Tentative d'assassinat
Repartons quelques instants en arrière pendant la discussion entre la princesse Diasirée et de son champion.
Le Héros qui avait volé la lance de cet ogre massif aux dents pointues et violettes, et à la chevelure soyeuse – Shrek serait-il un mensonge ? –, il filait à toute vitesse, sautant de char en char jusqu'à arriver au dernier char avant celui de la cible de l'homme-lézard caméléon, il se propulsa dans les airs avant qu'un champion ou un garde puisse l'attraper ou l'arrêter, il sauta haut dans les cieux et se mit face au soleil projetant son ombre sur le char de la princesse-fée aux cheveux bruns, mais cela n'enleva pas le camouflage de l'assassin à cause du parasol qui recouvrait la partie où se situait la princesse.
L'homme-lézard avait placé sa tête face à celle de la Fée, il ouvrit grand la bouche, enroula sa langue pour en faire un pique et se préparait à tuer la Fée en la transperçant avec celle-ci.
Tout se joua au millième de seconde près.
Le Héros n'avait pas le droit à l'erreur.
Si ces capacités lui avaient été offertes, il pourrait au moins faire le bien avec, il se devait au moins pour elle qui lui avait offert sa vie de ne pas être passif face au mal lorsqu'il se présente face à lui !
Mais pourquoi avait-il l'impression qu'il se devait de sauver cette fille ? Comme si cela coulait de source. Comme si son corps était guidé par une force inextricable et une volonté supérieure à la sienne.
Pas le temps de réfléchir ! Une vie était en jeu !
Il arrivait à peine à percevoir la présence du tueur, mais cela était suffisant pour qu'il l'empêche de nuire à qui que ce soit.
Il chargea le pique de toutes ses forces avec sa main droite, visa, grâce à son index et son pouce gauche, l'homme-lézard et projeta l'arme à toute allure avant de s'éclater le dos sur le char sur lequel il s'était appuyé.
La lance fila à toute vitesse et avant que la langue de l'homme-lézard atteigne le front de la cible, celle-ci fut tranchée par le projectile, le bout de langue atterrissant sur la belle robe de la Fée. L'homme-lézard poussa un atroce cri de douleur, affolé, il perdit par inadvertance sa concentration et son camouflage lui fut retiré, révélant sa présence aux yeux de tous. Voyant la créature qui voulait la tuer s'agiter dans tous les sens, la princesse poussa un cri encore plus aigu que celui de son assassin. Le troisième cri vint de Beneltig qui prit peur en s'apercevant de la présence de l'intrus sur le char alors qu'il flirtait à distance avec des demoiselles qui se trouvaient dans la foule.
Lâche et coureur de jupons... Rien pour le rendre sympathique...
Le Héros s'élança du char où il s'était écrasé et se réceptionna sur l'une des barres du parasol de la future victime. Il atterrit in-extremis dessus et réussit à s'accrocher dessus en tournoyant les bras comme des moulinets
Toujours obligé d'être ridicule après une action héroïque celui-ci...
Il s'avança vers l'homme-lézard en saisissant au passage l'épée du champion sans que celui-ci ne puisse rien y faire puisqu'il s'était écroulé sur le sol de peur et la pointa en direction de l'assassin. Le caméléon le fixa, le regard rempli de haine, retira la main de sa bouche, la montrant dégoulinante de sang.
- Sh'aurai dû te tuer quand Shen avait... l'occazion..., siffla-t-il malgré la douleur incandescente de l'amputation de sa langue.
Parlait-il le Serpentard ?
Ce n'est pas le Serpentard, mais le fourchelangue.
Rien ne t'oblige de ruiner mes interventions comme ça, sérieux ! Après c'est pas étonnant que je puisse me tromper si je me base sur tes souvenirs qui envahissent l'esprit de tous. Laisse-moi maintenant reprendre mon travail.
Le Héros se mit en garde, savant très bien que l'homme-lézard ne comptait certainement pas abandonner sa cible aussi facilement – et il avait tout à fait raison ! Le caméléon transforma ses ventouses en griffes et cracha le surplus de sang qu'il avait dans la bouche pour parler plus distinctement, sa langue se mettant à se régénérer lui facilitant la parole.
- Dis-moi ton nom, jeune importun, que je puisse me rappeler de celui qui a osé défier l'un des plus talentueux assassins de ce continent.
Le Héros haussa les épaules tout en gardant la même pose.
Donc il ne daigne même prendre la parole pour me dire son nom alors que c'est lui le futur perdant ! s'énerva le tueur à gages.
- Crois-tu tant que ça survivre face à moi ? fulmina l'homme-lézard, hé bien soit, que ton nom soit oublié de tous, même de moi, celui qui compte prendre ta vie mais je te laisse au moins la joie de savoir le mien pour ton voyage dans l'au-delà ! Je me nomme Jordan.
Il est sérieux, là ? Moi – enfin, en me basant d'après les souvenirs de l'autre – je lui avais déjà trouvé un nom : Reptile !
Le gars, il a le prénom d'un ancien athlète d'un sport oublié de tous dans ce monde, d'un personnage de sitcom nulle d'une vielle chaine télé ou des gars qui personnalisaient leurs voitures avec des flammes et néons ringards – ça n'a pas changé entretemps, juste, désormais, leurs voitures crachent des flammes depuis leurs pots d'échappement, ils s'entretuent pour des femmes et de l'eau potable, et ils pensent avoir inventé le hard-rock.
Hé beh... Oh pourquoi tu ris ?
Tu te serais plu à mon époque.
Le Héros se retint de rire face au prénom grotesque de son opposant, le rictus qui s'affichait sur son visage n'arrivait pas à s'en aller, il arrivait à reprendre son sérieux, trop de choses étaient en train de circuler dans son esprit, rendant ce prénom désuet si marrant pour lui. Son sourire était si grand que son visage se tordait, mais pour le commun des mortels, il avait juste les yeux plissés.
- Donc mon nom te fait rire ? Tu ne perds rien pour attendre !
L'homme-lézard, furibond, se jeta sur le Héros, toutes griffes sorties. Peu importe la situation, le Héros ne se laissait jamais distraire, même lorsqu'on le mettait dans une situation embarrassante – enfin, c'est ce qui se raconte. Il mit l'épée à l'horizontale, face à lui, et fit s'entrechoquer les griffes de son assaillant avec la lame, ce qui fit des étincelles qui atteignirent la plateforme en bois du champion.
Le Héros repoussa l'homme-lézard de là où il venait et s'avança tout doucement vers lui. Malheureusement, il ne pouvait pas se déchainer comme il voulait, trop de civils aux alentours et il n'était pas vraiment la cible de son adversaire, juste un obstacle à franchir – obstacle qui aurait dû être le champion s'il ne s'était pas enfui. Le caméléon ne pouvait que reconnaître que le Héros était un fier combattant, bien plus que lui – bien que son maniement de l'épée laissait vraiment à désirer –, il avait au moins le mérite de ne pas se laisser aller à ses sentiments quand tout n'allait pas selon son plan, nonobstant sa jeunesse. Cela se voyait qu'il avait déjà vécu de nombreux combats auparavant.
Jordan repartit à l'assaut et le Héros contra une nouvelle fois, le repoussant plus violemment pour s'offrir une ouverture, et se préparer à lui asséner un coup d'estoc qui était censé lui trancher la gorge de façon nette et précise. Il s'exécuta, il passa les bras de son adversaire et fit siffler l'épée jusqu'à qu'elle atteigne la cible de son attaque... et soit stoppée nette ?
Le Héros avait, effectivement, touché la gorge de l'assassin Jordan mais la lame de l'épée ne passa même pas les écailles du caméléon humanoïde, son arme glissa de façon étrange de son cou étant à deux doigts de tomber sur le sol. Il s'était déjà confronté à cette race auparavant lors de ses nombreuses mésaventures et savait la force moyenne et les zones de faiblesse qu'il fallait connaître pour toucher et tuer un homme-lézard à coup sûr. Comment se faisait-il qu'il ne réussît pas à l'atteindre ? Que son coup n'eut aucun impact ?
- Déçu ? nargua l'assassin, cela est simple mon ami ! Vu que tu as l'air perdu, je vais t'aider à comprendre ! dit de façon nonchalante le saurien, contrairement aux autres hommes-lézard, lorsque je mue, je garde ma peau en moi, la faisant se liquéfier à l'intérieur de mon corps et de la sécréter hors de mes écailles et qui rend toute attaque nulle... et sans effet...
Peut-être qu'il portait un nom sans intérêt, il n'était pas un grand combattant et que le Destin lui avait mis des bâtons dans les roues, mais on ne pouvait pas nier que cet homme malchanceux était d'une grande ingéniosité.
Cela serait-il suffisant pour vaincre le garçon ?
Voyons cela...
Dans tous les cas, cela ravit le Héros de trouver un peu de difficulté dans un combat, bien qu'il pourrait faire appel à Ymir, mais devenir une bête folle ne l'intéressait pas vraiment au vu de la situation.
Le jeune guerrier se releva et essuya le liquide visqueux avec sa main. Il avait bien une idée de comment il pourrait se débarrasser de ce « liquide », mais il lui faudrait déclencheur pour suivre son intuition.
Jordan était peut-être ingénieux, mais pas assez intelligent pour ne pas révéler son point faible.
Le Héros trouva son plan.
Le Héros mit un coup de talon dans le sol en quartz rose et créa des gravats, il les jeta à la Fée derrière lui, il lui expliqua en toute simplicité ce qu'elle devait faire avec.
Qu'est-ce qui prenait à cet humain de faire des gestes aussi imprécis ? Ne pouvait-il pas parler ? s'interrogea la princesse-fée.
C'est alors qu'il effectua des signes incompréhensibles pour toute personne douée de raison. La Fée écarquilla les yeux, consternée par le comportement de cet inconnu, elle se demandait pourquoi il ne s'exprimait pas verbalement ?
Elle avait dans ses deux mains les pierres de quartz que lui avait confié cet étrange personnage. Que voulait-il qu'elle fasse ?
Cet homme lui voulait-il vraiment son bien ?
Pourquoi Beneltig n'est plus là pour me protéger ?
Je ne le connais pas ce garçon mais il n'a pas l'air vraiment fiable, non ?
Elle n'avait incontestablement pas le choix que de lui faire confiance si elle voulait vivre et ne pas se faire tuer par cet homme-lézard aux yeux protubérants.
Mais cette aura malfaisante qui émanait de cet humain, cette magie maléfique qui l'entourait et cette émanation de mort qui provenait de lui, ne pouvaient que lui faire ressentir une certaine peur à l'égard du Héros. Mais elle se devait d'ignorer cela puisqu'elle comprenait que finalement il ne voulait que son bien.
Elle se concentra au maximum pour essayer de comprendre de toutes ses forces ce que voulait lui dire son nouveau protecteur muet venu des cieux... mais la compréhension du garçon était vraiment limitée.
Heureusement, pour les deux, que le feu provenant de la plateforme s'intensifiant, tenait en respect le caméléon – confirmant, au passage, la théorie du Héros.
Par un signal distinct, le Héros fit comprendre à la Fée qu'il était en train d'exécuter son plan « génial ». Prise de court, elle tenta quelque chose, elle devait forcément servir de distraction, il ne comptait pas sérieusement la faire combattre...Si ?
- Oh, et puis zut !
La fée aptère jeta les cailloux en croisant les bras en direction de l'homme-lézard sans même regarder là où elle lançait ses projectiles. Comme prévu, les pierres détournèrent l'attention du saurien qui ne put s'empêcher de les suivre avec ses yeux, cependant le lancer de la princesse était si mauvais qu'il ne prit même pas la peine d'esquiver ces cailloux.
- Cela pouvait être possiblement un bon plan mais avec cette bonne à rien de princesse sans aile, ce plan fut un échec total, ricana le tueur à gages, ruiné par une telle empotée... Misère de lisère !
Que tu penses ! se réjouit le Héros.
Ce plan, un échec ? Il n'en était rien. Le Héros qui avait profité de la distraction pour prendre un bout de bois brûlant enflamma le liquide visqueux fait de la mue de l'homme-lézard.
Son intuition était la bonne.
Il était sûr que c'était inflammable.
L'homme-lézard gigota dans tous les sens, hurlant de douleur. Le Héros exploita l'occasion présente et plaqua son adversaire au sol, les flammes commencèrent à se répandre sur le corps du Héros se mettant à calciner sa peau, mais il ignora la douleur grâce à l'adrénaline qui parcourait tous les membres de son corps. Il leva son épée comme si c'était un poignard et allait enfoncer la lame dans le ventre de son opposant, mais celui-ci, malgré la souffrance de son corps se faisant consumer par les flammes, réussit à esquiver le coup du jeune humain mais bien trop maladroitement pour y échapper et finit avec la queue coupée.
Le reptile humanoïde poussa un immense hurlement de douleur, néanmoins, ce ne fut pas suffisant pour arrêter l'assassin dans son élan de rage, la douleur de sa mue enflammée était bien trop grande pour qu'une simple amputation lui fasse un quelconque mal. Et le Héros le savait pertinemment.
C'est alors que tous les deux s'élancèrent l'un vers l'autre, leur corps en feu, dans un ultime assaut, le garçon saisit la queue de l'homme-lézard, plantant ses pieds dans le sol éclatant le quartz du char, il tournoya sur lui-même et frappa la tête de son adversaire, l'envoyant valser hors du char, le faisant s'éclater le dos contre le sol.
Le Héros découpa en un seul coup les barres du parasol et en prit la toile, il enroula la Fée de dos, la mit sur son dos et sauta de la construction qui s'écroula sur elle-même en laissant la queue toute visqueuse de l'homme caméléon. Dans les airs, il vit l'homme-lézard agonisant sur le sol et se saisit de l'opportunité puis atterrir sur lui en lui plantant son épée dans le bas-ventre, lui sciant la colonne vertébrale.
L'assassin homme-lézard Jordan était mis hors d'état de nuire.
Le Héros relâcha la princesse qu'il venait de sauver, celle-ci s'enfuit loin de son sauveur à toute vitesse, se cachant derrière les morceaux du char détruit, mais continua de l'observer derrière l'un des débris. Elle était totalement effrayée par le jeune garçon, lui ne comprenait pourquoi elle l'était, il s'était retenu de faire preuve d'une débauche de violence effarante comme à son habitude pour justement qu'elle ne prenne pas peur, mais elle n'était sans doute pas habituée à voir des hommes se battre dans un combat à mort – mais tout de même, il venait de la sauver d'un assassinat et des flammes (après, c'est vrai que lui-même était en train de brûler) !
Ah... après tout, ça ne changeait pas de d'habitude, qu'il joue au héros ou qu'on le prenne pour une bête sanguinaire, la petite Astarté lui a bien fait remarquer.
Rien de nouveau sous le Soleil...
Soudainement, il reçut un coup derrière la nuque, il se retourna vers la personne qui s'était permise de croire qu'elle pouvait l'attaquer impunément. Il vit un garde tenant sa lance à l'envers, il semblait avoir voulu l'assommer.
Voyant le regard furieux du Héros, le garde ne put s'empêcher de s'uriner dessus. Il reculait maladroitement et tomba sur les fesses sans faire attention. Le garçon tout enflammé s'approchait de lui et allait lui transmettre les flammes qui lui calcinaient la peau pour le punir de cet affront de s'en être pris à lui. Le garde reculait comme il le pouvait, son derrière frottant durement le sol, devant toute la population terrorisée par la scène.
Le Héros le toisait du regard.
C'étaient ça les êtres qui se permettaient de nous malmener dans les sous-sols de cette ville ? s'énerva le jeune homme, de toute manière, humains ou Féériques...
Puis, sans qu'il le remarque, il fut encerclé par une dizaine de gardes royaux, l'élite du royaume.
Cette situation commençait clairement à l'enrager, il reprit l'épée de la fée qui s'était enfuie de son poste et se mit en garde. Cela allait être très facilement régler devait-il penser, même s'il commençait à vraiment ressentir la douleur des flammes qui incendiaient son corps, il arriverait sûrement à s'éteindre grâce à la toile du parasol en se roulant sur le sol, ensuite il se mêlerait facilement à la foule, bien qu'il sente le brûlé.
Au même moment, il sentit l'air se charger en électricité, alors qu'il ne percevait aucun nuage gris dans le ciel.
- Par les six cieux majestueux, Toi qui es au-dessus de nous, viens à moi et prête-moi ta force pour que, par ta puissance, je fasse s'abattre sur les ennemis qui me font face, ma foudroyante colère.
Un grondement retentit dans le ciel, les gardes reculaient de deux pas en arrière et plantèrent leurs lances dans le sol. Le Héros était en pleine incompréhension.
Qu'est-ce qu'ils fabriquent ?
La sensation d'électricité qu'il avait ressentie dans l'air devint de plus en plus forte jusqu'à qu'il se retrouve électrisé, il regarda une nouvelle fois le ciel et observa une boule de lumière bleue venant dans sa direction, il tenta de fuir mais il était trop tard : une colonne de foudre s'abattit sur lui !
- Libération du septième sceau de la foudre : Éclair d'Eclina !
Nul ne sait à combien s'élevait le voltage de cette attaque magique, mais ce qu'on pouvait en conclure, c'est qu'aucun humain ne pouvait survivre à une telle tension électrique.
Le Héros hurla de douleur, il sentait toute sa peau griller, l'électricité lui traversant le corps de part en part, il n'avait jamais ressenti un tourment aussi intense, sa souffrance avait l'air sans fin.
Même si ses mots avaient été descellés, il aurait été incapable d'en proférer un quelconque. À ce moment précis, il avait même du mal à les penser.
Lorsque la fulgurante attaque disparut, les flammes du héros s'étaient dissipées, tous purent assister à la défaite du Héros par cette attaque surprise. Il se retrouva avec les yeux révulsés, la bouche grande ouverte dont toute la bave qu'elle contenait s'étalait sur le sol. Par l'énergie du désespoir, il tenta d'avancer, le faisant ressembler à un zombie, dénué de toute vue.
Mais malgré tous ses efforts, il finit par s'écrouler sur le sol.
La reine Audisélia descendit son bras, empli de charge électrique, le long de son corps et remit son gant de soie.
- Le seul nuage noir ici, c'est toi ! dit Sa Majesté, furieuse.
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