Chapitre 7 : Un masque est tombé

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TW : Torture, violence, attouchements sexuelles


Elisa

Je prends une grande inspiration, la colère n'est qu'une façade comparée à ce tournant de sentiments qui crie de l'intérieur. Je sens son regard s'attarder sur moi, attendant les explications que je lui dois. Je me replonge dans ce que j'aurais voulu qu'il ne se passe jamais, mon corps en frissonne, j'ai l'impression de redevenir la petite fille faible que j'étais.

Reste forte.

- Après avoir terminé les cours, je suis resté à la cafétéria...

***

Assise, je tape à l'ordinateur les cours que j'ai manqué.

On sait jamais avec l'autre con, s'il fout de la musique à fond, encore une fois.

Tous les bruits qui ambiance la pièce sont coupé par mes écouteurs, la chanson The Hills de The Weekend est la seule chose que j'entends. Alors que je suis concentrée sur ce que j'ai à faire, je sens une main se poser sur mon dos. Je tressaillis légèrement face au contact inattendu.

Je me retourne et aperçois Alonzo, debout, le sourire aux lèvres. Je retire un de mes écouteurs et l'invite à s'asseoir en face de moi.

- Tu veux me dire quoi ?

J'attends sa réponse bien que j'aimerais reprendre mon boulot au plus vite. Son sourire s'étire, il me pose un bouquet de tulipe jaune devant moi.

- Alonzo ?

L'incompréhension m'envahit.

Pourquoi m'offrir ses fleurs ?

- Lis la carte et tu comprendras.

Je prends le bouquet, septique. Je retourne la carte et lis :

« Pour l'élue de mon cœur,
Marvyn Luciani. » 

Je froisse le papier.

C'est impossible.

Pour l'avoir observé depuis que nous vivons ensemble, je sais qu'il ne ferrait jamais ça. Il n'a rien d'un mec sous mon charme.

Heureusement.

Je relève la tête et implante mon regard dans le sien. C'est à ce moment-là que je comprends tout.

Absolument tout.

- Ce n'est pas lui, pas vrai ?

Étonné par ma remarque, il commence à bégayer :

- Comment, non, enfin... .

- Alonzo.

Ma voix est froide. J'ai beau ne pas connaître Marvyn, j'ai beau être une personne sans cœur, il y a bien une chose dont je suis sûr :

Il ne mérite pas d'être trahi des siens.

Je serre la mâchoire, la colère me monte, ne supportant pas le culot qu'a la personne, en face de moi, alors que son meilleur ami lui à donner l'entière de sa confiance.

- Tu es pathétique, crache Elisa.

Mon regard est froid. Je n'ai qu'une envie, lui assaillir de tous les coups dont je suis capable, mais je m'abstiens.

Ce n'est pas à moi de le faire.

- Comment tu oses me dire ça !?

Un rire cinglant s'échappe de ma gorge.

- J'ose parce que ce n'est pas moi qui fous mon pote dans un sacré bourbier.

Son visage exprime une seule émotion : la colère.

- Tu n'es qu'une salope !

C'est l'hôpital qui se fout de la charité !

Je me lève, les mains plaquer contre le bois de la table, mon regard est à présent l'ombre de mes ténèbres.

- Dans l'histoire originale, c'est toi le salaud, Alonzo !

Un rire froid se propage dans la salle, vide. La sensation de mes muscles qui se tendent au maximum, se fait immédiate. Mes sens sont en alerte, un mauvais pressentiment hurle en moi.

Ça va mal tourner.

La seconde d'après je comprends que je ne le pressentis pas, mais que je le sais au fond. Ce qui va arriver très prochainement ne va pas être en ma faveur.

- Moi un salaud ! Tu vas voir comment je suis quand je suis un  « salaud » comme tu le dis si bien.

Je me fige légèrement.

Sans que je ne puisse prévoir quoi que ce soit, je me retrouve plaqué contre le mur. La force qu'il exerce m'empêche de respirer correctement. Je sens tous mes traumatismes revenir à la surface.

Je suis impuissante.

D'une autre main, il commence à me toucher la poitrine. La malaxant, le goût de la bile remontre à la gorge. Je me vois, petite, étaler sur le lit, les menottes maltraitant, le sang qui m'entoure. Je sens mon corps trembler, ses traces invisibles qui ont enlevé mon âme, les larmes qui coulent sur mon visage.

Non, non, pas maintenant. Pas après tant d'effort !

- ARRÊTE PUTAIN, crie Elisa désespérément !

J'essaye de ma débattre quand sa prise autour de mon cou se resserre, ne me laissant qu'un infime parti d'air. Il descend son autre main, la laissant balader sur ma peau, rajoutant des traces indélébiles sur mon corps. Il commence à masser l'intérieure de ma cuisse. Je ravale la deuxième fournée de larmes me montent, je suis incapable de faire le moindre geste, totalement pétrifier sur place.

Je veux que ça s'arrête.
Faite, qu'il mette fin à tout ça.
Je ne veux pas.
Je refuse.
Je... je ne veux pas mourir comme ça.

Il approche son visage, une fois dans le creux de mon cou, il murmure :

- Tu pourras remercier Marvyn de m'avoir laissé ce privilège.

À ces mots, il plaque ses lèvres contre les miens. J'essaye de le repousser bien que mal, pourtant, il continue. De ses dents, il mordille ma lèvre inférieure, le goût de fer se déverse dans ma bouche. Je sens le sourire sadique et le plaisir qu'il prend en me voyant aussi faible. Je me sens éteindre à l'intérieur de moi.

Ce privilège.
Il est en train de me détruire et il trouve ça un PRIVILÈGE !

J'ai, en face de moi, le diable en personne.

D'une raison inexplicable, l'évocation de mon colocataire provoque, le déclique que mon esprit avait besoin. Mon corps se dégèle, comme s'il avait été emprisonné, pendant tout ce temps, dans de la glace. D'un coup de pied puissant, je le repousse. Lorsqu'il atterrit le plus loin possible de moi, je me sens comme libérer d'une emprise qui était à deux doigts de provoquer, une seconde fois, ma perte.

L'envie de fuir me prend, je veux prendre mes jambes à mon cou et partir le plus vite possible. Mais je refuse la requête que mon cœur hurle, voulant absolument rester la tête haute, ne voulant plus être cette petite fille totalement désemparé et priver de tous ses moyens.

Pas une deuxième fois.

Je sors le couteau coincé entre mon haut et ma ceinture, celui que je garde constamment près de moi, et me jette contre lui. Je ne suis plus maître de moi-même, seul mon passé l'est. Je laisse tout ce tourment de sentiments prendre possession de mon corps et me guider comme bon leur semble. Je donne, enfin la possibilité à ma souffrance intérieure de se venger de tout ce qu'on lui a fait subir, de ce qui l'a amener en moi. Je lui assène autant de coups de poings que je suis capable. Chaque impact me libère de ce que j'ai toujours emprisonné. Puis un bout d'un moment, je lui abats le dos de larme blanche sur son nez, qui s'en suit avec un craquement. Il gémit de douleur et pourtant, cela ne m'arrête pas.

Elle ne fait qu'alimenter ma haine.

De la lame acérée, je lui tranche, lentement et doucement, la peau. Une fois au niveau de sa joue.

Pour le monstre que tu es.

Une deuxième fois au niveau de l'arcade.

Pour m'avoir marqué de traces qui ne partiront jamais de ma peau.

Une troisième fois au coin de sa lèvre.

Pour m'avoir torturé.

Les hurlements venant de sa part raisonnent dans la salle, mais elles ne font qu'augmenter ma soif de vengeance. Le sang s'écoule sur son visage, mais cela m'encourage à poursuivre dans ma lancée.

Il a libéré la diablesse qui vit en moi.

Alors que je m'apprête à me lever, une main agrippe mon pied. Je n'ai pas le temps de faire quoi que ce soit, que le seconde d'après, ma tête claque contre le sol. Ses yeux noirs me fixent, un sourire démoniaque s'étire sur ses lèvres. Je vois rouge. J'envoie un uppercut au niveau de son menton, le claquement brusque et fort de ses dents se fait entendre. Je nous bascule, de sorte que je me retrouve au-dessus de lui. Son regard est vacillant, ce qui me fait comprendre qu'il est sur le point de s'évanouir.

Je pourrais continuer, afin de l'amener doucement et lentement dans le chemin de la mort. Mais je me relève, range le plus rapidement possible mes affaires et sort en courant du lycée. Mon cœur me supplie de changer de corps, n'acceptant pas ce qu'il vient de se passer, n'acceptant pas que tant d'années d'effort viennent de s'anéantir en un aussi court instant.

Enfin court pour le temps, interminable pour mon âme.

Je rentre dans ma voiture et démarre. J'ouvre les fenêtres pour respirer, j'augmente la musique à fond pour combler les cris de douleur qui s'enveniment en moi. Je roule au-dessus de la vitesse réglementaire, mais cela est certainement ma dernière priorité en ce moment même. J'arrive très rapidement devant mon appartement, souffle un bon coup et ouvre la portière. 

***

Je n'ose plus le regarder droit dans les yeux. J'ai honte d'être faible, surtout devant quelqu'un que je ne connais absolument pas.

Je viens de lui montrer ma vulnérabilité et mes pensées.

- Elisa.

Sa voix est calme et pourtant, le ton autoritaire y grondent. Sans réfléchir, je l'obéi et lève la tête. Sa mâchoire est contractée, ses poings tellement serrés, que ses phalanges en deviennent blanches, son regard s'est durcit comparer à tout à l'heure et l'aura si lumineux, qui la caractéristique tant, ne brille plus, étouffer par une noirceur que je ne le connaissais pas capable.

Lorsque ses yeux s'implantent dans les miens, un frisson se propage tout au long de mon corps, dû au flot d'émotions, qui s'y traversent.

- Tu restes ici et tu n'ouvres à personne tant que je ne suis pas revenu. Sous aucun prétexte.

Je n'ai pas le temps de lui répondre, qu'il se lève, prends les clés de l'appartement et de sa voiture. La seconde qui suit, le claquement de la porte principale me parvient aux oreilles, les murs trembles, puis le silence s'installe. 

~

Marvyn

Tout en marchant, je prends mon téléphone et lui envoie un message.

~

Alonzo


Rendez-vous derrière la digue dans cinq minutes.

Pourquoi ?

Tu veux ta vengeance ou pas ?

J'arrive.

~


Ton heure à sonner.

Il y a beaucoup de choses que je peux encaisser par amitié. Mais la trahison, les attouchements sexuels et tout ce qui vas avec, me rendent hors de moi.

Qu'est-ce qui se serai passé si elle ne s'est pas défendu à temps ?

Je rentre dans mon véhicule et part. Toutes tracent de lumières ont disparut, laissant les ténèbres m'envahir.

Il est un monstre.

« ​​​​​​​Tu pourras remercier Marvyn de m'avoir laissé ce privilège. » 

Ma colère se décuple, je sens mon sang cogner les parois de mes veines. Celles-ci apparaissent distinctement sur ma peau, causer par la haine que je ressens.

Mes frères habitent chez un fou, un déranger mental.

J'arrive enfin au point de rendez-vous n'attendant qu'une chose :

En découdre.

Je le vois de loin. Je contracte ma mâchoire pour me retenir de me jeter sur lui et de faire subir toutes les horreurs qui puissent exister dans ce monde. J'avance vers mon ancien meilleur ami, maintenant devenu mon ennemi. Chaque pas que j'effectue marque la fin d'une longue amitié. Je devrais en être affligé, et pourtant cela ne me fait rien. La seule chose qui m'importe et de pouvoir le voir souffrir comme il l'a fait à Elisa.

Je suis enfin devant lui. Son regard me dégoûte, ce qu'il a fait me donne envie de gerber, les mots de ma coloc se répètent interminablement dans ma tête, formant une torture intérieure.

Si j'avais été là, rien de tout ça ne se serait passé.

- Ça va, demande Alonzo ?

Le son de sa voix me fait perdre tout self-control. Ma main part, percutant son oreille. Il vacille et tombe par terre. Je m'accroupis et le gifle de toutes mes forces, sa tête frappe de plein fouet le sol. Le sang commence à couler des blessures déjà pressente. Celle qu'Elisa lui a fait déjà subir.

- Qu'est-ce que tu fous putain !

J'empoigne son t-shirt. Au même moment, je reçois un coup au niveau du coin de mes lèvres. Le goût du sang s'écoule dans ma bouche.

- Écoute-moi bien, connard, souvient toi de ce jour comme l'avertissement ultime de tes actes.

Je sors ma dague, qui était à présent cachée dans ma chemise et le plante, le plus voilement possible, dans sa cuisse. Un hurlement surhumain s'arrache de sa gorge. J'ignore ma bonne conscience qui me supplie d'arrêter, celle qui croit qu'il y a toujours un moyen pour combattre ça autrement, que par la violence. Je fais descendre, d'une vitesse calculer, tout au long de son muscle, la lame acérer de l'arme blanche.

Parfois, il faut devenir soit même un monstre pour en combattre un.

Ses rugissements se font plus forts, le volume de sa souffrance se fait tellement entendre que les oiseaux qui nous entourent s'envolent vers un endroit plus calme. Une flaque de liquide rouge se propage là où je l'ai poignarder. Ma soif s'agrandit.

Je veux qu'il souffre comme elle a souffert.
Je veux qu'il pourrisse en enfer.
Je veux qu'il soit torturer au point de ne plus pouvoir le moindre mouvement dans sa vie sans pensée à cette instant précis.

Mais je me retiens, sachant que si je dépasse cette limite, j'irais au point de nom de retour. Du pied, j'écrase l'entaille que je viens de faire. Un cri lui échappe de sa bouche.

- La seule chose qui m'oblige à t'épargner est mes frères.

Sur ces mots, je m'éloigne de lui. Alors que je m'apprête à monter dans ma voiture, j'allume un briquet. Je le regard essayant de se relever malgré ce que je lui ai fait. La flamme danse devant mes yeux, s'accordant avec le coucher de soleil dans le paysage. Je jette l'objet dans l'herbe.

On se reverra Alonzo Rann.

Je monte dans mon véhicule et démarre. La vue défile sous mes yeux, l'air douce caresse mon visage. Je respire lentement, soulager d'avoir pu lui faire subir la souffrance de ses gestes.

« Chaque acte nous retombe dessus. » 

J'arrive devant l'appartement.

Faite, qu'elle ne me déteste pas pour ce que j'ai fait.

Qu'est-ce qui me prend ! Si elle me hait, ça ne va rien changer à ma vie.

~

Elisa

J'entends des bruits de clef à travers la porte.

Faite, que ça soit Marvyn.

Celle-ci se referme, mais je ne reconnais pas le son de ses pas. Je prends la première chose qui atterrit dans mes mains. Je jette un petit coup d'œil et me rends compte que j'ai en possession une paire de ciseaux.

Cela fera l'affaire.

Les pas de l'inconnu se rapprochent, je sens mon cœur battre la chamade. J'ai peur.

Imagine, c'est lui, souffle l'instinct d'Elisa ?

Je tente de respirer le plus calmement possible. La silhouette de la personne apparaît dans mon champ de vision. Mon premier réflexe est de brandir mon arme vers celle-ci. La seconde d'après je comprends qui est réellement en face de moi.

- Elisa, calme toi, ce n'est que moi.

Marvyn.

Sa voix est calme frôlant une douceur que je n'ai jamais connue.

Si, lui.

« Oublie le, Elisa. Tu vas encore plus souffrir. »

Elle avait raison. Il faut que j'arrête de penser à lui.

Nous nous regardons pendant un temps que je ne pourrais définir. Notre contact visuel s'interrompt lorsque mon attention dérive sur sa joue. Je vois qu'une tache rouge recouvre celle-ci. Je peux distinguer, d'ici un hématome accompagné d'une petite coupure au niveau du coin de sa lèvre. Mes yeux défilent sur tout son corps entier, ses mains en sont totalement recouverte ne laissant pas le moindre espace de peu visible. Ce constat est identique à sa chaussure de gauche, ses bras en son éclaboussé et sa chemise en est imbibé. L'odeur qui plane dans l'appartement m'est soudainement familière.

Du sang.

Je me dirige vers lui, le prends par le poignet et l'amène, d'un pas pressé, vers la salle de bain. Il ne se débat pas et me laisse le guider. Ce qui m'étonne.

Elisa, ce n'est pas le temps de penser à ça !

Je l'installe sur le bord de la baignoire et me tourne en direction du meuble qui contient tous les produits pour se soigner, d'où le nom de « Meuble d'urgence ». Je prends tout ce dont j'ai besoin et les pose sur l'étagère la plus proche de lui. Je me lave soigneusement les mains avec du savon afin d'éviter toute infection.

Ça serait dommage qu'il perde la vie seulement à dix-sept ans.

Un faible rire s'échappe de ma bouche.

Cela ne sera jamais son cas.

- Qu'est-ce qui y a ?

Au son de sa voix, je le regarde automatiquement. Je m'aperçois, très rapidement, d'une légère grimace, qui traverse son visage. Je vois l'effort que cela lui demande pour la dissimuler le plus vite possible.

- Oh non rien.

Il hoche simplement la tête.

Je me reconcentre sur mon lavage de main.

À croire que je vais recoudre un patient.

À cette pensée, un sourire moqueur se trace sur mes lèvres. Une fois terminer, je prends plusieurs cotons et les imbibe d'eau. Je me rapproche de lui, sachant pertinemment qu'il observe chacun de mes gestes. J'inspirais profondément, essayant de contrôler mon rythme cardiaque qui augmente.

Pourquoi je me mets dans cet état ?

Je m'approche de lui, prend un disque de coton et fini par, enfin, oser croiser son regard.

- Tu peux enlever ta paire de chaussures et la mettre dans le bac à l'intérieur de la baignoire.

Il s'exécute sans rien dire. Une fois qu'il revient à sa position initiale, je prends sa main droite et commence à la nettoyer. Étonnamment, à part des phalanges rougissantes, je ne trouve pas de coupure. Je continue avec l'autre main et observe la même chose. Je reste silencieuse. Je jette les deux cotons remplis de sang et en prends d'autres. C'est à ce moment-là que je remarque un alors qu'il me reste deux endroits délicats à soigner.

Le visage ou le torse.

Je déglutis. Voyant que je ne fait que de le fixer sans faire le moindre mouvement, il arque un sourcil. Puis son regard, suit la direction à laquelle le mien s'attarde, se dirige vers sa chemise puis vers moi, un sourire en coin apparaît sur lèvres, bien qu'il grimace légèrement. Une lueur d'amusement passe au niveau de ses pupilles.

- Tu as peur de succomber, guerrière ?

Je rate un battement de cœur en entendant le surnom qu'il vient de me donner.

Qu'est-ce qu'il m'arrive ?!

Mon rire fin se fait entendre dans la pièce.

- Pour succomber, il faudrait tout d'abord savoir de quoi il s'agit.

Son regard devient doux. Ce constat raccourcit considérablement ma respiration.

Elisa, calme toi. Ce n'est qu'un regard.

- Hmm, laisse moi réfléchir.

Il fait mine d'essayer de trouver une réponse, ce qui me provoque un sourire attendrit. La seconde d'après, l'expression de son visage change totalement. Passant de joueur à une contemplation profonde, je me rends compte alors, de l'expression que j'aborde en ce moment même. Je détourne la tête, surprise et gêner par ce qu'il vient de se passer. 

Je n'ai pas le droit à ce goût qui m'a tué autrefois.

Je contracte la mâchoire à ce rappel à l'ordre amère. Je ferme les yeux, tente de remettre en ordre les idées qui se bousculent dans mon esprit. Je les ouvre et tourne mon visage vers sa direction.

Je réduis l'espace qui nous sépare, ses yeux ne cessent de me détailler. Ma bouche devient légèrement pâteuse à l'idée d'être aussi proche de lui. Mes jambes se cognent contre ses genoux. Il me regarde à présent soucieux.

- Si tu ne le sens pas, ne t'oblige pas. Je sais me soigner tout seul.

Mes yeux s'agrandissent à son regard.

Comment arrive-t-il à percevoir mon combat intérieur ?
C'est un peu logique, tu as subi des... .

Je bloque mes pensées, sachant très bien que si je les laisse cheminer, elles vont aller beaucoup trop loin pour supporter ce poids en moi et ne pas craquer.

Pas aujourd'hui.
Pas une deuxième fois.

- Contente-toi de te taire.

Sur ses mots, je pose mes mains sur ses genoux et les écarte, de sort à ce que je puisse être le plus proche possible de son visage. Ses yeux s'écarquillent sous mon geste. Je lève les miens en l'air, exaspérer.

- Calme tes ardeurs Marvyn, orhhh.

Un rire lui s'échappe de ses lèvres.

- Je pensais à tout sauf à ça, princesse.

Je me crispe à ce surnom.

« Ça va, princesse ? » 

Arrête de penser à lui, il n'est plus là.

Je m'approche de lui, à présent, nous n'avons que quelques centimètres qui nous séparent.

- Dis-moi, tu vas m'appeler par combien de surnoms ?

- Cela dépend de la situation et de ce qu'il me vient en tête. Pourquoi ?

Je nettoie le sang qui se trouve sur sa joue et le regard droit dans les yeux.

- Je préfère quand tu m'appelles guerrière.

Un rictus se dessine sur ses lèvres.

- Guerrière, murmure celui-ci, répétant ce mot.

Il pose ses mains sur mes hanches et, de je ne sais quelle façon, je me retrouve assise sur ses cuisses. J'attends le dégoût, la peur et les traumatismes venir. Pourtant, rien ne se passe. Pas un seul ne vient se manifester, laissant place à un long et doux frisson qui se propage jusqu'à mon échine.

Pourquoi avec lui, c'est... différent ?

Il approche ses lèvres à mes oreilles et me souffle d'une voix plus grave que d'habitude :

- Une contrainte en plus ne devrait pas te mettre hors de combat. Enfin... si on peut appeler ça une « contrainte ».

Je sens son souffle caresser ma peau, les battements de mon cœur sont à leurs paroxysmes. Il m'est à présent difficile de pensée par ses paroles tournes en boucle dans ma tête. Je cache mon trouble en arquant un de mes sourcils.

- Vous me défiez, Monsieur Luciani ?

- Tout à fait, Madame Avdeeva. Si vous en êtes capables, bien sûr.

- Ne me tentez pas.

Une vive lueur traverse ses pupilles. Je ne peux la déchiffrer à cause de sa rapidité. Il approche légèrement son visage au mien.

- Et si c'était le but recherché, Chère Guerrière.

Ses mots dits, il revient à sa position initiale. Son air malicieux est scotché sur sa tête, ne laissant aucune place pour d'autres sentiments. Enfin si, une, mais je ne sais pas pour quelle raison, je ne préfère pas la déchiffrer.

Profites-en, tu risques de le perdre très prochainement, Marvyn.

Je réduis l'espace qu'il y a entre nous, afin de pouvoir nettoyer ce qu'il y a sur le coin gauche de ses lèvres. Je vois sa pomme d'Adam fait un mouvement de bas en haut. Je jubile à l'intérieur de moi. J'applique le coton sur sa peau et commence à enlever se liquide rouge. Contrairement à avant où j'appuyais bien pour que cela parte le plus rapidement possible, j'effectue des mouvements doux.

Son regard est posé sur moi, je le sais, je le sens. Une fois terminer, je jette le coton et m'attaque à sa chemise. De mes deux tremblantes, je déboutonne son haut, le sang commence à coller à mes doigts.

C'est...

- Le sang ?

- Oui ?

- À qui il appartient ?

Son regard s'assombrit. Il reste silencieux, refusant de me donner la réponse. Je m'apprête à le relancer lorsqu'il ouvre sa bouche :

- Je te le dirais seulement quand tu auras terminé de me soigner et que tu te sois bien lavé les mains.

Le faîte qu'il soit rentré couvert de sang est étonnant, voir choquant pour ceux qui n'ont pas l'habitude. Son refus, de me répondre immédiatement m'énerve légèrement. J'aimerais le faire chier, le pousser à bout pour qu'il me le dise maintenant, mais le regard qu'il aborde m'en dissuade.

- D'accord.

L'étonnement passe rapidement sur son visage en voyant que je ne cherche pas à en savoir plus. J'enlève son haut. Sans le vouloir, j'effleure sa peau, qui est, étonnement douce. La même senteur, celle que j'ai sentie lors de notre deuxième rencontre, celle qui à le pouvoir d'accélérer les battements de mon cœur dès la première seconde, rentre dans mes narines.

Je me fige légèrement, ne sachant plus quoi faire, sentant l'entièreté de mon assurance partir, je lève ma tête pour le regarder. C'est à ce moment-là que je m'aperçois qu'il a la tête penchée en arrière, la main plaquer contre sa bouche, les yeux fermés. Je n'ose plus faire le moindre geste.

Qu'est-ce que j'ai pu faire pour qu'il se retrouve dans cet état ?

~

Marvyn

Bordel de merde !
Elle va finir par me tuer un jour.

Je sens son regard poser sur moi, je sais qu'elle a arrêté de bouger. Sa proximité me trouble, son odeur corporel me rend dingue à tel point que je doit puiser en moi pour ne pas en frissonner. Je gérais les milliers de sensations qu'elle provoque chez moi. Je les contrôler toute, jusqu'à ce que ses doigts frôlent mon épiderme.

C'est toi qui as commencé à jouer, Marvyn. Elle t'avait prévenu, souffle sa voix intérieure.

- Marvyn ?

Je pince ma lèvre inférieure pour ne pas craquer face à sa voix, étonnement, douce. J'ouvre doucement les yeux, un geste totalement en opposition à l'affolement de mon cœur. Mon regard se pose sur ses pupilles métalliques, je déglutis, déstabiliser par sa beauté. C'est à ce moment-là que je me rends compte du regard qu'elle m'adresse.

Elle aussi...

- Tout va bien ?

Je me contente de hocher la tête incapable de détacher mon attention d'elle. Elle me dévisage, cherchant, sûrement, à savoir ce qu'il se passe dans mon esprit en ce moment même.

C'est mieux qu'elle ne le sait pas.

Elle ne rajoute rien et enlève le tissu qui cache mon torse. Ses yeux s'attardent dessus. Les picotements sur ma peau se déplacent au même rythme qu'elle examine chacun de mes tatouages. Des dessins cachant une histoire, des récits formant un passé que j'ai fait en sorte d'effacer.

D'une main, je prends son menton et l'oblige à me regarder droit dans les yeux.

- Je t'en prie, arrête cette torture, Elisa.

Le choc passe sur son visage. C'est à ce moment-là que je me rends compte de ce que je venais de faire.

Merde !

- Quelle torture ?

Il faut impérativement que je me rattrape !

- Celle de me laisser le sang de quelqu'un d'autre sur mon corps.

Elle se crispe.

- Marvyn, je vais le répéter une seconde fois. C'est le sang à qui ?

Alors que je m'apprête à lui répondre, une balle passe à côté de nous et s'enfonce dans le mur.

- Celui d'Alonzo Rann, ma belle et douce Elisa.

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