La Secte de la Légion des Adorateurs de la Sorcière Marrynelia
Bon. Bon. Bon. Bon. Par où commencer ? Sûrement par là où on s'est arrêté la dernière fois que nous avons vu notre petit groupe.
Le Héros avait stoppé son sparring-match contre Beneltig après dix minutes d'affrontement, celui-ci avait abandonné bien facilement alors que le Héros n'avait même pas envisagé d'user de la menace sur ses ailes. Quelques jours auparavant, il l'aurait fait mais désormais, après avoir entendu l'histoire de Avelilinélia, comment pouvait-il se permettre de torturer une nouvelle fois une fée – est-ce son histoire ou Avelilinélia qui lui ont fait changer d'avis ?
Mais qu'est-ce qui arrive à celui qu'on surnomme le Démon-Sans-Visage ? Va-t-il devenir un véritable héros de la légende, altruiste et tout le tintouin ? se moqua le Némésis dans son esprit, fais attention ! Cela va te jouer des tours si tu t'y crois un peu trop. C'est un simple conseil d'ami... et un petit rappel des vies antérieures des anciens héros de la légende.
- Je pense sincèrement qu'il faut que tu arrêtes de jacasser dans ma tête, petite merde ! chuchota le Héros en Franca.
Je te préviens comme tout ami qui se doit et tu me traites ainsi ? se désola le Némésis, j'aurais pensé que la cruauté qui te sied bien t'aiderait à m'affronter mais je pense que je vais devoir venir faire un tour à Sylvania pour te rappeler que tout est éphémère ici-bas.
- Mais ferme ta gueule, à la fin ! explosa le Héros.
- Qui ? Moi ? demanda Beneltig.
- Non pas toi ! Mais ça vaut aussi pour toi. J'en ai marre d'entendre tes pleurnicheries à la longue, s'agaça le Héros, maintenant que t'es décidé à nous parler de cette secte, suis-moi.
Le Héros le souleva de terre et le tira par le bras et l'emmena dans l'antichambre de la cave où se trouvaient Malalalivia et un enfant qui taillait un bois pour faire passer le temps. Ils furent surpris de voir Beneltig en un si mauvais état après le passage du Héros alors que leur entrevue n'avait duré que dix minutes au bas mot.
- Pourquoi il est... ? demanda Malalalivia.
- Je t'ai dit que tu étais trop gentille et que je me devais de faire le sale boulot, lui dit le Héros, maintenant il est prêt à se mettre à table.
- Ce n'est pas comme ça que se doit de se comporter le héros de la légende, le réprimanda-t-elle.
- T'inquiète, je n'ai pas atteint à son intégrité féérique.
- Ce n'est pas le problème !
- Appelle les deux autres, lui ordonna-t-il coupant court à ses réprobations.
Elle accepta mais jura d'avoir deux mots avec lui plus tard, et partit ramener Lin, Lelelitio et Tarkus. Le Héros assit Beneltig sur une chaise et se tint debout à côté de lui.
- Moi, je suis tout à fait d'accord avec ta méthode, intervint le garçon dans le coin de la pièce.
- Merci... mais ce n'est pas la bonne chose à faire.
- Pourtant elle a marché.
- Oui, mais ça reste mal.
- « Fais ce que je dis, pas ce que je fais... », récita le jeune orphelin. Je t'aime bien quand même bien que tu ne mettes pas la négation dans tes mots comme un gros paysan et que tu es hypocrite sur les bords.
- Tu mâches pas tes mots alors que tu as en face de toi ce que je peux faire en dix minutes, lui intima le Héros.
- Parce que tu apprécies faire ça ? gloussa le garçon.
- Non. Pas du tout même.
- Voilà la première phase de ton hypocrisie, alors ne joue pas la comédie.
- Tu sais que tu vas devoir partir à l'instant où Malalalivia et son servant viennent.
- Ok, ok, j'arrête de te gêner avec mes remarques, mais sache que t'es un bien trop gros mauvais menteur pour berner qui que ce soit. Allez, à plus.
Et la fée masculine s'en alla en laissant derrière lui le pieu qu'il avait créé. Après lui vint la princesse et le reste de leur coterie. A la venue de Tarkus, la tension dans l'air fut électrique. Beneltig tremblait de tout son corps face à cette masse imposante à l'œil unique qui le foudroyait de mono-œil. Mais qu'il n'ait crainte, les alliés du Héros, et lui-même, s'étaient entendus avec le cyclope sur le fait qu'il ne devait faire aucun mal à Beneltig que ça soit avant ou après l'interrogatoire. Ils se devaient de le ramener en un seul morceau à sa famille – le Héros n'avait aucune idée de comment justifier la mort de Beneltig si elle survenait malencontreusement – et de toute manière, il était l'ami de Lin, celui-ci n'allait pas le laisser se faire tuer sous ses yeux sans rien faire alors ils préféraient éviter un combat fratricide dans leur groupe.
- Bon. Maintenant qu'on est tous là, dit Malalalivia, il serait temps que tu nous parles un peu plus de ces hommes aux capuches rouges.
- Vous savez que s'ils découvrent que vous avez découvert leur existence, ils feront tout pour vous tuer, les avertit Beneltig, Lin, je n'ai aucune envie que tu sois mêlé à cela.
- La vie de la Princesse-Sans-Nom-Et-Sans-Ailes est en jeu, je ne peux pas rester sans rien faire.
- Tu dis ça parce que tu la fréquentais auparavant ? kui demanda Beneltig.
- Non, parce qu'elle est tout simplement mon amie, et j'imagine qu'au-delà du fait qu'il soit son nouveau champion, l'Humain-Sans-Visage ici présent le fait pour la même raison que moi.
- Oui, mais personnellement, je suis immortel donc ce ne sont pas ces fanatiques qui vont me faire quelque chose.
- Ah ! Parce que tu crois que c'est ton immortalité qui va te sauver ? beugla-t-il en direction du Héros avant de se tourner vers les autres compagnons de celui-ci, il y a des sorts bien pire que la mort et vous devriez le savoir, habitants des Basfonds, les lois n'ont pas toujours changé et les étages inférieurs des Limbes existent toujours. Vous voulez vraiment vous confrontez à des gens bien trop puissants pour vous.
Les paroles firent déglutir toute l'assemblée, sauf le Héros qui ne savait pas de quoi il parlait. Les voyant un peu pris de court, le Héros décida de mettre une gifle à Beneltig pour les réveiller.
- Je crois qu'on est allé bien trop loin pour se faire stopper par une vulgaire menace de bas étage, s'exclama-t-il, si c'est ça qui vous arrête, non seulement vous êtes des lâches, pas à la hauteur de vos paroles mais, en plus, toi, Malalalivia, qui admire tant le héros de la légende, tu penses sérieusement que c'est avec cette attitude que tu pourras te confronter au Némésis ? S'il s'en prenait à ta famille et qu'il jouait avec tes émotions, qu'est-ce tu ferais ? Tu prendrais peur ? Ou tu te battrais pour ceux que tu aimes jusqu'à la fin ? Je ne dis pas que tous les héros l'ont fait, ni qu'ils ont tous réussi mais si tu veux décider de ton futur qu'il s'agisse de ta vie ou de ta mort, c'est à la force de tes mains et d'aucune autre façon.
- Tu... tu as raison.
Me confronter au Némésis ? répéta la princesse-fée, où veut-il en venir ?
- Si on est tous d'accord, alors mets-toi à table Beneltig. Si c'est cette Grande Félonne morte qui te fait peur au point d'abandonner la fille que tu aimes, j'en fais mon affaire.
- Comme vous voudrez, mais il ne faudra pas mettre sur moi la faute des conséquences de vos actes stupides.
Il entrelaça ses doigts, des gouttes de sueurs perlaient sur son front, il n'était absolument pas serein de dénoncer ses chefs. S'ils étaient capables de mettre en danger la tête pensante du royaume de Sylvania, il était évident qu'ils pouvaient se permettre des choses inenvisageables pour le commun des mortels.
- Comme certains doivent le savoir, ce groupe travaille à la « résurrection » de la Grande Félonne.
- Euh... non, ça personne n'était au courant, affirma la princesse-fée.
Elle se tourna vers le Héros pour avoir sa validation et celui-ci lui donna un refus sans aucune équivoque possible. Du peu qu'il en avait entendu parler, cette Grande Félonne était une menace d'envergure, peut-être pas aussi grande que le Maléfique mais pour Sylvania, c'était du même acabit.
- Pourquoi faire cela ?
- Car il trouve qu'aucune reine après elle n'est légitime d'accéder au trône de Sylvania, surtout qu'aucune procédure de destitution n'a été procédée comme ça peut l'être avec notre reine actuelle. Il trouve cela injuste qu'on l'efface de notre histoire alors qu'elle est encore en vie.
- Quoi ? s'exclamèrent toutes les personnes dans la pièce, comment ça elle est en vie ? Torn le héros est censé l'avoir tuée.
- C'est un secret que pour la population Sylvanienne. De nombreuses familles dans la noblesse sont au courant que la Grande Félonne est encore en vie, et ils savent qu'aucun d'eux n'est capable de faire barrage face à elle si ce n'est le fils de Torn, Sawyer, mais il n'a pas fait montre d'une quelconque capacité égalant son père. C'est un très bon soldat etun incroyable chevalier de la reine, mais pas du niveau du héros de Sylvania.
- Et la reine n'est pas capable de vaincre cette sorcière ? demanda le Héros.
- Personne ne peut nier que la reine est la personne la plus puissante de Sylvania depuis les Rois-Combattants, voire plus encore, mais ni eux, ni elle, n'ont atteint le rang d'archimage, donc je ne pense pas que cela soit une bonne idée de parier la vie de notre souveraine face au plus grand danger qui existe pour notre royaume.
- Alors comment Torn aurait pu vaincre la Sorcière Enchanteresse ? demanda la princesse Malalalivia.
- Vous avez déjà dû remarquer que le duo qui consiste à mettre en lien un champion et une princesse-fée est calqué sur le héros et la fée de la légende...
C'est vrai, nota le Héros, je pensais cela anodin mais cet enfoiré a raison. Toutes les races peuvent défendre une fée comme tous les héros de la légende peuvent être issus de toutes les races et combattent tous avec une fée.
- ... mais contrairement aux protagonistes de la légende, ce procédé a été employé pour les lier pour que l'un et l'autre soient capable de s'entretuer au cas où l'un des deux perde la boule.
- C'est donc pour ça Torn était capable d'arrêter Marrynelia, comprit Lelelitio, et j'imagine que si une partie des gens pense que le chevalier-saint Saywer Vanguard a la capacité de vaincre la reine déchue c'est parce qu'il est son fils.
- Ce n'est qu'une théorie, hein, prévint Beneltig, et c'est la moins populaire.
- Alors cela veut dire qu'il y a une troisième alternative ? dit le Héros.
- Oui. Et elle mêle la Fée-Sans-Ailes.
Malalalivia lève la main pour poser une question, le Héros lui accorde la parole.
- Pourquoi elle aurait le monopole des fées sans ailes avec son nom ? chuchota Malalalivia à leur groupe, elle n'est pas la seule à en être dépourvue.
Le groupe se regarde circonspect, chacun se regardant du coin de l'œil pour savoir qui aurait la réponse adéquate. Lelelitio, lui, se claqua le visage, entendant une énième fois la complainte de sa protégée. Tarkus et Lin finirent par se tourner vers le Héros, celui-ci écarquilla un œil en plissant la paupière de l'autre. Alors, il lui murmura :
- Tu te plains envers qui ? C'est moi qui lui ai donné son nom ou qui ne lui ait justement pas donné de nom ?
- Ouais mais quand même..., ronchonna-t-elle.
L'elfe coupa court aux lamentations de la princesse des Basfonds.
- Sois un peu sérieuse, Malali, la réprimanda Lelelitio, tu n'es plus une gamine. C'est important ce qu'il se passe, là.
- Quel culot ! Venant de toi, Leli.
- Je peux continuer ? demanda Beneltig, agacé.
La présence de Tarkus le mettait vraiment sous pression, son regard noir provenant de son œil unique, le fait que depuis le début de leur rencontre, il n'ait pas ouvert la bouche ou encore le palpitement des veines de sa nuque jouaient sur les craintes de la fée lâche. Il ne savait pas à quel moment celui-ci pourrait déverser sur lui toute sa rage de l'avoir trompé et de s'être joué de lui – en plus, d'avoir pris le cœur de sa défunte meilleure amie. Remarquant cela, le Héros exigea de leur prisonnier de continuer au plus vite ses explications. Surtout qu'il parlait de la vie de sa protégée.
- Les fanatiques pensent que Princesse-Sans-Ailes-Et-Sans-Nom est la réincarnation de l'ancienne reine de Sylvania, à cause de l'étrange ressemblance entre elle et mon amoureuse.
Les mensonges de la reine Audisélia vont lui jouer des tours...
- Mais ça n'a aucun sens puisque tu viens de dire qu'elle est en vie au fin fond des Limbes, notifia le Héros, tu te foutrais pas de notre gueule ?
- Attends ! l'arrêta Lelelitio, tu n'es pas très familier avec tout ce qui touche à la magie ou l'ésotérisme, mais si la reine Marrynelia est en vie, elle ne peut pas l'être de façon consciente sinon elle serait beaucoup trop dangereuse. Je ne sais même pas comment elle peut être maintenue prisonnière si elle n'est pas dans le coma. C'est pour ça qu'une branche de la secte pense que vu que son corps est inutilisable, elle a décidé de se réincarner dans une nouvelle fleur de Java-Aleim. Mais n'étant pas issue de la bonne branche de la famille royale, c'est pour ça qu'elle est née sans ailes. Tuer la Fée-Sans-Ailes ramènera son âme dans son véritable corps selon eux et ils n'auraient plus qu'à la libérer et lui redonner toute sa vigueur avec l'énergie obtenue par leurs sacrifices.
- Attends, comment ça « pas de la bonne branche » ? demandèrent Lelelitio et Malalalivia, tu veux dire que...
- Oui. Marrynelia est peut-être appelée Miriati, mais elle est une Grave.
Le choc fut si brutal que Malalalivia en tomba à la renverse. Les yeux écarquillés, sa respiration se fit haletante, inspirant et expirant fortement, à en perdre haleine. Elle n'en crut pas ses oreilles. La Grande Félonne était de la même famille qu'elle, elles partageaient le même sang.
C'était inconcevable !
- Tu mens ! s'écria la princesse Malalalivia, je ne peux être de la même race que cette traîtresse !
- Et pourtant, si, confirma Beneltig, du moins, les sectaires en sont convaincus... J'en ai assez dit, je crois. Maintenant laissez-moi partir !
- Ce n'est pas assez, lui dit le Héros.
Celui-ci s'avança vers la fée, appuya sur la clavicule et lui tira sa joue gonflée.
- Je t'ai dit quoi ? On a besoin de beaucoup, mais beaucoup plus d'informations sur eux. Si la seule chose que t'es capable de faire c'est de m'énoncer un putain de cours d'histoire sur Sylvania, je te donne à cette femme que tu crains tellement, et je parle pas de la pseudo-morte mais bien d'une reine plus que furieuse. Tu imagines bien ce qu'il va t'arriver si tu es accusé d'acte de haute trahison. Tu mets en danger non seulement le royaume mais aussi la vie de la fille que tu aimes, tout ça pour t'en sortir minablement.
- Mais ferme-là ! Parce que tu crois que j'ai eu le choix ? Ce n'est en aucun ma faute si ma famille fait partie de la faction qui a choisi la résurrection de la Félonne au profit de la gouvernance actuelle, et étant donné que je me suis amouraché de Princesse, j'étais le plus apte à procéder à l'opération. Est-ce de ma faute si le plan est de passer la reine elle-même à ma pauvre amoureuse ? Ai-je choisi de me faire embrigader dans quelque chose auquel je ne crois pas ? Tu ne peux pas savoir ce que cela fait de chuter tout en bas de l'échelle sociale car tu étais déjà en bas, comme vous autres !
- Tu es un être abject, lui rétorqua le Héros, je suis pas vraiment position de faire un quelconque jugement de valeur mais sale petit bâtard, comment tu peux croire que j'en ai quelque chose à foutre de ta situation. Des vies sont en jeu !
- Et elles l'ont toujours été ! Que ça soit ici dans les Basfonds, au Sanctuaire ou de l'autre côté de ces murs, de cette carapace. Beaucoup détournent les yeux pour ne pas perdre le peu qu'ils ont et n'agissent pas de façon altruiste pour ressembler à une vulgaire figure de légende qui n'a pas été capable d'ouvrir les cieux pour que nous puissions voir la lumière du jour en cinq mille ans !
- Donc tu serais prêt à utiliser la vie d'autrui pour t'en sortir ? lui demanda Lelelitio.
- Oui et alors ? La vie est bien trop courte pour l'utiliser pour autrui sachant qu'on n'a pas tous un facteur d'immortalité et de régénération d'une puissance si grande qu'elle nous fait repousser un bras instantanément, dit-il en se tournant vers le Héros, moi je n'ai que mes centaines d'années comme vous autres.
Tarkus avança vers la fée désespérée et l'attrapa par le col de son vêtement, le soulevant de terre et faisant perdre la main au Héros.
- C'est toi qui as tué Thoosa ?
Le Héros y avait pensé au vu des récentes déclarations du petit-ami de la Fée, mais il n'avait pas osé lui poser la question à cause de la présence du cyclope, après il ne fallait pas un doctorat en astrophysique pour deviner cette éventualité.
- Réponds ! lui hurla Tarkus.
La fée était complètement terrorisée, elle savait que si elle lui répondait avec autant de franchise qu'il l'avait fait juste avant, sa tête rencontrerait le sol à une vitesse affolante et que personne ne l'arrêterait à cause de son arrogance. Mais il avait tort, le Héros met un grand coup de poing dans le genou du cyclope et poursuivit avec le même poning dans ses côtes pour qu'il lâche Beneltig, une fois au sol, le Héros le réinstalla sur sa chaise.
- Tarkus, éloigne-toi de lui. Je t'ai dit que quoi qu'il nous révèle, tu n'as pas le droit de lui faire de mal.
- Depuis tout à l'heure tu le molestes. Tu crois que tu es le seul à avoir quelque chose à régler avec lui ?
- Hé les gars, calmez-vous, ! intervint Lin.
Dos au mur, tête basse, le Héros mit un violent coup contre le mur de l'antichambre pour calmer tout le monde et y passer ses nerfs.
- J'en ai rien à foutre de ce gars, dit le Héros, j'ai un plus gros poisson à attraper qui est dehors mais je ne peux pas laisser des enfants crever la bouche béante par manque de nourriture et assassinés en toute impunité. Je peux pas laisser cette fille qui a décrété être l'ami d'un monstre comme moi être assassinée pour ressusciter je ne sais pas quelle reine maléfique. Je vais pas laisser les assassins maboules qui ont pris la vie de ton amie s'en sortir alors qu'elle voulait aussi devenir la mienne. J'enrage de toute mon âme de parcourir des sentiers parsemés de cadavres et d'injustice alors oui, j'extériorise comme je peux mais moi je sais où m'arrêter car j'arrive à me rappeler que ce gamin n'est pas la tête pensante qui l'a poussé à dénoncer à ses assassins.
- Dénoncer ?
- Tu le vois vraiment être capable de pendre quelqu'un ? Il est même pas capable de se servir de ses dix doigts à part pour peloter les seins de sa bien-aimée en me regardant pour faire naître en moi une quelconque jalousie, en plus de peloter les autres greluches avec lesquelles il la trompe.
Beneltig déglutit en apprenant que ses méfaits étaient connus de tous.
- Alors Tarkus, s'exclama le Héros, je sais que tu veux venger Thoosa mais c'est pas en le tuant qu'on y arrivera... et je n'ai pas envie que Princesse pleure la mort d'une merde pareille alors qu'il ne le mérite pas.
Un grand silence s'installa dans la pièce. Le temps que dura ce silence, les esprits finirent de s'échauffer et tout le monde put se calmer. Le Héros s'assit sur la table face à son interlocuteur.
- Je te jure sur ma courte vie que si tu nous aides à les arrêter, il ne t'arrivera rien de leur part, tu devras payer pour Thoosa, mais rien pour les actes de trahison.
- Tu agis comme si tu pouvais manipuler les lois de ce pays, lui répondit Beneltig.
- Je suis le fils de feu la meilleure amie de la reine, bien sûr qu'elle m'écoutera. Alors, dis-nous ce que tu sais sur les adorateurs de Marrynelia.
Il fallut quelques minutes de réflexion à Beneltig pour croire au bien-fondé des paroles du Héros, mais après tout, il est vrai qu'il est proche de la reine, elle pourrait sûrement le protéger lui et sa famille – malgré sa folie.
- Ils se nomment La Légion des Adorateurs de Marrynelia..., débuta-t-il.
« Fanclub » aurait le mot plus adéquat.
- ... leurs membres sont tous des haut-fonctionnaires du gouvernement, il y a des tas de personnes appartenant à la famille régente, cela veut dire que tous les secrets du gouvernement, ils en sont forcément au courant. Chaque moindre détail qui concerne la gestion du pays : qu'il s'agisse des ministres, des conseillers, des généraux, des soldats ou même des Saints de la Reine..., ils sont au courant.
- Sérieux ? dit Lin, j'ose pas y croire. Et y a aucune forme d'ironie, là, Beneltig ?
- Non...
- On assiste là à une sorte d'état profond, dit Malalalivia consterné.
- C'est quoi ? demanda le Héros.
- Une sorte d'entité hiérarchique parallèle à celle du royaume qui détiendrait le véritable pouvoir décisionnel qu'elles soient politiques ou guerrières. Ça doit être contre elle que lutte la reine.
- Le chevalier Sawyer est dans le coup ? demanda Lelelitio avec une pointe d'inquiétude.
- Bien sûr que non, lui répondit Beneltig, il fait partie des ennemis de la secte puisque faisant partie de la faction de la reine et fils de celui qui a arrêté Marrynelia dans sa folie.
Lelelitio souffla de soulagement.
- Rassuré ? Ton héros ne fait partie des méchants, le taquina Malalalivia.
- Laisse-moi tranquille.
Il avait du mal à cacher sa joie que Sawyer ne soit pas dans le complot fomenté contre la reine, ce qui fit rire un peu tout le monde.
- Tu connais leurs identités ? demanda le Héros.
- Non. C'est impossible de connaître leurs identités respectives si on ne se trouve pas en haut de la pyramide hiérarchique, je sais juste qu'il y a des gens proches de la reine et qu'ils communiquent dans deux langues mortes : l'une pour les rituels, l'autre pour communiquer des informations primordiales au sein du groupe, même celle-ci je pense en avoi entendu une variante lors de nos voyages... Il y a bien une chose qui est sûre : c'est que ce ne sont pas des rigolos ! Ils ont des féroces guerriers surentraînés et des mages puissants. S'ils voulaient fomenter un coup d'état, ils le pourraient assurément sans crainte d'échouer étant donné les agents mis en place au sein du royaume. De plus, cette « secte » ne date pas d'hier, elle est là depuis au moins quatre cents ans.
- Ah ouais ? s'exclama Lin, aussi longtemps que ça ? Qu'est-ce qu'ils ont attendu pour passer à l'action ?
- Des hommes, du matériel, un territoire propice pour qu'aucune évasion soit possible et assez d'énergie vitale pour ranimer la Sorcière.
- Tu veux dire que...
- Les enfants kidnappés ou même les adultes retrouvés morts dans des coins de rue des Basfonds viennent d'eux en grande majorité. Le reste c'est la criminalité qui traîne ici.
- Et comment ça se fait qu'aucune reine n'en ait entendu parler ? Ni les princesses de la famille Grave ? demanda Malalalivia.
- Certaines faisaient sûrement partie du complot. Pas toutes bien sûr ! En fait, il y a peu de génération de reines qui ont fait partie de la secte, mais le plus grand secret du groupe c'est qu'ils ont orchestré bon nombre de régicide sans que la population ne soit au courant, celle-ci devait pensait à des morts naturelles.
- Ce n'est pas possible, fit, choquée, Malalalivia, est-ce que c'est eux qui ont tué ma mère ?
- Non. Étant une Grave, les Adorateurs n'auraient jamais osé s'attaquer à vous.
Cela rendit toute chose Malalalivia, elle ne savait pas comment digérer cette information. Était-elle rassurée que sa mère ait été épargnée des guerres intestines au sein de la royauté de Sylvania ou déçue qu'elle soit véritablement morte pitoyablement tuée par un alcoolique alors qu'elle était l'une des fées de la légende ? Elle ne saurait répondre. C'était peut-être des deux.
- Après, dans les deux camps, il y a eu des assassinats, sans jamais que la secte soit mise à jour. C'est la perspicacité de la reine et ses pouvoirs dépassant l'entendement qui ont rendu la tâche de la Légion beaucoup plus ardue. Ils avaient pensé pouvoir la manipuler durablement, malheureusement pour eux, un moment elle s'est révoltée et s'est mise à faire plein de projets qui allait à l'encontre de la vision de la Légion. Le coup de grâce a été le « Réseau Télépathique à Ondes Électriques » : ces champs électriques qui sillonnent toute le Sanctuaire et la Haute-Ville et qui permettent à la reine de prendre connaissance de toutes les paroles et toutes les pensées des habitants du Royaume de la Forêt de la Fée. Que vous soyez résidents temporaires ou permanents, simples importateurs ou exportateurs de marchandises, elle connaîtra vos pensées.
- C'est un peu une atteinte à la vie privée ça, commenta Lin, amusé.
- Je pense qu'elle en a rien à faire, lui répondit le Héros, et tu sais où elle se trouve leur cachette à ces fanatiques de la Grande Félonne ?
- Oui, elle se trouve dans...
Brusquement, il s'arrêta de parler, les yeux figés et se jeta par terre, se tenant la gorge, le Héros se précipita à son secours pour identifier ce qui n'allait pas et vit des inscriptions runiques autour de son cou, comme s'il portait un collier. Des rires retentirent dans la pièce et des grands ciseaux passèrent à travers les murs portés par des sortes de femmes fantomatiques habillées d'haillons noirs, leurs orbites étaient vides et pourtant leurs regards terrifiaient l'assemblée, elles affichaient un large sourire bouche ouverte alors que l'intérieur de leurs gosiers ne contenaient rien.
Elles volaient et tournoyaient autour de nos six compères, les menaçant de leurs armes tranchantes.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Lin.
- Des Cisailleuses de Mortalis, lui répondit le Héros, on a pas affaire à de la merde là.
Au ton de la voix du Héros, on entendait son inquiétude. Ces êtres fantomatiques étaient presque invincibles et d'une extrême dangerosité, leurs ancêtres, les Cisailles Pécheresses, étaient moins coriaces.
Pour une fois le Héros se trouvait dans une situation bien compliquée puisque jusqu'à maintenant, il n'avait jamais réussi à en tuer une seule. Il enjoignit ses compagnons à fuir le temps qu'il trouve un moyen de les vaincre. Il allait prendre lui-même Beneltig qui souffrait le martyr mais à peine s'était-il penché sur son corps qu'une des deux adversaires tenta de lui couper la tête. Il arrêta la lame de leurs ciseaux géants à la force de ses mains mais rien n'y faisait, malgré sa force héroïque elles étaient plus fortes que lui, il allait finir avec le corps tranché en deux. Fort heureusement, il fut sauvé in-extremis par Malalalivia qui était revenue le secourir et Lelelitio qui la suivit de près.
- Je t'ai pourtant dit de partir !
- Ces choses traversent les murs ! Je n'ai pas envie que les enfants soient en danger, se justifia-t-elle.
- Je vais emmener Beneltig en haut pour identifier avec quel genre de sortilège runique il a été maudit, dit Lelelitio.
Les Cisailleuses de Mortalis se mirent à rire avec une voix stridente qui faisait vriller les tympans de toutes les personnes présentes dans la pièce.
- Ah parce que vous croyez qu'il va s'en sortir ? demanda l'une des deux monstres avec une voix étonnamment masculine, cet ignare a cru pouvoir nous trahir impunément, il va en payer le prix, rit la voix.
- Il aurait déjà dû subir son sort mais des interférences n'ont pas permis d'activer le sort à temps, dit l'autre Cisailleuse avec une voix qui était aussi masculine, alors si vous êtes capables d'interagir avec ce sort, vous nous contraignez à vous tuer aussi.
Des interférences magiques ? Encore un coup du Héros. Mais comment faisait-il ? Il en avait aucune idée, mais cela arrangeait bien son affaire étant donné qu'il ne s'agissait pas de l'apprentissage d'une technique nécessitant de la magie.
L'humain et la fée firent diversion pour permettre à Beneltig et Lelelitio de s'échapper, l'elfe inscrivit une rune sur la porte pour les sceller dans la pièce pour qu'aucun des deux monstre puisse s'échapper en traversant les murs. Le héros et Malalalivia roulèrent jusqu'en dessous de la table, le temps de réfléchir rapidement à un plan qui leur permettrait de vaincre ces faucheuses volantes aux ciseaux bien aiguisés.
- As-tu déjà rencontré des Cisailleuses de Mortalis qui parlent ? lui demanda la princesse.
- Jamais, lui répondit le Héros, à ma connaissance, elles sont dénuées de paroles. C'est une première pour moi. Et me demande pas comment les battre, je n'en ai pas la moindre idée.
- Ne t'inquiète pas. Moi je sais. Je voulais juste la confirmation qu'à l'extérieur il n'existait pas de tels monstres avec une conscience.
- Pourquoi ?
- Pour m'assurer qu'on avait bien affaire directement aux ravisseurs d'enfants qui nous parlent. Suis-moi.
Il n'eut pas le temps de lui obéir qu'elle le tira hors de la table, les deux Cisailleuses les poursuivirent et le Héros et la princesse-fée coururent chacun dans un sens opposé en esquivant leurs coups de ciseaux. Pendant un court moment de répit, la princesse lui expliqua comment ils allaient procéder pour les vaincre.
- Si tu veux les battre, il va falloir casser leurs cisailles géantes en deux, lui indiqua Malalalivia.
- Qu'est-ce que tu me chantes ? Leurs ciseaux se régénèrent à chaque fois qu'on les détruit ça ne change rien.
- J'ai bien dit casser en deux, elles sont vulnérables lorsqu'elles n'ont qu'un ciseau dans chaque main et leur visage devient brisable.
- Tu déconnes ?
- Assurément que non.
- Si j'avais su, j'aurais pas cavalé autant de fois quand je les croisais..., se plaignit le Héros.
- Mais surtout fais attention de ne pas te retrouver entre leurs lames ou à devoir les repousser, elles utiliseront ta propre force contre toi.
- Bien reçu, hocha-t-il la tête.
Le Héros glissa sous la table et s'attaqua à la Cisailleuses qui faisait face à Malalalivia. Les savant intangibles, il passa à travers elle et sauta sur l'écrou qui permettait de fixer la paire de ciseaux, et du talon, il tenta de défaire la jointure de l'arme mais ce n'était pas suffisant, les ciseaux étaient bien trop résistants. La créature fantomatique le projeta contre le mur et tenta de le poignarder en plein torse, elle fut stoppée par un mur de pierre qui se forma entre le Héros et elle.
- Viens là, l'appela Malalalivia.
Pendant ce court laps de temps où le monstre était distrait, le Héros en profita pour rejoindre la fée, elle lui dit de tendre ses mains.
- Solock, déesse de la terre et de la nature, prête-moi ta force et permets-moi de renforcer nos membres : Métallisation des membres.
Les bras de la fée et du Héros devinrent aussi durs que de l'acier. Elle effectua le même sort sur leurs jambes et tous les deux repartirent à l'assaut de leurs assaillants. Le sort sur le Héros, comme à d'habitude avec lui, fut moins efficace à cause de son anomalie.
Le Héros projeta la table sur son adversaire qui passa à travers elle, la Cisailleuse leva ses ciseaux pour qu'ils ne soient pas heurter par la table, au même moment le Héros qui s'était servi de la table pour pouvoir faire diversion usa du mur pour se projeter dans les airs et mettre un violent coup de pied à la paire de ciseaux et les brisa en quatre.
- Mais je t'ai dit qu'il fallait briser l'écrou qui les lie, pas les briser complètement ! le vilipenda la princesse.
- Les lames des ciseaux se régénèrent d'abord avant qu'elle puisse les réassembler ce qui me laisse le temps de détruire le masque qui leur servira de visage.
Et comme suggéré par le Héros, la Cisailleuse de Mortalis fit réapparaître les lames de ses ciseaux mais comme prévu par l'Homme, il l'empêcherait de les réassembler, alors elle se retrouverait à le combattre d'une façon dont elle n'avait pas l'habitude : à l'épée. Le Héros prit les lames de ciseaux brisées et enfonça ses doigts à travers pour en faire une sorte d'épée poing américain.
Ingénieux, pensa la fée, mais sera-t-il capable de vraiment la défaire dans cette configuration surtout que nous sommes dans un lieu aussi exigu ?
Elle sous-estimait bien trop le jeune garçon.
Celui-ci avait aussi pensé à cela.
La passe d'arme qu'il jouait avec son ennemie était à son avantage puisque les lames de la Cisailleuse étaient bien trop grandes pour qu'elle puisse l'affronter convenablement et grâce au sort de Lelelitio, elle ne pouvait pas se rendre intangible pour passer à travers les murs et l'attaquer par surprise.
Finalement, ils n'étaient pas piégés avec elles, mais elles qui étaient coincées avec eux.
Du moins, la situation avait changé.
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