Comme tous les soirs, je me brosse les dents, confronté à ma tête de déterré. J'ai des cernes effrayantes tant je manque de sommeil. Le rêve… il s'est répété trois nuits de suite. J'ai refusé de dormir la quatrième. Je ne me suis jamais autant branlé et je persiste à me réveiller raide dès que je baisse la garde. Je déteste ça. Je me sens monstrueux. J'ai l'impression de la trahir… J'ai presque envie de me punir pour ça…

J'ai vu mes amis ce soir. On a passé un bon moment au bar Karaoké comme de temps en temps le vendredi soir. J'ai bu plus que de raison et chanté n'importe quoi. Ça m'a fait du bien. Ils ont quand-même vu que quelque chose ne tournait pas rond. J'ai pas osé en parler. Ils auraient ri, m'auraient charrié. Pire, je suis sûr qu'ils m'auraient encouragé à coucher avec cette femme.

Maudit soit mon corps qui réagit à cette pensée. Il me dégoûte. Je me dégoûte. Ma queue me fait mal suite à l'astiquage sans douceur que je lui ai fait subir chaque fois qu'elle s'est dressée contre ma volonté. Je voudrais juste qu'elle me foute la paix.

Je crache dans le lavabo, me rince la bouche et vais me coucher, sans me toucher. Allongé je pense à Marianne, à ses yeux quand elle m'embrassait. En position fœtale, je serre son oreiller contre moi. Les larmes coulent toutes seules de nouveau. Pourquoi, pourquoi a-t-il fallu que tu laisses le cancer gagner et que tu m'abandonnes ici ?

Je suis réveillé par mon propre cri. J'ouvre les yeux, étonné de me sentir si bien. Une décharge de plaisir me traverse sans crier gare. Ma queue lâche une nouvelle giclée de sperme dans mes draps. Je reste sonné, alangui. Je ne veux pas me souvenir de ce nouveau rêve humide. Je vais me convaincre que c'est Marianne qui m'a rendu visite. Je profite de cet état flottant qui suit le plaisir et je me rendors.