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Le réceptionniste sort une table de jeu d’un vieux placard, et la déplie sur le comptoir. Elle est en très mauvaise état mais pour ce soir ça fera l’affaire, une seule partie à été convenue. Les hommes du salon viennent s’installer autour de la table pour observer le jeu, aucun ne participe. La qualité des carte est elle aussi à désirer, les coins sont cornées, certaines faces décolorées ou déchirées. Ça pourrait être un détail important si Roman savait compter les cartes, mais il n’en est rien, et en un seul tour, les cartes ne n’auront pas le temps de revenir.
 Avant que les joueurs ne s’installent, la fille blonde de tend à roman une liasse de billet, malheureusement cet auberge n’a pas de jeton. Roman ne sait pas comment réagir, il porte la méfiance sur son visage.
 « Une nuit dans la chambre qui t’intéresse coûte deux-cent Eras au moins. Je t’offre deux cent trente Eras pour jouer, puisque ta mise est ridicule et que même en gagnant, tu ne pourras par dormir ici. Si tu perds, je récupère mon argent. Si tu gagnes, tu récupères ta mise et les gains selon règles du jeu. S’il y a égalité, je te laisse la mise. C’est simple non ? Et ce, en une seule partie.
 — Très bien, et à quoi joue-y-on ?
 — Je te propose un BlackJack. »
 Roman se met à grimacer, ce qui amuse vraiment les clients. Le garçon se penche vers son camarade, se croyant discret.
 « Comment joue t-on à ce jeu ?
 — Ce n’est pas très compliqué, vous pouvez vous y risquer. »
 La blonde passe de l’autre côté du comptoir en en face de Roman. Elle pose ses mains des deux côtés de la table de jeu.
 « Tu as besoin des règles du jeu ? Ton ami a l’air de savoir jouer, je lui permet de t’expliquer avant de commencer la partie. »
 Désiré ne quitte pas des yeux les cartes pendant qu’il explique.
 « Vous jouez seul contre le croupier. Mademoiselle va vous distribuer des cartes à tour de rôle, vous avez pour objectif d’avoir un nombre supérieur à son jeu sans jamais dépasser vingt et un. Les cartes n’ont pas toutes les mêmes valeurs, alors il faut tirer avec précaution.
 — Oui, pour une seule partie cela suffira. Tu devrais pouvoir te débrouiller, bonhomme. » ricane la fille blonde.
 Cette insulte ne plait pas du tout à Roman, il se remonte les manches.
 « Aller, balance les cartes. »
 La blonde se délecte de ce long moment ou elle brasse les cartes, sans perdre des yeux le garçon sans expérience, qu’elle s’apprête à écraser. Ensuite, elle pose les cartes à sa gauche. Le jeu est prêt, Roman n’a plus qu’à décider combien il va miser. Sans la moindre hésitation, le garçon pose l’ensemble des billets qu’on lui a confié, ce qui provoque une réaction immédiate du public. Désiré voit rouge.
 « Ce n’est pas très prudent…
 — Ne t’inquiète pas Désiré, je marche à l’audace et au culot, et tu vois ? Nous sommes tous les deux toujours en vie jusque là !
 — Roman… »
 La blonde se met à rire, s’appuyant contre le bord du bar.
 « Si tu perds, je t’épargne la sommes que tu devras me rembourser. Je ne vois pas ce que tu pourrais me donner en plus qui ait la moindre valeur. »
 Son regard croise celui de Désiré, mais le silence perdure. Roman se sent franchement agacé des réflexions désagréables de cette emmerdeuse.
 « Tu vas te décider à jouer ?
 — Très bien, je tire la première carte. »
 La croupière se sert dans le tas de carte, puis elle dépose la première juste devant Roman. C’est un huit de carreau.
 Pour l’instant, le jeune homme ne mesure pas du tout l’importance d’une carte ou d’une autre, celle ci le laisse indifférent. La croupière tire une carte pour son propre jeu, à face découverte, puis en donne une seconde à Roman, un roi de trèfle. La deuxième carte de la croupière est face cachée, et à présent, elle attend une décision du joueur. Roman interroge son compagnon du regard.
 « Vous devez choisir de tirer une autre carte ou non. Votre roi vaut dix points, avec votre huit, vous obtenez dix-huit points. Si vous tirez une autre carte, vous prenez le risque de dépasser vint et un.
 — Et sa carte carte cachée ?
 — Elle ne sera révélée que lorsque vous déciderez de ne plus tirer. »
 Roman ne peut pas cacher qu’il se sent confus et qu’il aurait du effectuer une partie pour s’imprégner des règles. Entre les mains de la croupière se trouve un valet de pique, en ce qui concerne la deuxième, impossible de savoir.
 Seulement vingt et un ? Roman croise les bras à son tour, il tente d’inspirer confiance, d’avoir le contrôle de son attitude.
 « Je tire.
 — Non…! »
 Malgré la panique de Désiré, la croupière se précipite à extirper une nouvelle carte pour Roman. C’est un dix de coeur qu’elle pose par dessus les autres. Il totalise vingt-cinq huit points. Le temps qu’il compte à voix basse, tout le monde se met à rire.
 « Ce n’était pas très malin, ton jeu est brulé maintenant. Tu as perdu. »
 Roman regarde la blonde faire glisser tout l’argent vers elle, il vient de perdre ses propres économies au passage, le restes des cartes non dévoilées ne l’intéresse pas. Par rage, le jeune homme se lève en faisant tomber le tabouret, son comportement amuse plus qu’autre chose.
 « Viens Désiré, on se casse. »

Roman et Désiré se dirigent vers la sortie, se demandant où ils vont bien pouvoir dormir cette nuit maintenant qu’ils n’ont plus d’argent, ou du moins pas suffisamment pour dormir confortablement à deux. Avant qu’ils ne quittent l’établissement, la blonde les retient.
 « Et ton copain, il a pas envie de jouer ? »
 La proposition est humiliante et interessante à la fois, si Roman à perdu parce qu’il ne savait pas jouer, Désiré pourrait remporter suffisamment pour payer au moins cette nuit, et mettre une bonne raclé à cette blondasse.
 Le Réparé ne se prononce pas, il attend que son compagnon fasse un choix.
 « Ouais… ouais on va faire ça. Désiré, joue avec elle. » dit-il en se retournant brusquement et tirant le bras de son ami.
 La femme tend les mains en face des deux hommes, comme pour les prévenir ou revoir les règles du jeu.
 « Je ne t’ai pas demandé ton avis, bonhomme. Je lui parle à lui. As-tu envie de jouer ? »
 Elle découvre le regard de Désiré, comme s’il s’exprimait enfin, pour la première fois ce soir. Ses yeux verts et fixes en racontent beaucoup, elle se sent presque hypnotisée par son langage singulier.
 « Oui. Je vais jouer. »
 Elle l’invite donc à s’assoir, elle aussi, son comportement vient de changer. Ce n’est plus une gamine insolante, ses doigts se détendent et son cou s’allonge.
 Pendant ce temps, Roman s’installe dans l’un de ces fauteuils miteux. Il croise les bras comme s’il s’impatientait.
 « Je te redonne la même sommes et les règles sont exactement les mêmes, faisons comme si rien ne s’était passé. »
 Lorsque Désiré pose ses mains sur la table, la blonde ne peut s’empêcher de regarder ses doigts métalliques comme des objets de convoitise. En ce qui concerne les spectateurs, ils ont cessé de rire et rentrent pleinement dans la partie, certains se plient le dos en deux, croisent les doigts ou les bras, écrasent leurs cigarettes.
 « Je m’appelle Valory, je serais votre croupière pour cette partie. »

Elle tire la première carte.

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