Départ des marchands
Avant qu’elle puisse dire un mot de plus, Mary l’avait entraînée vers les charrettes qui se remplissaient de tonneaux et de panier de denrées. Du coin de l’œil, Scarlett perçut la présence de l’homme qu’elle tentait d’éviter. Il l’observait. Elle feignit donc d’être très occupée par ce que contenait son panier. Le rouge lui monta aux joues tant elle se sentait ridicule.
– Quand partez-vous ?
Ignorant son malaise, Mary s’était rapprochée d’un homme robuste aux cheveux blancs qui supervisait le chargement des chariots.
– Le plus tôt sera le mieux. Nous n’avons que trop traîné !
– Quand serez-vous de retour ?
L’homme eut un haussement d’épaules agacé pour toute réponse, et s’avança vers ses compagnons pour couper court à la conversation. Cette façon de faire énerva Mary qui pinça les lèvres de dépits.
– Ce n’est pas grave, la rassura Scarlett. Allons-y !
Elle voulut s’éloigner, mais ce n’était pas au goût de son amie.
– Tu ne vas quand même pas partir comme ça ?
Scarlett comprit qu’elle s’attendait à quelque chose de sa part. Un geste ou une parole pour l’homme de la veille. Avec peine, elle réprima ses larmes. Son unique envie était de fuir aussi loin que possible de cette place. Courir… Courir encore sans savoir où aller… Parce qu’en vérité, elle n’avait envie d’aller nulle part. Juste d’être ailleurs…
– Tiens donc.
La voix la ramena avec brutalité à la réalité. Elle frissonna.
– J’espère te revoir la prochaine fois que je reviendrai ici !
Ne pouvant en supporter plus, Scarlett tourna les talons, la tête vide. À peine entendit-elle Mary poser des questions au marchand.
– Quoi ? C’est tout ce que vous trouvez à dire ?
– Tu voulais quoi ? Une demande en mariage, ricana-t-il. Des filles comme elle, il y en a dans chaque village…
La suite de la discussion ne parvint pas aux oreilles de Scarlett qui, avait coupé à travers les ruelles pour retourner chez elle au plus vite.
Annotations
Versions