Chapitre 3
Jacinthe
- Pourquoi tu me parles du bébé ?
Mes lèvres répètent cette question inlassablement. Je ne peux pas les en empêcher. Un marteau tape dans ma tête, des sifflements s’emparent de mes oreilles, le sel de mes larmes se colle sur mes joues. Nichée dans tes bras, je respire ton parfum viril. Le mélange entre celui-ci, tes bras autour de moi et tes mains qui caressent doucement mon dos réussit à me calmer au bout de quelques minutes.
Tu desserres ton étreinte et me fais signe de te suivre. Lorsque tu t’allonges sur le lit, je t'imite et pose ma tête sur ta poitrine.
- Excuse-moi, Jacinthe. Je n’ai pas pensé à ce que je disais. Je ne voulais pas te faire de mal. Je croyais sincèrement que j’avais eu une bonne idée.
- Ce n’est peut-être pas une mauvaise idée en soi.
- Tu n’es pas prête à parler du bébé ? me demandes-tu avec inquiétude.
- Je ne crois pas, dis-je après un instant d’hésitation.
Anton
Je dépose un baiser sur tes cheveux. Je peux comprendre que tu ne sois pas prête, même si, de mon côté, j’ai besoin de parler de cet enfant. Je vais attendre, je ne veux pas te brusquer. Pour éviter de ressasser ces souvenirs, j’en invoque d’autres à mon esprit.
- Qu’est-ce que tu as ressenti, toi, pendant notre rencontre ?
- Je ne sais pas trop. J’ai eu l’intuition qu’il fallait que je te parle. Comme si c’était écrit et que mon cerveau, ou peut-être mon cœur, venait de s’en apercevoir. C’était une évidence. Je savais peut-être déjà que tu étais mon prince charmant, me réponds-tu avec un petit rire.
- Je suis pourtant un homme tout ce qu’il y a de plus normal.
- Moi, je ne crois pas. Tu n’es pas comme les autres, me dis-tu avec aplomb.
- Qu’est-ce que j’ai de différent ?
- Tu m’acceptes réellement comme je suis, tu m’écoutes et me comprends, tu ne me juges pas…
- Je t’aime, Jacinthe. Tout ça me semble normal.
- Beaucoup de couples ne se comprennent pas. Beaucoup d’hommes n’écoutent pas leur femme, beaucoup de femmes n’écoutent pas vraiment leur mari. On dit aux jeunes filles que si elles n’ont pas confiance en elles, les garçons ne voudront pas d’elles. Il faudrait être parfait.
Pendant que tu parles, je retiens mon souffle. Je t’écoute poursuivre :
- J’ai voulu mourir et ça, il n’y a que toi qui tentes de le comprendre. N’importe qui d’autre aurait dit que j’étais folle, que j’étais trop compliquée. N’importe quel autre homme m’aurait quittée depuis longtemps ou n’aurait même pas pris la peine de s'intéresser à moi. Mais pas toi. Toi, tu es toujours là, tu as toujours été là.
- Et je serai toujours là.
C’est une évidence.
Annotations
Versions