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Les Réparés.

Ce sont tous ces pauvres gens qui ont subit des dommages corporels, et auxquels la médecine traditionnelle n’a pas pu répondre, pour diverses raisons; des membres ne pouvant être sauvés, des organes trop sévèrement touchés, des solutions à des handicapes…
 Cette pratique à émergée il y a une vingtaine d’années, on ne compte que quelque milliers de Réparé dans le monde. Ces gens qui vivent avec des mécanismes à la place des organes sont encore trop effrayants pour la population, et pour ceux dont les réparations sont visibles, c’est encore pire.
 Les blessés les plus graves ont souvent étés réparés par le Docteur Devon, c’est l’un des précurseurs de ce mouvement de médecine mécanique. Il en existe beaucoup d’autres, aujourd’hui, c’est presque devenu une marque de fabriques. Certains groupes de Réparés s’amusent à fabriquer des classement de prestiges selon le docteur à l’origine des réparations. Le meilleur à toujours été le Docteur Devon. Ces gens sont aujourd’hui prisés pour un matériau très spécial que le Docteur utilisait, on dit qu’il vaut de l’or.

Désiré est un Réparé du Docteur Devon. Le dernier.

***

La route est longue, la quête dure depuis des années. Mais ce n’est pas grave, Roman ne s’est jamais sentit aussi vivant, et lorsque ce sera terminé, il ne sait pas vraiment ce qu’il fera après. Est-ce qu’il retrouvera une vie normale ? Avec une maison, un jardin et un chien ? Est-ce que Désiré le suivra, ou bien est-ce qu’il s’en ira ? Il se pourrait que tout ça soit très loin de toute façon, il se pourrait qu’ils n’aillent pas jusqu’au bout de l’aventure, il se pourrait tout est n’importe quel danger.
 Aujourd’hui, c’est un interminable trajet en train qu’ils doivent supporter pour arriver à la capital. On dit que c’est l’anarchie en ce moment, ça ne fait pas peur à Roman qui lui même provoque l’anarchie partout ou il passe. N’ayant plus d’argent pour se payer deux billets à un prix exorbitant, ils se sont faufilés dans un wagon de marchandises très tôt dans la matinée. Et là, ils sont assis à côté de dizaines de caisses de fèves de cacao. Roman ne savait pas que ce produit était de l’ordre du luxe avant la destruction de sa maison il y a seize ans. Le monde ne ressemblait pas du tout au sien à cette période.
 Ils en profitent pour faire une petite réserve qu’ils pourront revendre par la suite. En ce moment, c’est leur seul moyen de se procurer de l’argent. Ce n’est pas correcte, c’est vrai, mais la vie n’a pas été correcte avec Roman.
 Une petite fenêtre se trouve sur la droite, depuis une heure, Roman observe le paysage. Il remarque que l’air est plus difficile à respirer que lorsqu’ils sont partit, que le ciel est gris, que l’atmosphère est mauvaise. Cette ville, elle est mauvaise.
 « Désiré, es-tu déjà aller à Ephice ? Il paraît que c’est la ville avec la plus grosse concentration de Réparés, et que paradoxalement, c’est l’endroit au monde le plus dangereux pour vous.
 — Oui. » Désiré est sagement assis contre la paroi, dos au sens de la marche, il est resté dans la même position pendant tout le trajet, sans aucune douleur dans les jambes.
 « Et, as-tu des souvenirs ?
 — Non. » Roman se tourne vers son acolyte avec un air fatigué.
 « Tu es trop secret, tu ne me dis pas grand chose. » Et à cela, Désiré ne répond rien. Il se contente d’être serin. Cela fait bien longtemps que Roman a abandonné.
 Le train entre dans un tunnel, tout devient noir et les oreilles sont douloureuses. A un rythme régulier, les traits de lumière des néons jaunes passent par la vitre, c’est très rapide, ils se posent sur les visages des deux hommes.
 Ils seront bientôt arrivés.

Avant que le train ne soit à l’arrêt, Roman et Désiré se tiennent prêt à s’enfuir, ils ne tiennent pas à se faire prendre à peine arrivés à la capitale. Ils sont tous les deux debout près des deux pauvres marches pour descendre du wagon, en dessous des draps noirs qui recouvrent toute la marchandise.
 « Mets ta capuche, on va sauter. »
 Roman scrute le bas, il atteint impatiemment de voir le quais tout en tenant fermement la rambarde de sécurité, que celui-ci arrive beaucoup moins vite. Désiré, lui, écarte le draps avec deux doigts pour observer l’activité du quais. Il n’y a que très peu de personne de ce côté, et ce son des gens plutôt occupé à lire des rapports, échanger avec leurs collègues. Il repère une porte qui les mènera vers une potentielle sortie de ce tunnel, l’acheminement des marchandises se fait sous terre et encadré par une forte sécurité. Les incidents étaient trop récents lorsque le déclin du pays a commencé, il y a une dizaine d’années.

« Maintenant. » Indique Roman, qui est le premier à faire un bon du train. Désiré ne tarde pas à le suivre, ils marchent rapidement à côté du wagon et ne bifurquent que lorsque la sortie est à porté. Le contrôleur le plus proche à le dos tourné, Roman sourit en tirant la langue, comme si c’était simplement trop facile.
 Maintenant, ils se trouvent dans un grand tunnel qui ressemble à un couloir vide, avec des rangées de portes sur les deux côtés. Les murs sont en plastique, ils reflètent des vagues de lumière qui donnent le tournis. Alors que tout se passe bien, qu’ils ne croisent personne ou bien qu’ils parviennent à se fondre dans le décore dès la première rencontre, Roman se rend compte que son complice marche bien moins vite que tout à l’heure. Il tourne la tête vers l’arrière, Désiré est déjà à six pas d’écart.
 « Qu’est-ce qu’il y a ? » Demande le jeune homme en affaiblissant au maximum le son de sa voix. Parfois, Roman n’apprécie pas que les choses ne se passent pas correctement, ce qui est assez drôle, ça dépend de son humeur, comme beaucoup de chose. Aujourd’hui il est plutôt pressé.
 Désiré se tord le cou d’un côté à l’autre.

Clic clic clic.

Roman n’a aucun mal à comprendre que quelque chose dérange son ami, ça semble se situer dans sa nuque ou quelque part dans son dos, peut-être une vis qui s’enfuit et qui tape un autre élément, et qui évidemment, fait du bruit. Ça tombe mal, l’anomalie est plus bruyante que leurs pas, il faut trouver une sortie rapidement. Soudain, Désiré s’arrête.
 « Quoi ? » Roman s’impatiente, et lorsqu’il décide de regarder devant lui, il voit un homme en uniforme qui les fixe comme s’ils venaient d’un autre monde. Comme personne ne parle, le malaise perdure, Roman a ce don, de le détruire ou de l’amplifier.
 « Bien le bonjour rave Monsieur, nous voudrions passer, merci. » malheureusement cette fois, son sourire de drôle de garçon ne fera rien pour lui, l’homme en uniforme dégaine son arme et menace le jeune homme. Roman et Désiré changent immédiatement de position, ils sont sur leur garde, même si le jeune homme conserve un sourire provocateur.
 « Peut-être pourrions nous régler cette situation à l’amiable ! Aller boire un verre tranquillement dans un bar ou lors d’une petite promenade dans un joli parc… »
 Le contrôleur charge son pistolet, à partir de là, les choses se passent très vite. Roman sent un poids sur son épaule, et qui le tire en arrière. C’est Désiré qui lui passe devant tout en le poussant derrière, un M96 dans les mains, tendu en direction de l’ennemie. Sa balle part en première, et éclate complètement l’épaule la mécanique qui se trouve dans l’épaule droite du contrôleur. Quant à la balle de l’homme en uniforme, elle se loge quelque part dans le plafond, le bruit résonne terriblement.
 Désiré tire ensuite Roman avec lui vers l’avant, maintenant, il faut courir avant que quelqu’un d’autre ne vienne les interpeler. Deux balles ont été tirées, c’est un signal d’alarme suffisant.
 « Bien visé ! Comment as-tu su que c’était un Réparé ?
 — On en parlera plus tard Roman. »
 L’urgence était de sortir de ce tunnel sans se faire prendre, une fois dans la ville, disparaître sera un jeu d’enfant.
 « Ils sont là ! » Hurle quelqu’un. Les deux intrus doivent courir plus vite, Roman écoute les cliquetis du corps de Désiré, ils sont inquiétant.

A partir d’ici, le couloir n’a plus rien de linéaire, il tourne dans une direction, puis l’autre, et il devient très facile de s’y perdre malgré les plans affichés à chaque tournure. Le Réparé guide Roman parmi les allées, il choisi volontairement d’éviter les chemins qui redeviendraient droits, ceux où ils pourrait être retrouvés en levant simplement la tête.
 « Désiré, je crois que tu vas perdre un morceau, il faut vraiment qu’on se cache là. »
 Les yeux de Désiré sont bien plus performants que Roman ne l’imagine. Il tire son camarade contre un mur qui les dissimule le temps de passage de cette orde qui les suit à présent. Ensuite, il court vers une bouche d’aération qui se trouve en bas du mur. Vu que tout est en plastique, casser la grille est d’une facilité absolue. Désiré n’a qu’à donner une énorme coup de pied, puis tirer dessus de toutes ses force. Le passage est étroit, il va falloir avancer couché.
 « Entrez.
 — On a aucune idée d’où ça va nous mener, t’es sur de toi ?
 — J’ai regardé les plans, il y en avait sur chaque intersections, en dessous des luminaires. »
 Des voix se rapprochent dangereusement, ils n’ont plus le temps d’hésiter. Roman plonge le premier dans la trappe, elle est légèrement en pente et il se sent glisser vers le bas, dans le noir. Désiré le suit de très près, ils doivent se dépêcher de s’éloigner avant que quelqu’un ne tombe sur la bouche détruite.
 « Pourquoi on descend ? On est sensé remonter !
 — Avancez. »
 Dans cette pénombre, ce n’est pas évident d’avancer, Roman tâte le chemin tous les deux mètres. Et puis, ils tombent sur d’autres grilles qui donnent sur des couloirs qui se ressemblent tous, à leur approche, il faut se faire le plus discret possible. Il est surprit au bout de cinq minutes, de la surface qui s’agrandit, il va pouvoir continuer le chemin à quatre pattes.
 « Ici, enfoncez cette trappe. »
 En face d’eux se trouve une ouverture en liège, elle est humide et taché, sans parler de l’odeur. Roman craint de se trouver aux portes des égouts, quelle horreur. Pour détruire la porte en liège, le garçon est obligé de le gratter avec ses doigts, de le déchirer. Sa position ne lui permet pas de donner des coups de grandes amplitudes. Lorsqu’un petit trou se forme, de la lumière s’infiltre dans le conduit. Avant de plonger dedans, Roman vérifie que personne ne soit à l’horizon. L’endroit est désert, et surtout, ce ne sont pas les égouts ! C’est un énorme tunnel en pierres, et la pluie s’infiltre partout à l’intérieur.
 « Là-bas ! Je vois des escaliers ! » S’extasie Roman en s’extirpant du passage étroit.
 « Le voyage est terminé, à nous la capitale ! Aller Désiré ! »
 Ils montent ensemble les escaliers d’un pas pressés, la pluie leur tombe dessus dès la dernière marche.
 Ephice, la capitale de la pluie, on dit qu’une grande partie de ses quartiers sont émergés, que la misère est installé bien confortablement dans chaque foyers, et que la maladie se repent en un claquement de doigt.
 A peine les bagages posés, un élément de la taille d’un simple boulon tombe au sol, aux pieds du Réparé. C’était celui qui lui courrait dans la nuque depuis un petit moment. Roman se retourne en grimaçant.
 « Tu fais chier Désiré, on va devoir commencer par te trouver un réparateur, ça va nous couter un rein.
 — Excusez-moi. »

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