Les manigances de Beneltig

16 minutes de lecture

Le Héros arrivait désormais à se mouvoir plus aisément avec ses béquilles, ses douleurs articulaires avaient presque toutes disparu, mais ses plaies étaient toujours présentes, au moins sa souffrance générale s'était amoindrie.

Il ne s'était pas senti aussi bien depuis très longtemps, il aurait fallu qu'il s'empiffre d'antidouleurs pendant deux semaines pour obtenir cet état de « bien-être ».

Des médecins Féériques vinrent le voir chaque jour pour l'ausculter et l'étudier par la même occasion – ce n'est pas tous les jours qu'on avait l'occasion d'examiner un être aussi singulier que cet humain.

La reine lui avait envoyé, par l'intermédiaire de deux servants, un accumulateur d'électricité rempli, il allait pouvoir alimenter son matériel électronique pendant des années.

Il avait même droit à un cuisinier et une femme de ménage qui nettoyait ses fenêtres et son mobilier.

Il était passé de prisonnier à esclave à gladiateur à hôte de marque en à peine quelques semaines, même si, officiellement, il n'avait toujours pas le droit de sortir de son appartement. Alors sa plus grande attente était les visites de cette fille qui lui avait donné son bain. Elle était la seule personne, hors personnel médical et assignée par la reine en personne, à venir lui rendre visite. Même si lorsqu'elle l'avait lavé, elle l'avait vu à visage découvert, il ne supportait pas qu'elle le voit ainsi, alors il se recouvrait souvent d'une serviette sur la tête, d'un sweat typiquement Féérique fait en racine et coton – qui le grattait affreusement.

Il était tout sourire à chaque fois qu'elle venait le voir, se demandant ce qu'elle allait lui apporter ou de quoi elle lui parler, encore des choses qui trouverait ridicules. Voyant que leurs conversations étaient vraiment restreintes à base d'hochement et de secouement de tête, elle lui donnait une ardoise et des craies pour qu'ils puissent avoir de véritables discussions. Mais bon, le Héros faisait que de perdre cette ardoise ou la cassait en jouant au tennis avec elles – l'ardoise et la Fée.

Il fut surpris du franc-parler dont elle faisait preuve, et que malgré ses airs distingués, elle pouvait être vulgaire – elle était plus proche du beauf que du bandit de grand chemin –, il apprit de nombreuses expressions désuètes en passant du temps avec dont il n'avait même pas connaissance comme « avoir une couille dans le pâté ».

Cependant, ces derniers temps, elle venait de moins en moins le voir, elle avait l'air vraiment préoccupé, voire triste parfois, il faisait semblant de ne pas le voir, mais tentait de lui remonter le moral avec des jeux et des activités stupides pour la distraire et lui arracher un sourire.

Ils étaient devenus tellement proches qu'elle lui amena une photo d'elle lorsqu'elle était petite, elle avait un énorme bide à bière – beauf depuis la naissance ! –, ses parents la surnommaient « Bouloute » – peut-être la contraction de loutre et de boule, en même temps, elle avait la même circonférence qu'une boule de bowling – mais il remarqua surtout qu'elle était recouverte de bandages. Il lui demanda comment cela se faisait-il, elle lui expliqua que lorsqu'elle était née, elle était tombée de sa fleur et c'est comme ça qu'elle s'était fait ses différentes fractures. Elle n'aurait même pas dû être en vie vu l'ampleur des dégâts.

Sous cette apparence, elle lui ressemblait un peu avec tous ses bandages...

Un jour, alors qu'ils s'amusaient sur la console de jeu offerte par la reine, la princesse mit le jeu vidéo en pause et lui fit une confession :

- Tu sais, depuis toute petite, j'ai un rêve que je souhaite absolument réaliser.

Il pencha la tête à droite se demandant où elle voulait en venir, alors qu'il restait vingt secondes pour qu'il puisse descendre la barre de vie de son personnage à zéro.

- Je ne sais pas si tu l'as remarqué mais il y a un évènement spécial qui se prépare depuis quelques mois, mais avec les remous qu'il y a eu, il a pris un sacré retard, pour désigner qui sera la prochaine reine de la Forêt des Fées parmi les princesses prétendantes au trône du royaume de la Forêt des Fées. Et au fait, j'en suis l'une d'entre elles.

L'humain n'eut aucune réaction à cette annonce, ce qui déçut fortement la Fée.

- Tu le savais déjà ?

Il secoua la tête, lui confirmant qu'il n'était pas au courant.

- Alors tu pourrais au moins faire semblant d'être surpris ! dit-elle en faisant la moue.

Le garçon haussa les épaules, en levant les mains, mais il les remit rapidement sur sa manette au cas où cela serait un subterfuge de son amie pour gagner. Mais ça n'avait vraiment pas l'air d'être le cas, elle parlait de façon beaucoup trop solennelle pour que cela soit une ruse de sa part, et même, elle ne trichait jamais contrairement à lui.

- Bon, ce n'est pas bien grave, s'avoua-t-elle vaincue, cet événement est un tournoi, et grâce à celui-ci, je vais pouvoir réaliser un rêve que je porte en moi depuis si longtemps, expliqua-t-elle, en devenant une reine, je pourrais enfin voir ce que mes congénères de tous milieux sociaux voient, dit-elle avec envie en regardant par la fenêtre du salon du logement de l'humain, juste les obtenir ferait qu'on me reconnaîtrait à ma juste valeur ! Je sais ce que tu dois penser : que c'est futile et superficiel, mais c'est la seule raison et le seul moyen pour lequel je veux accéder à la royauté.

C'était donc cela son rêve. Rien qui ne concerne fortune, gloire et pouvoir, tout ce qu'elle voulait obtenir c'était réparation pour ce que la vie n'avait pas daigné lui donner. Son rêve pouvait paraître égoïste, mais le garçon s'en moquait, il avait vu des personnes vouloir une place parmi les puissants juste pour leur égo. Après tout, un garçon était devenu roi juste pour obtenir une absolue liberté...

Elle lâcha la manette et tint son poignet droit en souriant.

- J'ai absolument confiance dans mes capacités pour obtenir la couronne du royaume, et je vaincrai mes opposants avec dextérité et courage ! Grâce à Beneltig, je suis certaine d'accéder aux phases finales... Je pourrais aisément réaliser mon rêve et voler au-dessus de tout le royaume avec mes belles ailes de toutes les couleurs, et ne plus être une honte pour le royaume.

Cette dernière phrase était un mensonge, le Héros le sentait bien. Sa voix était devenue tremblotante et elle le dit sur un ton rassurant, mais elle n'avait aucune raison de le rassurer, elle ne faisait que se rassurer elle-même. Il la fixa juste, sans rien dire, il interviendrait à un moment plus opportun que lors d'une confession.

- En parlant de lui, après-demain, il y a le commencement du tournoi et il fera le combat d'ouverture, et est-ce que, si j'arrive à convaincre la reine de te laisser venir assister au tournoi, tu voudrais venir le voir ?

Le Héros hocha la tête de gauche à droite, ça ne l'intéressait pas de voir des gens dans la même situation que lui, et jouer aux jeux vidéo était beaucoup plus stimulant à ses yeux. Le voyant hésiter, elle tenta de le rassurer en lui disant que cela sera différent que son combat, ça sera des combats entre cinq personnes même si ça ne sera pas mortel. Le garçon prit l'ardoise et lui écrivit que les combats mortels ne l'intéressaient aucunement mais si c'est 1v1v1v1v1, il voulait bien y jeter un œil. Ce qui ravit énormément la Fée. Elle le prévint qu'elle ne pourrait pas l'accompagner jusqu'à l'arène mais il l'attendrait à l'entrée des loges.

Elle se leva du canapé et s'étira, le Héros la fit se rassoir en lui tirant le bras.

- Pourquoi ? demanda la Fée en écarquillant les yeux.

Il pointa l'écran d'holovision, ils avaient une partie à terminer.

- C'est juste pour ça que tu es aussi violent, tu pourrais être plus doux quand même, rit-elle nerveusement.

C'est vrai qu'il appréciait énormément sa compagnie, mais il sentait qu'elle se retenait de déguerpir en le voyant, et cela serait bien normal, elle feintait l'indifférence face à son apparence, mais il avait vraiment l'impression qu'elle était crispée avec lui. Malgré toute la gentillesse qu'il pourrait afficher, il ne pouvait cacher qu'il n'avait aucun trait humanoïde qu'il pouvait montrer, mis-à-part tout ce qui était visible comme ses bras, ses jambes, ses yeux et ses dents. Il se rapprochait plus de l'être surnaturel que de l'être vivant. En soit, elle devait le trouver immonde.

Alors pourquoi l'invitait-elle à l'accompagner ?

- Ne sois pas distrait si tu tiens à finir le combat, regarde j'ai gagné ! dit-elle le sortant de son questionnement.

Il ne put assister, la bouche grande ouverte, qu'à sa propre défaite. La Fée sauta de joie d'avoir battu le Héros, se félicitant et le narguant de l'avoir battu s'attendant à ce qu'il prenne la mouche. Il s'approcha d'elle et lui ébouriffa les cheveux, l'applaudissant de l'avoir vaincu. Il écrivit sur l'ardoise qu'il s'était juste retenu.

- Mais oui, bien sûr, il est évident que je vais te croire.

OK

La prochaine fois je te froisse

- C'est ce qu'on verra.

Maintenant qu'elle était partie vaquer à ses occupations de princesse, il allait faire son tour des lieux habituels, parce que ça pouvait devenir aliénant de tourner en rond dans ce minuscule appartement, bien qu'il soit bien plus charmant que celui où il habitait à Vicenti. Pour l'instant, il ne faisait que visiter l'immense arbre-château nommé Yggdrasil, mais peut-être que d'ici quelques jours, il se risquerait à visiter la capitale royale, puis il irait un peu plus loin dans la Haute-Ville.

Mais, il devait d'abord finir sa visite des lieux.

Enfourchant ses béquilles et fermant la porte de son logement - pas à clé, je crois qu'ils ne savaient pas ce qu'était une serrure -, il partit faire sa balade quotidienne.

Vous vous demandez sûrement comment un être humain ayant une couleur de "peau" aussi peu commune, si, puis-je dire, pour parler du maléfice qui recouvre son corps, et handicapé pouvait sortir faire des "balades" en toute impunité.

D'abord, je vais vous répéter ce qu'a pensé notre cher protagoniste quand il s'est lui-même posé la question, en voyant que personne ne vint lui rendre des comptes : "Il n'avait qu'à lui mettre un bracelet électronique ou une balise".

Un irresponsable.

Mais il y avait bien deux autres raisons qui faisaient qu'il ne s'était pas encore fait attraper par aucun garde, dont l'une des deux, il n'était pas au courant.

La première était que le Héros ne fermait pas la porte derrière lui en sortant par celle-ci, mais lorsqu'il passait par la fenêtre. Il sauta de la sienne à celle d'en-dessous qui menait à un couloir où il n'y avait généralement personne.

Un irresponsable, je vous dis !

La deuxième raison n'était autre que la reine était au courant. Elle ne l'avait pas vu d'elle-même - elle avait autre chose à faire que de courir après un adolescent -, elle ressentait sa présence comme celle de tous les habitants de la Forêt des Fées grâce à l'électricité qu'elle diffusait partout dans le royaume. C'est bien pour cette raison, de là où elle était, qu'elle peut lui lancer une attaque de grande envergure sans que celui-ci ne sache d'où elle viendrait, ni de qui elle viendrait.

Cela étant dit, on peut aisément dire qu'elle lui facilitait la tâche, voire elle l'aidait carrément en lui indiquant de façon implicite comment éviter les gardes, les courtisans, les nobles et autres. Cependant, s'il finissait dans un cul-de-sac c'était son problème - et c'est arrivé plus souvent qu'on pourrait le croire, mais il n'est pas un homme inexpérimenté pour se laisser abattre par cela.

De toute manière, lui-même pouvait ressentir la présence des personnes l'entourant, bien évidemment, de façon beaucoup moindre par rapport à la reine de la Forêt des Fées. Cela tenait plus de l'instinct que de la magie ou d'un quelconque pouvoir spécial – je m'étendrai pas sur son « instinct »... plus que foireux.

Au-delà ses différentes escapades, il put remarquer différentes choses plus ou moins « intéressantes » :

Déjà, il avait mémorisé les passages des gardes dans les couloirs, si ça tournait mal, il pourrait aisément s'évader. Sinon, il avait remarqué que ses traces de pas s'effaçaient derrière lui, le château était sûrement enchanté comme celui dans la Belle et la Bête ou que les lumières étaient projetées par des gastéropodes à coquilles molles qui accumulent la lumière du soleil dans les oasis de lumière qu'on plaçait dans les coins sombres où la nuit ils les éclairaient de leur lumière. Autrement, c'était similaire aux autres châteaux de roi qu'il a pu voir de ses propres yeux ou dans les livres ou les holofilms.

Rien de nouveau sous le soleil.

Gambadant dans de nouveaux endroits du château qu'il n'avait pas exploré, il n'avait pas remarqué que quelqu'un le suivait dans la pénombre de ces couloirs faits de verdure, de feuilles, de mousses, de branches et de racines. Avançant dans ces passages sylvestres à la recherche d'une nouvelle curiosité à découvrir pour tromper l'ennui, il entendit vibrer l'air derrière lui et esquiva de justesse le coup de son assaillant en se jetant sur le côté. Il pointa sa béquille dans la direction de son agresseur et vit que c'était une tête qui lui était bien connue qui lui faisait face.

- T'as l'air vraiment mal en point, dit l'inconnue au crâne rasé.

Le Héros ouvrit grand les yeux et la bouche, et se jeta sur elle, l'enlaça tendrement. La femme lui rendit son câlin et lui caressait les cheveux.

- Peu importe où tu vas, tu ne peux pas t'empêcher de semer désordre et chaos, n'est-ce pas ?

Le garçon feinta de ne pas comprendre ce qu'elle voulait dire.

- Arrête ça ! Je suis au courant, la reine Audisélia m'a tout raconté, déclara Helmir, tu es vraiment comme ton pseudo-frère.

Il fit semblant de cracher par terre en détournant le regard.

- Alors arrête de faire n'importe quoi si tu veux que j'arrête de dire que tu lui ressembles, soupira-t-elle.

Le Héros bouda, Helmir s'agenouilla en face de lui et lui prit les joues avec sa main.

- Sérieusement, si je n'étais pas là, tu serais peut-être retourné dans les Limbes et tu aurais été « exécuté » ! se fâcha-t-elle, tu agis vraiment de façon irresponsable dans ta quête de vengeance stupide, je ne sais pas pourquoi Astéron te laisse agir avec tant d'aisance.

Il lui retira violemment ses mains de sa face et récupéra ses béquilles. Helmir le rattrapa et le toucha partout, le caressant avec ses mains, inspectant les moindres recoins de son corps, le faisant frissonner sans qu'il ne puisse protester vu qu'il ne pouvait pas parler « Qui ne dit mot, consent » ...

Hein ? Attends ! Qui a écrit cette phrase de... ?

- Tes membres vont beaucoup mieux grâce au Bain Miraculeux, ça change des lotions que je te donnais. C'est une bonne chose que tu sois arrivé ici.

Le Héros se retourna et l'elfe noire lui ébouriffa les cheveux.

- Je dois dire que tu as quand même bien grandi, lui dit l'espionne, il faudra un jour que des mots sortent de ta bouche pour que tu puisses me raconter tes "aventures". Tiens, on t'a donné une ardoise pour que tu puisses écrire, est-ce qu'ils comprennent le Franca au moins ? se moqua Helmir, après tout, je t'ai appris l'Oli'ane donc tu ne devrais pas avoir de problème de communication, ça te fera un souci en moins. Bon, je dois te laisser, retourne à ta promenade mais juste ne te fais pas voir par quiconque et ne va pas dans des endroits interdits, lui commanda-t-elle.

L'elfe noire sauta et disparut dans les feuillages décoratifs du plafond. Le Héros s'étonnait de sa capacité à disparaitre aussi facilement – en secret, il s'entraînait à reproduire le coup, mais ce n'était que des échecs répétés.

Soudain, il entendit un bruit provenant de l'un des culs-de-sac où il s'était perdu, il perçut la voix de deux hommes, l'une était plus aigüe que l'autre et il pensait l'avoir déjà entendue quelque part. Il déposa par terre ses béquilles pour être plus discret et se rapprocha tout doucement en sautillant du lieu de provenance de ces paroles qu'il entendait. Du coin de l'œil, il put voir qu'il s'agissait du protecteur de la princesse sans nom avec lequel elle le bassinait à lui raconter sa misérable amourette avec un homme qu'il avait vu fuir lorsqu'elle était en danger.

- Ce que je te donne là, ce sont des bracelets de force, il est très rare d'en trouver en Sylvania, ils sont détenus que par les soldats de l'armée régulière, mais surtout l'armée royale, lui expliqua Beneltig, avec ça, tu pourras décupler ta force par dix voire par vingt ! vanta-t-il ses gadgets magiques.

Le Héros en avait déjà vu auparavant, dans une armurerie de Pérestine, une ville de non-droit au Nord de Paris là Déchue, il n'était pas difficile de savoir comment des artéfacts aussi rares ont pu finir dans un lieu aussi mortel.

- Des roches enchantées ? Et que veux-tu en échange de ces bijoux de technologie magique ? lui demanda son interlocuteur, ça aura sûrement un rapport avec le tournoi, n'est-ce pas ?

Le Héros ne reconnut pas cette voix, il devait s'agir d'un champion qu'il n'avait pas encore rencontré ou croisé lors de ses escapades journalières.

- Effectivement, lui répondit Beneltig en courbant un peu l'échine, tu es perspicace.

Il trouvait le protecteur de la jeune princesse bien servile pour celui qui était censé être à la droite de la future reine.

- Tu sais que je ne te laisserai pas gagner même si je peux m'enrichir avec ces bracelets. J'ai mon honneur de champion à préserver.

- Oui, oui, ne t'inquiète pas, je le sais déjà comme je sais que je n'ai aucune chance face à toi. Mais ce que je te demande est très simple, en échange de ces objets qui te permettront de n'avoir aucun égal sur le terrain, je veux juste que tu ne me fasses aucune blessure et que tu m'assommes en un coup sur la tête.

Le Héros se demandait s'il arrivait à se regarder dans le miroir en faisant preuve d'une telle couardise - sûrement vu sa coupe bien soignée.

- C'est tout ? lui demanda le champion inconnu.

- C'est tout, lui affirma le champion de la Fée.

- Hé bien, je dois dire que tu sais te rendre utile quand tu veux, rit le champion inconnu à gorge déployée, soit, je réaliserai ton souhait.

Il vit une énorme main marronne tapoter l'épaule de Beneltig et le champion s'en alla de là où il venait. Le jeune couard put relâcher la pression et soupira un bon coup, il n'était pas vraiment habitué à se confronter aux autres, donc pour lui cette interaction était réellement un exploit.

- Ça me permettra de gagner du temps, dit-il tout bas.

Avait-il vraiment un plan pour se débarrasser des ordres que lui avait donnés les hommes aux capuches rouges ? Si c'est ça, le Héros allait le laisser exécuter son plan et voir les conséquences.

Il ramassa ses béquilles et allait s'en aller, mais le bruit alerta Beneltig qui se releva en sursaut et demanda qui était là. Le Héros réfléchissait à une tactique pour se sortir de là : faire le mort, sauter à travers un mur – en le défonçant bien sûr, nous n'étions pas en compagnie de Casper –... l'assommer tout simplement...

Beneltig sortit de son coin et vit l'humain marcher devant lui, mais il ne le reconnut pas, il s'avança vers lui et lui cria de s'arrêter. Le Héros obéit. Il allait tenter le tout pour le tout pour ne pas être mêlé aux manigances de ce lâche personnage.

Il retourna sa tête et le fixa droit dans les yeux, n'ouvrant pas la bouche, il ressemblait à une apparition fantomatique aux yeux rouges, il voulait le faire déguerpir en l'intimidant. Le garçon-fée balbutia quelques mots incompréhensibles tout en s'avançant vers le héros, voyant que son intimidation ne fonctionnait pas, il décida de jouer les gros bras. Il fit tomber ses béquilles et alla en direction du champion en bombant le torse et ignorant la fatigue de son corps, cela fut suffisant pour que Beneltig oublie sa quête d'informations et déguerpisse.

Le Héros soupira de soulagement, il ne voulait pas avoir une quelconque altercation avec l'amoureux de la Fée, il n'avait pas envie de l'avoir sur le dos, déjà qu'elle lui cassait les oreilles quand il trichait.

Il écourta sa visite du château et retourna dans son studio et se jeta sur son canapé, il vit sur la table des gâteaux avec un mot dessus. Il déplia la feuille et lut :

« Tiens des gaufres faites par ma mère, elle m'a proposé de t'en amener donc les voilà ! Je ne sais pas si tu les aimeras vu que je ne connais pas tes goûts mais en tout cas, ils sont trop bon.

PS : Fais plus attention quand tu sors ! »

Il ne savait pas si la dernière phrase était dite d'une manière attentionnée ou si c'était un reproche, manifestement, il devait s'agir des deux – dans les deux cas, il entendait la sympathique voix de son amie lui résonner dans les oreilles. En tout cas, elle était bête de penser qu'il n'apprécierait pas ses gaufres, même si elles étaient faites avec des excréments d'Ours Bluns – ce n'est ni une faute, ni une couleur, c'est leur nom, et pour ceux qui les ont rencontrés, j'espère que vous allez bien – il les mangerait car elle les avait faites en pensant en lui... bien que sa mère lui ait toujours dit de refuser la nourriture qu'on lui offrait.

« On est des clochards pour quémander la nourriture d'autrui ! » disait-elle.

Une fois, elle avait jeté une boîte qui était remplie de confiseries que leur avait offert une de leurs voisines dans un autre village que Novillios.

Puis, il se demanda comment cela se faisait que la mère de la Fée le connaissait, avait-elle parlé de lui ? Sûrement.

Il ne savait pas s'il devait l'engueuler d'avoir parlé de lui à sa mère.

Pourtant, il n'y avait rien de mal à ce qu'elle le fasse, c'était juste qu'il n'était pas habitué qu'on puisse parler de lui en bien – cela devait être sûrement en bien vu qu'elle lui avait fait ces pâtisseries.

Il remercia le Seigneur pour ce présent, béni la personne qui l'avait préparé et celle qui lui avait amené, et il put se mettre à table – il n'avait rien oublié de l'éducation chrétienne prodiguée par les Sœurs.

Le lendemain était le grand jour.

Le jour du commencement du tournoi pour la succession au trône de Sylvania.

Enfin !

Et comme à son habitude, il fallait qu'il soit en retard.

Le tournoi allait débuter dans quinze minutes et notre Héros était encore affalé pitoyablement dans son lit.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire ImaginaryFlame ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0