"Que savez-vous exactement de la situation ici ? commence maître Lobbe.

 - Simplement ce que vous avez mentionné dans votre lettre, rien de plus. La ville est gangrénée par une vague de meurtres qui a commencé le mois dernier, c’est bien cela ? Dit Fitz

 - Oui, c’est exact, reprit-il. Depuis quatre semaines,nous comptons une centaine de meurtres que l’on attribue à cette bande organisée. L’enquête piétine, nous ne faisons aucun lien entre les meurtres et aucun d’entre eux n’a été revendiqué, on dirait que ce fléau frappe au hasard. Vous pouvez commencer à enquêter en interrogeant Braniver. C’est le capitaine de la garde qui s’occupe de cette enquête. Morpag, le gouverneur de la ville a renforcé les dispositifs de sécurité, c'est Braniver qui en est chargé.

 Durant tout le temps que dure l’échange, Thanis griffonne frénétiquement chaque mot prononcé par maitre Lobb. Il couche ses paroles sur un parchemin sorti tout droit de sa manche.

 - C’est vrai que nous avons observé de nombreux gardes dans la ville, souligne Markal. Un seul homme s’occupe de ce dispositif ? Ça me paraît être une tâche ardue.

 - Oui, Braniver est sur les rotules, nous nous rencontrons régulièrement pour faire le point. Lui comme moi, cela fait quatre semaines que nous n’avons pas eu un véritable sommeil réparateur. Nous avons l'esprit constamment occupé par cette sombre affaire, explique-t-il en s'enfoncant dans son fauteuil, l'air las. 

Il ne continu pas et Vrael en profite.

 - J’ai remarqué bon nombre d’agitation en ville ces derniers jours, des attroupements et des affiches politiques sont placardées. Une élection va avoir lieu ?

 - Oui bien sûr, vous n’êtes pas d’ici, je peux comprendre. Nous sommes en plein mois de campagne électoral, les élections pour élire le nouveau gouverneur vont avoir lieu la semaine prochaine. Les récents malheureux évènements n’ont pas permis une campagne des plus impressionnantes. C’est regrettable, d’autant plus que Morpag, le gouverneur sortant se représente pour le quatrième mandat consécutif, cela aurait promis du beau sport ! Dit en souriant le magistrat.

 - Les campagnes ont commencé il y a un mois dites-vous ? intervient Thanis.

 - Oui environ.

 - Très bien, merci maître dit Fitz, nous allons commencer nos investigations mes compagnons et moi, nous vous recontacterons dès que nous aurons avancé.

 - Essayez de faire ça discrètement, c’est tout ce que je vous demande. Et rapidement si possible, je vous en serai mille fois reconnaissant et vous serez grassement récompensé.

 - En parlant de récompense ! Crie Thanis sautant sur l’occasion. Mes compagnons et moi-même, sommes altruistes, bienveillants et tout le tintouin, mais nous ne vivons pas d’amour et d’eau fraîche. En ce qui me concerne, je préfère le vin et l’amour mais vous savez, moi, l’amour, il m’est arrivé deux trois bricoles en amour, figurez-vous que…

Markal le coupe en lui administrant une petite claque sur le haut du crâne :

 - Ce que mon camarade essaye de vous dire brièvement, c’est que nous aurions aimé parler du montant de la récompense.

 - Et comment nous la récupèrerons dit Carseb.

 - Mes amis, nous sommes ici pour la noblesse de la cause, venir en aide aux pauvres gens et la reconnaissance de toute une ville, n’est-ce pas une récompense suffisante à vos yeux ? commence Fitz

 - Fitz, on en a déjà parlé, sans paiement je ne reste pas une minute de plus dit Carseb d’un regard défiant l’homme qui le dépasse de presque deux têtes.

 - He bien soit, discutez argent tel des marchands de tapis pendant que je vous attends dehors !

Vrael emboite le pas de Fitz quand il se dirige vers la sortie. Une fois dehors, Fitz lui dit.

 - Parfois j’ai l’impression de n’être rien de plus qu’un mercenaire, je vois plus grand et plus noble pour cette guilde d’aventuriers. Pour l’instant, je ne peux pas me permettre de refuser des volontaires à notre entreprise, mais tous n’ont pas ta dignité et ta force de caractère Vrael, l’argent t’importe peu.

 - En effet. Comme vous le disiez plus tôt, la reconnaissance et le sentiment de venir en aide aux plus démunis me suffisent. Ils négocient toujours une récompense de la sorte ?

 - Oui, ce sont les pires vautours que cette terre ait jamais portés. Thanis est le pire, il a une passion pour l’or, c’est terrible. Quant à Markal, c’était un soldat qui a quitté les rangs de l’armée pour devenir mercenaire, il a toujours fonctionné comme ça. Bien que ce soit un bon gars aimable et accueillant, il se fiche pas mal de la nature du travail tant qu’il est bien payé, tout en restant dans le cadre de la loi et de son code d’honneur.

Il s’arrête, ne semblant pas avoir à continuer.

 - Et Carseb ? Questionne Vrael, curieuse d’en apprendre plus sur cet étrange personnage taciturne.

 - Ha ! Carseb c’est autre chose. Carseb a passé de longues années à voler et commettre de petits larcins. Il a commencé cette activité suite à un évènement et a arrêté depuis. Il n’a jamais voulu me dire ce qui s'était exactement passé, mais rien de répréhensible je l’espère. En tout cas, je pense que vous l’avez vu comme moi, vous avez dû être formé à la détection d’émanation maléfique, me trompe-je ?

 - Il n’a pas d’aura mauvaise, vous ne vous trompez pas. Je vous ai suivi un temps tout à l’heure, je voulais m’assurer qu’aucun de vous n’était porteur de cette marque, je déteste ces gens-là. Le mal sous quelques formes qu’il soit me répugne.

C’est sur ces mots que leur conversation prend fin, car la porte s’ouvre sur un Thanis radieux, Markal referme son sac suivit de près par Carseb et sa démarche féline.

 - Il nous a versé un acompte, nous nous sommes empressés de partager, le pourcentage pour La Guilde a été directement introduit dans le sac. Nous avons partagé le reste en trois parts égales naturellement vous n’en réclamez aucune part si ?

- Non, non Thanis" grommelle Fitz fatigué.