3. À la bibliothèque

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Ma première nuit fut agitée, il serait vain de se le cacher.

Ce message incroyablement opaque ne m’aura laissé aucun repos, jusqu’à ce que l’aube frappe sur mes persiennes bretonnes. Quand le sommeil venait, je divaguais entre des apparitions de soucoupes volantes fugaces dans le ciel, des rires hilares dans le lointain qui se foutaient royalement de la gueule de ma crédulité, des sentiers nombreux qui s’enfonçaient au cœur d’une forêt impénétrable... et cent autres choses oubliées au petit matin. Et quand mes yeux fouillaient le plafond en quête de réponses, le pauvre mental de ma boîte crânienne moulinait comme la roue d’un cycliste dans la descente des massifs Alpins – à vide.

Pour le dire en une seule phrase : j’étais embarqué pour de bon dans la nécessité impérieuse de résoudre ce mystère, qui venait de jeter mes vacances à la poubelle ! Rien de moins. Sans quoi, j’étais promis à vingt autres nuits blanches, à coup sûr. Après tout, ce n’est pas tous les jours que l’on croise la route d’un message dans une bouteille ! Ç’aurait été plus insensé encore de faire comme s’il n’avait jamais existé.

Je pris donc le parti de ne rien lâcher jusqu’à solutionner la chose, puis le chemin de la bibliothèque de Cornouaille de Quimper pour entamer ce voyage.

Fort de ma détermination, je franchissais bientôt le seuil de l’endroit, moi qui n’avais pas ouvert le moindre livre depuis plus d’une décennie, persuadé que je trouverais là la clef de déchiffrage du message incroyable – sinon où ? –, bien au chaud dans une serviette glissée sous le bras, achetée pour l’occasion, carnet et stylo avec.

Grands yeux de la bibliothécaire de l’accueil à l’annonce de ma requête. On m’envoya dans le secteur « Ressources et Histoire ». Je reformulais ma demande à l’hôtesse de cette salle. On me donna les cinq références disponibles sur le sujet de la cryptographie. Je les pris en bloc, empilés, m’installais sur la table disponible, les compulsais et repartis trente minutes plus tard, déjà démoralisé.

J’ai tant montré ma déception en partant, je crois, qu’une jeune-femme sortit à ma suite, m’interpellant de loin, tandis que j'allais bredouille en direction du bus retour :

— Hey, monsieur ! MONSIEUR !!

Je me retournais, surpris. Elle s’approchait en trottinant.

— J’ai entendu que vous cherchiez à décoder des symboles inconnus. N’est-ce pas ?

— C’est exact, – dis-je, tout sourire, dans un brin d’espoir renaissant.

— Je crois savoir ce qu’il vous faut alors !

— Oh ma chance ! Dites, dites ! Je vous écoute.

— Attendez, je cherche...

Elle fouilla dans son sac à main, en sortit un livre, l’ouvrit à sa dernière page.

— Vous avez de quoi noter ?

— Bien-sûr.

J’extirpai mon carnet flambant neuf, débouchai le stylo neuf aussi, prêt à prendre note, et elle me donna un nom, une adresse, un numéro de téléphone.

« Incroyable ! »

Après les remerciements, les sourires et une envie furieuse, sans oser, de lui demander les siens dans la foulée, ou juste la revoir, je rentrais, éberlué d’une telle chance après cet aller-retour, qui sans cela n’aurait été qu’un échec et un triste début.

À suivre...

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