était jamais fermée à clef, alors même si Mademoiselle Cake était venu récupérer ses affaires, il pourrait toujours entrer.
Le long du couloir, il scrutait le sol à la recherche de son crayon de couloir, mais toujours rien en vu. Pourtant, le crayon devrait être facile à repérer puisqu’il était violet, et que le carrelage du couloir était un damier de noir et blanc.
Il releva la tête pour regarder au travers de la vitre qui le séparait de la classe.
Désiré était assis à sa place, et Mademoiselle Cake lui donnait cours.
Impossible pour roman d’entendre ce qu’elle racontait, et il n’arrivait pas non plus à lire les mots compliqués sur le tableau. Désiré n’écrivait dans aucun cahier, ses deux mains étaient posées sur la table, et son regard était fixe sur les coups de craies de la gouvernante. Pourtant, Désiré était un adulte, Roman ne voyait pas pourquoi il devrait apprendre quoi que ce soit.
Puis, il se souvint de ce que son père lui avait expliqué hier seulement. Roman ne parvenait toujours pas à se faire une idée. Désiré était-il inventé ou réparé ?
Les réparés n’ont pas besoin d’apprendre les choses de la vie.
Les inventés ne respirent pas.
S’en était trop, Roman allait bien trouver un éléments qui lui permettrait de trouver des réponses. Il allait bien penser à une caractéristique de l’un ou l’autre qui fixerait la vérité.
C’est pourquoi, Roman se rendit dans le salon.
Le salon était l’une des pièces dans lesquelles le petits garçon n’entrait presque jamais. Non pas parce que ça lui était interdit, mais parce que c’était l’endroit le moins amusant de cette immense maison. Le mur du font était rempli de livres en tous genres. Des livres avec des mots trop compliqués, et pas une seule image à regarder. En revanche, une des choses qu’il savait, c’est que ses parents avaient pris garde à séparer leurs ouvrages personnels.
Les livres de droites étaient à Papa, et les livres de gauches étaient à Maman. C’est du côté droit que Roman s’était mis à fouiller. Dans les livres de son père étaient évidemment rangés ses ouvrages d’études. Monsieur Devon avait par le passé entrepris de prestigieuses études pour devenir inventeur. Il racontait à Roman que c’était la plus grande écoles d’invention du pays, alors le petit garçon n’aurait qu’à trouver le livre qui expliquait la différence entre les inventés et les réparés, rien de plus simple.
Alors qu’il tournait les pages rapidement et en pensant que seules les images d’études médicales lui donneraient les renseignements voulues, la lumière s’éteint d’un coup.
Heureusement pour lui, quelques bougies continuaient de l’éclairer à petite dose, ce n’est pas pour autant que l’enfant se sentait rassuré.
Il avait raison.
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