Retour sur Avelilinélia : ses nouveaux emplois
Loin des Terres Désolées de Kano, un conflit éclata entre le royaume de la Contrée des Azeralis et la République des Troisièmes Patriarches de Valertaz. Un conflit qui durait depuis plus de trente-cinq ans où aucun des deux belligérants n’arrivaient à avancer malgré leurs stratégies ou leurs magies ou technologies. Les sapins de lys avaient perdu leur blancheur pour arborer une robe écarlate à cause des nuages de sang du conflit, bien sûr, s’ils n’étaient pas brulés lors des assauts guerriers des deux nations.
Les deux états étaient humains, mais la différence entre les deux n’étaient qu’idéologiques. Un guerre qui avait débuté depuis leurs père fondateurs. L’un croyait en la force, l’autre en la science. Quelques insultes par-ci, par-là et les flammes de la guerre naquirent dans ces plaines glaciales de la péninsule d’Aldebor, iles se trouvant de l’entrée de la mer de tous les périls.
Il n’eut aucun changement dans cette guerre interminable jusqu’au jour où les Patriarches, chefs de la république, dépensèrent leurs derniers deniers, alors que la population crevait de faim jusqu’à s’entredévorer pour vivre un jour de plus, dans de guerriers surpuissants, au renom mondial et à la férocité inégalable : l’armée du royaume protecteur de Féériques, Sylvania.
Quatre mois et trois semaines s’étaient écoulés depuis le départ du Héros, et beaucoup de choses avaient changé. Avant d’aller voir la dame de son cœur, allons voir une autre femme qui l’intéressait plus particulièrement : Avelilinélia Malalalivia Talemilia Grave – Lilinélia pour les proches, Liline pour les intimes, et si vous n’en êtes pas, ne vous étonnez pas de recevoir un coup dans le derrière.
Elle paraissait être la même femme que lors du départ, mais quelque chose semblait avoir changé, ses yeux étaient beaucoup ternes, ils avaient perdu de leur éclat…
L’armée de Sylvania était au repos.
Bien que ce début de bataille s’était mal déroulé puisque leurs informateurs s’étaient trompés dans les informations qui leur avaient fournis, les soldats de Sylvania festoyaient joyeusement après cette déculottée qu’il s’était prise. En même temps, pourquoi s’inquiéter lorsqu’ils avaient avec eux, un futur prodige de la stratégie ? Sans oublier sa beauté et sa force qui donne à chaque homme du bataillon de se lever de bonne heure chaque matin pour la voir avant qu’elle s’enferme dans sa tente à réfléchir à un nouveau moyen de défaire leurs ennemis avec le moins de morts possible – bien qu’ils furent nombreux à lui dire de ne pas se préoccuper de cela tant qu’il gagnait leurs batailles.
Cette assurance et cette confiance qu’avaient les soldats envers leur stratège n’étaient pas du goût de la personne en question. Bien que le conflit reprenne le lendemain, d’après le conseil de guerre de la république, laissant le temps à Avelilinélia de retravailler la stratégie à exécuter face à ces ennemis, elle était la personne la plus inquiète sur le champ de bataille. Comme dit plus tôt, le début de cette bataille avait mal commencé à cause des fausses informations rapportées puisqu’il semblerait que les soldats possédant des machines robotiques extrêmement redoutables ne soient pas ceux de la république mais de la nation Azeralisienne.
Ce qui changeait totalement la donne.
Ils n’étaient pas venus avec les bons soldats pour se confronter à des machines tirant des boulets explosifs créant d’immenses cratères.
Cela faisait à peine trois mois et demi environ qu’Avelilinélia avait acceptés le rôle de Karyoten, le stratège en chef des armées sylviennes, mais il n’était pas à en point douter que l’intelligence que lui prêtait l’ancienne reine n’était pas surfaite. Bien sûr, elle dût recevoir un entraînement accéléré grâce à la console de simulation poussée qu’Audisélia avait achetée en attendant que les ministres acceptent que le royaume use de la technologie humaine, et elle était aidée par l’ancien Karyoten, Caemgen Barskersclay, le ministre des Festivités, mais il fallait noter qu’elle avait un certain talent pour avoir réussi à minimiser les pertes lors de la deuxième bataille contre les robots du royaume.
Actuellement, elle étudiait les cartes de la péninsule pour savoir comment diriger ses hommes jusqu’à la base ennemie.
- Rah ! Si j’avais Dame Audisélia sous la main, je les aurais fait traverser le champ de bataille sans me soucier de rien… Mais vous voulez bien la fermer !
Avelilinélia, prétendue mère de quatorze enfants, n’a pas pu laisser deux d’entre eux, de nouveaux enfants qu’elle avait recueillis après qu’elle est perdue son combat face au Héros et qu’elle ait chanté à l’anniversaire de la Fée, ils étaient tellement attachés à elle, l’accompagnant à chacune de ses allées et venues qu’elle n’avait pas réussi à s’en détacher, même pour aller combattre loin de son pays.
- Jeeee peeeennnssee qu’iillll faaaauuut que tu mooonnntres plus aaammmple reeeessspect à l’ancieeennnne reeinne de noootre royaaauuume, dit Caemgen.
- Axcel.
Pour dire un sort en employant qu’une formule et non la phrase entière, il faut vraiment avoir un talent magique d’exception ou avoir effectué un travail acharné pour être à un niveau suffisant pour délaisser les formules entières. Ce qui prouvait qu’elle avait bien atteint le niveau de magie maîtrsiée.
Caemgen Barskersclay put parler à vitesse normal.
- Je veux bien lui montrer plus ample mais je suis actuellement en train de traiter chaque homme comme une unité et Dame Audisélia a la même valeur que les autres sur les échiquiers de mon plateau, bien qu’elle serait mon champion légendaire comme dans ce « jeu vidéo » auquel j’ai dû jouer jours et nuits sans m’arrêter avec ce casque qui me donnait mal à la tête sans arrêt.
- Je le sais, lui rétorqua l’ex-Karyoten, je te taquine seulement. Et le jeu en question est « Emperors and Conquerors VII », je t’ai déjà dit d’être plus précise dans chaque chose que tu dis, fais ou entreprends.
- Je le sais. Et évitez d’employer cette répugnante langue en ma présence.
Par curiosité malsaine, Avelilinélia s’en était allée se renseigner sur le dialecte utilisée par les fanatiques de Marrynélia la Sorcière Félonne et s’attendant à un dialecte diabolique pratiquée par les plus grands démons accompagnant Père Wara-gra’teni, l’un des nombreux ennemis du panthéon divin auquel roi les fées de Sylvania et d’autres Féériques – oui, elle n’a pas pris en compte ce que lui avait révélé Beneltig. Mais elle se rendit compte que cette langue, n’était qu’une ancienne langue humaine utilisée par des idiots d’humains.
- Excuse-moi. Il est vrai que ces événements remontent à il y a peu. Pour en revenir à notre situation actuelle, je lui ai expressément dit de ne pas venir pour que tu puisses t’en sortir sans notre arme de destruction massive, lui expliqua-t-il, surtout qu’elle doit surement être très occupée avec la phase finale de la course à la couronne qui va reprendre dans quelques semaines. Ou bien qu’elle soit dans une ville étrangère…
- Je comprends mais…
Elle pose sa tête sur les cartes de sa table et se gratte nerveusement la tête.
- J’aurai pu avoir un meilleur champ de bataille où m’exercer.
- Ne crois pas que celui-ci soit le plus difficile que nous ayons à affronter, lui dit Caemgen Barskersclay, même Audisélia a dû se confronter à des difficultés bien plus rudes malgré sa toute-puissance. Juste la bataille des crevettes-pistolets bleues sur les plages cendrées d’Yma l’a mises bien plus en difficulté, et je ne parlerai même pas des guerriers centenaires de Titaline. Cela n’est rien.
- Dire que cette femme a été en difficulté durant une quelconque guerre ou bataille tient du mythe, commenta Avelilinélia.
- Alors imagine qu’une fois elle ait été vaincue.
- J’en ai entendu des choses, mais même moi je ne suis pas aussi crédule, ministre Barskersclay. Qui aurait pu vaincre celle qui a été bénie par Eclina ?
- C’est une longue histoire. Je voulais juste te dire que même nos illustres rois malgré leur force et leur prestance ont connu des difficultés alors ne t’en fais pas, agis avec discernement.
Avelilinélia releva la tête et se tapota les joues avant de se remettre au travail. Elle écrivit une rune de concentration sur son front et se plongea corps et âme dans l’étude d’une offensive assez suffisante pour pouvoir permettre à l’armée des Patriarches d’en finir avec cette interminable.
C’est après une quinzaine de minutes qu’elle eut la soudaine idée d’étudier la topographie et les souterrains des îles environnantes et y trouva une surprenante information : elle avait entendu dire que les deux nations, avant de se séparer, étaient connues pour leurs mines de charbons et de métaux précieux, et ce qu’elle vit sur les cartes confirmaient bien ce qu’elle pensait.
Elle débuta un tracé sur les cartes en y griffonnant quelques inscriptions et en vérifiant sur d’autres cartes si le chemin qu’elle allait faire arpenter à son armée n’était pas une impasse et le révéla à Caemgen qui avait été pris dans le tourbillon qu’était Nula et Falo. Elle expliqua à l’ancien Karyoten son plan et s’il l’approuvait.
- C’est ingénieux, nota-t-il, une tactique des plus ficelées. Mais si nous voulons la mettre en œuvre, il nous faut nous y atteler dès maintenant pour mettre tout en place.
Avelilinélia appela un soldat à l’extérieur qui ferait office de messager.
- Demandez aux nains et aux peu d’hommes forts que nous avons emmené de se diriger dès maintenant vers l’entrée des mines trois, sept et huit et de suivre le tracé de ces cartes, ordonna-t-elle, et que les mages placent, sur les lieux où j’ai mis des croix, des pièges magiques. Ah oui ! Allez voir le général Viterberk III pour dire à ses hommes de se préparer aussi à plonger sous les mines aux emplacements des croix mais par en-dessous.
- C’est compris, stratège Grave.
La fée-soldate s’en alla en volant à la pointe des sapins pour éviter de se faire tirer dessus à distance par un tireur d’élite embusqué pour remettre aux différentes personnes citées lors nouveaux ordres.
Néanmoins, tellement absorbé par l’étude de sa stratégie nouvelle, qu’elle ne remarqua pas la présence d’oreilles indiscrètes à l’arrière de sa tante. Il s’agissait d’un espion azeralisien vêtu d’une cape d’omni-anti-détection pour ne pas se faire repérer. Il avait écouté toute la conversation et allait rapporter à son camp la non-présence de ce démon féérique qu’est Audisélia et la nouvelle stratégie établie par Avelilinélia.
Et alors qu’il courait pour rejoindre son camp et avertir ses généraux, il sentit une lame lui tranchait la gorge, il eut de ne faire que trois pas avant de s’écrouler sur le sol, se tenant la gorge en agonisant et en essayant d’arrêter le sang de s’échapper de sa trachée.
L’homme qui lui avait infligé ce sort n’était autre que Lelelitio qui « passait par là » – en somme, sa présence n’avait pas été requise pour cette opération. Il avait laissé les enfants aux mains de Cassandre qui avait fini par acquérir la fibre maternelle à force de passer son temps à s’occuper d’eux. Peut-être n’avait-il pas eu l’honneur d’être son champion, cependant, il ne laisserait pas l’occasion d’être son ange-gardien, son garde du corps… Bon, il n’avait pas trouvé le mot exacte pour se définir ! Mais ce qu’il fallait retenir, c’est qu’il assurerait les arrières de sa princesse plus que jamais. Le dévouement de cet humain pour une princesse qu’il connaissait à peine lorsqu’il est devenu son champion lui a donné un coup de fouet à protéger celle qu’il aime.
Le lendemain, la stratégie établie par Avelilinélia fut plus que concluante : grâce à la topographie des lieux, elle a pu savoir que les mines de la péninsule était connectée aux deux pays et qu’elles étaient assez profondes pour que les pièges placées juste au-dessous n’inondent pas les galeries souterraines lors de leurs explosions. Grâce à cela l’armée de la république des Patriarches put accaparer les machines qui étaient tombées dans les pièges mis en place par les mages sylviens et purent rentrer dans le royaume azeralisien autant en tant que cheval de Troie – comme disent les informaticiens – que par les tunnels souterrains. Donc au lieu que cette guerre prenne six mois à se conclure avec l’arrivée des guerriers sylviens, elle prit six jours à se terminer.
Cela avait été si facile que cela en devenait douteux, même pour Avelilinélia.
- Comment cela se fait que nous ayons remporté si facilement la guerre ? demanda la fée aptère bouche bée devant ses résultants aberrants.
- Hé bien parce que ces deux royaumes sont stupides, lui expliqua Caemgen, aucun d’eux n’avait vérifié la disposition de leurs mines mais surtout que leurs égo les empêchait de prendre conscience de la futilité de foncer tête baissée. Cela fait partie des nombreuses guerres qui sur un seul tournant aurait pu se terminer bien plus facilement. C’est bien pour ça que je t’ai menti sur qui possédait les machines de guerre.
- Vous m’avez menti ? sauta la fée-stratège, mais comment avez-vous pu faire cela ? Nous avons des hommes qui se battent sur ce terrain !
- Nous avons eu aucune perte et seulement des blessés que nous avons facilement soignés, se justifia-t-il, la simulation c’est bien mais en condition réelle, cela change tout. Si tu étais encore en train de t’essayer dans ce jeu vidéo, tu aurais sacrifié de nombreuses unités en le faisant combattre car on leur a mis les statistiques de notre armée, mais maintenant que tu avais l’appréhension de la mort de tes soldats, que tu avais leurs vies entre tes mains et non des personnages fictifs sans identité, tu as essayé de trouver un moyen de contrer cette difficulté. Je suis fier de toooooi.
Axcel venait, une nouvelle fois, de se terminer bien trop tôt alors qu’elle avait augmenté la puissance du sort pour que cela puisse durer des journées entières. Étant donné ce que lui avait dit Sawyer concernant son maître, elle était inquiète pour son état de santé, et elle n’était pas la seule, mais aucun n’osait aborder la question.
- Je comprends. Mais ne le faites plus.
- C’eeeessst d’acccoooord ! Veneez, nous devooonnns aaaaller voooiiir les Patriaaaaarches poooouuuur rééééécuuupééérrrrezzzr nooootreeee récoooompennnse.
- Il est vrai.
Avelilinélia sortit de sa tante, accompagné de ces deux polissons d’enfants. La femme qui fit face à ses soldats qui félicitèrent son stratagème n’était plus la même qui combattait dans l’arène de Sylvania ou qui parcourait les Basfonds à défendre ses habitants. Bien qu’elle eût une certaine prestance et dignité que les gens avaient notifiées lors de son combat contre le Héros malgré la crasse et la précarité des Basfonds, à ce moment-là, elle était d’un autre niveau de charisme : sa tenue officielle de Karyoten qui avait été conçue par les couturiers royales de Sylvania, une robe verte fendue sur le côté, un trou sur le ventre avec un anneau de fer à l’intérieur à ses extrémités laissant entrevoir son abdomen assez musclé, le col se resserrait jusqu’à son cou, coiffée d’une demie queue cascade et d’un serre-tête bandeau doré plat et deux bracelets d’argent aux poignets - heureusement qu’elle s’était écrit une rune sur le corps pour qu’elle n’attrape pas froid, ce n’est pas une tenue avec laquelle sortir dans un tel coin de la planète, surtout sur une péninsule d’îles hivernales.
Les exclamations de ses subordonnées n’étaient pas assez pour la rassurer sur ses capacités de stratège, elle avait encore besoin de Caemgen pour trouver une solution à différents problèmes qui se dressaient face à elle. Elle devait calculer les mouvements de l’ennemi mais ne pas pouvoir se rendre sur le terrain pour voir si sa stratégie a abouti, elle ne pouvait qu’attendre que le retour de ses hommes, voire pire que leurs ennemis soient à leurs portes pour qu’elle se rende compte du succès ou non de ses plans, tout ça causé par le fait qu’Avelilinélia était peut-être une grande combattante, mais pas aussi bonne guerrière qu’on pourrait se l’imaginer – elle en était la première frustrée et désolée.
Tout cela la rendait plutôt stressée et prise de crise d’angoisse.
Caemgen lui tapota l’épaule pour la rassurer et lui dit de se rassurer, qu’elle accepte les encouragements de ces soldats comme un coup de pouce à pouvoir faire plus et à aider les généraux à combattre – bien qu’aujourd’hui, il n’y ait aucun d’eux.
Une fois Caemgen remercié et elle calmée, elle demanda à trois lieutenants de l’accompagner jusqu’au palais républicain pour prendre ce qui leur est dû et chargea une petite troupe de fantassins de partir à la recherche de quelconques Féériques qui seraient asservis par le peuple d’en face, eux se chargeraient de ceux que devaient leur livrer les républicains.
La salle de réception du palais était beaucoup plus grande que celle de la salle du trône de Sylvania, mais beaucoup plus vide, d’un blanc nacré, la lumière qui se reflétait sur les dalles de pierres obligeait les visiteurs à plisser les yeux. Ce sont les Patriarches qui les accueillirent de leur propre initiative. Il était rare que les dirigeants des royaumes qui faisaient appel au service du Protectorat des Féériques qu’est Sylvania prenne le temps de s’entretenir avec eux. La majorité du temps, ils étaient traités comme des parvenus – un ambassadeur qui leur jette un traité pour une quelconque paix ou alliance commerciale… Mais l’exploit d’Avelilinélia – et non, je ne le réduirai pas parce que ces deux nations d’abrutis n’avaient pas réfléchi à fermer les conduits souterraines menant à chacun des royaumes – forçait le respect et devait avoir choqué les grandes instances de la République de Valertaz et des habitants d’Aldebor.
Une table en marbre bleu siégeait au milieu de la pièce où trois hommes à la barbe blanche, au crâne dégarni et tachetés de points cramoisies. Leurs yeux n’étaient mêmes plus visibles tellement leurs rides du front étaient lourdes à porter.
Avelilinélia n’avait jamais vu d’humains aussi rabougris et vieux de toute sa vie – mais étant donné que les Grave possédait en eux du sang humain, cela voulait dire que la personne humaine la plus vieille qu’elle n’est jamais vu jusqu’à ce jour n’est autre que sa propre mère.
Les Trois Patriarches invitèrent l’apprenti Karyoten à prendre place à leur table pour discuter un peu.
- C’est donc vous la cheffe de cette armée, aujourd’hui ? demanda l’un des vieillards avec une voix criarde.
- C’est exact.
- Nous nous attendions à ce que la reine intervienne en personne pour régler notre conflit jubilé, intervient un autre Patriarche.
- Surtout, nous ne pensions pas que parmi vos hauts-gradés, il y avait des Féériques qui n’étaient pas des fées, ajouta le dernier vieil homme.
- Pour répondre à votre interrogation, je suis une fée bien que je sois dépourvue d’ailes et je pense que mes longues tubercules auriculaires confirmeront que je n’appartiens pas au genre humain, leur répondit-elle froidement, et pour la seconde question, la reine n’est pas encore prête part à des conflits comme le vôtre, elle vient tout juste d’être mise sur le trône donc ne vous attendez pas à la voir avant un bon moment. Mais si vous parlez de cette fée-là, elle est affairée à d’autres obligations liées à son fils, donc c’est avec moi que vous allez parlementer, alors ne nous perdons pas en mondanités et palabres inutiles. Venons-en au fait, Sa Majesté attend notre retour.
Les Patriarches étaient autant agacés par le comportement d’Avelilinélia qu’elle l’était par leurs stupides questions.
- Pour renforcer notre alliance, il faut que la reine soit là, ou du moins, un véritable ambassadeur, pas une demi-fée stratège provenant des basfonds de son royaume, la provoqua le vieil homme à la voix criarde.
- Je pense que vous devez plus de respect à celle qui a mis fin à votre pitoyable conflit, surtout quand mes hommes n’ont même pas eu besoin de s’échauffer pour la terminer et que nous avons les plans pour prendre d’assaut votre misérable île. Je n’ai qu’à envoyer un message télépathique et votre nation ne sera plus que cendres servant d’engrais à nos paysans.
Aucun des trois vieillards n’osa ouvrir la bouche pour encore se moquer d’elle. En quatre mois, Avelilinélia avait bien changé, elle était beaucoup plus féroce et hargneuse qu’avant, et elle avait un plus grand répondant. Une certaine fée devrait prendre exemple, mais nous parlerons de son cas plus tard.
- Avez-vous préparé ce que nous vous demandions avant de venir ? leur demanda Avelilinélia.
- Oui. Ils se trouvent dans l’entrée gauche de la république comme nous vous l’avons indiqué à votre arrivée, répondit l’un des vieillards.
- Et pour les trésors…, débuta un autre.
- Gardez-les, dit la fée-stratège, notre seul intérêt et les Féériques que vous avez emprisonné et que vous utilisiez comme esclave. Si tout est bon entre nous, je pense que nous avons fini cette entrevue.
La fée se leva et s’en alla, toujours accompagnée de ses deux lieutenants.
- J’aurai une question, s’exprima le plus grand des vieux hommes.
Avelilinélia s’arrêta et tourna à peine la tête dans sa direction pour l’écouter.
- Pourquoi refusez votre gracieuse rémunération alors que la reine Audisélia l’avait exigé il y a plus d’un an de cela lorsque nous avons conclu ce marché ?
- Hé bien, parce que notre nouvelle reine n’est pas aussi méprisante envers les Hommes comme pouvait l’être Dame Audisélia.
Ce mépris fallait aussi pour les Féériques.
- Mon seul et unique intérêt, poursuivit l’apprentie Karyoten, est de redorer les blason du royaume de Sylvania longtemps sali par vos absurdes batailles.
C’est sur ces mots qu’Avelilinélia finit par partir de la pièce.
Une entrevue bien inutile, se dit-elle.
Elle se rendit là où se trouvait son « butin » et les emmena jusqu’au campement de son armée. De là, ils pourront tous se rendre sur le lieu de rendez-vous indiqué par Seb’is pour rentrer au royaume Féérique. Tous assemblant au-dessus du cercle, ils purent tous être téléportés jusqu’au nouveau centre de contrôle à la frontière de Sylvania, de là, les gardes du royaume pourraient procéder à une fouille intégrale et un interrogatoire drastique de ces nouveaux arrivants.
Avelilinélia fit connaissance avec certains d’entre eux et s’amusa avec les plus jeunes avant de rentrer avec ses propres « enfants » au lieu, qui jusqu’alors s’appelait les Basfonds. Aucun nouveau nom n’avait été trouvé pour renommer les Basfonds, peut-être même qu’il s’agirait tout simplement de fusionner les Basfonds et Hauteville en un seul et même quartier qui se nommerait tout simplement le Centre-Ville une fois que les rénovations se seraient terminées, ou au moins qu’ils auraient commencé.
Peu de gens étaient au courant des futurs travaux qui allaient être mis en place par la nouvelle reine de Sylvania, les habitants des Basfonds savaient juste que des offres d’emploi circulaient pour des travaux qui consistaient à l’extension du royaume pour y ajouter des champs agricoles et autres cultures qui augmenteraient l’autosuffisance du royaume.
Tout cela avait été débuté grâce aux précieux conseils d’Avelilinélia qui avait longtemps étudié le sujet des améliorations qu’elle pourrait apporter en devenant reine de Sylvania. Malheureusement, cela ne s’est pas fait mais au moins, même si les lauriers étaient attribués à quelqu’un d’autre, elle accomplissait la promesse qu’elle avait faite à ses parents biologiques ou non, et a elle-même. Il était compliqué d’imposer ses idées au conseil des Ministres puisqu’étant de la lignée de déchue, mais son combat contre le Héros a permis d’affirmer sa détermination et de son sérieux pour le bien-être ses concitoyens impécunieux – ils lui ont juste demandé de l’étendre à tout le royaume. Nonobstant, elle y arriva, peut-être grâce ce combat d’exception qui l’a fait connaître au-delà de son titre de princesse Grave – déchéance dont tout le monde n’avait que faire finalement –, mais elle n’était pas assez arrogante, voire pas du tout, pour refuser ce coup de pouce du Destin.
Mais tout cela était éreintant pour la fée des Basfonds. Habituée à combattre les monstres et les criminels qui se trouvaient dans son habitat, elle devait acquérir de nouvelles habitudes qui n’allaient guère avec son précédent quotidien. Elle n’était pas folle au point de le regretter, mais la vie de véritable princesse de Sylvania lui était tout nouveau, surtout une princesse avec autant de responsabilités. Dur, dur d’être à la fois Karyoten et nouveau grand conseiller de la nouvelle reine – Igniasté avait pris sa retraite et a été remercié pour sa très grande contribution durant ses années de services au sein de l’armée qu’auprès des reines qui se sont suivis durant sa nomination de grand conseille royal. Il aurait été plus simple dire qu’il avait été mis à la porte. Néanmoins, Avelilinélia allait toujours le voir pour lui demander conseil.
La princesse des Basfonds arriva enfin chez elle et à peine, elle annonça son arrivée qu’une horde d’enfants se jeta sur elle, la renversant par terre, se préoccupant de salir ses vêtements officiels.
- Bien rentré ? lui demanda Cassandre.
- Comme tu peux le voir, ça va. Où est Lelelitio ?
- Apparemment, il a été appelé.
- C’est vrai que maintenant, il est devenu un véritable espion de la cour…
Elle se releva et ramena tout ce beau monde à l’intérieur de sa maison. L’orphelinat était la première chose qu’elle avait décidée de rénover, avant même les Basfonds. Il n’y avait plus beaucoup de place dans leur maison et elle n’allait pas laisser des enfants dormir à même le sol pendant des mois et des mois. Avant de rentrer, elle était allée demander aux gobelins et aux nains maçons et aux fées architectes combien de temps cela allait prendre avant que tout soit fini, ils lui affirmèrent que dans deux mois, tout serait terminé à l’intérieur et dans quatre mois, la toiture serait impeccable.
Alors elle attendrait puisque c’est la seule chose à faire.
Pour les enfants, le retour d’Avelilinélia était jour de fête, donc ils en profitèrent pour s’empiffrer de toutes sortes de sucreries, malheureusement pour eux, la fée souhaitait se reposer et leur promis qu’ils pourraient jouer plus tard.
Elle alla dans sa chambre et se jeta dans son lit en fleur. A peine allongée, ses paupières devinrent aussi lourdes que des montagnes et avant d’être plongé dans un long sommeil, elle dit :
- Où peux-tu bien être sale gamin ? J’espère que la reine a réussi à t’empêcher de commettre l’irréparable… J’aurai tellement voulu te di…
Elle n’eut le temps de terminer sa phrase qu’elle s’était endormie comme un bébé.
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