ERUNF : Un p'tit verre ?

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Tous les deux s'installèrent au bar, en compagnie de trois autres Saints Chevaliers, commandants, soldats et servants. Voyant l'arrivée de ces grands pontes, les deux Saints Chevaliers que sont : Sanga Nguangua, l'un des ressortissants de ce continent que les sylvains n'ont jamais visité, Eden. Comme son nom de famille l'indiquait, il s'agissait d'un nguangua, une sorte d'homme-serpent ailé aux écailles turquoise et roses. C'était un homme très taiseux et juste pour les plus démunis malgré son passé trouble. Dans la hiérarchie des Saints Chevaliers, il était huitième.
Varun Amara, un Yaksha, un esprit de la nature ayant la forme d'un loup au pelage blanc, comme les autres membres de sa race, il était très lié à la nature et donc, il ne lui valut pas très longtemps pour se sentir comme chez lui à Sylvania, terre très liée à la nature et au spirituel. Au sein des Saints Chevaliers, il était l'un des deux chevaliers à jouer un rôle particulier parmi la troupe puisqu'il était le prêtre de celle-ci – l'un des derniers du royaume. Dans la hiérarchie, il était neuvième.
Et la dernière présente se nommait Aria Solovna, une expatriée de l'ancienne URSS III, elle était issue des alkonots, une race de femmes oiseau vivant sur les terres de l'Arbre-Monde – un parmi des dizaines... –, mais personne ne savait précisément où elles se trouvaient, et toutes alkonots se devaient de ne jamais révéler ce lieu secret sous aucun prétexte, et Aria avait toujours tenu parole. Bien qu'elle soit de nature douce, calme et sereine, on ne pouvait se douter qu'auparavant, elle faisait partie de la Nouvelle Armée Rouge qui tenta pour la deuxième fois, en vain, de reconstituer la grande URSS d'antan – alors qu'ils avaient réussi à déterrer les têtes atomiques de cet ancien conglomérat de pays, la seule chose qu'ils avaient réussi à ravager Europea – cela dit, ce n'était pas sa première fois. 

Tous les trois se levèrent de leurs tabourets et ordonnèrent à tous les clients du bar de se retirer pour laisser place à Calendula et Sawyer.

- Vous savez, vous n'avez pas à faire ça, leur dit Sawyer, gêné.

- Oh que si bossman, lui dit Sanga, il faut bien qu'on vous laisse discuter avec votre charmante demoiselle.

Cette rumeur agaçait Sawyer de manière considérable... Il ne savait pas d'où elle venait, mais il priait – fait assez rare – pour qu'elle ne vienne jamais aux oreilles de la demoiselle de son cœur.

Il existait deux camps au sein du royaume des racontars : ceux qui se disaient qu'il existait quelque chose entre le chef des Saints Chevaliers et la reine, mais ce genre de déduction facile fonctionnait quand la princesse/reine disposait d'un champion/ex-champion sauf que là, la princesse en question avait obtenu son trône à la force de ses bras, et que cette romance ne fonctionnait pas dans ce type de cas – au Royaume de Sylvania, ils étaient très fleur bleu –, c'est qu'en avait conclu les enquêteurs en herbe – et ne vous faites pas avoir, il y a de très nombreux adultes dans le lot... trop nombreux. L'autre théorie voulait que la grande magicienne Calendula Aseelni Roserêve et le chef des Saints Chevaliers vivraient un amour passionnel secret à l'abri des regards puisqu'ils étaient amis d'enfance.

Ce genre de ragots amusait plus Calendula que Sawyer, en même temps, l'un projetait un avenir radieux avec sa dulcinée, tandis que l'autre était une célibataire endurcie qui faisait fuir les hommes et dont un mariage n'apportait aucune plus-value à un quelconque partie.

- Vous pouvez arrêter de dire n'importe quoi tout le temps, exigea Sawyer de ses subordonnés.

Tous eurent un rictus aux mots de leur capitaine, puis ils se tournèrent vers Calendula et levèrent un pouce en l'air dans sa direction avant de tous s'en aller vaquer à trouver de quoi se distraire avant leur arrivée à Atlantis.

- Ils sont vraiment amusants tes subordonnées, gloussa Calendula.

- Lâche-moi vieille sorcière, je sais que ça t'amuse cette situation.

- Cette situation n'existerait pas si tu étais plus honnête avec cette ravissante femme qu'est notre reine. Un élixir de Lueur et une Potion Enchantée pour nous deux, monsieur le barman.

Et le barman exécuta sa magie à faire des cocktails, prenant ses shakers et le secoua dans tous les sens grâce à ses nombreuses tentacules avec une précision et une adresse hors-pair, et servi les deux boissons à ses clients.

- Et sinon, mon cher Sawyer, tu as pu te remettre de la mort de Globox ?

Il soupira.

- Tu sais que c'est arrivé, il y a à peine quelques semaines ? Comment tu veux que je m'en remette aussi facilement ?

- Je pensais que les soldats qui vivaient avec la mort sur le dos endurait plus facilement le deuil.

- Désolé de te l'apprendre, mais même nous, nous avons un petit cœur qui pulse dans notre poitrail.

- Je n'ai pas dit le contraire, s'en amusa la magicienne.

- Mais si je veux être tout à fait honnête avec toi, sa mort me terrifie. On vivait déjà un certain bouleversement dans le royaume, de grands changements sont à venir et on est tellement occupé que les lendemains auxquels on pense ne concernent que nos champs de bataille, nos sorts de combat, les réserves de nourriture qu'ils nous restent... Nous ne faisions que penser le maintenant sans jamais nous soucier de demain puisqu'il ne nous avait jamais appartenu et pourtant...

Sawyer serra soudainement les dents et fissura son verre de ses mains.

- Pourquoi avons-nous été assez stupide pour penser que nous étions invincibles et que nos jours n'étaient pas comptés ?

- Sawyer...

- Tous ceux qui ceux qui sont proches de moi meurent. Meurent bien trop rapidement ! Ma mère, mon père, mes frères d'armes, Globox... Que ça soit Morvian, Mathgen, Audisélia ou moi, aucun de nous ne pouvons le pleurer puisqu'il a agi pour le compte de cette... spp...

- Ne prononce pas ce mot, lui ordonna Calendula.

- Calendula... pourquoi cet idiot a-t-il tué cette princesse ? Je vais te paraître sans cœur, mais on le sait tous que s'il n'avait que tué des gamins des Basfonds il s'en serait sorti... Tout le monde en aurait rien a eu à foutre !

- Tu sais bien que c'est faux, le contredit Calendula.

- Alors pourquoi personne n'a vraiment agi avant.

- Non c'est faux, répéta-t-elle, la princesse et toi avait pris le problème a bras le corps dès que vous en avez eu connaissance et vous avez fait tout ce que vous avez tout ce qui était en votre pouvoir pour les arrêter.

- Non Calendula, si on avait fait tout ce qui était en notre pouvoir pour les stopper, plus de gens serraient en vie. On a fait trimer des gosses à notre place parce que... parce qu'Audisélia avait peur...

- C'est bien ce que je dis : vous avez tout ce qui était en votre pouvoir..., dit-elle en délectant de son breuvage alcoolisé.

- Peut-être ont-ils raison, Calendula..., se lamenta Sawyer tremblotant, peut-être ne suis-je pas à la hauteur de mon père... Calendula, je redoute d'échouer à protéger Audisélia, la mort n'a jamais été aussi proche de moi que ces derniers jours. Finalement, nous ne sommes pas aussi invincibles que nous le pensions...

Calendula déposa violemment sa chope de bière et attrapa Sawyer par le col de son armure. Généralement, presque rien ne changeait lorsqu'elle buvait de l'alcool : comme tout le monde, elle avait le visage rougi par la boisson, son haleine était modifiée par les affres du breuvage, néanmoins elle avait un regard beaucoup plus mauvais, beaucoup plus perçant qu'à l'accoutumée, mais franchement, ce n'était pas vraiment dérangeant puisqu'elle ne devenait pas mauvaise pour autant, toutefois, ce qui pouvait être agaçant, c'était sa personnalité qui devait beaucoup plus brutale, un peu plus rentre-dedans. Si vous n'êtes pas habitués à ses changements d'humeur, gare à vous !

- Mais tu vas me parler dans un Oli'Ane correct, oui ?

Les gens présents dans la pièce ne faisaient pas attention, eux avaient l'habitude de voir Calendula dans cet état au moins une fois toutes les deux semaines quand elle venait au bar réservé aux soldats de l'armée sylvienne – c'étaient bien les seuls à pouvoir supporter ses sautes d'humeur.

- C'est que la mort se rapproche de plus en plus de moi, la fameuse invincibilité de notre peuple au final n'a jamais existé, cela veut dire...

- Bien sûr qu'elle n'a jamais existé ! Ne me dis pas que tu as cru en ces bobards pour endormir les jeunes princes et jeunes princesses du royaume ?

Mais Sawyer, perdu dans ses pensées ne l'écoutaient plus, il poursuivit sa phrase sans même s'attarder sur la moquerie de Calendula.

- ... cela veut dire qu'Audisélia se retrouvera toute seule si je meurs...

Calendula le toisa du regard, ne dit aucun mot, un observateur ne saurait deviner ce que signifiait l'expression que son visage exprimait. Dépitée par ce qu'elle venait d'entendre, elle le relâcha, le faisant s'écraser lourdement sur son tabouret, la fée chevalière reprit sa position initiale, et la fée archimage en fit tout autant. Elle demanda au barman de lui resservir et dès que cela fut fait, elle l'engloutit d'un coup sec, laissant voir sa gorge faire des va-et-vient, de haut en bas, au fur et à mesure que la boisson se vidait en elle, puis déposa violemment sa chope de bière.

- Y -t-il un jour où tu changeras, Sawyer ? soupira Calendula sur le comptoir et tournant la tête du côté de Sawyer, alors qu'il serait plus qu'évident de s'inquiéter pour sa vie dans ce genre de situation, tu t'inquiètes de la future solitude de ta fiancée dans le cas où tu décèderais ? Si tu n'étais pas mon ami d'enfance, je dirais que tu es bouffon bouffi d'altruisme déplacé...

- D'aucuns diraient que c'est mon amour pour notre reine qui me fait dire ça, répliqua l'amoureux transi.

- Mais peu ont été jusqu'à usé les Arcanes Interdits de la Lame Vrombissante de l'Ecole de l'Art de la Lame Sonique pour sauver des gens, allant de tes soldats, à de simples civils, de nations alliés ou ennemis, à ceux considéraient comme des déchets, et même... des humains.

- Ne le répète pas trop fort, on pourrait me prendre pour Audisélia, siffla-t-il entre ses dents en souriant.

- J'envie ce cœur aimant et altruiste que tu possèdes Sawyer, ce cœur qui ne peut s'empêcher d'aider autrui malgré tes propres envies et tes propres rancunes.

- Pourtant, c'est vers toi que les gens vont se confier généralement les gens, ricane le chevalier, madame la psychologue.

- Il est vrai que j'ai cette réputation, s'enorgueillit l'archimage, mais c'est simplement qu'entendre les ragots d'autrui m'est terriblement plaisant, dit-elle avec un rictus rempli de mesquinerie, mais toi, bien que ton envie de faire le dur et froid, l'homme insensible, parce que c'est ce que ton rôle t'incombe de faire, tu restes l'homme qui est capable de tendre la main à quiconque a besoin de toi sans aucune arrière-pensée... Peu importe son genre, son sexe, ou... son statut... sans jamais aucun calcul.

- On dirait bien que tu veux m'avouer que tu m'aimes, la taquina Sawyer en touillant son verre et regardant le fond de celui-ci.

Calendula pouffa de rire.

- Si je devais tomber amoureuse de toi, ça aurait déjà été fait il y a une soixantaine d'années, déjà, et malheureusement pour toi, je ne suis pas le genre de personnes à vouloir rentrer en rivalité avec d'autres femmes pour le cœur d'un homme, tout aussi doux qu'il soit.

- Pourtant, dans tout le royaume tu es bien la seule à pouvoir lui tenir tête dans tout le royaume...

- Arrête ça, Sawyer..., le prévint-elle en secouant l'index et le scrutant du coin de l'œil, un petit sourire en coin.

- Je dois dire aussi même les femmes, d'ailleurs, ajouta Sawyer, ce côté misanthrope n'a jamais changé chez toi et a fait que tu as le record de personnes ayant un reçu un refus amoureux de ta part.

- Je t'en supplie, Sawyer : ne commence pas à supputer n'importe quoi sur moi, Sawyer, sinon je divulgue à ta princesse que toi et tes soldats vous aimez vous fouetter les fesses dans vos vestiaires, Sawyer, le menaça-t-elle.

- Pour des supputations ?

Elle leva en l'air.

- A tes risques et périls, l'avertit-elle.

Elle redevint de bonne humeur, cela voulait que sa phase violente lui fût passée, et qu'elle avait l'alcool rieur cette fois-ci.

Oui il a suffi d'un verre pour que le chef des Saints Chevaliers de la Reine et la plus puissante des archimages de Sylvania soit déjà enivrés par l'alcool, après tout, dans tout le règne Féérique – en ajoutant les humains –, les fées sont les êtres ayant la plus faible tolérance à l'alcool – d'ailleurs, je sais même si les fées métabolisent bien l'alcool... Tu pourrais demander à ton ami-là, ou aux Fées si elles métabolisent bien l'alcool ?

[Si je pouvais le faire, ne penses-tu pas que j'aurais demandé quelque chose de bien plus important que si elles sont capables de se défoncer au Jack Daniel's ? maugréa-t-elle.]

Bon point, mais pas besoin d'être aussi aigrie mademoiselle !

Et alors que Sawyer continuait à se chamailler avec son interlocutrice, il reçut soudain un message télépathique électrique. Il n'y avait aucun doute sur sa provenance, mais ce qui était étrange, c'était que celui-ci disait :

« Sawyer, je t'en supplie ! Viens dans ma chambre ! »

Le chevalier-fée sauta de son tabouret, et partit en direction de la chambre de sa protégée. Titubant tout d'abord, avant de bien se redresser sur ses pattes.

- Sawyer, viens ici, l'appela Calendula.

- Mais...

Mais son amie d'enfance insista en l'appelant du dos de sa main sans même daigner se retourner.

Et comme un enfant empêché par sa mère d'aller rejoindre ses amis, Sawyer revint à son point de départ, essayant de marcher droit tant bien que mal. Arrivant à la hauteur de Calendula, celle-ci lui intima d'abaisser sa tête à sa hauteur, ensuite, elle lui apposa sa main sur le front et incanta une magie de désinhibition :

- Amenios, père des eaux, des boissons et de tous les breuvages, retire ton affliction de mon ami : Désinhibition totale.

Cette incantation tenait-là plus lieu d'une prière que d'un simple sortilège. Néanmoins, il en veut tout aussi efficace, rien de moins plus logique quand il est effectué par l'archimage la plus puissante de Sylvania.

- Maintenant, tu peux aller voir ta bien-aimée, lui autorisa Calendula en lui donnant une tape sur les fesses.

Sawyer rougit et voulut lui répondre, mais Audisélia avait réellement d'avoir besoin de lui, alors il ne dit rien et s'en alla en courant à la rescousse de sa dulcinée en exigeant à ses subordonnées de raccompagner Dame Roserêve dans ses appartements.

- Comme à son habitude, il est moins marrant lorsqu'il est en pleine possession de ses moyens... En plus, j'ai oublié de lui poser une question pour l'embêter...

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