9/ A la recherche du point rouge
Le lendemain, Norgul explique que, depuis Throul'bar, quatre jours sont nécessaires pour rejoindre le cœur de la chaîne de montagne. Un voyage qui va être éprouvant, chaque jour plus dur que le précèdent en raison de l’altitude croissante et des conditions météorologiques qui vont se corser.
Le groupe atteint les premières neiges sans encombres au milieu du deuxième jour. A partir de là, prudence, a dit Norgul. Ces contrées sont sauvages et dangereuses en plus du terrain accidenté. Vrael profite de la marche pour se rapprocher de Fitz et commence à lui parler discrètement, vérifiant que leur conversation n’est pas écoutée.
"Tout est allé très vite, commence-t-elle. Je n’ai pas eu le temps de m’entretenir avec toi à ce sujet, mais ce Norgul ne me plaît pas, il porte une aura mauvaise...Je déteste ces gens là et m'allier à eux me répugne...Tu m'es redevable que je ne l'étrangle pas...
- Vraiment ? Ce que tu dis me trouble. Ce Norgul n'est pas très agréable, certes, mais je ne détecte rien l'entourant. Tu dois apprendre à faire preuve de neutralité quand tu utilises ce pouvoir. Si tu sondes Norgul en le détestant par avance, c'est évident que tu le détecteras comme étant mauvais...Je pense que Norgul n'est pas fondamentalement méchant, juste un peu...insupportable. Il sourit à Vrael. Mais que veux-tu, nous avions besoin d’un guide et c’était le seul disponible dans ce village. Nous n’avons pas le temps d'en chercher un autre, si des gens sont en danger nous devons nous hâter. Et nous ne pouvons pas évoluer dans ces contrées sauvages sans aide.
Les arguments de Fitz ont fait mouche. Vrael s'en veut de laisser intervenir ses propres jugements quand elle sonde quelqu'un. Elle se concentre, met de côté son dégoût pour le nain et tente de le sonder à nouveau. Rien à faire, elle le voit toujours entouré d'une aura.
Fitz a raison, il faut que je m'entraîne à faire preuve de neutralité dans mes émotions.
- Soit, mais je n’aime pas ce personnage, je le garde à l’œil. dit-elle à haute voix, quelque peu agacée.
La progression du groupe se passe bien, Norgul pesant néanmoins sur l’humeur de tous. Taciturne et peu bavard, il est même froid et prend les autres de haut. De très haut. A chaque question d’un des aventuriers, il répond laconiquement et parait énervé de faire ce boulot malgré le très gras paiement. Tant bien que, rapidement, plus personne ne peut supporter Norgul dans le groupe. Thanis grommelle insultes sur insultes à propos de lui et des nains en général. Markal soupire renfrogné. Fitz ne lui adresse plus la parole et Carseb garde ses distances, toujours à cinq ou dix mètres du reste du groupe. Seul Vrael essaye de rester enjouée et joviale pour soutenir ses compagnons. Le soir du troisième jour, le groupe s’arrête pour la nuit. Tandis que Norgul allume le feu, les autres ramènent du bois. Une fois allumé et le repas chauffant dans une grande marmite, Norgul demande.
- Alors, qu’est-ce qu’on est venu faire ici ? Demain si nous ne traînons pas, nous approcherons de notre destination.
- He bien...Finit par lâcher Fitz se grattant le crâne, à vrai dire nous ne savons pas trop.
- Pardon ? Nous sommes venus ici, j’ai pris des risques, pour courir après une chimère ?!
- Pour dix mille pièces d’or et une randonnée sans embûches, je n’appelle pas ça prendre un risque grommelle Thanis.
- Excuse-moi l'elfe ? Je n’ai pas bien entendu ! Mon boulot est de vous amener en montagne pour que vous évitiez de vous perdre ! C’est ce que je fais et jusqu’ici avec grand professionalisme ! Vous n’avez pas à vous plaindre de moi ! Si dix mille pièces d’or c’est trop pour vos petites poches, il ne fallait pas m’engager !
- Nous n’avions pas vraiment le choix monsieur Norgul vous étiez le seul disponible et nous étions pressés. Temporise Fitz.
- Bon, alors vous le chef, calmez vos soudards râle Norgul. Vous allez me dire à la fin pourquoi nous sommes là ?
Tout le monde est sur les nerfs, la fatigue accumulée et l’humeur exécrable de Norgul pèse sur le groupe entier. Vrael n’est pas à son aise, elle n’aime pas les conflits et Norgul la dégoute. Il ne considère personne à part lui.
- Nous avons reçu une alerte provenant de ces montagnes explique Fitz. Nous ne savons pas de qui, pourquoi et comment est-ce que cela s’est fait mais nous avons décidé de nous rendre sur les lieux pour évaluer la situation.
- Ben voyons c’est bien ma veine, une bande de justiciers… Soupire Norgul.
Sur ce, le groupe se fond dans un silence de mort jusqu’au couché. Ils s'endorment en espérant que l’humeur soit meilleur le lendemain matin.
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