Chapitre 8 : Un revenant

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Elisa

Le sifflement effleure mes oreilles. Je m'écarte de Marvyn et me retourne vers l'origine du bruit qui vient de se produire. La silhouette d'un homme apparaît à l'intérieur de mon champ de vision.

Josiah.

- Celui d'Alonzo Rann, ma belle et douce Elisa.

Je le fixe, voyant tout le temps que nous avons vécu auparavant, défilé devant mes yeux. Contrairement à ce que j'aurais pu croire, aucun frisson de plaisir ne me vient, ni l'envie de me jeter à son cou d'ailleurs. Je devrais être dégoûtée d'avoir le sang de mon agresseur sur les mains, pourtant ce n'est pas le cas. C'est à cet instant-là que je comprends que Marvyn s'est battu avec son meilleur ami.

Enfin, je ne suis pas si sûr que cela soit encore le cas.

Je relie désormais son silence concernant l'origine de ce sang à une volonté de m'épargner davantage de souffrance. Mes pensées se dirigent actuellement vers Josiah. La haine demeure maintenant dans mon flux sanguin qui parcourt chaque cellule de mes veines.

Il est parti alors que j'en avais le plus besoin.

Il modifie la direction de son arme pour la diriger vers moi. La seconde qui suit, je sors mon flingue plaqué contre ma cuisse et le visse, protégeant ainsi, Marvyn et moi-même de notre adversaire.

- Qu'est-ce que tu fous ici, Josiah ?

Un rire sans joie traverse ses lèvres.

- Je vois que notre relation à grandement changer, remarque l'homme en jetant un coup d'œil vers Marvyn.

J'arque un sourcil au mot « relation ».

- À partir du moment où une personne est censée être enterré dans sa tombe à l'heure d'aujourd'hui, oui.

- Donc c'est une raison de m'oublier si vite ?

Je contracte ma mâchoire.

- Il faut que je te rappelle la façon dont tu es parti ? Je n'allais pas attendre qu'un mort revienne dans le monde des vivants !?

- De ta part, ça ne m'aurait pas étonné.

Je sens mon cœur se contracter de douleur.

Comment peut-il se permettre de dire ça...

- Écoute-moi bien, dégage de ce logement comme tu as disparu dans ma vie la dernière fois qu'on s'est vu.

Une lueur de défi passe à travers ses pupilles noirs. Je redoute au plus au point ce qu'il s'apprête à me dire.

- Si je pars, il part avec moi.

Je contracte ma mâchoire.

Il est hors de question qu'il fasse tout foirer.

– Dans tes rêves, Josiah.

- Très bien. Si tu refuses, je dévoile tout ce que tu m'as confié.

Je sens mon sang se glacer.

Pourquoi je lui ai dit, pourquoi j'ai été si naïve avec lui ?

- Tu n'oserais pas ?

- Oh que si, princesse.

Nous nous regardons, je sais que le moindre faux pas provoquera ma perte.

Et, ça, je ne peux pas me le permettre.

C'est à ce moment-là qu'un détail me revient à la mémoire : « J'ai dérobé des documents qui appartiennent à notre supérieur... »

Un rictus aborde mes lèvres.

- Tu es sûr de ça.

Ma voix se fait plus confiante, pendant qu'il est sous l'incompréhension totale.

- Bien sûr.

- J'aimerais bien voir la réaction de celui qui ne retrouve plus ses papiers si précieux depuis deux ans.

Je vois ses muscles se tendre sous ma menace implicite.

- Tu as donc tourné la page, pour me faire chanter à ta guise.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas où il en voulait en venir.

« Emprise. »

Ce mot soufflé est pour moi un déclic.

Il ne m'a jamais aimé...

- Tu avais aussi peu d'estime pour moi.

Ma voix est quelque peu brisée. Une flamme de plaisir malsain brille dans ses iris.

- Tu es si faible, je me demande comment tu as fait pour survirer à tout ça.

Je serre mes poings, à son insulte.

– Je pense que tu peux dire merci, à... cet énergumène.

Marvyn s'approche de moi, il me suffit de ressentir son aura pour savoir que la colère lui a, lui aussi imprégner.

– Je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais je n'étais certainement pas avec elle pendant ce laps de temps.

Un rire sec se fait entendre.

– Tu vas me dire qu'elle m'a fait tourner en bourrique pendant des années, pour que toi, en quelques semaines, elle te laisse la toucher.

Une envie de vomir me prend, mais je la repousse.

Je ne veux plus montrer ma vulnérabilité à n'importe qui.
C'est fini.

– Qu'est-ce qui te fait penser que je suis en couple avec lui, questionne Elisa ?

- Attends ! Tu vas me dire que tu étais assise en califourchon sur lui, mais que ce n'est pas ton mec ?!

- Ce n'est pas parce qu'elle me soigne que ceci veut forcément dire que nous sommes ensemble, intervient Marvyn.

Son interlocuteur resserre sa prise autour de son arme.

- Tu peux te soigner tout seul, à ce que je sache.

La tension qui plane dans la pièce augmente. Les deux hommes se jaugent, pendant que je cherche au plus vite un moyen que tout se cauchemarde ambulant s'arrête. Alors que le silence dangereux persiste, je remarque une clef dans la main de mon adversaire. En les examinant, je me rends compte qu'il sait de ceux que j'avais perdus il y a deux ans.

- Comment ça se fait que tu as les doubles de ma clef, Josiah.

Un sourire sadique se dessine sur ses lèvres, je tressaillis de peur.

Il...

– Oh, je l'ai juste garder en souvenir du temps que nous avons passer ensemble.

Je me pétrifie, comprenant alors, d'où venais l'origine de mon mal-être et de mon état d'alerte constant.

***

Recroquevillés sur moi-même, les battements de mon cœur sont irréguliers. La peur est imprégnée dans mes veines. Partout où je vais, je discerne un regard fixe sur moi.

Peut-être que c'est seulement à cause des caméras.

Non impossible, je ne les active jamais dès que je suis chez moi et ils sont encore moins dans ma chambre. Un bruit de vase brisant par terre résonne. Il suffit de ce bruit pour que les larmes se déversent. Palpant la table de chevet, je récupère mon arme. D'une main tremblante, je la charge et me lève bien que mes jambes sont à deux doigts de me lâcher.

J'avance tout doucement, ma respiration est saccadée, tous mes sens sont en alerte.

Quelqu'un est chez moi...
Et, si c'était lui...
Impossible, il n'est plus de ton monde, Elisa, souffle sa voix intérieure.

J'avale difficilement ma salive et continue à marcher vers le salon. Plus mes pas me rapprochent de ce vase cassé, plus des vertiges prend possession de mon corps. Lorsque j'arrive dans ma pièce, un objet atterrit sur mon visage.

La douleur commence à se faire sentir. Pendant la seconde où j'ai les yeux fermé, j'entends les pas de l'inconnu partir vers la sortir. J'ai juste le temps d'ouvrir mes paupières que la porte d'entrée claque.

Je m'effondre en voyant le mot que la personne à laisser.

« Chère Elisa,
J'aurai toujours un œil sur toi, quoi que tu fasses. »

Mes larmes redoublent et un cri de désespoir résonne dans tout l'appartement.

Pourquoi la vie s'acharne sur moi ?
À croire que sa perte ne m'est pas aussi difficile qu'elle ne l'est maintenant.

Je prends mon téléphone et tape le numéro d'Adrian.

***

Je suis incapable de faire le moindre mouvement, ma peur est trop grande. J'essaie de respirer correctement bien qu'un poids sur ma poitrine s'agrandit.

- Pourquoi es-tu revenu ?

Un sombre rictus se peint sur son visage.

– Je suis revenu récupérer ce qui m'appartient.

– Ce qui t'appartient ?

– Tu m'as tout volé, Elisa ! Mon titre, ma gloire, tout !

Les larmes commencent à monter, mais je les retiens, refusant de les verser devant tout le monde.

– Tu as fait le mort pendant qu'on était tous dans la merde ! Tu sais ce que j'ai enduré à ta place, tu sais ce que j'ai dû encaisser pendant que tu vivais ta meilleure vie ? Non. Alors certes, tu as tout perdu, mais ce que j'ai acquis, je le mérite amplement.

– Si comme tu l'as dit, tout ce que tu as eux, tu le mérites. Il me suffit de te ramener avec moi pour que je retrouve ma notoriété.

– Elle n'est pas un objet, s'énerve Marvyn !

– Elle n'est pas une infirmière à domicile à ce que je sache !

– Et je ne suis pas un fantôme, je vous rappelle, rétorque sèchement Elisa !

L'attention des deux hommes se pose sur moi. L'expression faciale de mon ex-petit ami, exprime une certaine obsession obscène, ce qui retourne mes tripes. Tout le contraire de Marvyn, qui essaie de savoir ce qu'il se passe dans ma tête en ce moment même.

– Princesse ?

Sa voix me dégoûte, ce surnom est devenu ma hantise, il ne fait que réveiller mes démons, contrairement à autre fois.

Comment ai-je pu aimer un être si répugnant ?

- Quoi ?

Son visage s'assombrit face à mon agressivité.

– Ne me parle pas sûr ce ton.

– Sinon quoi ? Je ne te dois plus rien, Josiah. Tu n'as plus la même place que tu avais il y a deux ans.

- Donc tu m'as délaissé pour lui ?

- T'as un sérieux problème ?! Tu es parti et j'aurais dû rester ?!

– On s'était promis de rester l'un pour l'autre !

Alors que je m'apprête à lui répondre, je m'aperçois qu'il sort son arme et commence à la recharger.

Une diversion... .

Instinctivement, je sors mon flingue, me place entre Marvyn et lui, et appuie sur la détente. La balle part et l'atteint dans le bras. Un cri s'échappe de sa bouche, quand je récupère le rapidement possible l'arme qui est à présent par terre. Je la glisse dans mon pantalon et le prends par le t-shirt.

- Connasse !

- Qu'est-ce qui y a ? Tu as réellement pensé que je suis « faible » et naïve ?

- C'est ce que tu étais, avant et je le pense toujours.

Je le frappe au niveau de son visage. Il grommelle :

– Tu seras toujours aussi faible à mes yeux, Avdeeva.

La seconde qui suit, je sens la présence de Marvyn autour de moi. Je me retrouve projetée à l'autre bout de la pièce. Mon crâne percute le sol, je serre les dents, face à la douleur qui est en train de se développer. Ma vision vacille légèrement. Le temps qui le monde autour de moi arrêt de bouger, j'entends des mots dis, des impacts tes, mais je suis incapable de les identifier. Cependant, le hurlement de Josiah me fait automatiquement lever la tête.

Un poignard transperce son bras, le sang coule abondamment.

- Je te conseille de partir d'ici, si tu ne veux pas avoir un second rendez-vous avec la mort.

Notre adversaire, me lance un regard promettant mille et une vengeance. Il se relève difficilement et crache :

– Tu as de la chance qu'il soit là.

J'attends qu'il me tourne le dos pour lui répliquer :

– Je peux savoir pourquoi ?

Je peux voir, au miroir en face de lui, le sourire, mauvais, qui se dessine sur son visage.

– Bienvenue dans l'arène, Elisa. Si tu veux le préserver, fait lui comprendre qu'il a intérêt à ne plus intervenir. Si ce n'est pas toi qui meurs dans toute cette histoire, il mourra dans le « Jeu de la mort ». Réfléchie bien, chaque chose que tu effectueras pourrait changer le cours de l'histoire. À très bientôt, princesse.

Je me crispe à ce surnom.

Comme toujours depuis deux ans maintenant.

Marvyn le suit pour je ne sais quelle raison, mais cela n'est pas ma priorité. Mes jambes ne me tiennent plus. Je m'écroule par terre, les larmes se fraient un chemin sur mon épiderme pour atterrie, sur le sol. Je n'ai plus la force mentale pour combattre encore une fois, aujourd'hui. C'est à ce moment-là que je me rends compte à quel point je suis épuisé.

Josiah Vern, pourquoi es-tu revenu ?
Tu étais censée être mort.
Pourquoi m'avoir abandonné lorsque j'avais le plus besoin de toi ?

Le froid caresse ma peau devenant ma seule compagnie, le cri de mon âme me brise de l'intérieur. J'ai mal, le poids sur mes épaules m'étouffe, je suis comme aspiré dans un torrent d'eau, forcer à y rester bien que l'air me manque.

J'entends ses pas se diriger vers moi, la salle de bain. Je plaque ma main contre ma bouche afin de faire le moins de bruit possible.

- Elisa ?

Fait chier !

Il s'approche lentement de moi, faisant attention de ne pas me brusquer, pendant que je fixe le sol.

– Qu'est-ce qu'il se passe ?

Pour une raison inexplicable, toute la force qui m'a été enlevée, revient tout à coup. Je ne me fais pas prier et me lève le plus rapidement possible. Je tente de le dépasser qu'il me retient du poignet. Contre mon gré, je me retourne et me retrouve face à lui.

– Elisa, parle.

Je contracte la mâchoire. Ma peur me hante toujours, la petite fille qui habite en moi me supplie de vite trouver un refuge.

– Lâche-moi, Marvyn.

- Elisa.

Ma détresse s'accentue.

Je ne vais pas pouvoir tenir longtemps.

– J'ai parlé, t'es content ? Maintenant, laisse-moi tranquille !

C'est à son tour de serrer les dents.

– Je comprends que c'est compliqué pour toi, de revoir ton ex psychopathe alors que tu le croyais mort. Mais ce n'est pas une raison d'être aussi agressive en mon égard.

Ces mots me poussent au bord d'une falaise, je suis à deux doigts de tomber.

– Tu ne sais rien, Marvyn.

Ma gorge est sèche, mes ongles planter dans ma peau, ma respiration rapide. Son contact m'est de plus en plus difficile à supporter. Je prends sur moi afin de ne pas l'éloignant le plus possible de moi en le martyrisant de coups.

– Ce n'est pas parce que j'ignore ce qu'il s'est passé entre vous que tu dois me mettre toute ta colère sur moi.

Le jour où il verra de ce que je suis réellement capable, il retirera ce qu'il vient de dire.

Je me dégage de sa prise et claque la porte. Je l'entends la rouvrir et me poursuivre. Lorsque je sens sa présence très roche de la mienne, je me retourne et effectue un coup de pied retourné sauté. Il chute à l'autre bout du couloir. Nos regards se croisent et la lueur qui y traverse ne me plaît pas. Je me précipite dans ma chambre et la verrouille à clé. Je l'entends venir jusqu'à ma porte. Il commence à taper contre celle-ci.

– ELISA, OUVRE !

– Tu perds ton temps. Lâche l'affaire.

– Je ne partirai pas d'ici tant que tu ne m'ouvres pas cette fichu porte !

– Bon campement Marvyn, je ne bougerai pas d'un pouce.

Ces mots dits, un silence s'installe.

Je me dirige vers ma bibliothèque et tire sur un livre à la parure doré. L'étagère s'ouvre en deux laissant apparaître un bureau invisible de tous. Elle se referme derrière moi.

Là, je suis sûr d'être à l'abri d'oreille indiscrète.

D'une main tremblante, je prends mon portable et appel Adrian :

– Allô ?

- Salut, Adrian.

- Elisa ?

– Oui, c'est moi, ne t'inquiété pas. Je ne te dérange pas ?

- Non pas du tout.

- T'es sûr. Si tu travailles, dis-le-moi et je reporte notre appel.

– Elisa Avdeeva, dis moi ce qu'il se passe.

- C'est Josiah.

Un silence plane de son côté.

- Tu as encore fait des cauchemars ?

– J'aurais aimé que ça soit le cas...

– Mais... ?

- Il est revenu.

- Comment ça ?

- Il est venu dans mon appartement. Tout à l'heure.

- Elisa, t'es sûr que tu ne l'as pas confondu avec quelqu'un d'autre ?

– Non. C'était réellement lui. En chair et en os.

Une larme coule sur ma joue, la sècheresse au niveau de ma gorge se fait de plus en plus sentir.

- Tu sais que ce que tu me dis est totalement absurde.

- Je sais. Si tu ne me crois pas, connecte-toi à ce numéro : 216.

- Je pourrais faire tout pour toi, mais je n'ai pas le droit de la faire sans l'accord de mon père.

- C'est dans l'intérêt de tout le monde, Adrian.

- Elisa, tu sais que...

Je le coupe, sachant très bien, d'avance ce qu'il va me dire.

- Fait le pour moi. J'endosserais toutes les responsabilités.

- T'en as déjà trop à l'heure actuelle.

Je déglutis, avalant difficilement la vérité qu'il vient de me mettre devant moi. Mais je choisis de l'ignorer et de faire « comme d'habitude ».

- Adrian. Je ne vais pas me répéter, fait le. On est en train de parler de ma survie. Et...

Un soupir de son côté.

- D'accord.

Je l'entends pianoter sur un clavier.

- J'imagine que ça concerne aussi la vie de quelqu'un d'autre pour que tu insistes tant.

Ses mots prononcés, je sens mon cœur se fissurer.

Bien trop dure de l'admettre.

Pourtant, avec lui, je sais que mentir ne mènera à rien.

- Hmm

- Je peux savoir, il s'agit de qui ?

- Marvyn Luciani.

Le son des touches raisonne.

– Luciani, comme...

– Oui.

- Et tu es toujours en phase une, j'imagine.

- Plus pour longtemps.

– Tu avais raison.

Je fronce les sourcils.

– Tu parles de quoi ?

- Josiah Vern est bien vivant.

- Sa carte fonctionne ?

- Je sais où il se trouve.

– Je t'écoute.

- Ça ne va pas te plaire, Elisa.

- Au point où on en est...

- C'est quand, que tu es allé chez tes parents ?

Le jour où je l'ai rencontrer.

- Il y a deux semaines et demie. Pourquoi ?

- Tu t'es embrouillé avec ton père ?

- Comme toujours, ça ne change pas.

- Elisa, tu vas devoir redoubler de vigilance.

Un frisson de peur parcourt tout mon dos face au ton sérieux qu'il emploie. Je reste silencieuse, attendant la suite.

– Josiah se trouve actuellement chez ton père.

Mon téléphone tombe sur mon bureau, mon cœur se serre et mon corps est traversé de secousses.

Il fallait bien que ça arrive, souffle la petite voix dans sa tête.

– Depuis combien de temps ?

- Selon le traçait, depuis qu'il est parti de chez toi.

- Le « Jeu de la mort », voilà dans quoi je me suis lancé.

- Tu es sûr ?

- Tu te rappelles de ses dernières paroles ?

- Comme ne pas les oublier.

- Il est en train de le mettre en place.


Il ne prononce rien, me forçant ainsi à dire cette phrase que je redoute tant de prononcer.

– Je suis sa première victime et si je l'entrave dans son chemin, c'est Marvyn qui prendras tout.

- Je te passe mon père.

- Adrian.

- Il n'est plus disponible Madame Avdeeva. Comment aller vous ?

Je suis dans la merde.

- Je vais bien merci. Et vous ?

- Bien avant que j'apprenne ce qui est en train de se passer.

Je retiens mon souffle.

- Je passe chez vous dans vingt minutes.

- Cela ne sera pas possible, Monsieur.

- Je peux savoir pourquoi ?

- Je dois partir sur le terrain demain. Et vous savez comment je fonctionne.

- Je passerai comme même.

Putain !
Il ne faut certainement pas qu'il sache que j'héberge Marvyn.

- Avec tout le respect que je vous dois, je vais devoir décliner, encore une fois votre demande. Si je veux revenir chez moi en vie, il me faut cette soirée de solitude.

- Elisa.

Sa voix est dure, me faisant comprendre d'avance que je n'aurais plus mon mot à dire.

Je tiens beaucoup trop à faire respecter mon avis, c'est ce qu'on m'a toujours reproché.

Et ce qui a d'ailleurs, failli me coûter la vie.

- Oui ?

- Ceci est un ordre, pas une demande.

Je suis foutu.

–Je refuse que vous veniez chez moi. Cependant, je peux accepter un entretient au QG ou dans un point de rendez-vous. Il en va de la sécurité de tous.

- Pourquoi parlez-vous de sécurité commune ?

- Tout mon appartement, à part dans la salle où je me trouve est mis sous écoute.

– Très bien. Je vous attends au QG dans quarante minutes sans faute.

- J'y serais, Monsieur.

– À tout à l'heure Madame Avdeeva.

– À tout à l'heure, Monsieur.


Et il raccroche.

J'inspire un coup, essayant de m'oxygéner le plus possible. Je sors de ma pièce secrète et récupère ma clef de mon véhicule et décide d'ouvrir la porte de ma chambre. Je regarde de droit à gauche et remarque qu'il n'est plus là. J'avance progressivement. Lorsque je rentre dans le salon, je le retrouve assis devant son ordinateur. Je détourne directement ma tête, ne voulant pas avoir à lui. Je sors de notre appartement. Je m'apprête à rentrer dans ma voiture, quand un motard me klaxonne. Je tourne vers sa direction et un sourire se dessine sur mes lèvres.

Adrian.

Il me tend un casque, que j'enfile, m'installe à l'arrière, tient les barres en fer qui me permettent de ne pas tomber et lui fait signe de partir. Le vent fouette mes cheveux, l'air est frais, pourtant doux à mes yeux. Mon angoisse est toujours là, mais je porte ce masque, qui me permet de tenir debout physiquement. Car mentalement, je suis vide, je suis celle qui c'est effondrer tout à l'heure, celle dont les responsabilités ne lui permettent pas de souffler.

Une fois arriver, nous descendons de la moto. J'enlève mon casque quand je vois une lueur d'inquiétude dans les yeux d'Adrian.

– T'inquiètes pas, je gère.

– Elisa, promet moi une chose.

– Oui ?

– Quoi qu'il arrive, si ça tourne mal, tu m'appelles.

Sa proposition me touche, pourtant l'amertume m'envahit, sachant très bien que cela est impossible.

– C'est très gentil de ta part, mais je ne peux pas te promettre ça.

Je vois que je l'ai blessé en refusant ça, ce qui me met plus mal que je ne le suis actuellement.

– Pourquoi tu me repousses Elisa ?

– Je ne peux pas le faire à cause de ton statut. On a beau très bien s'entendre, se faire confiance mutuellement, il y a des choses qui ne nous empêchent pas d'avoir une amitié réellement égale. Tu restes le fils de mon patron et moi, l'employer de ton père. Et ça, que tu le veilles ou non, ça ne changera pas.

Il serre les dents.

Je ne vais pas pouvoir tenir. J'ai l'impression de tout perdre.

Avant qu'il ne puisse prendre la parole, j'aperçois son père nous fixer. Je me dirige vers celui-ci, bien que la peur est toujours imprégnée dans ma peau.

– Elisa.

J'acquiesce et rentre dans le QG. Je me marche directement vers la salle de réunion. Connaissant le lieu depuis fort longtemps, me repérer dans ce labyrinthe est un jeu d'enfant. Je m'installe et vois les deux hommes s'asseoir en face de moi.

– Nous devons parler à présent.

– Je vous écoute.

Il me tend un dossier. Je l'ouvre, vois, au premier abord, des photos. En les observant de plus près, je m'aperçois avec horreur que s'agit de moi. Je lève la tête vers eux, l'incompréhension règne sur mon visage.

– Qu'est-ce que cela signifie ?

– Tu vas devoir déménager, Elisa.

Marvyn...

– Je ne peux pas.

Adrian me fait les gros yeux, me faisant comprendre qu'il serait en mon intérêt de me taire.

– Pourquoi ?

– J'ai passé des mois à le trouver et quand je suis enfin proche du but, vous me dites que je dois partir de chez moi, car vous avez été incapable de prévoir son retour !

Adrian effectue quelques pas en arrière, sentant la tension monter.

– Elisa, tu me parles sur un autre ton !

– Oui monsieur.

Je sais qu'il m'est inutile d'envenimer les choses, car dans tous les cas, je perdrais la bataille.

– Tu es la meilleure parmi tous ceux que j'emploie et ça, tout le monde le sais. Mais tu prends trop de risque.

– Monsieur. À la fin de notre formation, nous avons juré sur l'emblème de jouer toutes les cartes en notre possession. Si je dois mourir pour retrouver l'assassin de ma mère, alors qu'il en soit ainsi. Mais vous ne pouvez pas me priver de mon mode de fonctionnement quand vous savez que, jusqu'à présent, j'ai toujours réussi mes missions.

– Je comprends tes motivations, mais je ne peux pas te laisser risquer ta vie alors que tu es la meilleure que notre section a eue.

Un rire sans joue traverse ma gorge.

– Je risque ma vie à chaque seconde que je respire.

Il reste silencieux, sachant que j'ai raison sur ce point. J'en profite pour rajouter :

– Alors j'aimerais savoir. Après tout ce que j'ai pu traverser, pourquoi quand c'est Josiah le danger, vous voulais absolument me retirer de l'effectif active ?

- Parce qu'il détient des informations qui peuvent nuire à ta carrière.

- Laissez-moi gérer la situation. J'ai moi aussi des cartes en main.

Il me regarde longuement.

– Très bien, mais si je vois la moindre faille, je te mettrais dur la touche. Compris ?

– Je ne vous décevrez pas.

Sur ces mots, je me lève et m'apprête à partir quand il m'interpelle :

– Madame Avdeeva,

– Oui ?

– Je compte sur vous.

– Oui Monsieur.

Je pars de la salle et sors de l'édifice. Adrian me rejoint.

– Je te raccompagne ?

– Je veux bien, à part si tu veux que je reste ici.

Un sourire étire ses lèvres.

– Tiens ton casque.

Je souris à mon tour et à ce geste, Adrian se fige.

– Qu'est-ce qui y a.

– Non rien, c'est juste que la dernière fois que je t'ai vu réellement sourire date de très longtemps.

À cette remarque, une profonde tristesse s'installe en moi.

Ma situation ne me le permettait pas.

***

Lorsque j'ouvre la porte, je tombe nez à nez sur Marvyn.

– Elisa ?

– Non, c'est le pape.

Le sarcasme, mon meilleur ami.

– Tu étais où ?

- Là où je devais être.

Il reste silencieux et je peux voir que c'est la seconde fois dans la journée que je blesse quelqu'un. Son regard me fait mal, il révèle tous les démons que j'essaie de calmer. Je le dépasse, regarde mon portable et m'aperçois du nombre de messages qu'il m'a envoyé. Je me retourne vers lui, surprise.

- Pourquoi tu m'as harcelé de message ?

- Je m'inquiétais pour toi.

La seule chose que j'arrive à faire est de le regarder. Il vient de m'enlever en une fraction toute colère qui m'habitais. Je ne pense plus à tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui et le contemple. Mon cœur extrêmement vite, l'intensité de son regard m'en donne des frissons.  

Comment un homme peut être si doux, si sincère ?

- J'avais juste besoin de prendre l'air.

Il hoche la tête, je pars dans ma chambre et désactive les caméras.

Si les caméras ne marchent pas, personne n'est censé voir ce qu'il se passe dans mon appartement.

Parce que oui, après des recherches intenses, j'ai compris que la personne malsaine qui me surveille le fessait via mes caméras.

Pas de chance pour elle, je ne les allume que lorsque je ne suis pas là.

Ce qu'elle a compris, car elle a, par je ne sais quel moyen, installer des micros. Bien que j'ai pris le contrôle dessus et lui fait écouter des bandes sons déjà préparer à l'avance.

Je me bats contre cette personne par ses propres armes.

Une fois dans mon lit, je profite des derniers instants calmes avant de m'endormir.

« Bonne nuit, Guerrière. » 

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