Je me baladais, le plus naturellement du monde, le long des falaises sauvages du Penn-Ar-Bed, en cet été quelconque d'une année sans importance. Pointe du raz. Assurément très avant le tourisme à gogo, qui désormais prolifère de partout en avalant les paysages.

Le lieu me plaisait, voilà tout. J'étais seul au monde et à la fois me sentais fondu aux éléments qui m'enveloppaient amoureusement, secouant le pays de leurs remouds coutumiers : le vent omniprésent obstiné, la pluie fréquente et passagère, le soleil qui éclaire sans chauffer... puis quelque chose d'impalpable, qui rendait le tout somptueux malgré l'âpreté de son désert. Chargé de mystique indicible probablement.

La plante rare, les fleurs timides, l'herbe jaunie en tapis sous les pieds, des roches essaimées de ci de là, les récifs déchirés que fouettent les embruns et les houles de l'océan jamais au repos, le cri des mouettes et des goélands en quête de pitance...

Tout cela confinait au charme et au plaisir de s'y promener sans autre but.

J'étais à des années-lumière d'imaginer que je trouverais là, au détour d'une modeste crique prise en étau entre les flancs du minéral plusieurs fois millénaire, une bouteille avec son papier roulé dans le ventre ; échouée sur le sable, à peu des vagues de la marée qui venait le lécher de ses interminables sacs et ressacs.

On ne voit ça que dans les films !

Me suis-je écrié, avant de me baisser pour la prendre, piqué par la plus vive des curiosités...

A suivre...

^^