I - Apparition brumeuse

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 - Astran ! Astran !

Le jeune Lycan se réveille en sursaut, la paume de sa patte posé sur son œil droit et respirant à grande peine à cause de la douleur qui l’assaille. Quand la douleur de son œil finit par se calmer, il respire plus lentement et s’apaise. Les bras d’une jeune louve viennent l’entourer et il pose sa patte sur ceux-ci comme pour la rassurer.

 - C’est encore ta marque, n’est-ce pas ? Demande-t-elle, une once d’inquiétude dans la voix.

Le jeune bestial acquiesce, non sans émettre une moue désabusé. Depuis son enfance, il est aveugle de l’œil droit. Il s’y était fait et arrivé parfaitement à bouger sans voir de cet œil. Mais, un changement s’est opéré, il y a de cela des années. Une marque est venue se graver à même l’iris et réapparaît ponctuellement, constellée de vives douleurs comme celles de cette nuit. De vives douleurs qui sont de plus en plus fréquentes. A vrai dire, Astran se tord de douleur presque tous les soirs.

Il s’écarte de sa compagne et l’observe. A travers la fenêtre du bateau, il aperçoit sa crinière noire qui encadre son visage de louve. Ses yeux dorés éclairent la pièce comme des phares qui regardent le jeune Lycan d’un air perçant, comme si elle pouvait lire en lui. Les deux jeunes loups se connaissant depuis l’enfance, Astran n’en serait pas étonné. Il sourit en la voyant, et oublie la douleur d’il y a quelques instants.

 - Désolé de t’avoir réveillée, fait-il dans un geste d’excuse.

 - Ce n’est pas de ta faute, dit-elle en mettant sa patte sur la sienne. Ne t’en fais pas, on trouvera bientôt des réponses. C’est bien pour ça que nous sommes partis.

 - Tu aurais pu ne pas me suivre, prononce-t-il en la regardant droit dans les yeux.

Elle lui met une petite claque et prend son visage dans ses pattes. Son contact apaise le jeune bestial. Elle arrive toujours à lui faire oublier la douleur de la marque. Peut être un peu trop souvent en le giflant d’ailleurs, pense-t-il en ricanant intérieurement. Alors, sa voix douce, ponctuée d’une note de reproche sonne à ses oreilles :

 - Tu oublies souvent, Astran. Nous sommes passés devant le Prêtre Lunaire. Il nous a liés. Nous vivons ensemble et ta route…

 - Est la mienne, notre lien ne saurait souffrir la distance. Chacun de nos moments sera une offrande envers notre mère la Lune.

Astran se rappelle le jour de leur mariage, une cérémonie simple où ils étaient seulement deux, et le Prêtre comme témoin. L’un des jours les plus importants de sa vie… Une cérémonie traditionnelle montrant l’attachement entre deux êtres d’une même race. Les Lycans, race de loups humanoïdes passent une sorte de pacte, similaire à un mariage chez les Humains, à la différence qu’ils obtiennent un peu de la force de l’autre. C’est un engagement important qui ne se prend pas à la légère. En repensant à ce jour, le jeune bestial ne peut s’empêcher de penser à elle et de se demander comment cela se serait passé.

 - Tu vois, reprend-elle sortant le Lycan de ses pensées. Alors, arrête de dire des idioties, je te suivrais n’importe où. Même s’il n’y avait pas notre union.

Il hoche la tête et s’excuse à nouveau.

Il ressent un picotement dans son œil et sent la marque disparaître. C’est comme s’il avait un sixième sens quand la marque était là. Il peut la sentir, sentir un sang nouveau qui coule dans ses veines, comme si elle lui apportait quelque chose. De plus, bien qu’il y ait ces vives douleurs, cette marque le protège. La première fois qu’elle s’est montrée et qu’il a eu mal, c’était lors d’un combat, contre un homme abject qui ne cessait de faire souffrir les gens autour de lui.

Normalement, il n’aurait pas pu le vaincre aussi facilement, mais il a senti comme une force nouvelle qui s’écoulait en lui, et lui a donné la puissance nécessaire pour mettre à terre son adversaire. Même durant toutes ces années, il n’a pas réussi à trouver d’explications et aucune personne n’a su lui apporter des réponses. Même s’il en a interrogé très peu. Les rares à qui il en a parlé l’ont regardé bizarrement et se sont vite enfuit. Alors, il a décidé de ne plus jamais en parler. Même Luna ne connaît pas cette particularité et voit cette marque comme une malédiction.

 - Je vais prendre l’air, dit-il à l’adresse de sa femme.

Celle-ci hoche la tête et le jeune Lycan sort de la cabine. Ils voyagent dans un simple local avec du matériel de pêche en désordre comme compagnie et des couvertures qui empestent le poisson mort. Néanmoins en ces temps troublés, il n’y a pas beaucoup de moyens de transport fiable.

Il traverse le couloir jusqu’à l’escalier, non sans s’appuyer contre les murs, tandis que les vagues font tanguer le bateau. Une douce brise vient l’accueillir à l’extérieur et l’air marin remplit ses poumons d’un souffle nouveau.

Le pays des Lycans est un pays exclusivement composé de forêts et de plaines, il y a peu de grandes étendues d’eau, alors Astran n’a pas l’habitude de naviguer. Sa ville natale est située dans les terres. Il y a bien un lac, mais ce n’est aucunement comparable avec ce qu’il voit actuellement.

Pour ne pas attirer l’œil et bien qu’il n’y ait pas beaucoup de choix, les deux Lycans ont pris un bateau avec un équipage restreint. Le capitaine est à la barre et un timonier dort sur un hamac, sur le pont. Le capitaine est un homme de nuit qui aime naviguer tandis que la lune est au plus haut. Un matelot est à la vigie, et regarde l’horizon. La lune éclaire suffisamment la mer pour qu’il puisse voir les obstacles. Le jeune Lycan se décide à faire de même et s’accoude au bastingage.

Quand il voit l’immensité de l’eau en face de lui, il en éprouve un certain vertige. Il n’est pas malade dans les transports, néanmoins il ne se sent pas totalement en confiance sans un lopin de terre en vue. La lune qui se reflète sur la surface de l’eau lui fait penser à une soupirante prononçant une ode marine pour narrer la beauté des flots.

 - Terre en vue ! Hurle le matelot de la vigie.

Il sort le jeune homme de sa contemplation, tandis qu’il tourne la tête de l’autre côté du bastingage. Une forme sombre se dessine sur les flots, une forme importante. Astran s’approche pour mieux distinguer, mais il ne voit que peu de choses, bien que la lune agisse comme un phare. L’île semble plonger dans une mystérieuse brume.

Il distingue une plage de sable où se jettent les flots. Des rochers qui forment des saillies quasiment parfaites et des palmiers peuplent la plage. Au loin, un peu en amont de la plage, il voit une cabane en ruine et en vient à se demander ce qui a pu causer cela. Il sent que le bateau s’arrête et le capitaine du navire vient le voir. Un homme dans la force de l’âge qui passe beaucoup temps à picoler. Etonnamment, il paraît sobre ce soir, mais la main qu’il a posée sur le pommeau de son épée met les sens du Lycan en alerte.

En ces temps de conflits, les attaques se font de plus en plus fréquentes, les pirates souhaitent s’enrichir pour se protéger et acheter leur tranquillité au besoin. Mais, les attaques n’ont jamais lieu pendant la nuit selon les dires du capitaine quand ils ont embarqués. Et vue la façon dont il regarde l’île, le problème vient de là-bas.

 - Nous accosterons dans une dizaine de minutes, le temps d’arriver dans la baie qui abrite le village, l’informe-t-il.

Astran le remercie et avant qu’il puisse l’interroger, le capitaine retourne à la barre. Quand il retourne à sa contemplation de l’île, la baraque en bois a disparu de son champ de vision, mais il voit plusieurs formes qui bougent au loin. Le bateau continue à naviguer quand son regard tombe sur elle… Une femme l’observe sur la berge. Il la voit avec une telle netteté que c’en est étrange. Elle a de longs cheveux blonds et une longue robe blanche qui fait ressortir l’éclat bleu de ses yeux. Son regard bienveillant lui donne l’impression qu’il l’a déjà vu.

Il n’a pas le temps de la détailler d’avantage qu’elle se retourne et se dirige vers la forêt. Alors, comme mue par une autre volonté, ne se rendant même pas compte que la marque est réapparu dans on œil, il plonge dans l’océan. Il frissonne au contact de l’eau froide sur son pelage, mais il continue son chemin, nageant rapidement pour ne pas perdre la femme de vue. Une fois arrivé sur le rivage, il la voit qui l’attend à l’orée de la forêt.

Son visage n’est pas sans rappeler la bienveillance de celui de sa propre mère et il se sent comme retomber en enfance. Quand il n’était qu’un enfant et que sa mère lui frottait les joues pour enlever la boue. Il secoue la tête, puis la voit disparaître dans la forêt. Il court pour la rattraper et voit sa silhouette qui s’évapore telle de la brume face à lui.

Il ne comprend pas et s’accoude dos à un arbre, passant sa main sur son pelage trempé. Il souffle et meurs de froid. Il ne sait pas ce qui lui a pris d’essayer de la rejoindre. C’était comme s’il n’était plus lui-même en la voyant. C’est alors qu’il se rend compte que sa marque est réapparue. Comment cela se fait-il ?

Quand Astran tourne la tête vers le bateau, il a disparu et la lune, si haute il y a cinq minutes, commence déjà à descendre. Combien de temps s’est écoulé ? Le froid le rattrape dans ses réflexions et il finit par s’endormir contre l’arbre. Il ne fait aucun rêve, aucun cauchemar. Cela l’étonne car d’habitude ses nuits sont ponctuées de visions d’horreur provenant de son passé.

Alors qu’il sent la chaleur réconfortante du soleil sur sa peau, une forte odeur le perturbe. Comme de la chair en décomposition… Elle se rapproche de son visage… Il ouvre les yeux et s’écarte au moment même où une lame tente de le faucher. Il se recule, toujours sur le sol, jetant un regard à son assaillant qui vient de découper l’arbre contre lequel il s’était endormi.

Devant le jeune bestial, il y a un insecte géant. Il a un corps d’abeille aussi grand qu’un homme. Sa bouche est carrée et deux incisives pointent sur les côtés, lesquelles sont couvertes d’un liquide vert visqueux. Ses autres dents sont acérées comme des lames et on dirait qu’il mâche quelque chose

Le Lycan se rend compte avec écœurement que c’est un morceau de peau et l’odeur qui en émane est la même qui l’a réveillé. Les yeux de la créature sont dorés et deux antennes pointent sur sa tête. Elle possède quatre ailes et des mandibules acérées là où devraient se trouver ses mains.

C’est bien la première fois qu’il voit une telle créature, mais il se serait passé de cette découverte. Dans son pays, on ne rencontre que des ours, des loups sauvages et d’autres animaux parfaitement normaux, mais jamais quelque chose d’aussi hideux.

La bête l’attaque à nouveau et il peste contre l’oubli de son armure dans le bateau. Il retourne sur la plage et se jette dans le sable quand la créature manque de le faucher. Quand il se relève, elle tente de lui asséner un coup. Il relâche ses épaules et la faux ne lui découpe qu’une mèche de sa crinière. Il en profite pour lui attraper ce qui lui fait office de bras droit avant de lui asséner un coup de griffe qui le lui arrache.

L’insecte pousse un cri strident, laissant échapper du liquide vert de sa blessure. Paniqué, le jeune bestial regarde aux alentours, se rendant compte de son erreur. Et si quelqu’un l’avait vu se battre… Il soupire de soulagement en voyant qu’il n’y a personne. Dans ces cas-là, il doit pouvoir se battre à fond.

Un sourire apparaît sur son visage et il se met en garde, provoquant la bestiole d’un geste de la patte. Puis, il entend d’autres sifflements et se retourne horrifié de découvrir d’autres montres.

Ce sont trois copies conformes du premier assaillant et ils ont l’air affamés… Le jeune Lycan pense qu’avec tout ça, il doit manquer de chance. Il ne souhaite que trouver des réponses sur sa marque et, à la place, tombe nez-à-nez avec un élevage de monstre.

 - Ce serait le bon moment pour intervenir la marque, tu ne crois pas ?

Après s’être réveillé et sauvé pour ne pas se faire tuer, il s’est rendu compte que la marque avait disparu. Mais, il n’a pas le temps d’y penser d’avantage que les monstres hurlent avant de se ruer vers lui de chaque côté, l’empêchant de fuir. Il soupire, il ne pensait pas à avoir à le réutiliser de si tôt, mais il sait qu’il n’a pas le choix et ne peut se permettre de mourir maintenant. Il esquive une première attaque et s’apprête à asséner un coup quand une voix féminine se fait entendre à l’orée de la forêt :

 - Stop !

Les créatures cessent de bouger comme si la voix les avait paralysées. Ce qui, à vrai dire, doit être le cas, car le jeune homme ne peut pas bouger non plus. Il est bloqué, ses membres refusant de bouger comme si la voix avait ancré son corps dans la terre sans qu’il ne puisse rien faire pour s’en défaire. Alors, il commence à sentir l’étreinte qui se desserre petit à petit comme si on enlevait les nœuds d’une corde avec une extrême minutie. Une ombre se rue vers Astran et il manque de se retrouver à terre quand celle-ci se jette dans ses bras. Sa femme s’écarte de lui et l’observe, les yeux presque rouges, la tête de son mari dans ses mains.

 - Je me suis inquiété, idiot ! Je ne t’ai pas vu au réveil et l’équipage pensait que tu étais retourné dans la cabine ! Qu’est-ce qui t’as pris de disparaître comme ça ?!

Le jeune Lycan ne peut pas lui dire que c’est à cause de cette femme qu’il a vu. Déjà parce qu’aller voir une femme seule, sans équipement, de nuit et sur une île infestée de monstres n’est peut être pas la meilleure façon de paraître sain d’esprit, mais aussi que bien qu’il ne l’ait jamais vu piquer une crise de jalousie, il n’a pas envie de découvrir sa colère. Pour se dédouaner et vu que c’est la première explication qui lui vient à l’esprit, il dit :

 - J’avais envie d’aller nager.

 - Alors, que tu es blessée à la jambe ?

Astran se rend compte de la bêtise de son explication face à la question de sa femme, mais aussi en la voyant craqué les os de ses pattes en le fusillant du regard. Il ne l’a jamais vu en colère parce qu’il sait quoi faire pour la calmer d’habitude. Il s’empresse de la prendre dans ses bras en caressant son dos, priant pour avoir juste encore une fois. Elle se met à le serrer fort et il sent le soulagement de la jeune bestiale emplir tout son être.

En y réfléchissant, ce qu’il s’apprêtait à faire contre le monstre n’était pas la meilleure des solutions. Cela aurait même pu empirer les choses vu qu’il ne l’a pas utilisé depuis longtemps. Puis, en repensant à eux il se rend compte qu’ils ne sont qu’à quelques mètres seulement. Mais, quand il se retourne, les monstres sont toujours immobiles, semblant ne pas comprendre ce qui leur arrive. Le jeune Lycan les observe avec compassion, commençant à comprendre ce qui leur arrive.

 - Ne t’inquiète pas pour eux. Ma magie est suffisante pour les stopper pendant un moment.

Astran se retourne pour observer sa sauveuse. C’est une jeune femme magnifique aux traits finement ciselés et au teint gris, ses yeux sont noirs et reflètent le témoignage d’une vie bien remplie et d’un passé tumultueux. Mais, aussi d’un âge plus avancé que ne le laisse penser son physique de jeune femme. Ses longs cheveux sombres sont coiffés en une longue tresse qui lui tombe sur la poitrine et des oreilles pointues viennent compléter ce tableau.

Elle arbore une tenue simple qui lui donne l’air tout droit sorti d’un conte pour enfants. La femme qu’Astran a vue sur le rivage hier est d’une beauté presque divine et la comparaison n’est pas possible entre les deux, même si sa sauveuse est plus resplendissante que beaucoup de femmes que le jeune Lycan a rencontré dans sa vie. Quand Luna s’aperçoit de la gêne de son mari face à la femme, elle ne peut s’empêcher de laisser échapper un petit rire :

 - Je vois que tu n’as plus l’habitude de voir des Elfes Noirs, mon chéri.

Il est vrai que les Elfes Noirs ne sont pas légion dans le pays des Lycans, alors le jeune homme a perdu l’habitude de les côtoyer, et surtout d’être sur ces gardes par rapport à leur si célèbre enjôlement. Leur déesse étant la déesse de l’Amour, ils peuvent séduire quelqu’un ou calmer une situation épineuse en une fraction de seconde, juste avec le son de leur voix. Cependant, Astran ne savait pas que ça pouvait agir même sur les monstres. En les voyants, essayant de se débattre, il se dit que c’est surtout le côté paralysant du pouvoir qui marche sur eux, et non le côté séduction. Ce qui explique leur regard empli de rage envers celle qui les a privés de leur petit-déjeuner. La femme qui l’a sauvé s’approche de lui et le prend dans ses bras :

 - Tu m’as manqué, Astran.

 - Vous m’avez manqué aussi, ma tante.

Celle-ci s’écarte de son neveu et il manque de retomber sous l’enjôlement. Sous le prix d’un énorme effort, il parvient à se contrôler. L’enjôlement a toujours été une faiblesse pour lui, en ayant trop fait les frais durant une bonne partie de sa vie, à cause d’une certaine personne. Mais, ce n’est pas quelque chose que les Elfes Noirs utilisent tout le temps. A force, ça peut finir par les épuiser de trop s’en servir et ils le désactivent dès qu’ils le peuvent.

Ils peuvent le faire inconsciemment quand ils parlent à quelqu’un et essayent d’obtenir quelque chose de cette personne, mais ils peuvent aussi l’enlever comme ils le veulent pour pouvoir avoir des conversations normales avec les autres. Malheureusement, il arrive que des personnes s’en servent à mauvais escient.

La tante d’Astran observe les créatures d’un œil mauvais. Celles-ci essayent de se débattre pour sortir de leur paralysie et fondre sur leurs nouvelles proies, en vain. Des Elfes Noirs qu’il a connu, sa tante est la seule qui possède la plus grande faculté d’enjôlement. Sa tante se tourne vers le couple et leur dit, en tendant au jeune Lycan le bâton qu’il a laissé dans la cabine :

 - Tiens, ta femme m’a demandé de le garder. Tu en auras besoin, le village est un peu plus loin. Nous devons y aller.

Astran la remercie et calle son bras sur la canne. Ayant eu un accident quand il était plus jeune, sa jambe droite l’a laissé tomber et il doit se reposer sur sa jambe gauche essentiellement. Néanmoins, c’est l’explication qu’il donne aux autres pour justifier qu’il ne se bat pas. Les Lycans sont tous connu pour être une race bestiale qui aime se battre. Seulement cela pourrait présenter des risques pour le jeune homme car il pourrait révéler des choses qu’il n’a pas envie de voir ressortir. Alors, il fait semblant d’être invalide pour avoir une excuse.

Ils se mettent à la suivre, laissant les monstres derrière eux. Astran voit l’un d’eux qui essaye de les suivre du regard, comme s’il voulait mettre toute sa volonté à ne pas les laisser s’échapper. Une fois qu’ils ont disparu de leur champ de vision, le jeune Lycan s’avance aux côtés de celle qui l’a presque élevé et lui demande :

 - Quelles sont ces créatures ? Est-ce que ça fait longtemps qu’elles sont ici ?

 - Elles étaient déjà là quand nous sommes arrivés, répond la tante. Ne t’en fais pas, rajoute-t-elle devant la mine inquiète du jeune animal, le village est séparé d’eux par une barrière. Nous sommes en sécurité. Ce qui n’est pas normal, c’est qu’ils ne sortent jamais en plein jour. Ils n’aiment pas les rayons du soleil.

 - Pourtant, je n’en ai vu aucun cette nuit. Mais d’où viennent-ils ?

 - On raconte que c’est un ancien équipage de pirate qui a eu le malheur de se frotter à un Dieu. Pour les punir, il les a transformées ainsi.

 - Ah…

Astran n’est pas si surpris que ça. Les histoires de Dieux ou Déesses vengeurs sont légion dans ce monde. Combien de fois a-t-il entendu dire que tel Dieu ou telle Déesse avait puni une personne pour un acte qu’elle avait commis ? Il ne saurait compter. Il regarde sa patte et se souviens de ce jour comme si c’était hier, il est quand même bien content de ne pas avoir été transformé comme ces monstres… Il secoue la tête, tandis qu’ils continuent la route vers le village.

A un moment, il a l’impression de passer à travers un mur et une bouffée d’air frais vient remplir ses poumons. Il se retourne et ne voit rien comme si c’était invisible. Il interroge sa tante du regard, celle-ci sourit et répond à la question muette :

 - La partie de l’île où se trouvent les habitants est protégée par magie. Nous venons de traverser la barrière qui nous protège des monstres. Celle-ci s’étend sur une bonne moitié de l’île.

Soudain le jeune bestial se retrouve propulsé à terre par une forme noire.

Le jeune Lycan atterrit avec un grand bruit sur le sol et relève la tête, fatigué de se jeter ou d’être jeté dans le sable. Quand il voit ce qui l’a heurté, il soupire et laisse tomber sa tête contre le sol. Un louveteau est assis en tailleur sur son torse. Il a un regard espiègle. Son pelage est noir et ponctué de grains de sable comme s’il s’était roulé dedans. Le connaissant, il a dû se battre sur la plage avec les autres enfants pour s’amuser, pense Astran.

Ce dernier rigole en se relevant et ébouriffe la tête du garçon, avant de le prendre dans ses bras et de dire pour le taquiner :

 - Dis-donc, tu as grossis !

 - Eh ! Ce n’est pas gentil, cousin Astran !

Il lui sourit, tandis que le gamin grimpe sur ses épaules. Une fois de plus, il devient le cheval de monsieur. Les deux se connaissent depuis toujours et le petit le voit comme une sorte de grand frère. Il lui a appris beaucoup de choses, enfin surtout des bêtises. Mais il s’est montré meilleur que lui pour énerver ses parents.

 - Je vois qu’il n’a pas fallu longtemps avant que le petit ne te trouve, dit Luna en ricanant.

 - Ce n’est pas souvent que cousin Astran vient à la maison ! S’exclame le petit en descendant et en allant faire un câlin à Luna

Celle-ci le prend dans ses bras et lui rend son câlin. Quand Astran s’apprête à venir tirer les joues du garçon pour l’embêter, sa tante lui dit :

 - C’est vrai que tu n’as pas précisé la raison de ta venue dans ta lettre.

 - Oui, je ne voulais pas en parler par courrier, au cas où. Où est mon oncle ? J’aimerais vous en parler à tous les deux en même temps.

 - Suivez-moi.

Ils continuent leur chemin et arrivent au centre du village. Celui-ci regroupe plusieurs cabanes en bois construites sur pilotis. Ce sont des masures tout ce qu’il y a de plus simple. Beaucoup de personnes vaquent à leurs occupations. Autant de Lycans que d’Elfes Noirs à vrai dire. Quand Astran s’avance, les gens le saluent. Il y a même une petite Elfe qui vient lui offrir des fruits. Il la remercie, en pensant que tout cela lui manque. Cette ambiance, ce sentiment que la guerre n’existe pas, ce sentiment d’être juste deux races amies depuis toujours… comme avant.

Soudain, une autre forme noire plus imposante assène au jeune Lycan, un coup de patte et celui-ci finit à terre pour la énième fois. Il se relève péniblement et bloque une autre attaque avant de pouvoir observer son adversaire.

Alors, il relâche complètement sa garde, ramassant sa canne par la même occasion. Un Lycan de grande taille lui fait face, un regard dur émane de ses yeux dorés, lui rappelant son enfance quand il s’entraînait avec les autres Lycans de la meute. Ses crocs sont fendus en un large sourire. Il arbore une cicatrice à la joue droite qui lui donne un air plus dur.

 - Mon oncle, dit le jeune homme en souriant.

 - Astran, ça fait plaisir de te voir !

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