Chapitre 14 : Esprit fulminant
Je suis remontée comme un coucou. Ma séance de jogging ne m'a absolument pas détendue. Puis impossible de savourer l'instant présent, je n'ai pensé qu'au moment où je rentre, déverrouille mon téléphone, et constate que Xavier m'a répondu. Je me déchausse donc, me rue dans mon appartement en claquant la porte. Mon mobile m'attend face contre la table, cela rajoute du suspens, je suis toute nerveuse. Mes doigts entourent la surface froide, je retourne l'écran face à moi, une pression sur le côté et... Rien.
Même pas un message négatif, juste rien. Ou alors il ne l'a pas écouté mon message... Ou alors il a pris le temps d'en prendre connaissance, et il s'est dit que cela ne valait même pas la peine de me renvoyer paître. Ce n'est pas possible. Enfin, à qui refuse-t-on même d'adresser un "non". Aussi simple que puissant ? Ce petit mot m'aurait permis d'arrêter de laisser mon esprit s'embrumer d'une fumée noire et caustique. Je me sens volcanique, prête à exploser. Toi, ma banquise intouchable, si tu continues, je vais te dissoudre. Il ne restera de toi que des flaques si tu continues de jouer avec mon âme et mon cœur comme ça. Je fulmine, je vais jusqu'à me demander si je ne ferais pas mieux d'éclater mon appareil au sol. Je lève le bras bien haut, et me ravise.
À la place de ça, je décide d'empoigner le taureau par les cornes. Je fais l'effort de l'appeler, de lui exposer mon besoin de lui, ma faiblesse à son contact et à sa vue, lui ne daigne même pas m'adresser un moindre mot. Ok. Je commence à comprendre, si cela se trouve, il est bien au courant de mon état, et veut me faire sombrer, non, non. Moi je te dis non. Je ne me laisserai pas aplatir. Tu ne sais pas ce qu'il se passe lorsque ma détermination et ma colère s'unissent.
"Xavier. Tant pis les politesses, j'ai bien l'impression que cela importe peu de toute manière. Quitte à refuser ma proposition, autant me le dire clairement. En fait, me le dire tout simplement, peut-être. Je ne suis pas dans votre tête, mais je ne sais pas si vous vous rendez compte de l'effet que votre ignorance totale à mon égard, provoque chez moi. Bref. Passez un bon samedi. E."
J'envoie le message et balance mon mobile. Je fonce à la salle de bain, je m'observe dans mon miroir, je suis rouge comme une pivoine : de rage ou de tristesse ? Ça je ne le sais pas. Je me déshabille et m'abandonne à l'eau chaude. Sous mes yeux, le sex-toy siliconé semble m'appeler. Non. Je le détache du mur et le bannis de la cabine de douche. Toi, tu rêves. Je laisse les torrents ardents se déverser sur ma peau. Je laisse ma tête tomber en arrière, j'aimerais tellement pouvoir me décrasser de ma fureur et de cette envie qui me taraudent le moral. Faire le vide, je dois juste faire le vide.
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