Chapitre 6 : Pas si loyal que je le croyais

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Élisa

La poignée de la porte glisse en dessous de mes doigts, je perds mon équilibre. Une main se pose sur le haut de mon dos, l'autre sur mes hanches, empêchant mon corps de chuter. Suspendant dans les airs, seuls mes pieds sont en contact du sol, mon regard s'accroche à l'homme qui me retient. Je sens toute ma colère partir, laissant place à la surprise. Une douce et légère chaleur s'immisce dans ma peau, je suis incapable de détourner mon regard, totalement hypnotiser par ce qu'il propage.

- Besoin d'aide princesse ?

J'avale difficilement ma salive, mon cœur bat frénétiquement au point d'en oublier de respirer. Ses cheveux noirs retombent sur son visage, mouiller, les gouttes d'eau chemine sur son épiderme. Torse-nu, parmi quelques tatouages, je peux lire des lettres en italique gravé à l'encre noire sur son cou :

« Yesterday's shadow is today's light » 

L'ombre d'hier est ma lumière d'aujourd'hui.

Il a goûté au monde des ténèbres.

J'affiche un grand sourire face à sa provocation.

Il doit se douter que je déteste être aidé.

- Non, très chère coloc, je me débrouille très bien toute seule.

Sur ses mots, une lueur de défis passe dans ses iris. Il me lâche.

Sauf que j'avais déjà prévu le coup.

Mais mains enroulent ses bras, je l'entraine dans ma chute, celle qu'il à lui même provoquer. M'aidant sur mes appuis, je nous fais pivoter afin que son corps me protège de l'impact. La seconde qui suit, je me retrouve coller à lui, nos visages sont à présents à quelques centimètres de se toucher.

Bordel de merde !
J'ai failli l'embrasser à cause d'une chute !

Le sourire que j'abordais, il y a quelques instants, se dissout, pour se former en un léger rictus victorieux.

- La prochaine fois, ne sous-estime pas ton adversaire, Marvyn.

Je prends appui sur lui pour me relever. Je lui tourne le dos m'apprête à partir quand je me souviens de la raison pour laquelle je me suis précipité ici. J'ouvre la bouche pour prendre la parole et déverser la colère qui vient à nouveau, quand il me devance :

- Je ne t'ai jamais sous-estimé, Elisa. Sache-le.

Je me retourne, surprise par son ton doux et sincère.

Comment arrive à employer ce ton de confession sans avoir peur de se faire sous-estimer par la personne en face de lui.

Lorsque nos yeux s'implantent mutuellement dans celui des autres, la réponse à ma question me vient instinctivement.

C'est ce qu'il recherche. Cacher ses réelles intentions pour surprendre l'autre.

Mon rictus au coin de ma bouche disparaît.

- Alors pourquoi m'avoir lâché ?

- Je n'ai fait qu'exécuter tes désirs, princesse.

C'est la deuxième fois qu'il m'appelle comme cela et ça m'insupporte !

Je suis tout sauf une princesse !
Je suis une guerrière de l'ombre, une femme qui se combat contre ce qui était la cause de la mort de cette petite qu'elle était auparavant.

- Arrête de m'appeler comme ça.

- Comment ?

- « Princesse ».

- Et pourquoi ?

- Parce que je suis pas une femme qui veut être chouchouté et avoir un homme qui la suit chaque jours, avec l'obligations de suivre des restriction convenu par les autres et non par moi.

Un sourire vicieux prend place sur son visage.

- Princesse, Princesse, Princesse, Princesse, Princesse, Princesse, Princesse, Princesse...

Et il continue ainsi, sachant très bien qu'il est en train de me pousser à bout. J'essaye de me contrôler.

Ce qui m'étonne, car j'ai tendance à donner des coups très facilement.

Il n'arrête toujours pas, fessant en sorte de me regarder droit dans les yeux.

Pourrie gâtée.
Pourrie gâtée.
Pourrie gâtée.

Je serre mes poings, résistant au sentiment d'effondrement qui grandit en moi. Il s'apprête à arrêter quand je ne peux plus me retenir et que ma main part en même temps que mon esprit craque. Elle s'abat contre le mur, à quelques centimètres de Marvyn. Je le sens retenir son souffle, quant à moi, je me regarde les dégâts, que mon coup à provoquer.

Encore un foutu trou à reboucher.

Son regard s'attarde sur ma main.

- Elisa.

Je sens ma peau picoter, une légère douleur s'installe, mais ce n'est rien comparer à ce que j'ai pu vivre auparavant.

Il t'a menti, Elisa.

D'habitude, je laisse les gens me mentir, car je suis la première à le faire. Mais avec lui, j'ai besoin de savoir, j'ai besoin de comprendre et d'entrevoir ses intentions, j'ai besoin de savoir par peur de son imprévisibilité, de la lumière qu'il utilise comme barrière, de la soit disant innocence que renvoie celle-ci. Ce n'est pas le cas, je le sais par ce que la vie m'a infligé, je le sais, car il vient de me le démontrer.

Concentre-toi sur tes objectifs, Elisa. Pas sur tes peurs.

Plus facile à dire qu'à faire.

- La vérité, maintenant.

L'étonnement s'inscrit sur son visage.

- Comment tu le sais.

- Que tu mens ?

- Oui.

- Je ne suis pas dupe, comme les autres.

- C'est-à-dire ?

Je sais ce qu'il cherche à faire, trouver la moindre porte de secours, pour fuir à la question.

Je l'ai moi-même utiliser maintes et maintes fois.

- N'essaye pas d'éviter la question. Je veux la vérité à présent.

- Pourquoi je te le dirais ?

Un de mes sourcils se lève.

Il joue avec les mots pour repousse le moment venu.

- Si tu ne le fait pas, je te pousserai à bout, quitte à utiliser ce que tu caches aux yeux de tous.

Une lueur d'horreur, passe au niveau de ses pupilles, comprenant que je ne rigoler plus, que la partie était terminer.

- Tu ne ferais pas ça ?

- J'ai l'air de plaisanter, Marvyn ?

Il réduit l'espace qui nous sépare, prend un de mes cheveux et l'enroule autour de son index.

- Tu veux vraiment faire ça, déclarer la guerre alors qu'on vit ensemble.

Un rire sans joie traverse mes lèvres.

Bien tenter, mais ce n'est pas ça qui va me ralentir.

- J'ai grandi en combattant dès mon plus jeune âge, Marvyn. Donc si tu crois que c'est un inconnu qui va m'empêcher de me battre, tu te trompes.

- Ne pense pas que ce n'est pas mon cas non plus.

Mes muscles se raidirent face à son affirmation.

Deux personnes qui étaient dans le même cas et portant totalement différents l'un et l'autre, souffle la voix qui habite en Elisa.

- Alors quoi ?

- La question n'est pas ce que tu es habitué à faire ni ce que tu as vécu, mais ce que tu en fais, Elisa. Rentre-toi bien ça dans ton esprit.

Cette fois-ci, c'est lui qui part de la salle, me laissant à court de mots.

Il a osé me remettre en question, en sachant très bien que cela allait me déstabiliser !

Je le déteste.

Je déteste perdre mes moyens à cause de lui.
Je déteste être faible.
Je déteste ce qu'il procure en moi, cette sensation que la situation dérape.

J'aperçois l'enceinte dans la salle de bien, je me dirige vers celle-ci et la prends, ne voulant plus être dérangé par son insolence.

Que le jeu commence chère Luciani.

***

Je dandine, bougeant mes hanches au rythme de la musique, que j'ai allumé afin d'installer un fond apaisant.

J'ai vécu beaucoup trop d'émotion en une journée.

Je rajoute quelques légumes que j'ai préalablement découpés avant de commencer mes ramens. Je les laisse mijoter dans l'eau. Deuces de Chris Brown émet ses premières notes de musique, je commence à chantonner puis à augmenter le volume de ma voix au fur est à mesure que les mélodies s'enchaînent.

- No more tryin to make it work
J'ai plus envie de recoller les morceaux.

De mon âme meurtrie.

-You made me wanna say bye bye, say bye bye, say bye bye to her
Tu m'as donné envie de lui dire au revoir, lui dire au revoir, lui dire au revoir.

À la petite fille qui hurlait d'espoir.

- ... fuck love Im tired of tryin
... j'emmerde l'amour, j'en ai rat le cul d'essayer.

Elle n'as que fait de me tuer au lieu de me sauver.

J'évite de prononcer ses mots « ​​​​​​​I hate liars ».

Je suis la première personne à le faire, je ne vais pas hurler ce que je ne suis pas.

Les paroles défilent, jusqu'à que je sens un corps se rapprocher du mien. Je reconnais sa chaleur corporelle. Il pose ses deux mains à l'extrémité de la plaque, ne me laissant aucun moyen de m'échapper, je suis coincé entre lui et le plan de travail. Avant que je ne puisse faire ou dire quoi que ce soit, sa voix grave retentit dans la pièce.

~

Marvyn

- I know you mad but so what ?
Je sais que tu as la haine et alors ?

Tu ne peux pas me le cacher, princesse.

-I wish you best of luck
Je te souhaite bonne chance.

Car je ne tomberai pas aussi facilement que tu ne le penses.

- And now im bout to throw them deuces up
Et maintenant, je suis sur le point de lever mes deux doigts, peace.

Contrairement à toi qui haie ce sentiment.

~

Elisa

Je me fige, par sa vibration, encore une fois déstabiliser.

J'en ai marre.

Je me sens impuissante face à lui.

Sauvez-moi de là.

Je me retourne, fessant attention de ne pas me prendre la casserole.

- Je peux savoir ce que tu fais ?

- L'odeur de la nourriture, m'a, comme appeler. Et je comprends maintenant, répond Marvyn, en jetant un coup d'œil vers les ramens.

Un sourire se dessine sur mes lèvres.

- Ah, mais ce n'est pas pour toi.

Ses sourcils se froncent, sous l'incompréhension.

- Tu vas manger ça, à toi toute seule ?

- Je t'héberge, c'est une chose. Mais je ne vais nourrir un mec qui fout la musique à fond, sans se demander si l'autre personne dans l'appartement a besoin de calme.

- Oh. Tu m'en veux encore pour ça ?

- Je ne t'aime pas tout court, alors oui, il suffit d'une chose pour que tu alimentes ce sentiment de haine contre toi.

- Et juste pour ça, tu vas me priver de manger ce plat qui a l'air délicieux ?

- Tu sais cuisiner ?

- Oui.

- Alors tu seras te débrouiller. Maintenant, dégage d'ici.

- Sinon quoi ?

- Rien ne t'arrête à ce que je vois.

- Tant que tu ne me donnes pas une raison valable pour partir, je ne te libérerai pas.

Non mais je rêve !
Maintenant, c'est lui qui fixe les règles !

Pour toutes les fois où tu as réussi à me déstabiliser.

Je me rapproche de lui, seulement quelques centimètres séparent nos corps. Je vois sa pomme d'Adam descendre puis remonter à sa place initiale. Mon sourire s'élargit. Je lève les yeux vers les siens, une lueur qui m'est inconnue passe au niveau de son regard. Je pose une main sur son torse, contrôlant la pression de celle-ci afin qu'elle soit aussi douce qu'imposante. Je rapproche mon visage au niveau du sien, puis au dernier moment, je dérive sur son oreille. Nos souffles frôlent nos peaux en même temps, ce qui nous provoque un frisson mutuel.

- Ça.

Pendant que l'incompréhension l'envahi, je le repousse légèrement de ma main et lui plaque contre la gorge le couteau que j'ai glissé sous ma manche tout à l'heure. Son regard va de l'arme blanche que je tiens à mes yeux. La pression que j'exerce l'empêche de parler, ses muscles sont à présent tendus sous le danger sous ses yeux.

La diversion, le meilleur effet de surprise afin d'attaquer son adversaire.

Son regard se fait plus intense, l'aura de lumière qui propage habituellement s'éteint laissant place à celle d'un guerrier, celle qu'on ne retrouve que chez les combattants, sombres et courageux, ténébreux et imposant, cette nouvelle facette que je découvre, s'accorde avec la mienne.

Alors il n'est pas constitué que de lumière ?
Pourquoi avoir choisi cette facette de lui que celle remplit d'ombre ?

La seconde d'après je me retrouve plaquer contre le mur, le couteau est à présent poser contre mon épiderme, la froideur de l'acier qui m'est familière depuis longtemps, provoque ce même sentiment de danger que j'avais fait naître chez lui il y a moins d'une minute.

- La prochaine fois, ne sous-estime pas ton adversaire, Elisa.

Il a repris la phrase que je lui avais dite il y a quelques heures.

Contrairement à moi, la force qu'il exerce me permet de prendre la parole.

- Une chose est sûre, c'est que si un jour, je cherche de l'originalité, tu ne serais pas la première personne que j'appellerai.

Un rictus se dessine, sur mes lèvres, aussi vite qu'il ne disparaît par la compression de la lame qui augmente.

- J'ai choisi le côté chaleureux de ma personnalité, j'ai choisi la paix, mais ne me force pas à retourner dans la noirceur pour dévoiler la partie la plus obscure qui habite en moi.

C'est à ce moment-là que je perçois la bataille intérieure qu'il est en train de mener. Pour la première fois, depuis, très longtemps, je sens une chaleur se développer, une forme de bienveillance se développe chez moi, une sorte de lumière qui naît dans mes ténèbres, un lien qui se tisse entre nous entre noirceur et lumière, entre titillement et devoirs, entre traumas et raisons. Un lien que je tente de repousser bien que moi.

Reste concentré sur ta mission.

Il s'éloigne et enlève la casserole du feu, se sert un bol et part s'installer au niveau du canapé, et allume la télévisons.

- Je gagne toujours mes batailles, Elisa, quoi qu'il se passe.

Je glousse, sachant très bien que ça ne sera plus le cas avec moi.

Je me sers à mon tour et m'assois à côté de lui.

- Je ne suis pas si sûr de ça.

- Conforte ton ego si tu veux, je sais que j'ai raison.

Mon sourire s'élargit.

- Tu parles à toi-même.

Il prend une pose, je ne me questionne pas plus que ça et me reconcentre sur la télévision, quand ses baguettes tentent de prendre un de mes œufs coulants. D'un geste furtif, je bloque ses couvert, c'est à ce moment-là que je me rends compte qu'il est à mis chemin de son bol. Nos yeux se croisent et je sens un rictus de malice s'installer sur mon visage.

- Je croyais que tu gagnais chaque bataille que tu menais.

Ses lèvres s'étirent. Alors que toute mon attention est concentrée sur son regard, il dégage mes couverts et met dans sa bouche la nourriture qu'il vient de me voler. J'aperçois sa flamme d'enfant qui scintille dans ses iris.

- Il faudrait que tu me donnes ton secret pour que la cuisson de tes œufs soit aussi parfaite ! Les miennes ressemblent à du béton à chaque fois, s'exclame Marvyn la bouche pleine !

Je m'esclaffe, totalement hilare. Le fou rire me prend, je sens mes abdos se contracter, à croire que je fais du sport depuis plus deux heures. Plié en deux, j'essaye tant bien que mal de respirer, bien que cela m'est impossible. Cela dure plus de dix minutes, l'image de son expression tournant dans mon esprit, se grave dans ma mémoire.

Pour la première fois de ma vie, je ris sans pensée à mes tourments, sans avoir à être hanté par ces paroles destructrices, sans que cette lumière me fait peur.

Que c'est, il passait pour qu'en quelques heures, je ne me mette pas dans tous mes états face au rire ?

Lorsque j'arrive enfin à me calmer, je repose mon attention à lui. Un frisson se propage dans mon dos accompagné de mon cœur qui chante des mélodies tout aussi rythmer que ma respiration se raccourcisse, face à l'intensité qu'il propage, face à sa façon de me regarder, comme s'il venait de voir la plus belle œuvre du monde.

- N'arrête jamais.

L'incompréhension m'envahit.

- De quoi ?

- De rire.

Mon visage se renferme, devenant plus ténébreux qu'il ne l'était il y à quelques instants.

« La prochaine fois que tu oses ouvrir ta bouche, je la couds à vif. » 

Je réprime l'envie de vomir, de laisser encore une fois, cette peur m'envahir.

- Et qu'est-ce qu'il se passe si j'arrête ?

- Je ferrais en sorte de te faire rire chaque jour que nos vies avancent côte à côte.

Sa voix est douce et sincère me laissant sans voix face à ce qu'il vient de rétorquer.

Cet homme à les capacités de se faire craindre, de noircir tout dans son passage.

Bien que ce rôle-là m'appartient.

Pourtant, il a choisi d'illuminer les cœurs et de laisser les fleurs naître derrière lui.

Pourquoi ?

Mon rythme cardiaque est à son paroxysme. Je dissimule mon trouble par un sourire.

- J'imagine que ça commence aujourd'hui.

- En effet.

- Alors je te souhaite bonne chance Marvyn, car on ne change pas une personne quand elle ne veut pas sortir de ce qui l'environne.

- Tu devrais.

- Écoute, on ne se connaît pas, alors ne me fait pas regretter ma décision. Ferme là et concentre toi sur ta foutue émission !

Un sourire aborde ses lèvres.

- Hâte d'en savoir plus sur toi.

- Tu ne devrais pas.

- Et pourquoi ?

- Tu veux te plonger dans mes ténèbres ?

- Non, juste apprendre à te connaître.

Je ris d'amertume.

La dernière personne qui s'y est aventurée...

Je coupe cette pensée le plus vite possible, ne voulant pas me replonger dans une blessure qui n'est pas cicatrisée.

- Si tu veux apprendre à me connaître, il faudra que tu te plonges dans mes ténèbres.

Sur, c'est parole, je me lève, débarrasse ma vaisselle et part me coucher, exténuer du trop-plein d'émotion que cette journée m'as apporter.

~

Marvyn

Je me lève sous le bruit assourdissant d'un réveil.

Elle veut me tuer !

« Si tu veux apprendre à me connaître, il faudra que tu te plonges dans mes ténèbres. » 

Un dilemme envahit tout mon esprit depuis qu'elle a prononcé ces mots. D'un côté, quelque chose me pousse à en connaître plus sur son histoire et la cause de cette aura si ténébreuse cependant, je sais que si je m'y plonge, je vais devoir me confronter à des peurs que j'ai toujours repoussées.

Tu le fais déjà, souffle sa voix intérieure.

Elle a réussi à provoquer la partie la plus sombre de ma personnalité, celle que j'ai tenté de tuer pour de bons, celle que je croyais mort ou impuissante pour se manifester. Mais elle m'a démontré que ce n'était pas le cas.

Comment je vais faire ?

- Marvyn si tu ne bouges pas ton cul, tu serras en retard et je ne vais certainement pas t'attendre !

Je verrai ça au moment venu.

Je regarde l'heure et remarque qu'il ne reste que dix minutes avant le commencement des cours.

Ça va...
Marvyn, tu n'es plus chez toi.

C'est à ce moment-là que je me rends compte que si je ne pars pas maintenant, je serais officiellement à la bourre. Je me lève en sursaut, me dirige vers le placard, prends un pull et un jean, les enfile, part dans la salle de bain, me recoiffe, me brosse les dents et part en trombe vers la porte.

Alors que je rentre dans le salon, j'aperçois Elisa siroter tranquillement son chocolat chaud. Je m'arrête brusquement, perdant l'équilibre, je manque de me casser la figure devant elle. L'incompréhension s'installe sur mon visage.

Je croyais qu'elle était partie !

- Qu'est-ce que tu fous !

- Bonjour,

- Bonjour, orhhh. Tu vas me répondre.

- Bah, il reste quarante minutes avant qu'on ne parte en cours.

Quarante minutes !!!!

- Pourquoi tu m'as réveillé en disant que j'allais être en retard !

- Ah ça, bah, je ne t'entendais pas dans ta chambre, ce que je trouvais bizarre pour un mec qui fout la musique à fond dans la salle de bain. Alors je me suis dit que ce serait gentille de ma part de te réveiller.

J'avais fait ça pour le fait chier et maintenant ça me retombe dessus.

- Il y a d'autres façons de réveiller des personnes, Elisa.

- Ne te plains pas comme même, j'aurais pu te laisser dormir jusqu'à ce soir.

Elle se fout de ma gueule !

- Et je peux savoir pourquoi l'heure du réveil concordé avec tes paroles à la con ?

Un rictus vicieux se dessine sur ses lèvres.

- Ça, c'est un secret.

Elle m'énerve !

- Elisa !

- Marvyn. Ce qui c'est passer hier soir n'est que l'exception d'une règle que tu ignores. Alors enlève cette image de moi et arrête de vouloir creuser en moi. À force de chercher, on y tombe sans se rendre compte.

- Certainement pas. Je ne tomberai jamais dans tes ténèbres.

- Comment tu peux en être sûr ?

Je sais que je vais dévoiler une part de moi, quelque chose que j'ai toujours voulu cacher, mais au point de ce qu'il s'est passé hier soir, on en a plus à un truc près.

- Pour la simple raison que ma lumière vient de là-bas.

Elle me regarde sans rien dire, je sens dans ses yeux de l'incompréhension, mais aussi une remise en question intense. L'expression de son visage est semblable à celle de quelqu'un qui tente, ardemment, ressourcée une énigme.

- Pourquoi fuir les ténèbres si elles t'ont permis de rencontrer la lumière ?

- Pourquoi fuir la lumière si elle t'a permis de trouver ta noirceur ?

Le seconde d'après, une appréhension née en moi.

Elle vient de me mettre devant une de mes plus grosses peurs, et sans que je puis peser ses paroles, j'ai fait la même chose.
Ma répartie est aller trop vite que ma raison.

Nos yeux se croisent, je la regarde, cherchant des réponses. Comment se fait-il qu'elle puisse rejeter ce qui sauve, comment arrive t'elle à vivre dans la noire ? Alors que j'en suis incapable, ma noirceur est ma hantise, celle qui pourrit toutes mes nuits ? Celle que j'ai toujours tenté d'écarter au plus loin de moi.

Je suis incapable de détourner le rager, ses iris gris qui mettent à la lumière tout ce que je n'ai pas accompli, tout ce que j'ai camouflé pour ne pas y être confronté, tout ce qu'aimer que ce que j'aurais aimé que cela disparaisse.

Comment une personne peux être constituer de tout vos peurs ?

Alors que notre contact visuel n'est toujours pas rompu, une voix me souffle une phrase qui restera encrer en moi :

Ce que vous fuyez est vos blessures, vos refuges ne sont que là pour retarder ce que vous devez affronter.

L'étonnement passe sur nos deux visages.

- Toi aussi, demande Marvyn en soufflant ?

Elle hoche tout doucement la tête, comprenant ce que je sous-entendais.

Comment c'est possible ?

Elle jette un coup d'œil vers son téléphone, puis se lève.

- On verra ça quand le temps nous le permettra, mais si on ne veut pas être réellement en retard, on devrait y aller.

Je hoche la tête, totalement chambouler par ce qu'il vient de se passer.

***

- T'as trouvé un hébergement, demande Alonzo ?

- Ouais, j'ai réussi à négocier auprès de quelqu'un. Nath et Rio vont bien ?

- Rio est toujours aussi bavard, il n'a pas changé sur ça et Nath est devenu plus silencieux et discret sur ce qu'il fait de son côté. Lui qui est de basse extravertie, il s'est renfermé complètement sur lui. Les seules fois où il a réellement parlé avec nous, c'est pour me demander de tes nouvelles.

L'inquiétude commence à couler dans mes veines.

Nath ne sombre pas s'il te plaît, pas comme moi.

N'ayant pas le droit d'entretenir le moindre contact avec mes frères, j'ai confié avec les parents d'Alonzo et lui-même que nous le ferrons de bouche à oreille, afin de n'inquiéter aucun de nous trois. Bien qu'à présent, un mauvais pressentiment me fait mal au cœur.

- Dit leur que je vais et qu'ils n'ont pas à se faire du souci pour moi.

« ​​​​​​​Mais qui te protège ? »
« C'est vrai, tu fais que de nous mettre à l'abri, mais qui veille sur toi ? » 

- Et dit leur aussi que, quoi qu'ils se passent, je suis à leur côté.

- Ça sera fait, t'inquiètes pas.

- Merci.

- Dit moi, t'aurais des vues sur Elisa ?

À ce prénom, tout un flash-back de ce qu'il s'est passé hier me revient en tête. J'empêche un souri de justesse, sachant très bien que si je leur dévoile que je vis en réalité chez elle, ils ne vont pas arrêter de me charrier.

- Qu'est-ce que vous avez tous à me poser cette question ?!

- Bah, disons que tu as comme même passer une heure à lui jeter des coups d'œil.

- C'est votre imagination, elle n'est pas mon type, elle ne m'intéresse pas. Enfin bref, oublier cette idée.

- Ça veut dire que si y a un gars qui l'approche, tu ne fais rien ?

- Complètement, elle fait ce qu'elle veut de sa vie, je ne suis pas son père.

- Donc si je te dis que Noah est intéressé par elle et qu'il est en train de mettre en place un plan pour la ramener dans son lit, tu t'en fous ?

Un rire traverse bien trop vite que je ne l'aimais.

Elle le truciderait, je le sais bien, elle a réussi à me mettre un couteau sous la gorge sans que je ne prévoie son coup.

- Pourquoi tu rigoles ?

- Ça me fait rire. Je ne t'ai jamais vu poser autant de questions pour une fille. T'es sûr que tu veux savoir si c'est moi qui suis intéressé par elle, ou toi ?

- Non.

Son ton est beaucoup trop brusque, en répondant trop vite, il vient de confirmer mes doutes.

- Alonzo.

- Bon d'accord, j'avoue que son air de femme fatal et froide ne m'a pas rendu indifférent.

Je reste silencieux. Je ne pourrais expliquer, mais son aveu me dérange, ce qui est bizarre, car on s'est toujours dit qu'on soutiendrait l'autre quoi qu'il se passe.

Alors pourquoi je ressens ça ?

- Tu penses qu'elle acceptera tes avances ?

- Je ne sais pas. Je trouverai un moyen de l'aborder. Tu ne veux pas me le faire pour moi ?

- Certainement pas mec. Je veux bien te soutenir et tu le sais que pour ça, je serrais toujours là. Mais ça, je ne veux pas. Elle va plus te trouver lâche qu'autre chose.

Un sourire s'illumine sur son visage.

- C'est vrai. J'irai la voir après manger.

J'opine, toujours préoccuper par ce sentiment qui ne devrait pas avoir lieu.

***

La porte d'entrée claque, j'entends ses pas s'approcher.

Je ne sais pas pourquoi, mais elle à l'air révolter.

Pas besoin de la voix pour savoir comment se sent une personne, il suffit de son énergie pour estimer comment vas se passer la communication avec la personne.

Et la sienne est bien plus sombre que d'habitude.

- Ton pote, s'écrie Elisa !

Putain qu'es ce que t'as foutu Alonzo ! C'est moi qui vais devoir me coltiner toute sa colère !

Elle est à présent devant moi, son regard n'as plus la petite étincelle que j'avais entrevue hier, elle n'as plus cette attitude de chieuse, elle est à présent celle qui veut en découdre.

- Qu'est-ce qu'il a fait ?

- Ça !

Elle jette devant moi un bouquet de fleurs jaune, des tulipes, avec un mot d'amour.

« Pour l'élu de mon cœur. » 

- Tu diras à ton sale con d'ami, que d'une : on offre des roses quand on veut faire une déclaration, pas des tulipes ! De deux : qu'il va se faire foutre et que quand on dit non, c'est NON ! ET pour terminer : s'il est un vrai pote, on ne fait pas passer son mot d'amour totalement ridicule au nom de son ami !

Ok, elle en a vraiment gros sur le cœur.

« S'il est un vrai pote, on ne fait pas passer son mot d'amour totalement ridicule au nom de son ami ! » 

Mes muscles se tendent.

- Attends, tu peux répéter la dernière chose que tu as dite ?

- Alonzo, c'est fait passer pour toi.

- Non, ce n'est pas possible !

- Bah, regarde si tu ne me crois pas.

Elle me donne l'autre bout de papier, qui est déchiré.

« Marvyn Luciani » 

Je reconnais son écriture. Serrant le papier, je sens tout un flot de déception, de rancœur, de colère et plein d'autre émotion que je n'imaginerai pas traverser à cause de lui.

Comment a-t-il pu me faire ça ?

- J'imagine que tu l'as recalé pour être dans cet état-là ?

- Effectivement, je dirais même que je suis devenu un monstre à ses yeux.

Au même moment, je reçois une photo d'Alonzo.

Son visage...
Elle l'a vraiment trucidé.

Une longue entaille parcourt sa joue gauche, un cocard entour son œil droit, sa lève est fendu en deux et son nez à l'air casser. Je remarque, ensuite, qu'en dessous de l'image, se trouve un message :

- Elle est complètement folle ! Ne l'approche surtout pas !

Elle ne l'a pas raté.

Je ne lui réponds pas, car je sais au fond de moi, qu'elle n'agresserait pas quelqu'un juste pour le plaisir. Je lui montre ce qu'il m'a envoyé.

- Tu peux m'expliquer ça.

Je la vois se crisper, son regard devient vague, le même quand nous nous plongeons dans une douleur souvenir et que l'on revit encore une fois. Elle s'assoit lentement sur le canapé, sa peau devient petit à petit blanche, à croire qu'elle vient de voir le fantôme de son monstre.

- J'ai cru à ce moment-là que je vivais mes derniers instants...

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