Chapitre 1 : Derliahn (3/7)

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 À Derliahn, tout le monde continuait de préparer l’heureux évènement jusqu’au moment où les brigands apparurent au seuil du village. L’homme à leur tête sortit du couvert du bois en trainant le jeune garçon ligoté. Il regarda le village s’affairer à leurs occupations. Voyant que personne ne faisait attention à lui, il prit l’enfant, lui coupa ses liens et l’attrapa par le cou. Le jeune garçon était dans un sale état. Sa tunique était déchirée en divers endroits et son pantalon vert, au niveau de sa blessure était marron tant il avait perdu de sang. Celle-ci continuait de saigner et quelques gouttes commençaient à tomber par terre. L’enfant commençait à s’étrangler mais les habitants, tellement occupé par les préparatifs, n’y faisaient toujours pas attention. Les larmes coulaient sur ses joues tandis qu’il regardait son village l’ignorer. Il essaya d’appeler à l’aide mais ses cris moururent dans sa gorge.

  • Au secours ! À l’aide ! Que quelqu’un me sauve ! hurla le chef d’une voix enfantine. C’est ce que tu essayais de dire morveux ?

 Les habitants les plus proches arrêtèrent leurs activités et regardèrent en direction des cris. Ce qu’ils virent leur glaça le sang. A bout de bras, le brigand était en train d’étrangler un jeune garçon d’environ onze ans, mal en point. Choqués, les villageois lâchèrent tout ce qu’ils avaient dans les mains. Les plus éloignés, curieux de voir que plus personne ne bougeait, se rapprochèrent pour voir ce qui se passer et ils restèrent à leur tour figer. L’une des femmes s’approcha toute paniquée et elle se mit à pleurer et à hurler en reconnaissant son fils. Celui-ci commençait à avoir de la bave au coin des lèvres. Ses yeux se retournèrent dans ses orbites et il convulsa. Toute vie venait de le quitter. Voyant qu’il était mort, le brigand le balança comme s’il s’agissait d’un simple jouet cassé. L’enfant rebondit et roula quelques mètres plus loin. La mère se jeta alors sur le corps inerte de son fils. Elle le pleura et certains villageois firent de même. Seulement, sans crier garde, elle se leva et se dirigea vers l’homme qui avait tué son enfant. Certains essayèrent de la rattraper, en vain. Avant d’être assez près de lui pour le frapper, deux flèches lui transpercèrent le corps. Fou de rage, le village se jeta sur l’homme. C’est alors que sa petite armée sortit du couvert du bois. Voyant qu’ils étaient tous armés, les villageois s’arrêtèrent net. Ils contenaient tous leur rage en eux, ne voulant pas mourir en vain.

  • Bien… Je crois que j’ai enfin votre attention. Je vous donne quinze minutes pour rassembler tout votre or, vos hommes forts, vos femmes et vos enfants, ici même. Ne vous en faites pas, vous ne les reverrez pas. Ils seront tous vendu comme esclaves ! ironisa-t-il dans un fou rire.
  • C’est inacceptable ! commença un homme en sortant de la foule. Vous voulez mettre fin à notre village ? C’est ça ? continua-t-il tout en s’approchant. Je suis le chef de Derliahn. Vous pouvez prendre tout notre or si vous le voulez mais pas nos habitants. Je ferais tout pour…

 Le chef du village s’étant trop approché du brigand, celui-ci avait dégainé son épée et l’avait éventré sans même le regarder. La peur avait désormais remplacé la rage chez les villageois. A l’inverse, plus le temps passé, plus la joie et l’euphorie se lisaient sur les visages des hors-la-loi. Personne ne bougeait dans les deux camps et la tension était palpable. Les villageois étaient figés par la peur et les brigands n’attendaient qu’un mot pour bouger.

  • Plus que dix minutes ! Je n’ai pas que ça à faire moi ! Allez-y les gars et finissez-en rapidement ! ... Et surtout, pas de quartier ! Tuez tous ceux qui opposeront la moindre résistance !

 C’était l’ordre que ses hommes attendaient. Pris de panique, les villageois coururent dans tous les sens afin de sauver leurs biens et leur famille. Les brigands profitèrent du mouvement de panique pour piller le village.

***

 Les deux adolescents sortirent du bois, essoufflés. Ils se trouvaient en surplomb de Derlianh. De ce fait, la première chose qu’ils aperçurent était le village rassemblé et l’enfant sur le point de mourir. Ulryk assista à la mort de son père, impuissant et figé par la peur. Son ami tenta de le convaincre de ne pas rester là pour éviter qu’ils ne se fassent remarquer. Cependant, à ce moment-là, il n’y avait plus rien dans sa tête. Elle était complètement vide. Il n’arrivait plus à penser et son corps ne voulait plus bouger. Il entendait son ami et voulait l’écouter, mais c’est comme si sa voix lui parvenait de loin, très loin. A cet instant, il se sentit seul et il l’était. Kheryan l’avait poussé dans les buissons derrière eux avant de partir en courant vers le fond du village. Ulryk reprit alors ses esprits. Malgré la distance, il remarqua que le brigand, qu’il supposait être le chef, était heureux et jubilait. La seconde qui suivit, tout le monde courait dans tous les sens, les deux camps confondus. Il sortit des buissons à quatre pattes, afin de se réfugier derrière un arbre à la lisière du bois. Il plaqua ses mains sur ses oreilles en entendant son village crier. Il ne bougea pas, espérant ne pas être trouvé.

***

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