Partie sous haute tension.
La soirée battait son plein à L’Antre d’Or. Les lustres en cristal diffusaient une lumière tamisée sur les tables de jeu, où des rires feutrés et des murmures se mêlaient au cliquetis des jetons. L’air sentait un mélange d’alcool, de cuir et de tension maîtrisée.
Vêtu d’une chemise noire ajustée, je me tenais non loin du bar, observant la salle avec une vigilance discrète. Depuis mon arrivée, je n’avais jamais baissé ma garde. Chaque jour auprès de Costa était un test, une épreuve où je devais prouver ma valeur… Sans me trahir. Je réfléchissais toujours à comment réaliser certaines tâches qui m'avaient été confiés, si bien que je ne vis pas mon patron entrer dans mon champs de vision. C'est sa voix grave qui me sortie de mes pensées, manquant de peu de me faire sursauter.
— Carter.
Je me retournai. Lorenzo se tenait là, un verre de whisky à la main, son costume parfaitement coupé reflétant son élégance calculée. Ses yeux gris acier brillaient d’un éclat indéchiffrable, comme toujours.
— On va jouer.
Je haussais un sourcil, surpris par cette demande. Ou plutôt par cet ordre lancer, par ce ton qui ne me laisser pas vraiment le choix.
— Jouer ? Demandais-je tout de même, afin d'être certain de ce que j'avais cru comprendre.
Costa fit un signe de tête en direction d’une salle privée, à l’écart des regards indiscrets.
— Une partie de poker. Toi et moi.
Je me doutais qu'il ne s'agissait pas d'une simple invitation. Tout était un test avec cet homme. Sans doute une façon de jauger mes réactions, de sonder mon âme. L'espace d'un instant, je songeai à refuser mais cela ne reviendrait-il pas à éveiller encore plus ses soupçons ?
— Pourquoi pas, répondis-je finalement d’un ton neutre.
Je suivis donc mon patron jusqu'à l'étage, traversant le long couloir qui menait aux salles privés. Et devant l'une d'elle se tenait un portier, qui nous ouvrit la porte afin de nous laisser entrés. La table de poker privée, qui trônait à présent face à moi, était un îlot d’opulence dans l’océan d’agitation du casino. Un tapis de velours grenat recouvrait la surface, des jetons parfaitement empilés attendaient d’être joués et une bouteille de Whisky hors de prix trônait à côté de deux verres qui n'attendaient que d'être remplis. L’ambiance feutrée contrastait avec l’effervescence bruyante des machines et des cris des gagnants – ou des perdants – à l’étage inférieur.
Nous nous installions en silence autour de la table, face à face, sous les lueurs chaudes d’une lampe suspendue. Lorenzo s'empara du paquet de carte posé là, mélangea puis les distribua d’un geste fluide, ses doigts maîtrisant le mouvement avec une précision qui trahissait son habitude du jeu. Deux cartes glissèrent devant moi, face cachée. Je les retournai d’un mouvement discret. Roi de pique et dix de carreau. Une main prometteuse mais risquée.
— Alors, jouons un peu, déclara-t-il. Un simple poker fermé. Tu joues souvent ?
Demanda le mafieux, décidant de rompre le silence tout en m'observant, un léger sourire en coin.
— Parfois.
— Bien. Parce que dans ce monde, savoir bluffer est une nécessité.
Je captais l’allusion immédiatement, n'étant pas assez idiot pour ne pas la comprendre. Ce n’était pas juste une partie de poker, c’était une métaphore de notre relation.
— Et qu’est-ce qu’on mise ? Demandais-je, amusé. Lorenzo fit rouler un jeton entre ses doigts.
— L’information, monsieur Carter. À chaque main perdante, l’autre pose une question à laquelle il faut répondre honnêtement.
J'esquissais un sourire en coin.
— Voilà un jeu intéressant.
Le poker n’était pas qu’un jeu de cartes. C’était un duel psychologique, un affrontement où chaque battement de cils, chaque tressaillement de lèvres pouvait trahir une information cruciale. Le flop fut retourné : As de pique, dix de cœur, sept de trèfle. J’avais une paire de dix, pas la meilleure main possible mais de quoi tenir tête. Lorenzo lui, ne bougeait pas, observant le jeu comme s’il pouvait en déchiffrer chaque secret d’un simple regard.
— Mise, déclara-t-il, poussant un tas de jetons au centre.
Je pris une seconde pour analyser la situation. S’il avait un As, il était en position de force. S’il bluffait, je pouvais en profiter.
— Suivi, annonçai-je en ajoutant la même somme que lui dans le pot.
Le croupier invisible – Costa lui-même ce soir – retourna la turn. Valet de pique.
Le jeu devenait plus intéressant. Un roi me donnerait une suite. Mais Lorenzo ne me laissait aucun répit. Il augmenta la mise, un sourire fin au coin des lèvres.
— Vous hésitez, Elijah. Mauvais signe.
— Ou peut-être que je réfléchis, rétorquai-je en jetant un œil à son empilement de jetons.
Il jouait avec une décontraction naturelle, comme s’il connaissait déjà l’issue de la partie. Mais je n’étais pas prêt à me coucher.
— Relance, annonçai-je, glissant une somme plus conséquente vers le centre.
Un battement de silence. Puis un rire bref de mon patron.
— J’aime ça, déclara-t-il. Vous avez du cran.
La rivière fut dévoilée : Roi de cœur.
Bingo. Une double paire, Rois et Dix. Une main solide mais pas imbattable.
Lorenzo posa son regard sur moi, puis sur ses cartes. Il hésita une seconde de trop. Un micro-détail mais suffisant pour me mettre en confiance.
— All-in, dit-il soudainement en poussant tous ses jetons.
Le coup de bluff ultime ou une main écrasante ? Je pouvais me coucher et minimiser mes pertes… Ou le suivre et découvrir ce qu’il avait en main. Mes doigts effleurèrent mes jetons. Mon instinct me criait qu’il tentait de me tester, de voir jusqu’où j’irais. Mais si je perdais, il verrait aussi ma faiblesse.
Je pris une inspiration lente.
— Suivi.
Costa retourna ses cartes. As de cœur et Valet de carreau.
Je retins un sourire.
— Jolie tentative, murmurai-je.
— Jolie victoire, corrigea-t-il en me fixant.
Il avait perdu la main mais son regard disait qu’il avait gagné bien plus que la partie. Je venais de lui prouver que je n’étais pas un homme qui se couchait facilement. Lorenzo ramassa ses cartes avec un sourire en coin, empilant lentement les jetons restants devant lui. Il avait perdu la première manche mais il n’était pas du genre à accepter la défaite sans réagir.
— Une autre partie, proposa-t-il en battant le jeu d’un mouvement fluide.
Ce n’était pas une question. Je pris les miennes sans trahir la moindre émotion. Dame de pique et huit de carreau. Une main moyenne mais tout dépendrait du flop.
— Tu caches bien ton jeu, Carter.
Je fis semblant de me concentrer sur mes cartes.
— C’est tout l’intérêt du poker, non ?
Lorenzo lui, posa son verre et se pencha légèrement en avant, s'appuyant d'avantage sur ses coudes.
— Le poker, c’est une question de contrôle. Celui qui garde son sang-froid, celui qui sait quand risquer gros et quand se retirer, c’est celui qui termine gagnant.
Il marqua une pause, son regard transperçant le mien.
— Dis-moi, dans quoi es-tu prêt à te lancer, Carter ? Jusqu’où es-tu prêt à aller ?
Je sentis mon cœur battre plus vite. Lorenzo ne parlait pas de cartes. Vraisemblablement, il testait ma loyauté, ma capacité à encaisser la pression, ma place dans cet univers sans pitié. Je gardais mon masque impassible tandis que Lorenzo plaça la petite blinde, moi la grosse. Il tapa sur la table.
— Suivi.
Le croupier improvisé – encore lui – retourna le flop : Huit de trèfle, trois de carreau, As de cœur.
Une petite paire. Rien d’exceptionnel mais suffisant pour rester dans le jeu.
— Mise, déclara Costa en avançant quelques jetons.
Je le fixai, cherchant à lire quelque chose sur son visage. Ce coup-ci, il jouait différemment. Plus agressif, plus confiant.
— Suivi, répondis-je.
La turn fut dévoilée : Dame de trèfle.
Bingo. Une double paire.
Je cachai soigneusement ma satisfaction. Costa lui, ne montra rien non plus.
— Tôt ou tard, Carter, il faudra que tu me montres tes vraies cartes.
Je savais que cette partie ne faisait que commencer et imperceptiblement, je me tendis. J'avais l'impression de faire face à une sorte d'interrogatoire camouflés par ce jeu où le bluff était le maître mot.
— J’espère que tu as l’habitude de jouer sous pression, dit-il en rompant de nouveau le silence qui venait de s'installer, avec un sourire en coin.
A cela, je ne fis que hocher la tête. Nous étions seuls dans cette pièce, un luxe que peu pouvaient s’offrir avec Costa et je comprenais mieux pourquoi: personne ne voudrait lui faire face de cette manière. La table de poker scintillait sous la lumière tamisée et Lorenzo observait chacun de mes mouvements comme un faucon cherchant une faille dans mon masque impeccable. Chaque carte distribuée était un test, chaque pari, une question silencieuse. Le pire était que j'en avais conscience et que je ne pouvais qu'y faire face.
— Alors, Carter, commença Lorenzo en sirotant lentement son verre de whisky. Quel est ton secret ?
Je haussai un sourcil, jouant mon rôle avec brio... Du moins, je l'espérais.
— Si je vous le dis, ce ne serait plus un secret.
Mon patron me fixa intensément, ses yeux gris semblant vouloir percer les miens.
— Tu vois, dans ce jeu, il ne s’agit pas seulement de chance mais de lire ton adversaire. Et toi, Carter, tu es difficile à lire. Trop difficile.
Je sentis une sueur froide me parcourir le dos mais je gardais mon calme, prenant une gorgée de mon verre pour masquer mon malaise.
— Peut-être que je ne suis pas un adversaire, répliquais-je. Peut-être que je suis ici pour apprendre.
Lorenzo rit doucement, un rire qui sonnait à la fois chaleureux et menaçant.
— Tout le monde veut apprendre quelque chose ici, Elijah. La vraie question est: Qu’essaies-tu d’apprendre de moi ?
Je m’efforçais de maintenir mon sourire alors que Costa se rapprochait dangereusement de la vérité, et il le savait. Mais je ne pouvais pas reculer, pas maintenant. La tension dans la pièce était palpable et je sentais que je jouais une autre partie, bien plus dangereuse que le poker. Une partie où ma vie, mon cœur et mon devoir étaient en jeu.
— Je ne peux vous le dévoiler, c'est un secret, répondis-je d'un air espiègle.
Le sourire de mon patron s’élargit mais son regard se fit plus perçant.
— Dans ce monde, les secrets sont comme des cartes. Si tu les gardes trop longtemps, quelqu’un finit toujours par les dévoiler à ta place. Et ils peuvent finir par t'exploser à la figure.
Je me forçais à sourire en retour mais je sentais la sueur perler sur ma nuque. Plus qu'une simple partie de poker, c'était une une danse délicate entre le mensonge et la vérité.
— Tu joues bien, reconnut Costa en se penchant légèrement en avant. Mais, Carter, je me demande… Que ferais-tu si tu perdais tout d’un coup ?
Cette question, lancée avec désinvolture, fit l’effet d’un coup de couteau. Je croisais brièvement le regard de mon patron avant de répondre d’un ton égal:
— On ne perd jamais tout, monsieur Costa. Tant qu’on est encore en vie, il y a toujours une carte à jouer.
Le silence qui suivit était lourd de sous-entendus. Lorenzo éclata finalement de rire, levant son verre pour saluer cette réponse.
— Bien dit. Mais rappelle-toi, Carter: dans ce jeu, ce n’est pas la main qu’on a qui compte. C’est ce qu’on en fait. Dit-il en effleurant les cartes devant lui.
Lorenzo sourit mais il y avait quelque chose de plus sombre derrière ce dernier. Il voulait observer. Décortiquer. Comprendre ce qui se cachait derrière l'homme énigmatique que j'étais. Pour moi, chaque seconde passée à cette table était un champ de mines où un faux pas pourrait ruiner ma couverture. Et au passage, mettre fin à ma vie. C'était une option que je préférais éviter.
Mon patron prit un jeton entre ses doigts, le fit tourner lentement, puis doubla sa mise.
— Vous essayez de m’intimider, monsieur Costa ? Lançai-je en souriant légèrement.
Son regard se fit plus perçant.
— Moi ? Jamais.
Un silence s’étira, pesant. C’était un jeu dans le jeu. Les cartes n’étaient qu’un prétexte. Le véritable enjeu, c’était nous.
Je pris quelques secondes avant de relancer à mon tour, testant sa réaction. Rien. Pas une variation dans son expression.
La rivière fut alors retournée. Roi de carreau.
Je serrai imperceptiblement la mâchoire. Si Lorenzo avait un As ou un Roi, il prenait l’avantage.
Il ne bougea pas immédiatement, laissant le silence s’étirer comme une corde tendue entre nous. Puis, calmement, il avança tous ses jetons.
— All-in.
Je l’observai avec attention. Il bluffe. Peut-être. Ou peut-être pas. Mon cœur battait plus vite mais mon visage resta impassible. Une double paire, ce n’était pas rien. Mais si je suivais et qu’il avait mieux, je perdais tout. Je pris mon temps. Une seconde. Deux. Puis je poussai tous mes jetons au centre.
— Suivi.
Il retourna ses cartes. As de pique et neuf de carreau.
Mon estomac se contracta. Il avait une paire d’As.
J’avais perdu.
Un silence s’installa. Lorenzo m’observa, cherchant une réaction. Je me contentai de sourire légèrement en m’appuyant contre le dossier de ma chaise.
— J’imagine que l’élève doit bien perdre une fois contre le maître, déclarai-je.
Costa laissa échapper un rire bref mais son regard était toujours aussi perçant.
— Le maître, hein ? T’es sûr de toi, Carter ?
Il ramassa les jetons d’un geste précis, sans cesser de me fixer. Cette partie n’était qu’un avant-goût. Il venait de me faire comprendre une chose essentielle. Avec Lorenzo Costa, on ne gagnait jamais entièrement.
La soirée avançait et la partie de poker privée devenait bien plus qu’un simple jeu. Chaque carte posée, chaque regard échangé semblait alourdir l’atmosphère dans la pièce. Lorenzo, visiblement plus à l’aise que moi, avait dénoué sa cravate tandis que je conservais mon air sérieux et calculateur. Mais intérieurement, j'étais tendu. J'essayais de maintenir ma couverture tout en résistant à la fascination que je commençais à éprouver pour Costa.
— Tu sais Carter, dit-il soudainement, la vie est comme une partie de poker. Ce n’est pas seulement une question de chance mais de savoir quand miser, quand bluffer… Et quand se coucher.
Je répondis avec un sourire neutre, gardant au possible mon sang-froid.
— Et vous monsieur Costa, est-ce que vous êtes du genre à bluffer souvent ?
Lorenzo éclata de rire, un rire franc mais chargé de sous-entendus.
— Seulement quand ça en vaut la peine. Mais toi, Carter, tu me fascines. Tu as un talent pour cacher tes émotions mais je sens qu’il y a quelque chose… Une faille, peut-être ?
Je sentis un frisson me parcourir. Mon patron jouait avec moi, sondant mon esprit, essayant de me percer à jour.
— Je suppose que chacun a ses secrets, répliquais-je calmement.
Lorenzo haussa un sourcil, visiblement amusé et intrigué.
— Des secrets, oui. Mais certains sont plus dangereux que d’autres.
Notre conversation fut interrompue par l’arrivée d’un serveur apportant une nouvelle bouteille, de vin cette fois-ci. Costa versa deux verres et m'en tendis un, qui j’acceptai avec précaution.
— À notre collaboration, dit Lorenzo en levant son verre.
— À notre collaboration, répétais-je, bien que je savais que ce toast cachait bien plus qu’une simple formalité.
Nous trinquions et dans ce geste simple, il y avait une tension palpable, un mélange de méfiance, d’attraction et d’un jeu de pouvoir silencieux.
— Je ne sais pas encore si je peux te faire confiance, Carter. Mais tu es doué. Et ça, c’est rare.
Je ne répondis pas. Je savais que chaque mot pourrait être utilisé contre moi.
Une heure s'écoula, peut-être même un peu plus, marquées par des silences lourds et des échanges subtils. Bien que nous étions tout deux des opposés sur bien des aspects, nous semblions pourtant nous apprivoiser. À chaque main jouée, à chaque regard croisé, une tension étrange se tissait entre nous. Lorenzo, derrière son masque de maître du jeu, semblait intrigué, presque désarmé par ma présence. Et malgré mon rôle et les risques encourus, je ne pouvais nier l’attraction qui me rattachait à cet homme complexe et imprévisible.
— Bien joué. Tu sais garder ton sang-froid, je te l’accorde. Mais dans ce métier, tout le monde a ses limites et je compte bien découvrir où sont les tiennes, Elijah.
Alors que la partie se terminée, Lorenzo se leva, contourna la table et posa une main sur mon épaule, un geste qui mêlait autorité et une certaine douceur inattendue.
— Tu es surprenant, Carter. Peut-être que toi et moi, on pourrait faire de grandes choses ensemble.
Je levais les yeux vers lui et pour une fois, mes pensées trahirent mon masque. Dans ces yeux gris acier, je n’y voyait pas seulement un homme dangereux. Je voyais quelqu’un de vulnérable, un homme qui portait un poids immense sur ses épaules.
— Peut-être, répondis-je simplement.
Notre échange, bien qu’apparemment anodin, marqua un tournant. Une ligne floue venait d’être franchie et ni l’un ni l’autre ne semblions encore prêt à y faire face. Mais dans cette salle privée, entre ces murs où tant de secrets avaient été scellés, une connexion naissante venait de s'établir inexorablement.
— Tout le monde a un prix ou une faiblesse, murmura Lorenzo à mon oreille, me provoquant un long frisson. J’aime comprendre ce qui motive les hommes.
Je posais calmement mes cartes, révélant une quinte, ce qui me fit remporter la manche. Je haussais légèrement les épaules, comme si cette victoire n’était rien d’extraordinaire.
— Peut-être que ce qui me motive est simplement de gagner, dis-je doucement, mon ton laissant planer l’ambiguïté.
Lorenzo éclata de rire, un rire bref et grave, mais ses yeux brillaient d’un éclat dangereux.
— Gagner, hein ? Méfie-toi, Carter. Dans mon monde, gagner peut coûter plus cher que perdre.
Une tension inexplicable flottait entre nous. Ce n’était pas seulement une rivalité intellectuelle, c’était autre chose: Une connexion tacite et troublante qui rendait les enjeux encore plus élevés. J'avais compris que chaque geste, chaque mot était une pièce du puzzle. Costa lui, semblait s'amuser de cette dynamique.
— Tu es un joueur intéressant, Elijah, finit-il par dire en regagnant sa place afin de ranger les cartes. Mais sache que dans ma maison, je ne perds jamais.
Je souris légèrement, cachant l’inquiétude qui commençait à poindre. Cette partie n'avait été qu’une bataille dans notre guerre silencieuse et je savais que Lorenzo ne tarderait pas à pousser ses interrogations plus loin.
— Dis-moi, Carter, pourquoi avoir quitté la finance pour ce monde ?
Je sentis mon cœur se serrer. La question était dangereusement proche de mon secret. Pourtant, j'esquissai un sourire calculé.
— Peut-être que les chiffres seuls ne suffisent plus. Ici, il y a du risque et de l'adrénaline. Ça me motive.
Mon patron plissa les yeux, me scrutant comme s’il cherchait une faille dans ma réponse. Finalement, il se contenta d’un sourire énigmatique. Je rangeais les jetons avec satisfaction mais je sentais tout de même que j'avais perdu plus qu’une partie ce soir : Une part de ma couverture avait été mise à l’épreuve.
— Tu caches quelque chose, murmura le maître des lieux avec un regard qui semblait sonder jusqu’au plus profond de mon âme. Et je compte bien le découvrir.
Je me contentais de ranger mes affaires et quittais finalement la pièce, le cœur battant et sentant le regard de Lorenzo brûler dans mon dos. Je le sentais, mon patron suspecter quelque chose mais jusqu’où était-il prêt à aller ? Je doutais sincèrement qu'il sache se donner des limites et cela me terrifier. Ce moment marquait un tournant. Notre relation, déjà complexe, ne ferait que se resserrer dans un mélange dangereux de défiance et d’attraction.
La soirée se termina finalement dans une tension palpable, chacun de nous ayant marqué des points mais sans révéler nos intentions véritables.
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