Chapitre 17 : Crépitement d'espoir
Je raccroche. Bien que j'ai su garder mon calme, afin de ne pas paraître trop embrasée, je viens pourtant de m'auto-immoler. Je regarde l'heure. 17h15... Je me presse, je n'ai pas le temps de prendre une éternité pour savoir comment je vais m'habiller. Je ne compte pas arriver les mains vides quoi qu'il en soit, je dois prendre ce facteur en compte. Je choisis de jouer ma carte maîtresse : m'adapter à sa volonté. Il va être dérouté.
Parmi les vêtements que je ne porte jamais, je retrouve une tenue qui me semble à la fois osée et tout à fait dans ses goûts. Je ne mets pas de soutien-gorge et me glisse dans une longue robe sombre, élégante, sans aucun subterfuge pouvant amener à l’ambiguïté. Il s'agit d'une pièce noire, aux coutures écarlates, pas de décolleté, juste une finesse incroyable épousant mes hanches saillantes. Mais juste ce qu'il faut. J'enfile tout de même des bas ainsi qu'un porte-jarretelle. Si d'aventures Xavier veut se laisser tenter pour découvrir ce qui se cache sous cette sobriété prononcée, je dois être clinquante et désirable.
Même si je ne me fais clairement pas d'idée : il n'osera sûrement pas essayer quoi que ce soit. Je ne mets pas mes lentilles et opte pour mes lunettes, elles me font paraître plus sérieuse. Je n'oublie pas de prendre mon trench-coat, saute dans mes bottes montantes, prends un cabas et quitte mon appartement. Je me rends compte un étage plus bas que j'ai oublié mon téléphone. Je remonte en me pressant, je me rappelle que je ne me suis pas parfumée. Je fonce à la salle de bain, dépose sur la peau de mon cou une eau de rose, j'en profite pour l'orner d'une émeraude. Je me dis qu'une touche de feu ne serait pas de trop, je colore ma lèvre supérieure d'une pointe carmin, et marque un trait vertical au rouge à lèvre au centre de ma zone vermillon. Voilà, je suis fin prête. Je sors, et re-rentre, j'oubliais mon téléphone... Une fois de plus.
Me voilà quelques minutes plus tard en train d'acheter de quoi cuisiner. J'ai prévu de quoi lui concocter une petite surprise : entrecôte rossini, cèpes et pommes de terre rissolées. Peut-être pas le menu le plus léger de la planète, mais l'un des plus généreux et délicieux aux papilles. Je m'arrête devant les vins, je songe à nos goûts différents, j'opte pour une bouteille de rouge, Pomerol 2005, j'en prends une deuxième : l'alcool adoucit les mœurs.
Je suis enfin à la caisse. 17h52, pourvu que cela avance vite. Je trépigne et m'impatiente, en imaginant que lui pourrait à son tour être furieux que je ne sois pas à l'heure.
Je suis enfin sortie, heureusement pour moi, nos logements ne sont pas si loin l'un de l'autre.
18h02 je suis en bas de son immeuble. Une superbe bâtisse, taillée dans la pierre. Je repère l'interphone qui orne le cadre de l'immense porte boisée du lieu, je vois le nom de mon hôte. Je déglutis et respire une grande bouffée d'air frais. Mon doigt appuie sur sa sonnette... Enfin, Xavier décroche.
"Je suis arrivée..."
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