Chapitre 10

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Anton

Dix minutes plus tard, je reviens enfin te chercher. Je jette un œil dans chaque rayon, ne sachant pas dans lequel tu te trouves. Je suis content que la journée se passe bien, nous sommes sur la bonne voie. Je te repère enfin, dans la rangée des cadres et des miroirs. Je reconnais ta robe et tes cheveux. C’est étrange, tu n’as pas l’air de bouger. Je m’approche et prononce ton nom doucement, mais tu ne te retournes pas. Aucune réponse de ta part. Je pose ma main sur ton épaule, ce qui te fait sursauter.

- Ce n’est que moi, dis-je en me mettant face à toi.

Et là, je vois. Je vois tes yeux, tels ceux d’un animal affolé poursuivi par un prédateur. Ta respiration est saccadée. Tu ne bouges pas, ne me réponds pas non plus lorsque je te demande ce que tu as.

- Jacinthe, est-ce que tu peux marcher ? On va sortir.

- Trop… de gens…

- Il y a trop de gens ?

Ton hochement de tête paniqué m’aide à comprendre.

- Je crois que tu fais une crise de panique. Je suis là, tu n’as rien à craindre.

- Mourir…

Ce simple mot rameute mes pires cauchemars.

- Tu veux mourir ?

- Non, je vais mourir, m’expliques-tu tandis que tes bras sont pris de tremblements.

- Tu ne vas pas mourir, Jacinthe, je te le promets. Tu as besoin d’un endroit calme où tu pourras respirer. Ici, il y a trop de monde. Tu dois me faire confiance. On va sortir du magasin, je vais te garder tout contre moi, je ne te lâcherai pas, d’accord ?

- Oui.

Je te soutiens en tentant de nous frayer un chemin parmi la foule. C’est la première fois que tu fais une crise de panique. Son ampleur m’effraie et m’inquiète tout autant que toi, mais je n’en laisse rien paraître, cela pourrait te faire peur, et je ne veux pas que ton état s’aggrave. Nous arrivons à la voiture après une éternité. Je t’aide à t’installer et referme la portière au moment où tu commences à pleurer. Assis à la place du conducteur, je tente de te rassurer :

- Ça va aller, mon ange. Nous sommes ensemble, il ne peut rien t’arriver.

- J’ai tout gâché, sanglotes-tu.

- Tu n’as rien gâché du tout. Ce n’est pas de ta faute. Tu as paniqué parce qu’il y avait trop de monde autour de toi et que tu étais seule. Je n’aurais pas dû te laisser.

- Mais c’est moi qui te l’ai demandé. Si j’étais partie avec toi ou si je ne t’avais pas dit d’aller payer, ça ne serait jamais arrivé !

- On ne peut pas refaire le passé. C’est arrivé, maintenant, tu dois te reposer. Ferme les yeux, je te réveillerai en arrivant à la maison. Je t’aime, Jacinthe.

- Je t’aime aussi.

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