Chapitre 9 - ASTRID
Après deux longues heures de vol, nous arrivons en vue d'une immense surface lisse, d'un bleu indescriptible. Je sens mes pupilles se dilater tandis que j'observe, bouche bée, ce que je suppose être la mer.
La mer.
C'est donc ici que j'ai vécu pendant de nombreuses années ? Près des flots et des vagues, un paysage qui, pour Alexy, reste un rêve flou uniquement évoqué à l'Institution ? Les cris de dizaines d'oiseaux que je ne connais pas retentissent au-dessus de cette immense étendue d'eau calme. Le soleil fait rapidement monter la température à l'intérieur de l'avion, mais toute mon attention est tournée vers le bas. On dirait un diamant, un diamant scintillant, aveuglant, indomptable et incompréhensible. Je n'avais jamais pensé à la mer avant, à ce qu'elle pouvait représenter. Je sais seulement que les océans couvrent les deux tiers de notre planète, comme autant de gigantesques bacs salés. Mais je me rends compte à présent que c'est bien plus que ça. Une vague d'émotions déferle en moi, et je me sens si petite devant ce spectacle que tout ce que j'ai vécu jusque là s'efface. Qui suis-je pour clamer justice ? Nous ne valons rien aux yeux de l'univers.
Je mets longtemps à me détourner de l'horizon infini, qui se confond presque avec le ciel, et lorsque je le fais, c'est pour rencontrer des ruines. Encore des ruines, rien que des ruines. Nous survolons une immense ville aux bâtiments si hauts qu'ils touchent presque le ciel. La quasi-totalité d'entre eux se sont presque entièrement écroulés, mais certains tiennent encore debout, majestueux, vestiges de temps passés. Il n'y a rien à Paris qui ressemble de près ou de loin à ces constructions. Je me demande pourquoi le Gouvernement a décidé de balayer ainsi des milliers d'années d'histoire. Qui s'en serait rendu compte ? Personne ne quitte jamais les villes-mères, à part eux, bien sûr. Quels étaient les défauts de l'ancien monde qui ont poussé à un tel changement ? Je fouille dans ma mémoire pour tenter de me rappeler comment s'appelle cette ville. Au vu de sa taille, elle est forcément célèbre, et il est donc possible que je l'ai apprise en cours d'histoire. Je parcours les nombreuses industries dévastées du regard, la canopée, les ports... Nous sommes complètement au sud de la France, il n'y a donc qu'une seule possibilité qui corresponde à ce que je vois. Si je ne me trompe pas, je contemple en ce moment même ce qui a été un jour Marseille.
À peine ai-je formulé cette pensée qu'un des soldats confirme mon hypothèse :
- Voici Marseille. Et maintenant puis-je te poser une question ?
J'hésite. Pourquoi me demande-t-il une telle chose ? Mais après tout, je ne risque strictement rien. Alors je hausse les épaules tout en lâchant, blasée, les yeux toujours rivés vers le paysage :
- Oui, bien sûr.
Un petit silence s'installe jusqu'à ce que je finisse par le regarder.
- Quel est le meilleur endroit pour cacher un biscuit, Astrid ?
Je sursaute presque. Quoi ? Le meilleur endroit pour cacher un biscuit ? Malgré le ridicule de la question, je ne peux empêcher mon cerveau de tourner à toute allure pour trouver la réponse. Je devine qu'on m'a déjà confrontée au même problème il y a plusieurs années, mais évidemment, je n'arrive pas à trouver la solution. Plongée dans mes pensées, je ne remarque l'étincelle d'espoir qui brillait dans les yeux de mon interlocuteur que lorsqu'elle finit par s'éteindre. J'ai l'impression désagréable de l'avoir déçu. Mal à l'aise, je détourne mon regard vers un point un peu à sa droite pour éviter d'avoir à affronter ses yeux.
- Je ne sais pas, finis-je par lâcher.
Où peut-il bien vouloir en venir ?
- Dans une boîte de biscuit.
Dans un premier temps, j'ai du mal à saisir pourquoi il a dit ça, et puis, petit à petit, comme au ralenti, je fais le lien et mon visage s'éclaire. Il doit sûrement voir à mon expression que j'ai enfin compris, parce qu'il poursuit :
- Nous avons longuement hésité sur l'emplacement à choisir que le QG. Ce devait être un lieu stratégique, suffisament éloigné, mais pas trop non plus. Mais surtout, il devait être introuvable pour les centaines d'années à venir. Un endroit auquel personne ne penserait jamais.
Je comprends enfin, et un sourire étire mes lèvres devant autant de génie. Si j'avais fait partie de la DFAO, jamais je n'aurais songé à ce stratagème. J'aurais concentré toutes mes forces de recherche sur les collines et les endroits les plus difficiles d'accès, en me contentant de survoler les grandes villes. Qui songerait à s'y réfugier ? Elles sont si exposées, et avec la mer juste à côté, il reste peu de voies d'évacuation d'urgence. L'Organisation a donc fait le contraire de ce qu'on attendrait de n'importe qui. Ainsi, même si Marseille présentait de nombreux désavantages, ils avaient beaucoup de moins de chance de se faire débusquer un jour. Un biscuit dans une boîte de biscuit. Introuvable.
Le silence retombe et nous effectuons quelques cercles au-dessus des bâtiments en ruines, sûrement pour nous positionner au bon endroit, avant de simplement stationner au même endroit. Au bout de quelques minutes, je finis cependant par m'agiter.
- Pourquoi s'arrête-t-on ?
- C'est la procédure, se contente de me répondre le soldat.
Depuis le décollage, il est le seul à me parler, mais j'ai l'impression que c'est plus parce qu'il est simplement le porte-parole du groupe que parce que je dégoûte les autres. Je me tais donc devant ses explications, et ma patience est récompensée un peu plus tard lorsque je sens un appel d'air nous entraîner vers le bas. Mes mains se crispent sur mes attaches, et je panique un instant en croyant que je suis de nouveau prisonnière, avant de me rappeler que c'est juste pour ma sécurité. Nous descendons à la verticale, ce qui m'empêche de voir ce qu'il se passe exactement, et mon stresse augmente petit à petit. La luminosité baisse lentement, et je me demande quelle peut bien être cette procédure que le garde a mentionnée.
Un claquement retentit et les derniers rayons de soleil sont remplacés par une lumière artificielle. Les portes de l'avion s'ouvrent en coulissant et révèlent à mes yeux un gigantesque hangard qui rasssemble de nombreux engins volants, des plus gros aux plus petits. J'ai l'impression de me trouver face à une réplique de l'endroit où j'ai volé le chasseur avec Sacha.
La piste de décollage de l'Organisation.
À l'intérieur du hangard règne une activité grouillante. Un pression sur mon ventre manque de m'arracher un cri mais je me retiens en constatant que le soldat est simplement en train de me détacher. Je le laisse faire avec fébrilité. La peur et l'excitation se le disputent en moi. Après tous ces mois, tous ces secrets, me voilà enfin de retour au point de départ. La boucle est bouclée.
Un à un, mes escorteurs descendent de l'avion, mais je reste là, incapable de bouger, sans même remarquer que, plus le temps passe, et plus le silence se fait dans la salle. Bientôt, plus un seul bruit ne résonne. Tous semblent attendre quelque chose, et ce sont leurs visages tournés vers moi, heureux et ébahis, comme s'ils n'en croyaient pas leurs yeux, qui achèvent de me réveiller. D'une main tremblante, j'écarte une mèche de cheveux inexistante sur mon front, prend une grande inspiration... et me lève. Un murmure parcourt toute l'assemblée, des travailleurs aux pilotes, en passant par les simples visiteurs. J'essaye de contrôler mon appréhension tout en suivant le même chemin que mes gardes pour m'exposer à la lumière.
À l'instant même où je pose les deux pieds par terre, un tonnerre d'applaudissements retentit, répercuté dans tout l'espace, et une masse grouillante se rue vers moi.
*
Je suffoque, écrasée par toutes ces présences attentives, presque admiratives autour de moi. Les yeux fermés, les bras repliés sur mon corps dans un geste de défense instinctif, j'essaye de faire le vide en moi et d'ignorer les centaines de questions dont on m'assaille. Je n'ai pas besoin de les entendre pour deviner ce dont elles traitent. Le CCP. Comment ai-je pu oublier, en arrivant, qu'ici je suis à présent considérée comme l'héroïne qui va mettre fin à la lutte ? Celle qui a tout risqué pour récupérer l'information qu'il nous manquait ? Mais ce qu'ils semblent ne pas savoir, c'est que je n'ai aucune envie de tenir ce rôle. Pour le moment, je voudrais juste pouvoir devenir invisible, ou encore disparaître dans le sol en un clin d'oeil.
Me reposer.
Et par dessus tout, revoir Allen.
Une main me secoue l'épaule, fermement mais avec un amour que je ne peux ignorer, et je finis par rouvrir les yeux sur une hallucination. Du moins je le crois au début, avant de me rendre compte qu'il est bien réel.
Je m'arrache à ma torpeur pour nouer mes bras autour de son cou et me blottir contre lui. Il semble quelque peu déstabilisé par ma réaction, mais il ne met pas longtemps à me rendre mon étreinte. Ses bras, protecteurs, se referment autour de moi pour m'emmener dans un monde où rien d'autre n'existe que nous deux. Alors seulement, à l'abri des regards, je laisse mes larmes jaillir de mes yeux, qui ne mettent pas longtemps à tremper le t-shirt de mon frère. Même dans le Sanctuaire, je ne me rendais pas compte à quel point il me manquait. À quel point je regrettais ses sourires charmeurs, ses yeux pétillants et ses expressions rassurantes.
Le brouhaha s'estompe.
- Al... Allen! sangloté-je contre lui.
Je ne me retiens plus, et c'est un étrange sentiment que de me débarasser de ma carapace pour une fois. Cependant, contrairement à toute attente, je ne me sens pas vulnérable. Parce que c'est lui. Parce qu'il m'a sûrement déjà vue de nombreuses fois dans cet état. Parce qu'il ne m'a jamais trahie. Parce que j'ai confiance.
- Astrid, me répond-t-il simplement, et mon simple prénom suffit à me calmer un peu.
Sa chaleur m'enveloppe comme un cocon, un long moment, jusqu'à ce qu'enfin j'arrive à me détacher de lui. Mais maintenant que les vannes sont ouvertes, j'ai du mal à les refermer, et je manque de m'écrouler devant tous ces yeux curieux braqués sur nous. Allen me soutient d'une main tout en ordonnant fermement à la foule de s'écarter avec de grands gestes de l'autre. Petit à petit, un tunnel réticent finit par s'ouvrir pour nous laisser passer.
*
Je me roule en boule sur le côté lorsqu'un rayon de lumière vient éclairer mes paupières closes. Avec un grognement dissuadeur, je rabats la chaude couverture par-dessus mes épaules, mais elle m'est arrachée tout aussi vite. Un rire familier emplit la pièce et achève de me réveiller. Je sens le lit s'affaisser lorsque Allen s'assoit sur le lit à côté de moi tandis que je me redresse lentement. Au passage, je me cogne la tête contre le lit superposé et pousse un glapissement.
Nouvel éclat de rire.
- Alors, tu n'es plus habituée aux bonnes vieilles chambres de l'Organisation ? Le manque d'espace ne t'a pas manqué j'espère.
Son ton espiègle me détend et je m'aventure même à lui octroyer une petite tape sur le bras.
- Alors, comment ça va ? reprend-t-il soudain d'un ton plus sérieux, presque hésitant.
La culpabilité est clairement perceptible dans sa voix. Mais que pourrait-il avoir à se repprocher ? Combien de fois faudra-t-il que je lui répète que ce n'est pas sa faute ? Qu'il a simplement choisi pour le mieux en me laissant partir, que c'est même moi qui ai insisté, et qu'il n'est pas responsable de mes choix ?
- Pas si mal, je marmonne en fixant soudain mon regard sur mes ongles.
Les dernières semaines me reviennent en mémoire, et la tranquilité relative dans laquelle je m'étais enveleppée part en fumée. Revoir Allen ne m'a offert qu'un léger répit, mais j'aurais dû me douter que ça ne durerait pas. Le retour à la réalité n'en est qu'encore plus brutal.
Willer.
Willer.
Willer.
Il hante mes pensées et ne me lâche plus.
Comment ai-je pu ?
Voyant que je ne réponds toujours pas, Allen passe son bras autour de mes épaules et m'attire contre lui. Nous restons ainsi en silence, toute joie dissipée. Puis il finit par me dire ce qu'il retient depuis le début :
- Marshall demande à s'entretenir avec toi. Il... il insiste pour que tu lui racontes tout. Depuis le début.
Je lâche un gros soupir.
Me voilà de retour dans l'oeil du cyclone, au coeur de la tempête.
*
La similitude avec mon flashback m'arrache un frisson et me pousse à me poser une nouvelle question : pourquoi n'en ai-je toujours pas eu de nouveau depuis que je suis ici ? Pourtant, toutes les conditions sont réunies : je croise sans cesse des objets, des gens, et j'effectue tout le temps des gestes qui ne me sont pas étrangers. Il y a tant de déclencheurs possibles, comment puis-je n'avoir aucun nouveau souvenir ? Et puis ce que j'ai fini par apprendre me revient en mémoire, et je soupire. Il faut également de la volonté. Beaucoup de volonté. Or, je ne suis absolument plus certaine de vouloir récupérer ma mémoire. Pire, je crains cet évènement plus que tout. Voilà pourquoi mes souvenirs restent confinés dans un coin de mon esprit, à l'écart.
C'est Allen qui m'a guidée jusqu'ici, mais nous n'avons cessé de croiser des personnes dans le couloir qui nous saluaient de la main avec un sourire ou encore une mine contrite, compassionnelle. La joie m'était destinée, mais les autres visaient Allen : les gens voulaient lui faire comprendre qu'ils savent ce qu'il traverse avec moi, la souffrance qu'il endure à devoir me cotoyer alors que je ne me souviens plus de lui, de notre passé. Tous ces signes que je n'ai pas pu m'empêcher de décrypter me brisent le coeur, pour lui, pour cette douleur bien réelle qu'il ressent à mes côtés. Au début, son bonheur de m'avoir retrouvée étouffaient complètement le reste, mais plus le temps passe et moins les sentiments positifs prennent de place, à mon plus grand désespoir.
Après mon arrivée triomphale au hangard de décollage, comme l'appelle Allen, et surtout après notre longue étreinte, il m'a guidée à travers les nombreux couloirs souterrains de l'Organisation jusqu'à ce que je soupçonne être le dortoir. Là, d'interminables rangées de portes donnaient sur des chambres simples, dotées d'un lit superposé, de deux armoires et d'une chaise. J'avais l'impression d'être dans un hôpital, mais étrangement, la pensée que cet endroit ressemblait au Couloir de l'Horreur ne m'a pas effleurée dans un premier temps. Peut-être parce que, contrairement à l'endroit où j'ai été séquestrée, ce couloir était lumineux, blanc et en permanence éclairé. Nous n'avons plus prononcé un mot durant tout le trajet, laissant la foule et le bruit derrière nous, profitant simplement de la présence de l'autre. Mais nous savions aussi bien l'un que l'autre que ce n'était qu'une acalmie, et que bientôt, il me faudrait affronter ce retour aux sources. Redécouvrir ce que je devrais connaître. Alors nous nous sommes contentés de marcher, lui m'amenant le plus loin possible et moi le suivant sans discuter.
Tout le reste s'est déroulé dans un brouillard flou, comme si mes souvenirs avaient été enveloppés dans de la brume pour amortir le choc. Je me souviens juste de m'être affalée dans un lit avant de sombrer dans le sommeil, mais Allen s'est-il vraiment assis sur une chaise pour me veiller durant tout ce temps ? Rien n'est moins sûr. Cependant, un détail au moins se détache avec clareté dans ma mémoire : ces chiffres sur le petit écran lumineux à côté de mon lit.
21:36.
Lorsque j'ai rouvert les yeux, le réveil affichait 7:55.
Une nuit de sommeil comme je n'en ai plus connu depuis des décennies il me semble. Je me rappelle parfaitement que je ne dormais quasiment pas au Sanctuaire : le stress de ma mission, du bal qui se profilait chaque jour un peu plus, et surtout, après cette nuit, les images terrifiantes de Willer imprimées sur ma rétine, suffisaient à me tenir loin de toute forme de repos. Je me demande même à présent si Allen ne m'a droguée pour m'offrir ce petit sursis. Le connaissant, ça ne me surprendrait pas, et je lui en suis reconnaissante s'il l'a fait : je ne me rendais pas compte à quel point j'en avais besoin.
Claquement d'une porte dans mon dos.
Les rôles sont inversés.
Il y a plusieurs mois, du moins je le suppose au vu de mon flashback, c'était Astrid Carren qui entrait par la porte du bureau tandis que Marshall se tenait à ma place, les mains croisées dans le dos. La différence ? Je n'ai rien de son assurance tranquille. Au contraire, je n'ai jamais été aussi agitée.
Je fais volte face vers lui pour redécouvrir ses traits harmonieux, les épais cheveux châtains clairs qui couvrent sa nuque jusqu'à ses épaules, ses yeux d'un bleu perçant, son nez cassé à de nombreuses reprises et ses mains coutûrées de cicatrices. Tout en lui m'est familier, de plus infime détail aux aspects les plus frappants de son physique. C'est sans doute pour cette raison que je n'ai aucun mal à décrypter, sur son visage, le choc qu'il ressent en me voyant.
Marshall.
Le père que je n'ai jamais eu.
Je n'ai aucun doute, en cet instant, sur l'amour qu'il éprouve pour moi.
Mais il reste maître de ses émotions et ne se départit pas de son calme pour autant. Seul le léger tressaillement de ses yeux me permet de lire à quel point il est perturbé, ce qui, je le devine, est très rare.
- J'avoue que je n'arrivais pas à y croire, malgré toutes les preuves et les rapports. Je voulais te voir de mes propres yeux mais ton frère a formellement interdit à quiconque de s'approcher de toi, moi y compris. Je n'ai pas eu le coeur de le braver. Tu peux le remercier.
Plus il s'approche de moi, plus notre différence de taille devient flagrante, mais aucun homme de sa stature ne m'a jamais si peu intimidée. Quelque chose me perturbe dans le lien qui nous unit, celui qui lie toute personne à une autre, ce fil de sentiments qui se tisse dès le premier contact. Je mets un certain temps à mettre le doigt dessus, et quand je comprends enfin, ma retenue achève de s'envoler : je ressens pour lui la même confiance qu'avec Allen. Quelque chose qui ne m'est jamais arrivé jusque là, sauf avec mon frère bien sûr.
- Marshall.
Un constat.
Un signe de reconnaissance.
Nos propres retrouvailles.
Notre relation n'a rien à voir avec toutes celles que j'ai pu connaître jusque là : ce n'est ni la fusion que je connais avec Allen, ni le lien électrique, mélange de haine et d'autre chose d'indéfinissable, que Sacha est le seul à savoir créer entre nous. Ce n'est pas non plus la peur panique que m'inspire Willer, la rage que je ressens pour Christian Carren et la compassion que je ne manque jamais d'éprouver pour Alyzée, Shaïma ou encore Cassie. Mais c'est tout aussi puissant, sur ça je n'ai aucun doute. Voilà pourquoi nous n'avons pas besoin d'embrassades pour nous montrer notre bonheur commun. Juste d'un simple mot.
- Astrid, me salue-t-il en retour. Il était temps que tu reviennes.
Je souris tout en inclinant la tête, et je me rends compte que je me sens bien. Je n'ai plus peur. Je suis prête à tout lui dire. Alors je n'attends pas son feu vert et j'entame mon récit, sachant qu'ici, pour la première fois depuis longtemps, je peux parler librement. La menace de la DFAO ne pèse plus directement sur ma tête. Je suis libre d'être simplement moi.
Ni vraiment Astrid, ni vraiment Alexy. Juste un mélange des deux.
Alid.
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