La supercherie du plus couard de tous les champions

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Ce souvenir fit comprendre au Héros que si cette princesse le considérait comme son ami, il allait devoir se montrer à la hauteur de l'amitié qu'elle lui portait.

Il prit par l'épaule sa tutrice et la fit s'approcher du rebord, Al-Ryanis fit s'asseoir sa princesse.

- Mais pourquoi ? lui demanda la Fée.

Le Héros la remercia de l'avoir défendu en levant son pouce en l'air et lui souriant. Le Fée le regarda avec incompréhension, la bouche ouverte, puis lui rendit son sourire en lui disant : « De rien ! ».

Ils regardèrent le match bien que ce combat sanguinaire enrageait encore le Héros, il ne ferait rien par respect pour la Fée. Il comprennait que son intervention pourrait porter préjudice à la princesse.

Sur le terrain, Tarkus laissa presque pour morte l'amazone siamoise, la foule était sans voix, témoin d'autant de violence, elle était effrayée par tant de barbarie. Le cyclope perdit sa forme métallisée et partit à la rencontre de Zetzgriker, celui-ci prit la fuite et lui lança des bombes que le guerrier cyclope défia avec de simples coups de batte de métal.

Le nain tenta de plonger dans le trou que la cyclotaupe avait fait mais avant qu'il n'atteigne le trou, il fut stoppé par un coup de matraque à pique en plein dans la mâchoire, lui cassant deux dents au passage.

Zetzgriker, couché par terre, se retrouva avec l'arme de Tarkus qui s'enfonçait dans sa poitrine. Malgré ses cris de douleur, Tarkus ne semblait ne vouloir faire preuve d'aucune pitié envers ses adversaires après qu'il avait réussi démontrer sa suprématie face à eux.

- J'ab... j'a..., tenta de dire le nain.

- Chut ! Chut ! Chut ! lui intima le cyclope, je ne tiens pas à ce que ce match finisse trop tôt, dit-il avec un rictus carnassier, j'aurais été beaucoup plus clément si nous avions le droit de s'entretuer, mais bon, cette fois-ci, je ne peux que me délecter de votre souffrance. Donc profitez et remerciez la reine pour votre situation.

- Quelle enflure, ce type ! s'indigna quelqu'un derrière le Héros, rien ne l'oblige être aussi violent !

- Bien sûr que si ! ricana une femme, il ne fait que démontrer la puissance de la personne qu'il représente.

Tout le monde se tourna vers la personne qui se satisfaisait d'un aussi abominable spectacle, ils virent une princesse qui avait un siège vacant à côté d'elle, elle devait être la maîtresse de cette bête immonde à un œil.

- Arrête de déblatérer de telles sornettes, Thoosa, le réprimanda l'un des champions, déjà qu'as-tu fait à Tarkus pour le rendre aussi violent ?

- Je ne vois pas de quoi tu parles, gloussa cette hautaine princesse-fée aux couettes violettes en tire-bouchon.

- Tout le monde sait à quel point il aime Selma, bien qu'il doive supporter sa sœur mais jamais, au grand jamais, il n'aurait fait preuve d'une aussi grande violence envers ses concurrents, s'agaça un autre champion, quelles sorcelleries as-tu encore usé sur lui par pure jalousie ?

- Roh ! dit Thoosa révoltée, qu'est-ce que vous pouvez bien être rabat-joie ! Alors que vous savez très bien les enjeux de ces combats, vous voulez encore parler d'honneur alors que ceci ne rentre pas en compte ? Foutaises ! s'esclaffa-t-elle, vous voulez savoir ce que je lui ai fait ? Rien de bien méchant en vérité, je n'ai fait qu'augmenter sa testostérone, sa férocité et ne faire s'écouler l'adrénaline dans ses veines, en plus d'un petit ensorcellement, dit-elle avec une voix lascive, on peut bien dire ce qu'on veut mais l'humanité est bien la meilleure dans le pire.

La Fée avait déjà entendu ce genre de phrase de la bouche du feu Juge Triface. Elle et le Héros en vinrent à la même conclusion, c'était le même procédé qui avait été utilisé sur l'homme-lézard pour le faire muter sans pour autant le faire devenir un monstre.

- Hé ! La sans-aile ! appela Thoosa en s'adressant à la Fée, tu ferais mieux de déclarer forfait pour ton lâche de fiancé, il va se faire massacrer ! ria-t-elle avec un rire d'hyène.

Prise de panique, la Fée trembla de terreur, la vision de Selma-Keltna se faisant rosser lui revint en tête. Elle ne voulait pas que son amoureux subisse le même sort, et voulut déclarer forfait mais le Héros l'en empêcha.

- Es-tu fou ? dit la Fée avec véhémence envers le Héros.

- Oui. Tu es fou, fils d'Adam, de ne pas la laisser abandonner alors que tu vois très bien la tuerie à venir, se moqua Thoosa, c'est comme cela que tu remercies la seule personne qui se préoccupe de toi ? Je ne sais pas si tu es plus bête qu'elle ou plus mauvais que moi, ne voulant que lui nuire.

Le Héros prit son ardoise, écrivit et le montra à la Fée :

Fais-lui confiance !

- Mais tu as bien vu qu'il n'est pas si fort que ça !

Il a un plan.

- Un plan ?

Le Héros hocha la tête.

- Un plan ? dit Thoosa, tu as bien vu qu'aucun stratagème ne fonctionne sur mon poulain, ria-t-elle, ne crois pas que les miracles que tu as accomplis peuvent être reproduits par d'autres gens normaux, mais surtout par lui.

Ce n'était pas ce qu'il disait, il savait très bien que ce type n'avait pas la moindre chance face à ce grand gaillard qu'est ce Tarkus. Ce qu'il prétendait n'était pas qu'il avait un plan pour le vaincre mais pour gagner.

Voilà pourquoi il ne laisserait pas la Fée faire abandonner son champion, elle briserait son rêve sans même savoir si elle aurait pu le réaliser.

La seule chose qu'il craignait c'est que cet imbécile échoue dans son plan minable, il n'avait pas envie de perdre la confiance de la princesse à cause d'un pari foireux. Il lui faisait confiance, non pas en espérant qu'il puisse accomplir un miracle face à ce monstre de Tarkus, mais parce que le rêve de la Fée l'avait touché malgré lui, et il ne pouvait pas la laisser le céder aussi aisément.

Alors que Tarkus enfonçait son kanabo dans le torse du nain qui se débattait comme une torture retournée sur le dos, un monticule de terre se formait et en sortit Morgul, la patte en avant, s'apprêtant à lui asséner un coup de menton, mais Tarkus l'esquiva, le saisit à une main, l'envoya au sol et l'écrasa avec son pied, le faisant se tordre de douleur. Après il lui mit un coup de talon dans le crâne pour l'assommer, ensuite éclata la tête du nain qui s'évanouit sous le choc.

Tarkus écarta les bras, ravi de ces combats où il avait pu exprimer toute sa folie. Il se retourna vers Beneltig et lui fit un grand sourire, le visage peinturluré de sang.

- Je te remercie pour tout.

Le plus grand des couards n'avait rien fait de tout le carnage qu'avait perpétré Tarkus grâce à son aide. Il tremblait face au monstre qu'il avait soutenu et qui le fixait avec un regard terrifiant, mais aussi, amusé par la situation. Il n'avait fait que tenir son épée face à lui en espérant de tout son cœur de ne pas être pris à parti par le déchaînement de violence de cet homme qui s'apparentait plus à la tête vide du fils de Poséidon qu'à la race des pécheurs qui était connue à travers le continent comme étant des êtres sympathiques et chaleureux – du moins, pour la moitié de la population.

Témoin.

C'était tout ce qu'il pouvait être.

S'il avait eu la prétention d'être un acteur actif comme Selma-Keltna ou passif comme Zetzgriker ou Morgul, il aurait fini dans le même état qu'eux.

La meilleure solution était son plan...

Oui, il n'y avait pas d'autres moyens de s'en sortir...

Tarkus vint vers lui pour accomplir sa promesse, il observa que les médusites sur ses brassards brillaient de mille feux, il en ressortait un flot d'énergie pur incroyable. Il se demandait ce que ces objets magiques pourraient encore lui apporter tellement ils étaient fabuleux offensivement et défensivement.

Arrivé face à lui, il lui demanda :

- Tu préfères que je t'assomme par un coup à droite ou à gauche ?

Beneltig tremblait de tout son corps, la menace qu'était Tarkus était perceptible par l'aura qu'il émanait. Mais il devait cesser d'avoir peur, il se devait pour une fois dans sa vie d'aller jusqu'au bout d'un pari risqué.

Serrant les dents, il dit entre celles-ci d'une voix tremblotante :

- Aucun des deux.

Un grand cri de surprise retentit dans les gradins, tous, dans les loges princières, n'en crurent pas leurs oreilles, le Héros se mordit les lèvres en observant la réponse de la principale source de son pari. Il n'osait même pas regarder la Fée qui devait avoir le visage décomposé par la peur.

Avait-il vraiment la prétention de pouvoir vaincre ce monstre drogué et ensorcelé comme Tarkus dont la force était phénoménale ?

Abruti !

Le cyclope paraissait déconcerté par la réponse de la fée masculine, il plissait les yeux d'incompréhension face à la lueur qui brillait dans les yeux de Beneltig.

- Es-tu devenu sénile à ton jeune âge, monsieur le lâche ? l'interrogea Tarkus interloqué.

- Non, lui répondit le guerrier-fée, je compte bien gagner ce match.

- Cesse cette fausse détermination et accepte ton destin, cracha Tarkus, déjà que je t'offre une reconversion professionnelle, plus je te permettrais de badigeonner dans la luxure, et toi, tu oses refuser ?

- C'est ça.

- Alors je vais tout te prendre jusqu'à ta promise, enragea-t-il.

Tarkus mit un coup dans l'épaule de Beneltig qui fut propulsé à terre, il tenta de lui piétiner la jambe mais la fée esquiva son pied et se releva de suite et voulut lui mettre un coup de pied mais subit la même attaque avec l'autre pied mais subit le même contre de la part de Tarkus, il se dépêcha de retirer ses souliers pour ne pas être changé en métal, et reprit son assaut, cette fois-ci en essayant de le blesser avec son épée. Cependant, Tarkus arrêta ses coups à l'aide de ses brassards mais leur effet était inefficace contre l'épée de Beneltig qui était en acier, ils ne purent que fragiliser l'alliage.

Mais le champion de la Fée était à la recherche de quelque chose d'autre en s'acharnant de la même manière, comme un forcené, sur Tarkus qui ploya le genou. Celui-ci pensait que son adversaire avait perdu la tête.

Heureusement, non, il en vint à ce qu'il voulait après avoir frappé sur les brassards de Tarkus comme un forgeron sur son enclume : son épée se changea en diamant.

Alors que tout le monde était inquiet pour le plus couard de tous les champions, la reine, elle, finit par saisir le stratagème de Beneltig, elle sourit face à la stupidité de celui-ci.

L'épée de la fée changée en bloc de diamant, Beneltig la jeta par terre et décida de se battre à main nue. Tarkus, fou de rage, s'énerva au point que la bave s'écoulait le long de sa bouche.

Le Héros remarqua que Thoosa était inquiète au point de se ronger ses ongles peints de vernis, avait-elle peur que son poulain tue Beneltig ou... Si c'était la deuxième option, cela serait extrêmement cocasse.

Le cyclope se releva et fonça sur Beneltig, la fée lui mit un crochet du droit dans la bouche et tenta de lui mettre par la gauche, mais son coup fut bloqué par le brassard parsemé de médusite, et Tarkus contrattaqua en lui rendant coup pour coup.

Ils ont pu voir une dent appartenant à Beneltig s'envoler et le corps de celui-ci s'écrasa par terre.

Le cœur de la Fée bondit d'un coup. Le visage tiraillé par la peur de voir son amoureux perdre la vie. Elle peinait à respirer correctement.

Et d'un seul coup, alors qu'elle rechignait à s'exprimer depuis le début, le Héros expira tout l'air de ses poumons, et fit un clin d'œil à la Fée, avant de hurler :

- Allez Beneltig ! Lève-toi, tu te dois d'accomplir le rêve de ta princesse !

Tous furent stupéfaits par la prise de parole de l'humain, eux qui pensaient qu'il était muet ne s'attendaient pas à l'entendre parler, lui qu'il leur paraissait morne et sombre, avait une voix, peut-être grave, mais chantante. La Fée reconnut cette voix qu'elle avait entendu lorsqu'elle lui avait fait prendre son bain, il lui avait effectivement parlé.

- Tu...tu...parles ?

- Ce n'est pas le moment de te concentrer sur moi, gamine, mais sur ton chevalier servant qui est en bien mauvaise posture, lui rétorqua-t-il en le pointant du doigt, c'est quand même vachement pratique ce Partage de Vision !

La prise de parole du Héros remit d'aplomb la Fée qui avait perdu tout espoir de voir son rêve se réaliser, elle participa aux encouragements de son ami humain.

- Vas-y Benji ! Relève-toi, tu peux le faire !

Les champions et les princesses connaissaient le rêve de la Fée, pensaient tous qu'il était stupide et qu'elle était stupide d'être représentée par la pire pleureuse qui soit, mais le fait que cet Homme puisse lui faire reprendre courage au point qu'instantanément, elle retrouve sa détermination à réaliser son rêve et à croire en son champion, tenait plus d'une espérance désespérée que d'une vraie confiance en elle.

Ils ne comprenaient pas pourquoi elle était résolue à devenir reine à cause d'une probabilité donnée sur le ton de l'humour, il y a dix ans de cela. Mais son regard qui flamboyait d'opiniâtreté, montrait sa ferme volonté à tout faire pour accomplir l'impossible, même à croire en un incapable comme Beneltig qui défiait un démon comme Tarkus – ce n'était même pas David contre Goliath, ça tenait plutôt de Long Nez face à la Créature la plus puissante du monde.

Le public, touché par les encouragements désespérés, se mit lui aussi à encourager la fée connue pour sa lâcheté, suivi de certains champions et princesses-fée, sauf Diasirée, Mnemma et Roxanne, et une minorité d'autres princesses ne manifestèrent pas l'envie de le faire. Thoosa serrait les accoudoirs de son siège et les dents de toutes ses forces.

La Fée criait le nom de son héros jusqu'à se retrouver en larmes. Sa clameur était si passionnée que le Héros n'eut put être qu'admiratif. Même s'il trouvait que cela était incroyablement bête de croire en une résolution impossible, en un miracle en somme... et c'est bien à cause de cette bêtise qu'il l'appréciait tant, il aimait les gens aussi bêtes que lui !

Le seul qui était gêné par autant d'engouement autour de sa personne était Beneltig lui-même. Il n'avait aucun intérêt à recevoir des encouragements, surtout son projet.

Le processus était trop lent pour que son plan fonctionne, il aurait pensé que dès que César s'en serait aperçu, il aurait mis fin au combat. Mais apparemment, il lui fallait une « intégrale » pour intervenir.

Il se releva alors et se confronta à Tarkus, plus fou qu'auparavant, il ne supportait que tout le monde se soit rallié à la cause de cette vile fée sans courage. Il allait bien leur rabattre leur caquet pour qu'ils comprennent une bonne fois pour toute qu'il était le plus fort.

Le cyclope frappa Beneltig dans le bras mais celui-ci résista à la douleur du coup de celui-ci, Beneltig prit alors l'initiative de répliquer face à son adversaire qui para ses coups en le faisant frapper ses brassards, ce que la fée fit avec acharnement.

Et après une série de coups impressionnants, non pas par leur force mais par le nombre, Tarkus découvrit que la fée remplie de couardise s'était jouée de lui, il découvrit avec stupeur le plan de son assaillant : être changé en bloc de diamant. Le processus avait été accéléré car il avait laissé faire son manège sans qu'il s'en aperçoive. Le diamant se mit à recouvrir tout le corps de Beneltig de plus en plus vite.

- Echec et Nat ! s'exclama la Fée.

Et « mat », abruti !

Tarkus n'en revenait pas d'avoir été dupé par un minable tel que lui. Lui, le « plus fort » des champions ne pouvait être vaincu par un minable tel que lui.

Tentant le tout pour le tout, il essaya de transpercer l'espace encore pas recouvert de diamant, il fut stoppé par les services spéciaux du royaume qui l'étreignirent.

César déclara la fin du match, la disqualification de Tarkus pour avoir usé d'une magie de niveau trois directement sur son adversaire et Tadzi proclama la victoire de Beneltig. La Fée tomba à genoux, stupéfaite par la victoire de son champion, et à bout de souffle, la voix égosillée par ses cris d'encouragements à l'encontre de son bien-aimé. Le Héros lui ébouriffa les cheveux et lui dit :

- Félicitations.

Elle fondit en larmes et se jeta encore une fois sur lui pour pleurer.

- Pas encore ! Tu vas me mettre encore de la morve et des larmes sur son haut.

On peut entendre Thoosa soupirer de soulagement.

Tarkus, enragé de se voir disqualifier allait user de toute sa force pour tuer la fée en un seul coup de matraque en fer, le Héros, alors qu'il se préoccupait de la fée aptère qui vidait toutes les larmes de son corps sur lui, sentit l'envie meurtrière de Tarkus, il s'arracha des bras de sa garante et sauta dans l'arène pour arrêter le cyclope.

Thoosa remarqua en même temps que le Héros que son protecteur était devenu complétement dérangé, il avait perdu la raison et allait commettre l'irréparable, elle lui cria de s'arrêter mais Tarkus était devenu hermétique à toute discussion, sa seule envie était de pulvériser Beneltig – avait-il vraiment la force de briser du diamant ? Sûrement... Décidée à le stopper avant qu'il ne soit trop tard, elle s'envola à sa rencontre.

Mais bien avant que le Héros ou Thoosa n'arrivent, débarquèrent sur le terrain, Tadzi et César qui arrêtèrent Tarkus dans son envie de tuer, Tadzi le menaça avec une lame faite à partir de son bras et César avec sa jambe.

- Sale gosse, tu ferais mieux de t'en tenir là, l'avertit César parce que à ta prochaine action, tu risques fortement de rencontrer Cétin qui t'emmènera rencontrer la Source de Vie.

Refusant d'arrêter le combat, Tarkus fit de grands gestes avec ses bras les dégageant de son passage et courut vers Beneltig enfermé dans le diamant, il allait mettre un coup dans le caillou, mais le Héros s'interposa entre la matraque et sa cible, en arrêtant simplement le coup du guerrier cyclope enragé avec son avant-bras, puis à la grande surprise générale, l'arme se brisa au contact de celui-ci, un bout cognant le diamant. Le cyclope surpris se stoppa net, le regard que lui envoya le Héros devait y être aussi pour quelque chose, l'organisateur et le présentateur en profitèrent pour coucher Tarkus en lui assénant un coup de pied dans la gorge de la part de César et en le bloquant avec des bouts de slime.

Le Héros souffla, il n'avait pas eu à combattre. Il se tourna en direction des loges et fit coucou à la Fée qui l'observait. Elle aussi souffla de soulagement.

Le cyclope se tint tranquille et fut transporté par des gardes, les autres concurrents étaient emmenés sur des civières par des médecins, trois princesses coururent hors des loges pour aller voir leurs champions dont l'une d'entre elles, une blonde qui devait être la dénommée Cynthia qui n'avait pas arrêté de crier à la vue de l'amazone qui se faisait rosser par Tarkus.

Thoosa était dépitée par ce qu'elle venait de voir, la fée sans aile avait réussi à gagner grâce à un excellent stratagème bien orchestré à cause de la crédulité et la méconnaissance en magie de Tarkus. Mais ce qui la choqua le plus, c'est l'arme de Tarkus qui se brisa à la rencontre du bras de l'humain.

- Fée sans aile, où as-tu trouvé cet Homme ?

La Fée se tourna vers son ancienne rivale et lui répondit avec un petit rictus de fierté :

- Ce n'est pas moi qui l'aie trouvé, c'est le destin qui l'a amené à moi.

La reine rit aux éclats face à la victoire du plus couard de tous les champions.

- Mais qui aurait pu penser que ce poltron serait le grand vainqueur du match d'ouverture ? dit-elle ironiquement, sûrement moi vu l'argent que je viens d'obtenir grâce à sa victoire.

Globox et Detsine enrageaient de colère, ils avaient parié une fortune sur de bien meilleurs combattants que lui.

- C'est injuste ! s'insurgea Detsine, il ne mérite pas sa victoire !

- Oui, confirma la reine-fée, c'est injuste, réellement injuste, mais dire qu'il ne mérite pas sa victoire...

Elle reprit son fou rire à en pleurer.

- Je suis désolée de vous le dire mais il a su jouer avec les règles. Comme l'a dit cette chère Thoosa : « Vous savez très bien les enjeux de ces combats, vous voulez encore parler d'honneur alors que ceci ne rentre plus en compte ? ». Ce petit bonhomme a su jouer avec les règles, vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous-mêmes si vous avez parié sur des combats beaucoup plus permissifs qu'à l'accoutumé, vous avez vraiment cru que les combats seraient comme dans leurs sessions d'entraînements ? Vous vous êtes mis le doigt dans l'œil jusque dans...

- J'espère que vous allez dire la bonne expression, ma reine, le prévint Sawyer.

- Le dernier mot commence par un « u ».

- Non ce n'est pas ça.

- Donc j'annule mon expression. Mais vous deux, vous êtes des imbéciles, donc merci, pour l'argent.

Furieux d'être mis en face de leur propre cupidité ils s'en allèrent des loges royales, grommelant des insanités à l'encontre de Beneltig et Tarkus.

- Est-il sérieux de quitter son poste lorsqu'on a la charge de la protection de la reine ? demanda Sawyer à la reine.

- Ne t'en inquiète pas, nous avons établi une règle qui fait que tant que l'un de vous deux est à mes côtés, l'autre peut aller vaquer à d'autres occupations, comme bouder dans ce cas précis, rit-elle.

Sawyer soupira d'exaspération mais fut réjoui que sa protégée et meilleure amie ait retrouvé le sourire.

- Tu as vraiment parié ?

- Non, j'ai dit à l'autre forcenée de le faire comme ça, elle pourrait nourrir de nombreuses familles dans les Basfonds, bailla-t-elle.

- Donc les dés étaient pipés ?

- Non, je lui ai dit de consulter l'oracle.

- C'est interdit.

- Je suis la reine.

- Pas elle.

- Je lui ai donné une dérogation royale, dit-elle avec un ton hautain et en s'éventant avec son éventail.

Sawyer secoua la tête. La reine reprit son sérieux.

- Tant que le décret n'a pas été voté, c'est l'une des seules aides que je puisse leur offrir.

- Tiens, ta bonne humeur s'est aussi vite envolée qu'elle est venue ?

- Donc, je suis sérieuse deux minutes, je boude ? Tu abuses !

- Il est rare de te voir aussi en colère que pendant le début du combat, Sélia, déclara le garde, ne me mens pas et dis-mois ce qui ne va pas. Je te connais. Ça concerne quel aspect de ta vie ? Sentimental ? Professionnel ? Royal ? Culinaire ?

La reine se tourna vers son garde du corps et le regarda droit dans les yeux et lui dit :

- Marrynelia s'est réveillée.

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