La Fin du Complot
La descente s'effectua dans l'Abîme Vialis.
Le lieu le plus profond des Basfonds, où même les plus grands criminels et autres ordures n'oseraient s'aventurer pour échapper à la justice à cause des putrides créatures qui se nourrissaient de la pourriture du dernier dragon à avoir été tué à Sylvania, Sarlanavin l'Asservie.
Et les Fanatiques semblaient avoir établi leur base au cœur de ce dragon.
Au milieu de celui-ci se trouvait un cube fait de bois de neuf mètres carrés. Il était recouvert d'immondices, ce qui aurait pu être totalement anodin et passé inaperçu au milieu de ce lieu malfamé, ça aurait très bien pu être une ancienne habitation si le gouvernement n'avait pas été informé que cela n'était autre qu'un camouflage.
Tous les acteurs de ce raid se retrouvèrent à six heures cinquante-cinq du matin face à ce cube de bois sans fenêtre et ne possédant qu'une solide porte comme ligne de défense apparente.
L'opération devait durer une quarantaine de minutes avec les plans fournis par leurs informateurs, les taupes et les traîtres capturés. La troupe était divisée en 3 groupes de plusieurs soldats d'élite, de la police militaire, de la défense. Trente-cinq personnes dans chaque groupe sauf celui de Sawyer se trouvant à l'entrée de cette base secrète. Les deux autres groupes étaient positionnés aux sorties de leur repère.
Le groupe de Sawyer ne comptait aucun saint chevalier – hormis Morvian qui était très en colère depuis l'annonce de la traîtrise de Globox. Il n'était composé seulement de quelques soldats, de Min qui avait tenu à participer aux opérations, comptant bien arrêter Yeneltig, de Mina qui, étant donné de son stage d'apprentissage auprès de Sawyer, se devait de participer aux opérations.
Le Héros, la Fée, Lelelitio et Malalalivia devaient s'affronter durant le tournoi donc ne pouvait participer à l'assaut du repaire de la secte de la Félonne.
Ce qui dérangeait particulièrement la fée sans ailes des Basfonds, néanmoins elle ne pouvait que l'accepter car ce combat définirait le futur qu'elle pourrait, ou non, offrir à Sylvania.
Tous étaient parés à agir, ils n'attendaient seulement que sept heures pile sonne.
Sawyer s'en alla trouver Morvian qui s'obstinait à bouder.
- Mor...
- Ferme ton claque merde !
- Mais fais pas la tête, putain ! Je ne voulais pas te le cacher ! C'est juste que...
- Que tu voulais le pincer en ne m'inquiétant pas pour pas que je l'envoie six pieds sous terre à l'instant même où tu me l'aurais annoncé ? devina-t-il, cesse ton infantilisation. Comment je peux bien prendre que l'homme avec qui j'ai passé soixante ans de ma vie, avec qui je m'amusais encore il y a encore quelques semaines en faisant des blagues perverses et en buvant des coups, nous a trahi et a tenté à plusieurs reprises de tuer une gamine handicapée et la reine qui est ma première amie ? Sans déconner...
- Je sais le choc que ça doit te faire, Morvian...
- Réglons cette histoire une bonne fois pour toute, enragea la fée dragon dont les pupilles se contractèrent devenant une fente verticale, je lui prendrai sa tête à ce traître !
- Tu comptes réellement le tuer ? sursauta Sawyer.
- Pas toi ? grogna Morvian.
Cette possibilité avait été envisagée par Sawyer, mais son cœur n'avait pas la volonté d'y venir. Il était son ami et ne voulait pas le perdre bien qu'il avait connaissance des circonstances aggravantes qu'il avait à son encontre.
Vint l'heure de l'exécution de l'opération.
Ils réglèrent tous leurs montres pour la bonne coordination de celle-ci et Sawyer partit toquer à la porte dans l'ordre qui lui avait été indiqué : trois longs et grands coups, deux coups secs et quatre coups courts. Après quelques secondes, les bruits de verrous tintèrent et la porte s'ouvrit dévoilant Mathgen.
- Salut. Entrez chers camarades.
Sawyer et Morvian lui serrèrent la main et le remercièrent pour sa collaboration.
- Malgré nos différends avec vous et Sélia, je ne la trahirai pas. Surtout pour une folle morte.
- Ne t'inquiète pas, notre « inimitié » n'est jamais rentrée en compte, le rassura Sawyer.
- Nous réglerons cette histoire à la lumière du ciel ou à la tombée des ténèbres., intervint l'impatient Morvian.
- Il est vrai, acquiesça Mathgen, suivez-moi maintenant.
La troupe s'engouffra dans la cabane et trouva des escaliers en pierre qu'ils descendirent calmement et avec vigilance. On les avait avertis qu'un nombre incalculable de pièges se trouvaient en ce lieu. Sawyer se trouvait en tête en compagnie de Mathgen, Mina et Min étaient au milieu de l'escouade, et Morvian se trouvait en queue de fil.
Tous observèrent les parois bien taillées de ce couloir secret en s'attendant à tout moment au déclenchement d'un piège d'un quelconque sort à retardement.
L'escouade finit par arriver dans l'antichambre menant au véritable repaire des Fanatiques. Et devant l'un des murs de la pièce, ils trouvèrent Helmir, les attendant, tenant un arc touchant le sol, le dos plié. Elle se releva en apercevant Mathgen et demanda en haut Oli'Ane :
- L'arset est-il froid ?
- A-t-il déjà été chaud ? lui répondit le Commandant Suprême des Armées.
- Vous en avez mis du temps, les escaliers ne sont pas aussi longs normalement.
Personne ne le savait mais, de sa propre initiative, Helmir avait agi en tant qu'agent double pour le royaume et la reine. Elle savait depuis un petit moment ce qu'il se tramait dans les profondeurs de Sylvania, mais ne pouvait en parler. Néanmoins, elle avait toujours eu à cœur de protéger toutes les personnes qui étaient prises pour cibles par le culte. Malheureusement, n'ayant pas la confiance des haut-dignitaires de la secte, elle était souvent en retrait de leurs conversations et ne pouvait réellement apporter une quelconque aide ou une quelconque information notable... Jusqu'à ce jour-ci.
- Comment veux-tu qu'on marche tranquillement alors qu'un sortilège pourrait invoquer une créature des ténèbres ? lui répondit Mina.
- Je les ai désactivés au préalable, Mathgen ne vous l'a pas dit ?
Tous fixèrent le Commandant Suprême des Armées qui ouvrit de grands yeux d'étonnement avant de cacher sa honte dans sa main droite.
- J'ai... oublié.
- Roh ! On perd du temps, s'énerva Morvian, allons nous occuper de ces abrutis.
- Ne les sous-estimais pas ! avertit Helmir, leur pouvoir est bien plus grand qu'il ne le laisse voir. Mais trêve de blabla, il est temps pour nous de détruire cette secte.
Helmir enfila ses doigts dans des cercles incrustés dans la pierre et les tourna, des gravures lumineuses apparurent devant les soldats avant que leur éclat disparaisse dans le néant. Une porte se créa avant de s'ouvrir et de laisser passer Sawyer et ses compagnons.
A partir de cet endroit, l'elfe devint alors leur guide. Sans un bruit et équipée d'un pistolet silencieux, elle tira sur les caméras de surveillance installées par la secte, sans être vue.
- Combien de matériels humains ont-ils amené ? demanda un soldat.
- Assez pour ne pas utiliser de la magie et être repéré par des magiciens ou autre personne la ressentant, expliqua Helmir.
- Même à cette profondeur ? demanda Min.
- La magie se ressent même au creux de la terre, expliqua Helmir, c'est une chose qui aime s'exprimer sans retenue. Il faut avoir effectué un entraînement très éprouvant pour aller à l'encontre de l'essence de la magie elle-même en la cachant. Ressentir la magie chez quelqu'un est bien plus difficile, que de ressentir l'utilisation de la magie en elle-même.
- Tu pourrais tout de même user de magie comme nous autre au lieu d'utiliser d'user d'armes humaines, fit remarquer un autre soldat.
- C'est intéressant comme point de vue, rit Helmir, si pour générer un arc de lumière, cela ne produisait pas de la lumière, ironisa-t-elle, en plus d'être encombrant dans ces couloirs exigus, alors que nous nous devons d'être discret. C'est bien pour ça que j'ai laissé l'autre arc. Vous et vos délires de suprémaciste Féérique à la noix... Mais c'est bien pour des troufions, au moins vous avez été assez intelligents pour
Après avoir suivi de longs couloirs, avoir traversé de longs dédales et avoir patienté de longues minutes pendant qu'Helmir et Mathgen identifiaient les éventuels pièges et les désactivaient, ils arrivèrent enfin à la grande pièce où se trouvait la secte.
Comme attendu, ses membres parlaient en une langue étrangère aux oreilles des Féériques et des humains de ce temps.
Sawyer indiqua aux soldats derrière lui d'attendre son signal avant de lancer l'assaut, il fit un décompte avec ses doigts puis, d'un geste, indiqua qu'il fallait foncer.
- Sectaires et félons, vous êtes en état d'arrestation sur ordre de la reine Audisélia.
Les hommes en capes rouges furent pris de surprise, se retrouvant encerclés par tous les soldats de Sylvania qui pointaient leurs armes sur eux, ils ne pouvaient rien faire mis-à-part lever leurs mains en l'air.
- Traîtres ! crièrent l'un d'eux à l'encontre de Mathgen et d'Helmir, c'est ainsi que vous trahissez notre souveraine légitime ?
- Désolés pour vous, mais notre reine n'a jamais été nulle autre qu'Audisélia deuxième du nom, leur rétorqua Mathgen.
- Enlevez leurs longues capuches qui cachent leurs visages, ordonna Morvian.
Les soldats s'exécutèrent et retirèrent la composition des félons qui avaient attenté à la vie de la reine et de la fée aptère pendant de longues années. Il y avait la famille Warezi, la famille de Yeneltig, d'autres familles que le Héros n'avait pas eu l'honneur de rencontrer, des gardes et des soldats dont il avait dû apercevoir le visage à de nombreuses reprises, des commerçants, des ministres et des conseillers, mais surtout le plus important, Globox, deuxième saint chevalier de la reine qui était le chef de cette secte. Le regard noir qu'il lança à ses anciens amis étaient réciproque.
Néanmoins, Min et Mina ne virent pas Yeneltig, la principale raison de leur venue dans ce lieu lugubre et menaçant.
Helmir se demanda s'il ne manquait pas quelqu'un.
- Comment avez-vous su ? demanda le chef de la secte.
- Detsine vous a trahi, Helmir et Matgen vous ont piégés, le gamin sans nom lorsqu'il est parti à votre recherche a aperçu ta blessure sur le torse que tu as eu l'audace de laisser à découvert, et en plus, vous vous êtes fait avoir par son aberrant stratagème, révéla Sawyer, la partie était gagnée d'avance. Vous n'avez pas été assez discrets et bien trop incompétents pour être capables de tuer une gamine de quatorze ans pendant toutes ces années. Et se tromper de cible alors que tu étais au courant à propos de la reine... ça en est pitoyable, le méprisa Sawyer.
- Parce que tu crois que c'est la fin de la partie, Sawyer Vanguard, fils de Torn, premier chevalier de...
Sawyer l'arrêta.
- Pas besoin d'énumérer mes titres, Globox, la plupart sont inutiles. Vous avez de la chance qu'on ne vous trucide pas ici. Vous rendrez des comptes pour tous les faibles et pauvres gens que vous avez assassinés au nom d'une morte.
- Oh que non, Sawyer ! lui sourit Globox, elle n'est pas morte. Elle vit. Je l'entends dans mon esprit depuis que nous nous sommes connus et je vais la ramener parmi nous.
- Si c'était possible, quelqu'un l'aurait déjà ramené la Félonne bien avant toi, il y a bien longtemps avant ma naissance.
- Cette personne, si elle a existé, n'entendait pas sa voix comme je l'entends, Sawyereli. Et toi, tu as été trop distrait par la mienne pour t'apercevoir que vous êtes aussi tombés dans notre piège, arrogant que tu es.
Un slime bleu tomba au milieu des fanatiques et huit tentacules gélatineuses vinrent toucher chaque mur de la pièce. Des portes en pierre s'ouvrirent, laissant sortir des Fenrirs qui s'attaquèrent aux gardes et aux soldats, ce qui permit aux traîtres en manteaux rouges de s'échapper par d'autres sorties.
- Ceux qui le peuvent poursuivez-les ! ordonna Sawyer.
- Je m'en vais à la poursuite de l'autre gros lard, dit Morvian.
- Attends !
Mais Morvian ne l'écouta et partit à la poursuite de son traître d'ami. Sawyer resta pour s'occuper des autres loups géants en s'armant de ses deux épées.
- Sir Sawyer, lui dit Helmir, allez à la poursuite de Globox, vous ne pouvez pas laisser échapper la conclusion de cette histoire.
- Et vous ?
- Ne nous prends pas pour des incompétents, le rabroua Mathgen, ce ne sont pas des clebs qui vont vaincre les descendants des Roi-Combattants, si ?
- Loin de moi cette idée, rit le Saint de la Reine, vous avez toute ma confiance, mes amis.
Sawyer se mit alors en chasse de Globox. Le slime bleu tenta d'attraper ses jambes mais il est arrêté par l'une des flèches de l'arc de lumière de l'elfe de nuit. Le slime prit une forme humanoïde et se dévoila être Tadzi.
- Helmir, Helmir, Helmir... Toi qui es la plus fidèles de mes espionnes comment as-tu pu trahir notre organisation ?
- Je l'ai déjà dit. Je ne suis fidèle qu'à la reine Audisélia. Le jour où elle ne sera plus sur le trône, je disparaitrai avec elle, alors ce n'était le cas ni hier, ni aujourd'hui que je vous prêterai mob entière allégeance.
- Alors meurs, félonne !
- Je vous retourne le compliment.
Elle tira une volée de flèche sur le slime qui encaissa toutes les flèches de son adversaire et les engloutit avant de les faire disparaître en son sein.
- C'est avec ça que tu comptes réellement me vaincre ?
- Oh que non. J'ai bien plus d'un tour dans mon sac, chef.
- Alors nous sommes deux.
Il éjecta de son corps deux cadavres de mouches sur le sol et un cercle rouge apparut à l'emplacement de ceux-ci, et les mouches revinrent à la vie, grossirent, et atteignirent une taille difforme, à la putride apparence nécrosée. Elles faisaient bien la taille d'un gros chien et avaient des dards qui leur sortaient par tous les pores de la peau.
- À vous de jouer, mes jolies.
Helmir sortit de son dos une dague enchantée de glace qu'elle dégaina en même temps qu'un large zambia, et mit sa garde en mettant ses deux armes face à elle.
Plus loin, Globox courait toujours à la recherche d'un certain artefact lui permettant de combattre ses anciens amis. Si Morvian avait une lance, il aurait pu lui lancer dans le dos pour qu'il s'arrête, mais il n'avait que son bâton magique. Il y avait une chance que ce gros balourd esquive son attaque et cela le mettrait en difficulté qu'il puisse s'en saisir. Et malheureusement pour lui, les murs étaient bien trop étroits pour qu'il puisse voler à cause de la nature de ses ailes plus tangibles que celles des fées du continent d'Europea. Mais, guidé par sa haine envers Globox, il était bien décidé à l'attraper quoi que cela lui en coûte. Morvian se propulsa à l'aide de la puissance titanesque de ses jambes et vola jusqu'à Globox bien que ses ailes écailleuses frottassent les parois du couloir.
- Ralentis, espèce de sombre fils de pute !
La fée-dragon se jeta sur l'ogre, l'agrippa à l'aide de ses mains transformées en griffes draconiques et tous les deux glissèrent tous les deux dans une réserve où des tas de tonneaux y étaient stockés. L'ogre se releva malgré qu'il eût la fée sur le dos qui tenta pour tous les moyens de lui planter ses crocs acérés dans la nuque, il se jeta sur ce dernier pour l'écraser, et poursuivre sa course pour trouver cet objet qu'il cherchait tant. Mais cela ne stoppa la fée qui se repris son assaut sur lui avec un double coup de pied jeté.
- Mais tu vas t'arrêter, oui ! lui hurla Morvian.
- Non !
Globox se leva une nouvelle fois et cette fois-ci se confronta à Morvian en le frappant dans ses côtés avec ses gros poings, la fée-dragon le lui rendit bien en le contrant avec ses prises d'arts martiaux, le contrant à chacun de ses coups. Sawyer arriva en plein dans leur face-à-face.
- Ce n'est pas avec tes petits coups que tu risques de me tuer, déclara Globox, pourquoi n'utilises-tu pas ton arme bénie de tes dieux ?
- Parce qu'elle n'a pas à être utilisé lors d'une vengeance, lui rétorqua Morvian en lui assénant deux coups de poing au visage et en lui donnant un coup de pied sauté dans le menton qui l'envoya contre les tonneaux.
Sawyer voulut participer au combat, mais Morvian le stoppa en tentant son bras.
- Je ne te laisserai pas te salir les mains alors que tu as toujours été le plus noble d'entre nous.
- Je ne peux pas, lui dit Sawyer, cet homme a envoyé ses sbires dans chaque recoin des Basfonds tuer d'innombrables enfants, de faibles personnes, pour son projet maléfique. Je compte bien lui faire payer ! s'énerva-t-il.
- À quoi bon aurait bien servi leurs vies à part être les saletés qu'on cache sous le tapis ? intervint Globox, vivre comme leurs puants de parents que vous avez parqué dans ce bidonville ? Vous n'avez jamais rien fait pour eux au point de mettre un sort autour des Basfonds pour pas que sa puanteur atteigne les sommets de Haute-Ville et du Sanctuaire, et maintenant tu veux la jouer Marraine la Bonne Fée ? Moi je leur propose autre chose, Sawyer. Je propose que leurs vies servent une cause bien plus noble que simplement quémander de l'aide de nobles arrogants et vicieux.
- Ironique pour un type qui a des nobles à ses bottes pour ramener cette grognasse de félonne, rit jaune Morvian.
- Tu me reprocherais de rejeter des gens qui ont vu la lumière, Morvian ? rétorqua Globox avec un rire narquois.
- Tu as raison, avoua Sawyer, nous n'en avons pas fait assez pour améliorer la situation du royaume et avons fui ses problèmes alors que nous avions les moyens de faire progresser les choses car nous avons été bien trop lâche... C'est pour ça que cette gamine qui a pris le nom de sa mère et de sa nourrice se bat en ce moment dans le tournoi ! Et je ne laisserai pas ses efforts être vains en te laissant détruire le royaume ! dit-il en fonçant sur lui.
Mais la provocation de l'ogre n'était pas anodine.
Il se décala sur le côté et laissa sortir une créature bipède de l'un des tonneaux brisés. Celle-ci était hideuse, recouverte de pustules sur tout le dos, une immense gueule aux dents acérées, de ses gros bras aux muscles de son corps et dénués de globes oculaires – du moins de visibles sous cet amoncellement de boutons. La créature non identifiée s'attaqua par surprise à la fée-chevalier, celle-ci semblait tenir absolument à le mordre faisant claquer ses dents dans un vacarme sordide. Puis d'autres tonneaux se brisèrent laissant sortirent ces affreuses créatures bipèdes – dont certaines ne l'étaient pas vraiment.
Dans les loges de l'arène, alors que le Héros s'équipait de ses armes, il ressentit la présence de ces monstres et ouvrit de grands yeux. Hallucinait-il ou des Corrompus s'étaient retrouvés dans l'enceinte du royaume ?
- Que foutent des Corrompues ici ?
Non c'était impensable ! Il aurait déjà senti la présence du Némésis dans les parages. Il connaissait bien ce gredin au service de son maître diabolique, et sa présence ne lui aurait pas échappé.
Il se rassura en se disant qu'il avait déliré le temps d'un instant, à cause du stress du combat, les dernières minutes avant la rentrée du combattant allait survenir, et il commençait à se laisser vagabonder dans son imagination.
Toutefois, il n'avait pas tort. C'étaient bien des Corrompues.
Les Corrompues étaient des êtres de toutes races pervertis par le Némésis mais qui n'ont pas été capable de supporter la Corruption émise par le Némésis Prime qui lui a été offerte par le Maléfique. Ils devinrent alors des êtres dénués de conscience, tachetés de pourritures et de cette Corruption qui dégouline de tous leurs pores, incapables de prononcer un seul mot, poussant des grognements et voulant corrompre d'eux-mêmes les autres êtres n'étant encore pas atteints par leurs maux, à l'instar des morts-vivants dénués de cervelle.
Sawyer sentait toute la malveillance qui émanait de ces immondes monstres décharnés et pustuleux.
- Que sont ces choses, Globox ? D'où viennent-ils ?
Globox grimpa au-dessus de la montagne de tonneaux et se retrouva de l'autre côté.
- Un cadeau de ma reine qui me les a offertes gracieusement. Je vous l'ai déjà dit non ? Elle me parle ! Elle me parle depuis ma plus tendre enfance ! Et je connais les secrets de certains d'entre vous et de ce royaume corrompu. C'est pour ça que je dois tuer la Fée-Sans-Ailes-Et-Sans-Nom.
- Ça ne répond pas à ma question !
Le saint chevalier ne reçut comme réponse que le rire fou de l'ogre fanatique.
Morvian sauva son ami en explosant, à l'aide de son bâton, le crâne de son opposant en l'agrandissant à l'intérieur de sa gueule. Sawyer put se retirer de l'étreinte du Corrompu et jeta son corps contre un de ses congénères. Le duo se retrouva encerclé de toute part par ces monstres malfaisants et puants.
- Sawyer, rattrape-le ! Je m'occupe d'eux.
- C'est bon, protesta son chef, ça prend que quelques minutes pour les défoncer.
- Non ! Les minutes qu'on perd ici ce sont des minutes qu'il gagne ! Fonce ! Moi, je m'en occupe avec le bâton.
Après un court moment d'hésitation, Sawyer sauta au-dessus des monstres et se tourna vers son ami.
- Ok, mais ne sois pas arrogant et prends garde face à ces choses, lui somma Sawyer.
- J'en prends note. Maintenant, rattrape-le !
Il hocha la tête, traversa les Corrompus en volant et se remit à la poursuite de Globox, laissant le saint chevalier qui fit décroître son bâton pour qu'il atteigne sa taille normale.
Pendant ce temps, dans la première salle où se trouvait toute la troupe, cette dernière combattait les loups géants, les mouches mutantes et le slime félon, Mina et Min s'occupaient des mouches au moment où Helmir combattait son ancien chef. Elle s'était armée d'une dague ayant un enchantement de glace pour pouvoir combattre cet invincible slime dont le point faible était justement un froid à une température extrêmement basse ou un chaud à une température très élevée. Juste le fait de tenir cette lame provoquait des gelures sur ses mains.
- Tu as toujours eu la peau fragile, Helmir, lui dit Tadzi, c'est vrai que tu n'es pas de cette partie du monde.
Helmir esquiva le tentacule visqueux qu'il fit s'abattre sur elle, et lui fonça dessus, il esquiva chaque coup de lame de l'elfe, en divisant, en projetant une partie de son corps gluant au-dessus de l'épée, avant de se transformer en boule, de bien reculer en arrière et de reprendre une taille moyenne égale aux Féériques.
- Helmir..., dit le gluant bleu dépité, la reine t'a peut-être recueillie, mais c'est moi qui t'ai enseigné tout ce que tu sais aujourd'hui. Tu penses pouvoir me vaincre aussi aisément ?
L'elfe ne lui répondit pas et chargea vers lui, toutefois elle tomba malencontreusement face contre terre, n'ayant pas vu le bout du slime qui s'était glissé en travers de sa course. Il était épais et collant et ne voulait pas se détacher de sa jambe. Alors elle planta sa dague de glace dans la gelée bleue et la solidifia pour qu'elle puisse être brisée.
- Tu as donc trouvé le moyen de me tuer...
- Comme si vous tuer n'était pas chose aisée. Il n'y a que vous qui vous croyez invincible.
À peine relevée, Helmir fut projetée par l'une des tentacules de Tadzi et fut plaquée contre un mur de la pièce, incapable de poignarder ce tentacule.
Mina et Min se débattaient avec les mouches géantes qui se jetaient sur eux pour les embrocher avec leurs piques sur tout le corps et leur lançaient un fluide acide pour les dissoudre, il était très difficile de trouver un angle d'attaque pour défaire ces ennemis insectoïdes qui projetaient leurs dards à chaque fois qu'ils tentaient de s'en approcher. Min en vint à la conclusion qu'ils ne pouvaient pas se battre seuls chacun de leur côté s'ils voulaient pouvoir tuer ces insectes. Il proposa alors à Mina de se concentrer que sur l'une d'elle, elle irait au-devant avec du monstre avec sa hache pendant que lui la couvrirait avec un arc de lumière en envoyant une salve de flèches pour distraire les deux créatures pour qu'une n'empiète pas sur le combat de l'autre.
Nul besoin d'acquiescer l'idée de ce plan puisqu'elle fonça sur la bête de droite tout en activant le glyphe runique qu'elle avait sur son arme pour l'enflammer. Elle tranchait les dards que lui envoyaient les mouches mutantes, la bête visée voulait contrattaquer mais c'était sans compter le soutien de Min à l'arrière qui était un très bon archer qui ne ratait jamais sa cible, malheureusement ses flèches n'étaient pas assez puissantes pour transpercer la chair de la mouche mais c'était suffisant pour les distraire toutes les deux. Mina réussit à s'approcher suffisamment de l'immonde créature poilue et glissa sous lui trancher la partie droite de ses pattes et se retrouva derrière elle pour lui asséner un seul et unique coup qui lui serait fatal. Le dos tranché et brulé, la mouche poussait des cris d'agonie avant de s'effondrer sur le sol dans un dernier râle.
L'autre mouche devint furieuse et s'agita de partout, mais cela n'était que brasser de l'air en vain puisqu'elle subit le même destin que sa compère. Une fois débarrassés de leurs adversaires, ils découvrirent Helmir plaquait contre le mur. Prêts à s'en prendre à Tadzi, ils se mirent en garde, mais le gluant les arrêta avant qu'ils commettent une grave erreur – selon lui.
- Je ne pense pas que cela soit une bonne idée de vous en prendre à moi alors que je tiens en otage votre ami.
- Quel ami ? demanda Mina.
Min savait très bien de quel ami parlait l'être visqueux, mais il espérait au fond de lui que Yeneltig soit en bonne santé ou au moins que le chef des espions n'avait pas menti dans ce qu'il prétendait affirmer.
- Il est revenu chez nous alors qu'il nous a communiqué une information erronée qui a valu de nous faire repérer, donc il a subi la punition adéquate. A cause des supplications de ses parents, nous ne l'avons pas supprimé, alors il fallait bien qu'il nous soit utile, donc soyez en rassurés : il a été un bon cobaye.
- Où il est ? lui hurla Min.
- Du calme, garçon. Nous avons tout le temps de...
Helmir sortit sa bouche du fluide gluant du tentacule de Tadzi et siffla un air. Soudain, un accès se créa dans le mur qui ouvrit le chemin d'un couloir vermeil.
- Filez le chercher, leur ordonna calmement Helmir d'un hochement de tête en direction du couloir.
Les deux enfants partirent à l'intérieur de ce passage qui s'était ouvert, laissant Helmir et Tadzi seuls en face-à-face.
- Même ça, tu n'as pas pu t'empêcher de le divulguer..., dit le slime dépité.
- Je savais que les gluants ne possèdent pas d'organe cérébral mais que vous soyez assez bêtes pour que je vous laisse faire votre torture psychologique m'ébahit.
- C'est ton empathie outrancière qui m'ébahit. Malgré tous mes efforts pour la faire disparaître, tu n'as jamais pu t'en débarrasser.
- Vous parlez trop.
Helmir profita de leurs palabres pour sortir un flacon rempli d'un liquide poisseux qu'elle répandit sur sa jambe et y dessina un glyphe pour que ce liquide se répande sur tout son corps et qu'elle puisse sortir de l'étreinte du slime.
- Tu t'es bien préparée pour m'affronter, Helmir. Mais ces enfants que tu as envoyé à la mort, penses-tu réellement qu'ils vont pouvoir vaincre notre création ?
- Non seulement, ils ont de l'eau du Lac des Songes en leur possession et... plus sérieusement, on parle de la reine Audisélia ou de Yeneltig ? dit-elle sur un ton rieur.
Min et Mina traversèrent le couloir et arrivèrent dans une pièce où ils virent en leur centre la jeune fée Yeneltig attachée à des chaines, à genoux sur un autel. Lorsqu'ils accoururent pour le sauver, les chaines se détachèrent et laissèrent tomber son corps. Mina stoppa Min sur sa lancée, subodorant quelque chose de néfaste émaner de leur ami.
- Tu ne le sens pas Min puisque tu n'es pas un être magique et que tes talents en magie ne sont pas en cours fameux, mais quelque chose ne va pas avec Yeneltig.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- L'autre flaque de gelée d'Aserde nous a dit qu'il a servi de cobaye, cela ne me dit rien qui vaille...
Mina avait raison, Yeneltig était bizarre. Il se leva de façon étrange, Min et Mina s'aperçurent des yeux jaunis de Yeneltig et comprirent aisément qu'il y avait quelque chose qui clochait chez l'amoureux de la princesse sans nom.
- Prépare-toi, lui dit Mina.
Yeneltig arracha ses chaines et se releva, enragé, il se dressa sur ses pieds, l'air menaçant, il grognait à la vue de ses deux amis.
- Me préparer à quoi ? lui souffla de façon arrogante Min.
Il prit la hache de sa compagnonne et fonça sur son adversaire, en même temps que lui et avec le plat de la hache, il mit un coup si violent dans la mâchoire de ce Yeneltig transformé que celui-ci fit une pirouette sur lui-même avant de s'écrouler au sol, assommé.
- Peu importe ce qu'il est, il reste Yeneltig. Apporte-moi l'eau du Lac des Songes.
Mina s'exécuta et fit boire l'eau à leur ami qui, en l'avalant et en le répandant sur son corps, reprit une apparence féérique normale avant de reprendre connaissance. Il clignait des yeux et vit ses deux amis se tenir à son chevet.
- Les... les gars...
Sans crier gare, Min lui mit une violente gifle qui le fit se redresser le buste.
- Mais pourquoi as-tu fait ça ?
- Je devrais déjà t'en mettre plus qu'une pour toutes les galères que tu nous as faits subir.
- Désolé...
Min lui en mit une autre.
- Mais je croyais que tu allais en mettre qu'une !
- C'est de la part de Nalo-vace et de la princesse Grave.
Retour à la salle principale du conflit.
Presque tous les Fenrirs avaient été abattus et aux sorties de secours, tous les Adeptes avaient été capturés par les deux groupes à l'extérieur de la planque. Helmir continua son combat contre son ancien chef. Elle était immunisée contre ses prises et chargea vers lui en gelant et tranchant ses tentacules, Tadzi n'avait pas le temps de composer un sort face aux assauts de son ancienne subordonnée.
- Vous qui êtes si pragmatique et ne vous intéressant pas aux croyances et religions des peuples qu'ils soient vôtres ou non, pourquoi adhérer à celle-ci ?
- J'ai été témoin, Helmir, de quelque chose de bien plus terrifiant que tout ce que j'ai pu voir tout au long de ma longue vie de slime. Le gamin que tu as amené ici va condamner ce royaume à quelque chose de bien plus terrible que tout ce qu'il a pu vivre jusqu'à maintenant.
- Ce gosse est fort mais pas assez pour vaincre la reine et vous pensez qu'il peut mettre en péril ce royaume ?
- Pas seulement le royaume mais le monde entier, mais ce ne sera pas lui. Lui n'est qu'un instrument au service d'un destin plus grand et plus funeste, comme ça sera le cas pour la gagnante de ce tournoi. J'ai vu, dans cette tour, au loin, qu'il se trouve un monstre avare et affamé, enfermé à double tour pendant des millénaires ne souhaitant que se repaître de ce monde et réclamer vengeance. La Félonne a eu le nez creux en se joignant à cette chose.
- Et vous avez décidé à votre tour de la rejoindre, en dépit de vos principes ?
- Je ne souhaite que me joindre aux vainqueurs.
- C'est ce qu'on va voir.
Il pouvait très bien lui cracher du poison, tenter de la surprendre en laissant des bouts de son corps et l'attaquer pour l'empoigner avec ses tentacules, grâce à son acuité visuelle accrue, Helmir esquivait tout.
- J'ai une confession à vous faire, chef...
Elle sauta au-dessus de son corps et lui planta la dague gelée dans son corps initiant l'inexorable pétrification de son adversaire.
- ... vous aviez réussi à me faire perdre toutes émotions, mais deux abrutis ont réussi à réchauffer mon cœur pour que je me donne du mal à pouvoir paraître plus féminine et plaisante avec l'un d'entre eux. En tout cas, je vous remercie pour tous vos enseignements, j'en ferai bon usage.
- Je le sais.
Le slime fut complètement gelé et Helmir le brisa d'un seul coup de poing.
Sawyer était toujours à la poursuite de Globox. Il ne le percevait même pas, il courait en suivant simplement ce couloir sombre, mais il s'aperçut très rapidement que de nombreux pièges étaient planqués dans cette cachette. Ainsi, des cercles magiques apparurent et créèrent des piques de pierre sur leur chemin, tentant de l'embrocher.
Bordel, Helmir tu avais dit que tu les avais désactivés, s'emporta Sawyer avant de se raviser, je ne crois pas qu'elle avait prévu qu'il nous échappe.
Les pièges s'enchainaient si vite que Saywer dû user de sa « magie » de déplacement instantané pour les esquiver de justesse avant d'arriver face à une passerelle marronnasse. Il y vit de l'autre côté, Globox qui courait dessus pour rejoindre une plateforme circulaire en pierre qui flottait dans l'air, dessus se trouvait un monte-charge.
- Arrête-toi, Globox !
- Tu crois qu'en me le disant je vais le faire ? Je ne te pensais pas aussi bête, mon petit Sawyereli, le nargua l'ogre sectaire.
- Oh, toi !
Sawyer, animé d'une détermination farouche, envisagea de foncer en vol vers lui, mais Globox n'avait nullement l'intention de lui laisser cette opportunité. Il était manifeste que dans cet espace vaste et ouvert, Sawyer devenait une proie aisée pour l'ogre. Cependant, plongé dans sa fureur, Sawyer demeurait insensible à cette réalité. Ce ne fut qu'après avoir été visé par une rafale de boules de feu émanant d'un parchemin, infligeant une blessure à son bras gauche, qu'il prit conscience de sa vulnérabilité accrue. Cet idiot n'eut même pas l'idée d'user de sa « magie » de téléportation pour l'atteindre tellement, il était en colère contre lui.
Alors il dut se résoudre à parcourir cette passerelle pour pouvoir voler jusqu'à lui et l'atteindre par l'angle mort de la passerelle circulaire.
Il courut sur la passerelle sans savoir qu'il était tombé dans le stratagème de Globox. Les accroches de la passerelle se dévissèrent et le pont s'écroula sous les pieds de la fée, le faisant chuter. Si Globox croyait en sa chance, il était évident qu'il ne pensait pas que deux bouts de passerelle piétineraient son poursuivant, mais au moins il put gagner du temps pour s'échapper de ces profondeurs. Il ne savait pas où allait, il ne suivait que la voix de cette femme qui lui paraissait être la Félonne et qui lui indiquait de prendre la vie de la reine et de son double pour pouvoir se réincarner en ce monde.
- Oui, ma reine... j'arrive..., disait-il avec le regard vitreux et la bave aux lèvres.
Une fois ayant atteint la surface, la personnalité de Globox commençait à s'effacer de plus en plus, ne laissant place qu'à son fanatisme inconditionnel envers celle qu'il considérait comme sa maîtresse. Il courait à toute vitesse depuis le bas des Basfonds pour rejoindre Haute-Ville où il atteindrait l'arène et pourrait s'en prendre à la princesse et la reine.
Globox était une personne chanceuse, je ne saurai dire si son souhait s'est réalisé mais Sawyer revint à la plateforme circulaire couvert de sang, il avait été vraiment pris par surprise et n'a pas eu apparemment le réflexe de déclencher sa magie spatiale. Il monta dessus et, pas le temps de se reposer, il se propulsa dans les airs et repartit à la poursuite de Globox. Il volait au-dessus des rues et des ruelles du quartier à la recherche de ce gros ogre au manteau rouge à la parure d'os.
Avec des habits aussi voyants, il ne serait pas difficile à retrouver.
Et c'est ce qui arriva.
Il le voyait courir comme un dératé dans les rues du Basfonds, poussant femmes et enfants pour tenter de rejoindre Haute-Ville. Dans le même temps, il entendit un bruit sourd derrière lui provenant du sol puis un grand fracas se créa et un énorme objet rouge et longiligne au bout doré avec, à son sommet, Morvian, accroupi, le visage furieux qui guettait partout où pourrait se trouver Globox en hurlant son nom avec rage. Sawyer se téléporta à lui, Morvian ordonna à son arme de reprendre sa taille normale, la mit dans son dos et tous les deux allèrent au-devant de leur ancien ami.
- C'est fini, Globox, lui dit Sawyer, il est temps que tu cesses cette machination.
- Tu es déjà passible de mort pour haute trahison, mais l'indulgence de la reine fera que tu croupiras en prison, le traître, déclara Morvian, alors ne jette pas le sou de Varitas sans être béni.
Globox secoua la tête de façon nonchalante et regarda ses deux vieux compagnons de toujours qu'il n'arrivait même plus à reconnaître.
- Vos menaces ne sont rien face à l'amour de ma reine ! grogna l'ogre.
- Il a perdu complètement l'esprit ! lâcha Morvian.
Soudain, le corps de leur ami se mit à noircir de toute part et une substance noirâtre se mit à recouvrir son corps, il commençait à avoir une mine affreuse avec sa gueule béante, ses yeux rougissants et exorbités. Globox entendit une voix qui lui dit « Je te l'autorise, mon enfant », c'est alors qu'il prit une dague qu'il avait cachée sur sa jambe et s'ouvrit les veines avec.
- Une lame vampire ! remarqua Sawyer, cela doit être celle qu'ils ont usée pour voler la vie de tous ces gens.
- Mais pourquoi ? le questionna son ami.
- Si la lame vampire sert à voler la force vitale d'autrui, elle doit avoir l'utilité de lui conférer un pouvoir hors norme avec tout ce qu'elle a accumulé.
- Exactement, pauvres mortels, proclama Globox d'une voix d'outre-tombe encore plus grave que sa voix d'origine, la reine m'a laissé obtenir un peu de son pouvoir pour accomplir mon devoir !
Le corps de Globox se mit à croître de plus en plus, le bras qui avait été touché par la lame prit une couleur violette en même temps que de l'autre côté, sa peau pourrissait. Sa cicatrice, au milieu de son ventre, grossit laissant place à une sorte d'étoile jaunasse, ses yeux s'obscurcirent et ses pupilles devinrent pourpres. Morvian fonça sur Globox, sortit un papier rectangulaire et l'apposa sur le ventre de celui-ci, se mordit le pouce à se le faire saigner et griffonna des idéogrammes d'une langue inconnue de Sawyer, le papier brula instantanément et la transformation de l'ogre se bloqua.
- C'était quoi ça ? Un sceau ?
- Une amulette d'Asiest, je...
La créature bestiale, qui se nommait auparavant Globox, lui mit un coup de bras qui l'envoya dans une habitation. Sawyer dégaina ses deux épées et mit sa garde.
- Globox, pour la dernière fois, rends-toi, l'implora-t-il.
- La vengeance, fée, la vengeance de mes maîtres avant tout ! Leur diner ne peut attendre !
Cette fois-ci, le Héros ressentit cette aura démoniaque parvenant des Basfonds, il la ressentit comme si elle était juste à côté de lui, une créature aussi maléfique ne pouvait être qu'une Aberration. Et donc, ça ne pouvait être que l'œuvre de son pire ennemi. Il se leva de sa chaise et s'apprêtait à partir pour aider les hommes qui étaient partis à la poursuite de la secte. Nonobstant, quand il ouvrit la porte, il vit la reine juste devant lui. Pour la première fois depuis qu'il était arrivé à Sylvania, il la vit avec un couvre-chef et un voile cachant son visage.
- Il faut que tu restes-là.
- Mais vous le sentez pas ? Enfin, vous l'avez jamais senti donc vous pouvez pas deviner la dangerosité de ce truc ! Le royaume tout entier est en danger si ce genre de créatures se trouvent ici !
La reine se tourna vers ses deux gardes du corps et leur dit de rester devant la porte pendant qu'elle discutait avec l'enfant. Ils acquiescèrent et laissèrent la reine renter dans la pièce. Audisélia partit s'asseoir sur un banc et tapota sur le bois de ce dernier pour qu'il vienne s'asseoir à côté d'elle.
Il accepta et vint s'installer à côté de la reine. Puis elle l'attrapa et l'enserra.
- Je sais que tu aurais voulu y aller, mais il faut que tu les laisses faire.
- Mais là, il y a une menace bien plus grande que ce qu'on a imaginé...
- Les Corrompus ? Ta mère, Sawyer et moi les avons déjà affrontés auparavant et ce n'est pas comme si le Némésis était toujours à leur côté. En plus, on peut les acheter dans certaines boutiques obscures vendant des abominations.
- Vous étiez au courant ? s'échauffa le Héros.
La reine expira.
- Oui, mais je te l'ai dit, nous en avons déjà affronté avant donc je n'ai pas voulu te mêler à cela pour que tu concentres toute ton attention sur ton futur combat.
- Sél... Mam... Rah !
Il hésitait trop à comment l'appeler. Cela le perturbait bien trop, ces pensées parasites sur le fait que le Némésis pourrait être présent. De plus, avec la déclaration de Mina, c'était encore plus troublant. Audisélia ne prêta pas grande attention à ses troubles, elle resta muette, immobile, puis d'un coup, elle se mit à sangloter.
- Madame la reine ? l'appela le Héros.
- Moi aussi, j'aurais voulu y aller, se lamenta-t-elle, tout ça est ma faute...
Ses larmes s'écoulèrent le long de son visage avant de s'égoutter sur sa belle robe brillante aux diverses couleurs chaudes. Le Héros mit de côté ses préoccupations, affolé par la soudaine crise de larmes de l'amie de sa mère.
- Comment cela peut être votre faute ? Vous avez tout fait pour les arrêter, et ce n'est pas votre faute si le chevalier ogre a perdu la tête.
- Mais si j'avais fait plus attention, si j'avais vraiment fait tout ce qui était en mon pouvoir pour stopper cette stupide machination qui dure depuis des siècles, si je n'avais pas refilé mon fardeau à la princesse sans nom, tout cela...
Le Héros se rapprocha d'elle et la serra entre ses bras.
- Et dire que j'étais venu pour te rassurer et maintenant c'est moi qui pleure..., dit-elle en essuyant ses larmes à travers son voile, quel genre de mère se fait consoler par son fils ?
- Même à maman, il arrivait de pleurer et que je sois près d'elle pour la rassurer, cela ne change rien à ce que vous êtes pour moi.
La reine eut un petit rire et lui rendit son câlin, en lui embrassant le sommet de sa capuche. Le Héros ne voyait pas quels bons mots utiliser pour la réconforter, toute cette humanité qu'il avait autrefois, cette fameuse empathie que leur décrivaient sa mère et Zelda avait disparu, il y a bien longtemps. Il ne pouvait désormais que réchauffer son cœur avec des embrassades.
Dans les Basfonds, alors que Morvian était inconscient, Sawyer combattait ardemment Globox sous sa forme bestialement répugnante. Il tailladait le corps de son ami sans être capable de lui porter de coups blessants ou perçants. Il lui faisait des blessures minimes, en espérant que cela l'arrête, mais il était bien trop coincé dans l'espoir qu'il se rende de lui-même. Il ne se voyait pas vraiment le tuer ! Il y a à peine quelques mois, il l'avait entraîné dans un saute-geril avec un tas d'enfants alors qu'il avait une migraine terrible, ils avaient créé une équipe de shoot-balle – [FOOTBALL, BON SANG !] – avec un taux de défaites monstrueusement grand, toutes ces parties à jouer aux cartes, toutes ces fois où il l'avait sauvé lui et Morvian, toutes ces guerres qu'ils avaient traversées en tant que frères d'armes, toutes ces situations désespérées où ils s'étaient retrouvé à cause de leur inconscience et de leurs bêtises, toutes ces disputes avec Audisélia, toutes ces fringales géantes où ils ont fait des concours de nourriture...
Tout cela ne pouvait pas mener à cette résultante ? C'était injuste !
Les yeux gonflés par la tristesse, Sawyer lui cria :
- Je t'en supplie, mon frère, arrête-toi ! Ce que tu veux faire n'est que pure folie !
La créature ne lui répondit pas et tenta une nouvelle fois de le tuer. Il esquiva en tournoyant au tour de son bras et en s'écartant en arrière.
Les habitants de la maison qu'avait percutés Morvian l'allongèrent sur leur lit et voulurent s'en occuper, mais le vacarme causé par le combat entre Sawyer et la bête maléfique était si bruyant que même en étant inconscient, il entendait ce bruit. Ce bruit incessant qui ne cessait d'éveiller sa colère, sa fureur meurtrière. Il se réveilla et se releva s'excusant au préalable auprès des habitants des dégâts occasionnés, il repartit à l'assaut de ce Globox de quatre mètres et chargea sur son mollet pour le faire tomber, ce qui fut efficace puisque le monstre posa un genou à terre. Il recula de trois pas pour éviter toutes représailles. Ses pupilles se contractèrent et prirent une fente verticale.
- Sawyer ! Utilise les Arcanes de la Lame Vrombissante !
- Mais ça va le tuer ! refusa-t-il.
- Regarde autour de toi, Sawyereli ! Tu ne vois pas les dégâts que vous causez parce que tu ne veux pas le tuer ?
Sawyer, volant au-dessus de toutes ces maisons, releva les yeux et observa le mal de toute la destruction qu'ils avaient causé à cause de leur combat : des habitations détruites, des dizaines de personnes blessées, des maisons en train de brûler... S'il n'éteignait déjà pas le feu, tout le quartier risquerait de partir en fumée, une nouvelle fois. L'ogre se releva mais Morvian lui donna une volée de coups dans son autre genou pour qu'il reste à terre.
- On est des saints chevaliers, Sawyer ! Ceux qui protègent la reine, ses intérêts, mais surtout, et c'est l'ordre qu'elle nous a donné à tous, les citoyens de Sylvania.
- Ces mêmes citoyens qui nous ont traité...
- On s'en fout ! Tu te bats pourquoi depuis des années ? Pour quelle raison, nous sommes venus les attraper ? Qu'est-ce que tu as promis à cette princesse des Basfonds ? Si Audisélia et toi, vous vouliez vous venger, il fallait le faire il y a des années et Sélia n'a jamais eu cette idée, ni toi d'ailleurs. Tu cherches juste à trouver une excuse pour qu'on ne le tue pas !
- Tu parles comme s'il n'était rien pour toi, Morvian ! lui reprocha Sawyer.
- Bien sûr qu'il n'est pas rien pour moi ! Mais... ces gens, Sawyer, c'est pour ces petites gens que l'autre gamine sans ailes se bat, et après que tu aies échoué à sauver ses ailes, seras-tu prêt à la regarder droit dans les yeux et à lui dire que nous avons échoué, que le royaume a perdu sa reine et sa princesse parce que nous avons préféré sauver notre ami ? Seras-tu prêt à perdre la femme que tu aimes ?
Misère de misère ! Morvian était peut-être le plus nonchalant, le plus tête en l'air, le plus désinvolte, le plus débauché de toutes les fées, mais il était celui qui avait le plus la tête sur les épaules du quatuor lorsque la situation l'exigeait. Sawyer enrageait parce qu'il savait que son ami avait raison sur toute la ligne, il le savait parce que lui-même connaissait le tribut d'être possédé par l'esprit de Marrynélia la Félonne.
- Je...
- Décide-toi maintenant, parce que les habitants n'ont pas ton temps.
Sawyer inspira un grand coup et fit face à son destin.
- Exécutons-le.
Le chef des Saints de la Reine rengaina l'une de ses lames pour utiliser les Arcanes de Lame Vrombissante qui n'était utilisable à son niveau qu'avec une épée. Il fit vibrer son épée au maximum, visa le corps immense avant de déclencher la deuxième arcane :
- Technique de l'école de l'art de la lame sonique : Première Arcane de la lame vrombissante : Frappe réflectrice !
L'attaque percuta le corps de ce qui n'était plus Globox et détruisit de part en part ses os faisant résonner un bruit sourd où on percevait la fracture de ses os à chaque fois que le coup rebondissait à l'intérieur de son corps. Morvian partit à l'assaut de la créature géante et l'enchaina de coups partout sur le corps pour détruire encore plus ses os et l'empêcher de se mouvoir, Globox n'arrivait même plus à se défendre. En guise de dernier recours, des ailes de démons naquirent sur son dos et il s'envola en créant de gigantesques bourrasques derrière lui. Sawyer se téléporta vers chaque habitant qui était pris dedans et les déposa en lieu sûr. Ensuite les deux hommes s'envolèrent et passèrent en dessous du monstre, ils dégainèrent chacun une épée et chargèrent depuis le bas dans sa direction.
Globox ne perçut à aucun moment que sa fin était proche, il tendait les bras, béatement vers le stade en répétant le nom de sa maîtresse, espérant accomplir son devoir envers elle, ses yeux ne quittaient pas l'arène du regard, il se précipitait là-bas sans même daigner observer ses amis lui tranchaient la tête, bien trop absorbé par l'accomplissement de sa divine mission. Mais à peine le temps d'un clignement d'œil, il se retrouva à avoir la tête qui gigotait dans tous les sens et à s'écrouler sur le sol.
Le visage assombri, les deux chevaliers-fées baissèrent la tête, sans un mot, ils venaient d'accomplir leur devoir.
Dans l'arène, l'heure du combat sonna, la reine était repartie sur son balcon, laissant couler une dernière larme en sentant l'événement tragique qui s'était déroulé. Elle s'installa confortablement sur son siège, en compagnie des autres dignitaires étrangers qui venaient de partout. Elle leur avait amené des dames de compagnie et autres ambassadeurs n'étant pas ralliés à la machination des Adeptes de la Félonne pour ne pas à avoir à leur parler dans ces instants d'infinis tristesse. Elle allait assister à l'entrée de ses deux poulains. Le Héros marchait dans le couloir le menant à son dernier combat, juste à l'entrée il vit Mana et Al-Ryanis qui l'attendaient.
- Qu'est-ce que vous me voulez ? Me tabasser une nouvelle fois ? leur demanda le Héros avec un sourire narquois.
- Tu sais très bien que tu pouvais me réduire en charpie, lui rétorqua Mananélia.
- Nous sommes venus nous excuser auprès de toi, tu as vengé le petit Jacob et ma princesse t'en est reconnaissante.
- Y a pas de quoi. Mais Jacob ne voulait pas de cette vengeance donc je me vois dans l'obligation de refuser moi aussi.
- Comme tu veux, lui répondit la princesse, alors il nous reste plus qu'à te souhaiter bonne chance face au plus grand adversaire du tournoi.
- Arrêtez, il n'est pas si terrible..., soupira le Héros.
- « Il » ? dirent en même temps Mana et Al-Ryanis.
Ils éclatèrent de rire et lui tapotèrent dans le dos avant de s'en aller.
- Va seulement sur le terrain, tu verras bien par toi-même s'« il » n'est pas si terrible.
Le Héros plissa des yeux, doutant de comprendre où ils voulaient en venir.
Il entra dans l'arène sous les acclamations de la foule, ébloui par la lumière du jour qui était affreusement lumineuse ce jour-là. Il regarda devant lui et vit une silhouette qui lui était bien familière. Rien d'étonnant, puisqu'il s'attendait à l'affronter, c'était évident que c'était lui qu'il allait affronter. Mais lorsque ses yeux s'habituèrent à la lumière du jour, il découvrit avec stupeur que son adversaire ne serait nulle autre que... Malalalivia Grave.
- Qu'est-ce que tu fous là, Livia ? s'écrit le Héros.
- Cela ne se voit pas ? Je suis ton adversaire, dit-elle tout sourire, je n'arrive pas à croire que tout ce temps, tu ne l'aies pas compris alors que c'était évident.
- Mais... Lelelitio c'est pas ton champion ?
- Au départ, oui. Mais j'ai décidé la veille du tournoi que je me battrai seule, expliqua-t-elle, pour honorer celles dont j'ai emprunté les noms. J'espère que tu n'es pas trop déçu d'affronter une femme.
- Comme si avant de venir dans ce royaume, j'en avais pas terrassé une, pouffa-t-il, c'est surtout que je me vois pas blessé une princesse de ce royaume...
- Cesse tes simagrées ! l'engueula-t-elle, comme si tu n'avais pas vu déjà mes autres blessures pour penser que je suis immaculée.
En haut du balcon princier, la Fée s'étonna de la grande amitié qui liait son champion à la fée descendant de celui dont il ne fallait pas prononcer le nom. Bien qu'il eût été un grand taciturne, il était capable de se lier d'amitié avec toutes les classes et toutes les races, traitant chacun d'eux avec équité, sans égard à leurs différences. Nonobstant, comprendre qu'il avait dû passer plus de temps avec elle qu'avec sa protégée fit naître chez la Fée une certaine jalousie envers Malalalivia.
Le Héros nota l'équipement et les habits bien différents que portait son opposante en ce jour fatidique : elle était coiffée d'un chignon enroulant sa boule sous une tresse, un plastron gris qui semblait plutôt sale et usée, une jupe violette avec des bandes bleu foncé cousu main – ce qui n'était pas une exception dans ce royaume –, et des jambières de gardes, mais le plus remarquable dans son attirail était cette arme dont il n'avait jamais vu de pareille, une sorte de double lance cavalière avec un manche court laissant peu de place pour l'accroche de la main.
C'était la seule chose de son attirail qui ne semblait pas vieillot, et elle avait un bouclier doré accroché au bras gauche.
Il lui avait semblé qu'elle était gauchère, mais soit.
Lui portait toujours son vêtement à capuche qui cachait remarquablement bien son visage ne laissant peut-être dépasser que la pointe ronde de son nez, et comme d'habitude, seuls ses yeux écarlates et ses dents étaient visibles. Ses gants avaient subi des modifications, les jointures avaient été renforcées et les griffes avaient disparues autant sur les mains que sur les pieds, pieds qui avaient été transformés en chaussures ou bottines de fer à la place d'un moule exact de ses orteils. Il n'avait qu'une épée n'étant pas encore trop à l'aise avec la Danse de la Double Lame.
L'excitation dans le regard des deux adversaires était palpable : l'un savait ce que voulait l'autre et vice versa. Tous deux nourrissaient depuis longtemps le désir de s'affronter, mais Malalalivia s'était préparée à cette confrontation dès qu'elle avait appris la présence du héros de la légende dans le royaume, anticipant ce jour avec espoir. Elle avait attendu patiemment l'occasion de se mesurer à lui, non pas dans le but de mettre à l'épreuve sa force, mais plutôt pour affirmer sa détermination à être celle qu'il était.
Toutefois, avec la promesse que lui avait faite le Héros, elle était encore plus encline à se battre de toutes ses forces pour acquérir le titre de héros de la légende ; il est vrai qu'il fut un temps pas si lointain où elle détestait le Héros pour la façon dont il se comportait en tant que héros de la légende, mais plus elle passait de temps avec lui, plus elle l'observait, plus elle comprenait, un peu, son comportement, et si cela était vraiment une vie qui lui pesait, elle était prête à reprendre le flambeau à sa place. Bien que la peur lui tiraillât les entrailles et que la réussite du plan d'invasion de la planque des fanatiques lui obsédait l'esprit...
Le Héros, lui, n'avait pas une pensée si profonde en ce qui concernait Malalalivia, il trouvait simplement qu'elle était une belle personne, autant que physiquement que moralement, elle avait démontré à de nombreuses reprises autant dans ce que lui a raconté Lelelitio que dans ce qu'il avait vu d'elle, même en ayant les hommes qui ont causé du tort à ceux qu'elle protégeait, elle était toujours lente à la colère contrairement à lui. Elle avait décidément le potentiel de pouvoir être sa successeuse, peu importe ce que disaient le Destin et la Volonté du héros – ne sont-ils pas la même « personne » ? Cependant quelque chose le chiffonnait, et l'avoir en tant qu'adversaire ici lui permettrait de le régler. Surtout qu'elle devait lui donner sa réponse sur la question qu'il lui avait posé.
Parés au combat, chacun s'approchait l'autre, se fusillant du regard. L'une avec la boule au ventre, remplie de peur d'excitation mais ayant étudié le peu de ce qu'elle avait vu chez le Héros et l'autre n'ayant presque aucune connaissance des aptitudes au combat de la fée alors qu'elle avait déjà combattu avec lui.
Ils récitèrent le discours de précombat, avec des modifications pour le Héros qui s'était décidé à le dire mais sans commettre de blasphème. César fut celui qui non seulement serait l'arbitre, mais aussi le présentateur. Tout le royaume était scotché face à ce combat, que ça soit en haut-lieu ou dans les basfonds, tous tenaient à assister à ce combat exceptionnel, bien que pour la grande majorité des habitants du Sanctuaire et de Haute-ville, Malalalivia était une véritable inconnue qu'ils ne connaissaient que de nom à cause de sa lignée déchue, mais ils pressentaient chez elle, une force inouïe et ne pouvait se dire que ce match était gagné d'avance pour le Héros.
La Fée savait que son homologue des Basfonds n'était pas n'importe qui puisque c'est son père qui lui prodiguait des cours, autant à elle qu'aux autres enfants des Basfonds quand il pouvait y aller. Et si le Héros avait une certaine admiration pour elle, ça ne devait pas être en vain.
Lelelitio était avec tous les enfants turbulents que Malalalivia avait recueillis et qui lui faisaient une misère alors qu'il voulait simplement voir le combat de sa maîtresse. Il priait pour qu'elle puisse vaincre le Héros, il savait que cela ne serait pas simple, mais il avait confiance en elle et en ses capacités pour qu'elle soit capable d'accomplir cet exploit.
- Si j'avais su que c'était toi, mon adversaire, je n'aurai pas fait renforcer le sceau de restriction, lui dit le Héros.
- Est-ce vraiment mon problème ?
- Je sais que t'es déçu.
- Un peu, mais je ne me bats pour moi alors cela m'arrange. Mais ne te retiens surtout pas.
Le Héros souffla juste du nez.
- Ah oui, j'avais un truc à te demander. Et selon le déroulement de notre combat, tu risquerais de refuser alors autant te le demander maintenant.
- De quoi s'agit-il ?
- Tu sais chanter ?
La fée souleva un sourcil d'incrédulité.
- Pourquoi cette question ?
- Bah, je dois organiser l'anniversaire de ma fée et j'ai eu envie d'organiser un concert et on m'a dit que tu savais bien chanter donc pourquoi pas faire un duo ensemble ?
- Donc tu penses que si je gagne, ta fée va accepter que je chante pour elle ?
- Euuuuuh..., bloqua le Héros.
La princesse des Basfonds soupira.
- J'accepte parce que c'est toi et que tu as l'air totalement perdu avec cette histoire d'anniversaire.
- Bah en même temps, c'est la première fois qu'on me demande d'en organiser un, rit-il.
- Mais, attends, tu sais chanter, toi ?
- Oui ! J'ai été enfant de chœur à l'église où j'habitais avec ma mère, mademoiselle.
- Allez, silence, leur dit César, ça va bientôt commencer.
- À charge de revanche, en tout cas.
- C'est cela.
César leva le bras pour annoncer le début des hostilités, chacun recula d'un saut pour se préparer. Et lorsqu'il le baissa, les deux combattants foncèrent l'un vers l'autre.
Cependant, brusquement, dans les loges royales, un Fanatique débarqua en enfonçant la porte de celles-ci. Il s'agissait de Detsine qui avait réussi à s'échapper des Limbes et était venu tuer Audisélia.
- Reine usurpatrice, il est temps que vous laissiez votre place à celle qui le mérite.
Les dignitaires crièrent d'effroi et s'éloignèrent de l'ancien conseiller qui courut jusqu'à la reine, mais il fut arrêté « in-extremis » par la jeune recrue des Saints de la Reine qui lui mit un bon coup de revers de pied de table dans les gencives l'étalant sur le sol avant de lui cracher dessus.
- S'ti pas un vicieux et faiblard comme vous qui allait s'en prendre à la reine.
La reine put annuler son sort de classe maîtrisée pour reprendre la suite du combat.
Malalalivia lança coups de lance en direction du Héros, mais celui-ci les évita avec une facilité déconcertante. Il parvint à contrer l'une des attaques lui permettant ainsi de se rapprocher de la princesse pour tenter une attaque. Cependant, elle bloqua habilement son assaut avec son bouclier. L'Héros, alors, effectua une rotation sur lui-même pour lui infliger une estocade sur le côté, mais elle se défit de l'attaque en sautant au-dessus de lui.
Conscient de ses prouesses acrobatiques, l'Héros pressentit que ce mouvement serait esquivé. Ainsi, il ajusta la lame de son épée pour orienter la pointe vers le dos de la princesse, espérant la transpercer. Toutefois, cette manœuvre ne rencontra pas la résistance attendue, laissant l'Héros perplexe face à l'absence de toute sensation à la pointe de son épée.
Il ne sentit aucun poids sur sa lame, ni qu'il avait touché quelque chose.
Normalement à cette distance, il était sûr qu'elle aurait dû atterrir proche de lui et son épée était assez longue pour la toucher. Il comprenait qu'il y avait quelque chose d'étrange lorsque César se tut en plein milieu de sa phrase. Même le public était silencieux. Il se retourna alors calmement, craignant le pire et ne vit personne derrière lui, il tourna sa tête de gauche à droite et ne vit personne.
- Au-dessus, gros bêta.
Le Héros leva les yeux au ciel et n'en crût pas ses yeux : la princesse-fée sans ailes Malalalivia Talemilia Grave... volait.
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