Tout là-haut, le ciel
J’ai levé les yeux au ciel,
pour observer les nuages, les jolies nuages.
Un seul m’a captivée : on aurait dit une bouteille
comme celle qui poussait mon père à me cogner, avec rage.
Je grandis, je mûris, mais au fil des âges,
la douleur ne part pas, et devient même plus violente.
Mais je suis la seule à observer cette image
de bouteille jetée dans le ciel,
que je ramassais avec peine, adolescente.
Le ciel est dégagé, mais pas la moindre trace du soleil.
Il ne nous a jamais illuminé.
Ce blaireau aime se faire désirer.
Le seul soleil que mon père a connu,
sont les petits cookies au miel que je préparais.
Je me souviens des petits matins où je trouvais son assiette nue,
posée sur l’évier qui me faisait pleurer, recroquevillée au sol, et abattue.
J’avais passé la nuit à dormir, plutôt que de veiller sur lui.
Alors que je me battais contre mes paupières,
pour tenir au moins jusqu’à minuit.
Mais quoi qu’il arrive, il finissait inlassablement par disparaître, malgré toutes mes prières.
Les yeux toujours rivés vers ce maudit ciel,
comme si il était prêt à m’écouter, cette fois,
j’attends que disparait la bouteille.
Les nuages poursuivent leur route ; s’en vont s’enfoncer au fond des bois.
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