La montée de Lorenzo Costa.
Point de vue Lorenzo.
Je n'étais pas destiné à être le roi du jeu. Né dans un quartier pauvre de Naples, j'avais grandi dans une famille où l'honnêteté ne payait jamais les factures. Mon père, un docker usé par le travail, passait ses nuits à perdre l'argent du foyer dans des jeux d'argent clandestins, tandis que ma mère faisait de son mieux pour maintenir une façade d'ordre au milieu du chaos. Mais moi, je voyais plus loin que les ruelles étroites et les toits délabrés.
À quinze ans, je faisais déjà des courses pour un petit gang local, transportant de la drogue et collectant des dettes pour des prêteurs usuriers. Il fallait bien faire entrer un peu d'argent dans le foyer mais je n'étais pas satisfait de rester qu'un simple pion. J'observais, apprenais et attendais le bon moment pour m'imposer. Je m'étais refusé à devenir comme mes parents : Des moins que rien rongés par la vie qu'ils menaient. Moi, je rêvais d'un avenir meilleur, un avenir plus grand dans lequel je n'aurais plus à trainer les rues tel un vulgaire rat d'égouts.
Un soir, après avoir vu mon supérieur perdre une énorme somme au poker contre un joueur tricheur, j'étais intervenu. Très bon observateur, j'avais remarqué les signes : Le tic nerveux du tricheur et la manière dont il manipulait subtilement les cartes. Lorsque le chaos éclata, j'avais utilisé le tumulte pour m’emparer des gains et les rendre à mon gang, tout en dénonçant la triche. Ce coup de maître me valut la confiance et le respect des miens. C’était mon premier pas vers un pouvoir que je n’avais jamais imaginé. Après cela, j'avais grimper quelques échelons et ne servais plus seulement d'homme à tout faire.
À vingt ans, après une série d’altercations dangereuses avec des gangs rivaux, j'avais quitté Naples pour Las Venturas, une ville où les rêves se faisaient et se brisaient sous les lumières aveuglantes des casinos. Je n’avais rien, sinon une valise, une intelligence aiguisée et une ambition dévorante. J'avais commencé comme croupier dans un petit casino délabré, un poste bien en-dessous de mes capacités. Mais j'avais utilisé chaque pause, chaque moment de répit pour étudier le fonctionnement de ses établissements, comprendre les failles et repérer les opportunités.
J'avais gravis de nouveau les échelons en jouant de mon charisme et de ma capacité à négocier des alliances improbables. Je gagna alors des parts dans un petit casino en aidant son propriétaire à se débarrasser de créanciers oppressants, puis utilisa cette position pour attirer des investisseurs douteux, séduits par mes promesses d'expansion. Chaque succès consolidait mon réseau de contacts dans le milieu du crime organisé et chaque rival éliminé renforçait mon contrôle. C'était là une manière pour moi d'avancer dans mon projet sans m'imposer la moindre limite.
J'avais un rêve, un nouveau but à présent et rien ne pourrait m'arrêter. Pas maintenant alors que je me rapprochais de mon but à grands pas.
J'étais conscient, même à l'époque, qu’un empire ne pouvait pas se construire sur des fondations fragiles. J'avais investis chaque centime gagné dans un projet audacieux: l’Antre d’Or, un casino luxueux où se mêlaient jeu légal et transactions illicites. Pour financer ce rêve, j'avais conclus des accords avec des cartels, des trafiquants d’armes et même des politiciens corrompus. Mais je n’étais pas naïf pour autant, m’assurant que chaque allié potentiel était aussi dépendant de moi que je l’étais d’eux.
Un pari finalement réussit.
L'ouverture de l'Antre d’Or fut un événement spectaculaire, attirant les élites de Las Venturas et les figures de l'ombre. Sous les lustres scintillants et les tapis rouges, des deals se faisaient, des alliances se forgeaient et je surveillais tout de mes yeux de lynx. Rien ne m'échappais, jamais. Je n'étais plus un outsider : J'étais à présent le maître du jeu.
Seulement, atteindre le sommet demandait des sacrifices et la solitude pouvait vous rongez la chaire.
Bâtir un empire avait un coût.
J'avais appris très tôt qu'il fallait sacrifier pour réussir. Les amitiés étaient éphémères et les relations amoureuses, quant à elles, des mirages. J'avais aimé une femme autrefois, Sofia, une artiste peintre qui voyait au-delà de mon masque de dur. Mais lorsqu’elle avait découvert l’étendue de mes activités criminelles, elle m’avais quitté, laissant un vide que je comblais avec mon travail.
Je n’avais jamais vraiment fait la paix avec ce choix. Chaque soir, en observant mon casino depuis mon bureau, je me demandais s’il était possible de concilier pouvoir et amour, ou si mon empire serait toujours construit sur la peur et la trahison.
A l'heure actuelle, je n'en avais toujours pas la réponse.
Aujourd’hui, j'étais le résultat de décennies de calculs, de trahisons et de victoires. Je n'étais plus ce garçon des rues de Naples mais une légende vivante. Pourtant, même au sommet, je savais que la chute était toujours possible. C’est pourquoi je veillais à chaque détail, traquant les menaces avec la même vigilance que j'avais lorsque j'étais plus jeune et affamé de réussite.
Et, dans les ombres de mon empire, je me demande si un homme comme moi pouvait vraiment faire confiance à quiconque, surtout à Elijah Carter, cet outsider énigmatique qui semblait être trop parfait pour être honnête.
Quelques jours après la soirée de poker privée, je commençais à sentir une fissure dans l’illusion de loyauté qu’affichait Carter. Malgré son apparence impeccable et son comportement irréprochable, quelque chose ne collait pas. J'ai toujours été un maître dans l'art de déceler les failles chez les hommes et cette fois-ci, mon instinct criait à la trahison.
Dans mon bureau, je faisais les cent pas, la mâchoire crispée. Après quelques longues secondes, je me tournais vers Rocco qui se tenait près de la porte, les bras croisés, se demandant certainement ce que j'avais en tête.
— Fais-le suivre, ordonnais-je, la voix aussi coupante qu'une lame.
Mon second fronça légèrement les sourcils face à ma décision.
— Tu parles de Carter ? Il a pourtant l’air... Loyal.
Je m’arrêtais brusquement, plantant mon regard perçant dans celui de Rocco, qui se redressa pour se tenir droit.
— C’est justement ce qui me dérange. Personne n’est aussi parfait. Découvre où il va, qui il rencontre, ce qu’il fait quand il pense que personne ne regarde.
Rocco hocha la tête, bien qu’il semblait hésiter. Mais il savait qu'il n'avait pas vraiment le choix de toute façon. Mes demandes étaient des ordres qu'on ne pouvait discuter.
— Très bien. Je m’en charge.
Il partit sans se faire prier et quelques heures plus tard, alors que la journée touchait à sa fin et que j'étais occupés à signer quelques papiers dans mon bureau, je reçus un appel. Mon second. Je décrochais, coinçant mon portable entre mon oreille et mon épaule pour continuer ce que je faisais.
— Parle, dis-je d'un ton autoritaire.
— Carter a rencontré un homme qu'on ne connait pas en sortant du casino. On dirait que tu ne t'es pas trompé et qu'il a bel et bien des choses à cacher.
De l’autre côté du fil, je restais silencieux un instant, mon esprit travaillant déjà à comprendre la trahison potentielle. Puis, d’une voix froide, je répondis finalement :
— Bien, continue de le surveiller. Et s’il dérape, fais en sorte qu’il ne puisse plus. Renseigne-toi également sur cet homme qu'il a rencontré.
Rocco raccrocha sans répondre tandis que mon expression se durcit. Il savait que mes ordres ne laissaient jamais place à l’ambiguïté. Si Carter s’avérait être un traître, sa vie ne tiendrait plus qu’à un fil.
Son destin n'était plus le sien, il était à présent entre mes mains tâchées de sang. Je n'avais pas l'intention de laisser un gamin gâchais toutes ses années de boulot et de sacrifices pour en arriver où j'en étais aujourd'hui.
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Ce chapitre est un peu plus court, je m'en excuse mais j'espère qu'il vous plaieras tout de même x) N'hésitez pas à me donner vos avis !
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