Je n’aurais pas pu attendre le lendemain. Impossible. Même si on est censé avoir la vie devant soi, je voulais absolument venir à bout de ce message avant le dernier jour de vacances. On n’a pas la chance du vernis tous les quatre matins, surtout moi, je me voyais mal compter sur le prochain ange tombé du ciel avec l’adresse de la personne idéale à consulter. Sans oublier que si ce message appelait à agir dans la région, autant y être déjà. Alors, sitôt rentré, j’appelais ce Monsieur Even au numéro indiqué, fiévreux, me demandant pendant le bip comment lui exposer la chose, les nerfs crépitants d’enthousiasme.

Il répondit seulement à la troisième tentative, m’annonça qu’hélas il était loin et que de toutes manières il ne pourrait rien pour moi avant son retour, ayant les livres nécessaires à domicile. Je le remerciais copieusement et me demandai ce que je pourrais faire pendant cette petite semaine, incapable de me voir revenir à mes préoccupations habituelles. Pour sûr, cette bouteille de la plage allait me hanter...

Le lendemain, j’eus l’idée d’approfondir mes recherches, au cas où, en me rendant cette fois à la bibliothèque centrale de la région, c’est-à-dire Rennes. Et afin de me donner le plus de chances : carrément son université ! Elle était ouverte pendant les vacances et recevait tout public. Autant de bonnes raisons pour me payer le trajet et y passer la journée. Là, je fus merveilleusement conseillé, orienté sur les ouvrages de Cryptologie et non de Cryptographie. Vingt de disponibles, dont trois emportés à ma table d’enquêteur.

Pour le moins, cela m’aura offert de me familiariser avec le jargon et la terminologie de cette science que je découvrais fascinante. Même si je me demandais ce que j’allais véritablement en faire, j’en avais ramené la moitié d'un carnet plein – de termes, de notions, de références à rechercher, de livres à lire peut-être plus tard…

Ce n’était certes pas avec ça que j’avancerais, surtout seul, sur mon affaire, mais je pensais pouvoir me trouver moins bête devant l’expert qui allait, s’il tenait parole, m’aider. Ma seconde journée fut de ce fait consacrée à relire attentivement mes notes, pour commencer à en mémoriser et comprendre certaines. C’était riche ! Il me fallut deux matinées, après-midi et soirs.

Réjoui d’autant que c’était ça de moins à errer, ou rester aux aguets du retour de mon sauveur. Plus que deux autres jours dans les cornemuses Bigoudines, à siroter des cidres, croquer des crustacés et m’engloutir des crêpes, et j’allais enfin entrer dans le monde hallucinant du déchiffrage avec un professionnel !

Pensez si j’en frétillais !

Les mouettes et les goélands n’étaient pas prêts de me revoir.

Pensais-je.

À suivre...