Alors que Scarlett courait entre les habitations, elle entendit son prénom. Surprise, elle se figea. Sur le pas de la porte d’une maison, une petite femme au visage parcheminé par le temps la fixait. Ses yeux avaient pris une teinte blanchâtre sur la pupille. Pourtant, par miracle, elle savait qui était présente.

– Scarlett !

– Oui, doyenne ?

La jeune femme frissonna. Devant une figure d’autorité, elle se sentait toujours mal à l’aise.

– Entre, quelques instants.

La main de Scarlett se resserra sur l’anse du panier jusqu’à ce que ses jointures deviennent aussi blanches que les cheveux de celle qui lui faisait face.

– Mon père…

– S’il trouve quelque chose à redire, j’irai le trouver.

Devant un tel argument, la jeune femme ne put qu’accepter. Intimidée, elle pénétra dans la demeure de la doyenne. Ses yeux furent tout de suite attirés par les étagères pleines de bocaux qui couraient le long des murs. Recelaient-ils chacun une préparation unique ? Il y en avait tellement.

La doyenne posa un bol devant elle, qu’elle remplit d’un liquide brûlant et odorant. Ceci fait, elle invita Scarlett à le boire. Ne pouvant refuser, celle-ci approcha la boisson de ses lèvres. Un parfum fort de végétation lui prit le nez. Passé la surprise, elle prit une gorgée. L’amertume de la préparation la fit grimacer.

– Bois tout.

Ainsi il lui était impossible de se soustraire à cette épreuve. Sans un mot, elle avala la tisane. Lorsqu’elle termina enfin, un soupir de soulagement lui échappa, avant qu’elle ne repose le bol sur la table.

– Ce n’est pas agréable, mais c’est le prix à payer pour éviter d’être grosse.

Scarlett ouvrit la bouche pour la détromper, puis se ravisa lorsque les souvenirs de la veille lui revinrent en mémoire.