Chapitre 20

3 minutes de lecture

La balade sur la plage nous avait épuisées Mamé et moi. Si j’étais en meilleure posture physiquement, mentalement, j’avais l’impression d’avoir couru un marathon. Mon cerveau tournait à plein régime, incapable de penser à autre chose qu’au sort de Jenny.

J’avais lu beaucoup d’histoires mettant en scène des personnages féminins, victimes de violences conjugales et, toutes avaient ce point commun d’aimer furieusement leur bourreau et ce, en dépit des maltraitances qu’ils leur infligeaient. J’avais essayé de me mettre dans leur peau, de comprendre ces sentiments qui occultaient tout le reste au point de nier la réalité, de se renier soi-même… Pourtant, Jenny ne ressemblait pas à ces héroïnes. Elle aimait Ben. Ben l’aimait… Quelque chose m’échappait dans toute cette histoire.

Alors que j’envisageai de parler à mon cousin, celui-ci claqua la porte en rentrant. Son casque retiré dévoila sa tête des mauvais jours : traits tirés, mâchoires serrées, cheveux en pagaille et regard vitreux. Il avait dû s’enquiller quelques verres avant de rentrer. Je marchai sur des œufs...

— T’as faim ?

Il me dévisagea, les yeux plissés.

— Qu’est-ce que tu veux ?

— Savoir si tu as faim… répétai-je innocemment.

J’avais évidemment abandonné l’idée de lui tirer les vers du nez à l’instant où la porte d’entrée s’était refermée.

Il s’affala sur une chaise sans me répondre et se prit la tête entre les mains. Je n’avais aucune idée du comportement à adopter. Lui proposer un autre verre n’était pas du tout raisonnable !

— Tu veux un verre ?

— Ouais quelque chose de fort !

Je sortis la bouteille de whisky et deux verres.

— T’aimes le whisky, toi ? me demanda-t-il surpris par le verre que je m’étais servi.

— Non.

— Pourquoi t’en bois alors ?

Je haussai les épaules.

— Pour t’accompagner… T’as l’air d’avoir passé une sale journée.

Il plissa davantage ses yeux mais ne fit aucun commentaire. J’eus même l’impression qu’il appréciait mon initiative.

Je portai le verre à ma bouche en voyant mon cousin en faire autant. La trotteuse de la pendule se fit soudain plus forte, comptabilisant les secondes de gêne qui s’installaient entre Ben et moi. J’avais envie de lui dire que j’étais là pour lui, pour l’écouter s’il avait besoin mais ses épaules tendues et son air dur m’en dissuadèrent. J’étais prise au piège de cette situation dont je n’avais aucune idée de comment m’en extraire.

C’est finalement Ben qui brisa le silence.

— Pourquoi t’es revenue ?

J’avais espéré une autre question, une discussion positive mais Ben restait Ben. Ma présence l’insupporterait toujours.

— J’veux dire pourquoi t’as quitté Paris ?

— À cause d’un con !

Il me dévisagea.

— Ce Simon que tu as mentionné la dernière fois ?

— Lui-même !

— Tu l’aimais ?

— Je le croyais mais je me rends compte que non. C’est sûrement à l’idée d’être avec quelqu’un que j’étais attachée…

— Toi ?

— Oui pourquoi ?

— Je ne t’ai jamais imaginée, collée pour la vie à quelqu’un.

Je fis claquer ma langue en signe d’agacement.

— Je sais ! Visiblement tout le monde a toujours pensé ça...

— Et ça t’emmerde ?

— Quoi ? De passer pour l’égoïste incapable de laisser quelqu’un partager sa vie ?

— C’est comme ça que tu te vois ?

Je n’aimais pas la tournure que prenait cette conversation. J’avais l’impression d’être coincée dans le cabinet d’un psy. Ben avait les yeux rivés sur moi, disséquant le moindre mouvement qui trahirait mes émotions.

— T’es indépendante Coco. C’est une grande force. C’est comme ça qu’il faut que tu te vois. Comme une guerrière capable de menacer un mec de lui foutre ton poing dans sa gueule s’il ne toque pas à ta porte.

Je le regardai, les yeux plissés, sondant son humeur, puis nos regards se croisèrent et nous partîmes dans un éclat de rire. J’hésitai un instant avant de lui demander :

— Tu veux que j’aille foutre mon poing dans la tronche du mec de Jenny ? Je peux le faire Ben. Pour toi...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Rêves de Plume ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0