(ERUNF est le raccourci de En route vers le conseil de l'Union des Nations Féériques)

- Ce ne sont pas tes bras de macaques qui vont me faire peur, numéro six, lui rétorqua le golem rondouillard.

Comme toutes les autres fois où ils se cherchaient querelle après une volée d'insultes, tous les deux se levèrent et s'apprêtèrent à se filer l'un l'autre une sacrée rouste. Malheureusement le combat attendu par les témoins aux alentours fut écourté lorsqu'un éclair passa au-dessus de la tête de Rivkaé et qu'apparut la reine qui, d'un simple coup de coude dans l'épaule, enfonça la naine dans le plancher – avec cette facilité déconcertante si commune à Audisélia – ne laissant dépasser que sa tête, puis réattérit gracieusement au sol.

- Tenez-vous tranquille. Vos perpétuelles disputes me sont de plus en plus insupportables. Je vais voir ce que font les autres, peut-être qu'eux me divertiront...

- En soit, je suis une ancienne bouffonne donc cela serait légitiment mon rôle, suggéra Rivkaé.

- Cela fait bien longtemps que tu n'as plus à l'être, rétorqua Audisélia, de toute manière, fut le nombre d'années qui se sont écoulés depuis ta dernière prestation...

- Pour moi, c'était comme si c'était hier, lui répondit Rivkaé.

- ... et puis, tu ne m'as jamais fait rire, précisa Audisélia, alors évitons. Morvian sort la de là, au lieu de jouer aux amoureux transis.

- À vos ordres, cheffe ! cria Morvian.

Audisélia sourit, puis s'en alla à l'intérieur du poulpembarcation.

Comme demandée par Audisélia, Morvian exécuta les ordres de sa reine, saisit la naine avec sa queue et la sortit du trou où elle avait été enfoncée.

- Ne prends pas mal les propos de notre reine Rivkaé : elle est pas dans son assiette en ce moment alors elle peut avoir des mots très durs, la réconforta elle feint le manque d'humour alors qu'elle a l'humour le plus déplorable d'entre nous, elle dit ça parce que...

- Oh ne t'inquiète pas, le rassura la naine, je sais très bien pourquoi elle m'a dit ça. Je sais à quel point elle est attentionnée envers autrui. Mais te concernant toi, sache que tu ne m'auras pas dans ton lit en étant gentil avec moi ! l'avertit Rivkaé.

- Oh mince ! s'écria faussement la fée-dragon, me serais-je fait avoir par le vilain clown de notre ordre ? Mes intentions sont-elles si prédictibles ?

- C'est vrai, ça ? lui dit Is'telli d'un ton inquisiteur.

Morvian se claqua le visage de dépit.

- Hé merde..., grommela dans sa barbe le coureur, il fallait bien que je tombe sur une fille premier degré.

Et tous qui furent présents, nous rîmes de bon cœur.

Ailleurs sur le bateau, dans une salle de jeux où était réunie une autre partie des Saints de la Reine et où étaient présents certains généraux, alors qu'on pouvait entendre la foule en délire autour de la roulette, observant la balle qui rebondissait au sein de la roulette, butant dans tous les coins, s'écrasant contre le cadre ou le déflecteur sous les yeux envieux et affamés de gains des parieurs autour de la roulette, alors qu'on pouvait entendre, entre deux coups de queues de billard frapper contre les boules avec précision et adresse, les discussions sur la situation actuelle du royaume, des derniers livres qu'ils avaient lus ou les derniers ragots qui circulaient dans le corps militaire, alors qu'au bar, là où on pouvait entendre ces mêmes racontars mais de façon plus alcoolisée, on pouvait retrouver au milieu de cette pièce une table de jeu où les plus grosses têtes de l'armée s'étaient réunis :

· Mathgen – que vous connaissez déjà. Ce charlatan qui était le Commandant Suprême des Armées de Sylvania et qui n'avait aucune capacité de commandement ne voulait pas lâcher ce rôle, comptant simplement sur les instructions de Caemgen pour l'aider en cas de conflits où la reine n'était pas présente. Cependant, depuis l'affaire des sous-fifres de la reine traîtresse, les relations entre Audisélia, les Saints et lui étaient devenus beaucoup plus cordiales – après tout, Morvian, Audisélia, Sawyer, Globox et lui étaient pour ainsi dire « amis d'enfance ».Toutefois, j'ai été mauvaise langue, cela fait bien un moment qu'il réfléchit à quitter ce rôle qui ne lui appartenait pas, il cherchait à trouver la bonne porte de sortie pour s'en aller dignement pour que sa famille continue à l'honorer – tout le monde n'avait pas le courage de Calendula Aseelni.

· Jazter le ministre des Armées de Sylvania – une fée particulièrement intelligente qui n'avait rien à envier au plus grand stratège, malencontreusement pour lui, il était né dans la même ère que le prodige Caemgen et son élève Avelilinélia. Par chance, il avait pour lui d'avoir la peau la plus raffermi du pays, voire du continent, aucune utilité au combat, ni en stratégie, mais cela lui fait un bon point.

· Igniasté, qu'on ne présente plus, le premier et dernier des conseillers – Audisélia les a tous démis de leur fonction après les troubles dans l'affaire de la résurrection de la Félonne. Un choix sans doute arbitraire, mais le choix de la reine.

· Calendula Aseelni Roserêve – [aucun lien de parenté] – fée de Java-Aleim titrée Grande Mage, elle était sans doute la première fée de l'histoire du royaume à avoir abandonné son titre royal. Calendula était la cheffe de tous les mages et magiciens du royaume, c'était elle qui avait la charge de la confection de nouveaux sorts, sortilèges et parchemins magiques, les architectes-biologistes – car oui, il fallait faire attention à comment devait être agencé le royaume avec le corps de la tortue – faisaient souvent appel à ses services pour les aider dans l'extension du territoire sylvain et la construction de bâtiment. On peut aussi noter dans son palmarès qu'elle est la seule archimage du royaume – d'ailleurs c'est elle qui a conseillé à la réticente reine Audisélia d'aller se présenter auprès des Archimages du Protectorat Sombre. Malgré son air maussade et ses yeux cernés par la fatigue de sa passion pour la magie, elle était classée dans le top dix des femmes les plus belles du royaume Féérique – étant donné qu'Audisélia n'avait aucun grief contre elle, on pouvait clairement assumer qu'Audisélia était devant elle dans le classement. Il est rare que les gens le notifient mais en dehors de ses devoirs royaux, de ses amis de longues dates, de ses siestes mensuels... Calendula était celle qui avait l'immense honneur de recevoir les nombreuses visites d'Audisélia puisque les deux étaient les êtres les plus passionnés par tout ce qui touche à la magie, l'artisanat et les technologies humaines du royaume. Cependant, à cause de nombreux secrets d'État, elles ne pouvaient parler de leurs expériences qu'entre elles-mêmes : que cela soit dans les technologies ou savoirs humains, les dernières découvertes dans l'Autel Magique – lieu où se réunissait tous les magiciens du pays pour acquérir savoir et perforer dans la magie – ou dans l'Hôpital Royal Rosalynélia avec les différentes avancées médicales que les Féériques acquièrent d'eux-mêmes ou avec le savoir d'autres nations ou de réfugiés qu'ils accueillaient ou sauvaient. On pouvait dire, sans mentir, que cette dame dont la solitude était la seule compagnie, n'avait que pour seule amie la reine Audisélia même si les deux ne l'avaient jamais remarqué.

· Mina Mdégaine, la meilleure amie de la Fée et protégée de Sawyer. Après évaluation de ses capacités cognitives, physiques et combatives, Sawyer pour la première fois depuis les recrutements des Saints a décidé non seulement qu'elle serait son apprentie pour devenir une future Sainte de la Reine, mais aussi la future capitaine de cet ordre. Bien sûr, elle ne le succédera pas directement, elle devra faire ses preuves et démontrer qu'elle serait capable d'assumer un véritable rôle de leader auprès de personnes aux forts tempéraments. Il était bien normal que Sawyer la désigne comme sa successeuse puisque si sa meilleure devenait reine, elle devrait être capable d'assurer sa sécurité étant donné que c'est ce qu'elle souhaite. Contrairement à Is'telli, elle n'était pas encore reconnue comme une recrue, mais comme une potentielle recrue, donc il y avait toujours la possibilité que sa candidature soit refusée au bout d'un moment. Cela étant dit, Sawyer la trouvait particulièrement compétente bien qu'elle soit moyenne intellectuellement. Elle était aussi l'amie d'une de ses congénères : Rivkaé.

· Uberlith Arllorem, un thérianthrope homme-chat noir à taches blanches, mais il était beaucoup plus connu comme étant le ministre des Informations du royaume de Sylvania, et donc l'employeur de Tadzi. A cause de tout le raffut qu'a été le complot des Adeptes de Marrynélia, il a été accusé d'être l'un des principaux suspects dans cette tentative de résurrection de ce démon, cette spriggan comme disent les fées, qu'est la Félonne. Étant mis sur la sellette par la police militaire et la reine en personne, il a passé les pires heures de sa vie, et bien que la reine pût lire les pensées, elle était incapable de faire office de détecteur de mensonges, alors ils furent preuve de bon sens : après tout, parmi les sectaires, il y en aurait forcément un qui aurait parlé pour le dénoncer et amoindrir sa peine – oui, à part Globox, tous ont été emprisonnés dans les souterrains de Sylvania. Malgré cela, il n'en tient pas rigueur à son gouvernement, il a repris son rôle fièrement, prenant sur lui le fait que l'un de ses espions majeurs se soient associés avec la pire criminel de l'histoire de leur royaume, et va tout faire pour se racheter durant ce voyage. Sa loyauté et son côté bourreau de travail n'était plus à démontrer – on mettra cette partie de poker sur le compte de l'envie de se reposer, il en avait bien le droit en fin de compte.

· Helmir Faerondalan, l'une des protégées de la reine, promue cheffe des espions du royaume, elle a été dument récompensée pour son infiltration durant l'affaire des Adeptes de Marrynélia : il lui a été attribué la fleur du courage universelle de Sylvania : l'épicœur – une grande fluer majestueuse, serti de pétales rouge foncé qui s'ouvrent dans un cercle parfait, son cœur est d'un jaune vif avec des étamines dorées qui dépassent du centre. Elle est symbole de courage à cause de couleur rouge incarnant la fureur des âmes guerrières, elle représente aussi la force et la détermination de sa tige solide et robuste très difficile à couper et de la couleur de son cœur rappelant la noblesse d'âme, mais aussi ce cœur représente la lumière de l'espoir qui guident les âmes courageuses vers la victoire, les étamines, spécifiquement, qui dépassent du centre symbolisent la bravoure et le dépassement de soi qui sont souvent nécessaires pour accomplir l'impossible. Il est aussi bon qu'elle était symbole de courage à cause de sa beauté, un atout très important chez les fées –, un certificat certifiant son anoblissement si elle le souhaitait – ce qui ferait d'elle, la première elfe de nuit noble de Sylvania – choix qui fut très discuté parmi les haut placés –, une grande maison vers les champs agricoles de Sylvania – elle souhaitait personnellement en avoir une dans ce coin du royaume... Sa seule demande qui lui a été refusée fut la construction d'un orphelinat pour tous les enfants défavorisés du royaume et du Protectorat Sombre – bien sûr que cela lui a été refusé puisque cela inclurait ces miséreux des Basfonds... Malgré toutes ses récompenses, elle affichait toujours cette froideur apparente, bien qu'on puisse remarquer que la plupart du temps, elle semblait préoccuper par quelque chose, mais cela datait de bien avant la venue du Héros...

· Amirah Al-Bahar al-Nahar, descendante de la reine Layla al-Nahar et huitième Sainte de la Reine, elle est une marid bannie du royaume océanique d'Al-Mawj qui se trouve dans la région arabique de Jabal Anbar, aussi appelée Terres de Désolation. C'était une région montagneuse particulièrement dangereuse et terriblement aride, un lieu où la chaleur pouvait atteindre les quarante degrés Celsius à l'ombre ! Elle avait pour elle d'être un oasis de lumière gigantesque – Eden étant l'un des continents accumulant le plus d'oasis de lumière de la planète. Là-bas on y trouvait des créatures dangereuses comme les sphinx, les golems, les djinns et toutes leurs sous races comme les ifrits, les marids, les shaitans, les djann... seuls les shaitans étaient tous malveillants sans univoque ni ambiguïté... Al-Mawj se trouvait dans les eaux cristallines de la Mer Salidad juste en dessous du port de la cité-état de Qadima, la principale plateforme où se trouvait tous les plus grands marchands – dont la plupart étaient des marids – et marchés de la région. Pour se rendre à Al-Mawj, il fallait passer le rebord d'une montagne océanique perlée de coquillages luisants, brillants de mille feux sous les rayons du soleil. Les rues sont bordées d'algues ondoyantes et de plantes marines multicolores, tandis que les marids se déplacent dans les canaux navigables de la cité en utilisant leur puissante queue de poisson – d'ailleurs, à contrario des sirènes qui devaient utiliser un sortilège très coûteux en mana pour acquérir des jambes, les marids n'avaient besoin d'aucun sort pour devenir bipède.Pour revenir sur le cas d'Amirah, si elle a été bannie de son propre royaume alors qu'elle en était la princesse était dûe un homicide volontaire amoureux, elle avait trouvé son meilleur ami dont elle était follement amoureuse avec une autre marid. Ce meurtre aurait pu passer et personne n'en aurait eu cure si cette fille n'était pas l'un des enfants de l'un des plus puissants marchands dénommé Jafar Al-Malik, et comme Al-Mawj était un état où les marchands avaient le même pouvoir que les plus hauts gouverneurs et que la reine des marids d'Al-Mawj était une personne froide et désintéressée de sa progéniture, la vie de la princesse était entre les mains de ce puissant marchand.Au départ, elle allait devenir l'une des concubines de Jafar Al-Malik ou de l'un de ses fils pour augmenter le pouvoir de Jafar Al-Malik, mais l'attitude désinvolte d'Amirah lui valut d'être condamnée à mort. Si elle n'avait pas subi la peine capitale, ce n'était uniquement en raison de la venue du royaume de Sylvania et sa délégation princière le jour de son exécution. Et Audisélia, comme à son habitude, fut prise dans un élan d'héroïsme voulut sauver cette pauvre âme. Par fortune, ce jour-là, le ministre des Affaires et des Finances, Faolan Sinbad Aubépinblanc, grand orateur et négociant d'exception, trouva un accord très juteux pour Jafar Al-Malik qui laissa tomber sans peine l'exécution d'Amirah, mais exigea tout de même son bannissement, avec l'accord de la reine.Ne sachant plus où aller, la reine Audisélia réclama auprès de Sawyer qu'elle soit une Sainte de son royaume. Elle connaissait bien la valeur guerrière d'une marid, elle ne pouvait donc pas laisser s'échapper une princesse d'un aussi puissant peuple. Malgré la désinvolture, l'impatience, l'impétuosité et le franc-parler d'Amirah, elle était l'une guerrière dont la reine était des plus fières d'avoir recruté.

· Lelelitio Grave, le servant et frère adoptif – bien qu'il n'aimât pas qu'on dise ça étant donné les sentiments qu'il portait pour elle – de la princesse Avelilinélia Malalalivia Talemilia Grave. À la suite de la décision de sa princesse d'être sa propre représentante lors du tournoi, avec quelques années d'écart, l'elfe prit la décision d'être l'ombre de cet être resplendissant d'une lumière étincelante en devenant l'un de ces agents de l'ombre qu'on nommait assassins ou encore espions. Grâce aux affinités qu'il avait avec Helmir, dues à leur race, et que le Héros avait déclaré à cette dernière que Lelelitio était bien l'un de ses amis – l'elfe l'apprit de la bouche d'Helmir. Tout cela a joué pour qu'Helmir accepte de le prendre sous son aile, et comme elle n'était pas devenue cheffe de la branche espionnage du ministère de l'Information, elle pouvait s'occuper à plein temps de l'apprentissage Lelelitio. Néanmoins, Lelelitio participait énormément à la gestion du foyer dont il s'occupe dans les Basfonds – même s'il était aidé par d'autres habitants des Basfonds. Bien que cela augmente sa charge de travail et sa charge mentale, il ne pouvait pas laisser la femme qu'il aime se complaire dans la médiocrité de juste être une femme au foyer ayant abandonné toutes ses ambitions. Il aurait bien voulu qu'elle le soit – cela lui arrangerait bien des galères –, mais cela reviendrait à enfermer le plus beau des oiseaux aptères dans une cage pour l'éternité – [Lelelitio ne semble pas être un tyran intergalactique pour imposer ce genre de destinée]. Toutefois, il était énormément inquiet vis-à-vis du comportement de sa princesse... Oui elle se donnait à fond dans ce qu'elle faisait pour surpasser sa défaite contre Nalo, oui elle se disputait énormément avec la Sainte princesse aptère, oui elle avait de plus en plus le regard dans le vague, ne pensant à rien, cuillère en branches fines et lisses flottant au-dessus du ragoût... Mais ce sont dans ces moments, le temps d'un instant, d'un mince instant de rien du tout, qu'il entrapercevait dans son regard une pointe de noirceur jamais vu auparavant ! L'instant d'après, cette pointe avait disparu ne laissant que le regard habituellement vide. Lui qui n'était pas croyant, prié chaque fois qu'il remarquait ce phénomène pour qu'elle ne soit pas atteinte par ce mal qu'était d'être une spriggan – bien qu'il ne sache pas vraiment de quoi il s'agisse...

Et parmi tout ce gratin de grands pontes... Sawyer, le visage blême devant son jeu de cartes, face de féroces adversaires qui ne montrait aucune once d'hésitation, certains d'avoir une bonne main pour prendre l'avantage dans cette partie de poker. Sawyer, comme il l'avait démontré à bien des moments, n'étaient pas familiers à tout ce qui concerne l'humanité, surtout en ce qui concerne le passé de celle-ci, il restait toujours pantois lorsqu'Audisélia ou un autre lui parlait d'inventions humaines, de cultures humaines, de nourritures humaines... éprouvant un désintérêt si grand qu'il s'affichait sur son visage. Sauf concernant une chose, une seule chose, l'un des plus grands fléaux que les Hommes ont pu inventer pour se distraire : les jeux de hasard. Lui-même ne se rappelait pas quand il avait pris goût à cela, ni où d'ailleurs, il savait juste que dès lors qu'il ressentait de l'anxiété ou de l'inquiétude, la seule chose qui pouvait le distraire c'étaient les jeux d'argent. Bien sûr les combats à mort qu'il menait à chacune des campagnes qu'il menait au nom de son royaume arrivait à le distraire, mais cela participait aussi à augmenter son anxiété puisque faisait partie du... [package] offert avec ses devoirs et l'héritage dont il avait hérité – à cause de cela, il regrettait d'avoir confié Stellenincia à Elena... Avec le poker, la roulette, les machines à sous, et autres conneries qui vous dévorent les poches et ensanglantent le tissu familial, Sawyer pouvait se détendre sans penser à toutes ses obligations le temps de plusieurs parties, et avait même l'extrême chance, d'avoir beaucoup chance déjà, mais aussi de pouvoir dépenser sans compter ! Ce qui n'était pas le cas de nous tous...

Après que le croupier ait distribué les cartes, que tous aient scruté les cartes et observé la réaction. Calendula Aseelni Roserêve leva ses yeux de ses cartes et pointa son regard en direction Lelelitio.

- Dis-moi mon petit Lelelitio : à ce qu'on dit tu aurais trouvé une petite amie par les espionnes de ton équipe...

- Simple rumeur et tergiversation inutile, lui répondit-il.

- Pourtant Avelilinélia, précédemment appelée Malalalivia pour les deux du fond qui ne suivrait pas, est venue me voir à ce propos...

- QUOI ? s'écria Lelelitio.

L'ayant pris au dépourvu, Calendula en profita pour lui soumettre une demande :

- As-tu un brelan de fées ?

- Euh...

Il regarda ses cartes.

- Non ? Pour...

- Mais réponds pas, abruti, l'invectiva Helmir, et vous, arrêtez d'user de sa naïveté et qu'il soit novice à ce jeu pour le duper.

Calendula l'ignora et grogna :

- Putain, j'aurais dû demander s'il avait au-dessus d'un brelan de fées...

Le saviez-vous ? L'un des défauts majeurs de Calendula était que plus elle se rapprochait de son but, plus elle multipliait les erreurs ou obtenait un résultat en-deçà de ce qu'elle espérait. C'est pour cela qu'elle s'était obligée à avoir un assistant avec elle pour qu'il l'aide à obtenir les résultats les plus parfaits possibles. Malheureusement pour elle, son assistant n'était pas avec elle sur le bateau, et de tout manière le poker ça se joue en solitaire, et non en duo.

- Tu ne veux pas un peu la fermer, Calendula ? lui cria Uberlith, avec tes stratégies médiocres...

- Tu veux que je te fasse bouillir dans ma marmite, chat de mes deux ?

- Quoi ? La rente familiale ne passe plus, c'est pour ça que tu veux me bouffer la déchue ?

- Au moins, moi, bien que je sois une déchue comme tu aimes me le rappeler, je n'ai pas été négligente au point de causer indirectement le coup d'état du royaume.

- Oh c'est bon ! soupira bruyamment Uberlith, vous allez me le reprocher longtemps. Désolé si je n'ai pas gardé un œil sur le meilleur effectif de la branche espionnage du royaume. C'est bien pour cela que j'ai félicité Helmir d'avoir empêché ce coup d'état.

Helmir accepta une nouvelle fois ses remerciements avec un hochement de tête.

- N'as-tu pas mis en doute le meilleur effectif de son unité d'espionnage parce que tu n'étais pas au courant de leurs agissements ? demanda la mirad Amirah, ou parce que Seb'is et toi étiez allé dans des endroits dont la bienséance m'oblige à taire le nom devant des mineurs ?

- Je l'ai déjà dit une centaine de fois, grommela-t-il, oui je suis revenu en même temps que Seb'is, non nous n'étions pas ensemble à la ville des humains Vicenti... C'est une putain de coïncidence, le poisson frit !

Amirah lui cracha une giclette d'eau au visage.

- Il me veut quoi le chat de gouttière à m'appeler le poisson frit ? s'insurgea la marid.

Mina tourna son regard en direction de Mathgen, l'interrogea des yeux sur la tension qui se créait autour de la table.

- C'est toujours comme ça quand on doit se rendre à une des réunions du conseil de l'Union des Nations Féériques, expliqua-t-il en approchant son oreille de son interlocutrice, surtout cette année vu les nombreux événements qui se sont produits : le complot, la mort de l'une des princesses prétendantes, l'armée qui stationne à côté de notre royaume, le non-agissement de la reine vis-à-vis de celle-ci, le déroulement du tournoi, la tentative d'assassinat de la reine, le réveil... Non, tu n'es pas encore dans les hautes sphères pour que je puisse t'en parler. Mais en résumé, d'habitude, on règle cela en petit comité... Enfin à l'intérieur du royaume, malheureusement durant ces événements, il y a eu la présence non négligeable des dignitaires étrangers qui ont forcément eu des ouï dire au sein de notre royaume, en plus des espions des autres qui sont infiltrés dans notre royaume. Cela veut dire qu'à cette réunion, comparée aux autres fois, notre nation va être accablée de critiques bien plus véhémente qu'à l'accoutumée, et que notre reine va rendre des comptes d'une gravité assez considérable.

- Rendre des comptes à qui ?

- A notre roi à toutes. Je voudrais bien éviter que ça se passe comme la dernière fois.

- Mais...

Le croupier interrompit la conversation entre les deux pour leur demander s'il comptait relancer ou se coucher. Les deux décidèrent de se coucher. Le trio des querelles, par égo, après avoir relancé un certain nombres de fois décidèrent chacun de se suivre, Lelelitio, sous les conseils d'Helmir prit le parti de se coucher avec elle. Igniasté et Jazter firent de même.

Il ne restait plus qu'à Sawyer de se décider. Lui qui était prompte aux décisions les plus rationnelles qui soit – quand cela concernait autre chose que sa reine –, se retrouvait la bave aux lèvres devant ses cartes qui cachaient son visage. De l'excitation ou de la stupidité, seul un véritable psychologue pourrait nous le confirmer.

- Oh tu te réveilles, le prince charmant, lui cria Calendula, on peut arriver à tout moment. Je voudrais bien rafler la mise pour faire mes emplettes à Atlantis.

Sawyer de son pouce essuya la bave qui lui était collé l'entrée de sa commissure droite, et regarda l'assemblée.

- Et si on pariait encore plus gros que simples piécettes ? proposa-t-il.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? l'interrogea Igniasté.

- Et si on pariait nos statuts ?

Chacun éleva un sourcil empreint d'interrogation.

- Tu n'es pas sérieux, j'espère ? le questionna encore Igniasté

- Quoi ? Vous avez peur ?

« Il est bourré. » se dirent-ils tous.

Rassurez-vous. Il n'était point éméché d'alcool, mais à l'instar du Héros ou de feu son ami-ennemi Elena, il était imprégné d'une ivresse d'adrénaline, au point qu'elle transpirait à travers son sourire, en débordait même amplement.

- Je ne pense pas que cela soit une bonne idée, dit Mathgen.

- Oh quoi ? En plus, si je vous donne mon titre vous gagnez la reine de ce pays, n'est-ce pas tout bonnement génial.

- Je t'aurais averti...

Toute l'assemblée avait le regard levé au-dessus de sa tête, il se retourna alors pour voir ce qui attira tant leurs yeux, et vit la reine au-dessus de lui, le foudroyant du regard avec mépris.

Avec une voix mielleuse, délicate et presque inaudible, Audisélia dit :

- « Gagner la reine de ce pays », c'est cela...

Je pouvais vous dire qu'à ce moment-là, toute l'adrénaline qui l'avait rendu saoul avait été évacué en un instant.

- Sélia, attends, je regrette ce que je viens de dire. Mes mots ont échappé à mon contrôle, à cause de l'ivresse de l'adrénaline qui parcourait mon corps..., se défendit-il misérablement.

- Ah, la fameuse adrénaline qui te pousse à des actes si impromptus, n'est-ce pas ?

Audisélia éleva ses yeux vers l'endroit où se trouvait Mathgen.

- Mais je n'ai rien fait, cette fois-ci.

- Oh, ça ne date pas d'aujourd'hui, Mathgen. Après tout, je suis certaine que c'est toi qui l'as initié à ces jeux diaboliques pour être la chose qu'il est aujourd'hui. Je pourrais très bien te faire cracher la vérité ici et maintenant, mais je vais laisser planer le doute encore un peu. Et toi, Sawyereli, aies une meilleure maîtrise de toi-même. Dans tous les cas, si vous me cherchez, je suis dans ma chambre, j'y vais pour me reposer.

La reine tourna ses talons et s'en aller, sans causer beaucoup plus de fracas dans l'esprit des joueurs. Sawyer goba ses lèvres de honte, le visage livide, les yeux exorbités, il décida de se coucher.

- Comme te le disait Mathgen, dit Igniasté à Mina, la tension à l'approche de la future réunion est vraiment palpable.

Après qu'il eut été révélé que Calendula avait la meilleure main parmi ceux qui ne se sont pas couchés, elle secoua la main pour attirer l'attention du chef des Saints Chevaliers de la Reine.

- Tu devrais peut-être aller la voir, Sawyer, lui suggéra-t-elle.

- Non... Quand je la déçois ou qu'elle est en colère contre moi, je préfère m'écraser dans mon coin, admit-il.

- C'est donc là où s'arrête ton courage...

- Tu ne m'auras pas, Calendula, je ne suis pas prompte à réagir à la provocation.

- Je ne te provoquais pas, rectifia-t-elle, je faisais juste un constat.

Elle se leva de la table et demanda qu'on rassemble ses jetons car c'était sa dernière partie de poker.

- Moi et mon compagnon de beuverie que j'autoproclame allons vous laisser, je suis ravi de notre partie.

Les plus gros perdants de la soirée la fustigèrent de tous les noms, mais elle n'en avait que faire puisqu'elle avait assez pour acheter tout ce qu'elle voulait à Atlantis, se contentant de filer, bras dessus bras dessous, avec Sawyer.

- C'est moi ton compagnon de beuverie ? lui demanda-t-il, toujours pas remis de ses émotions.

- Exactement, affirma-t-elle, et ne t'inquiète pas, c'est une façon de parler, je sais que tu ne bois pas d'alcool. D'ailleurs, étant donné que ton anniversaire approche à grands pas, dis-moi ce qui te ferait plaisir et je le prendrais à Atlantis.

- Tu me connais, Cali, je suis pas du genre à aimer les cadeaux.

- Je le sais, lui concéda-t-elle après un long soupir, j'aurais cru que juste pour cette fois, tu t'y autoriserais...