Chapitre 10 : Retrouvaille
TW : Mention de violence
Marvyn
***
La porte claque, j'ouvre les yeux brusquement... .
***
Je me réveille en sursaut, toujours aussi transpirant que la nuit où elle est partie de l'appartement. Je jette un regard furtif sur l'horloge, bien que je sais pertinemment l'heure actuelle.
3h00.
Il fait sombre, aucune ombre n'est présente dans la pièce, me laissant seul à moi-même. C'est la quatrième nuit que mon sommeil est troublé, trois jours que j'ai quitté mon travail, deux jours que je supplie que les heures passe plus vite, une journée qu'elle n'est pas revenu contrairement à ce qu'énonçait sa lettre.
Alors que mes pensées divaguent, le son de clefs secouées puis d'un claquement brusque se fait entendre. Je saute de mon lit. À présent, debout, je sors de ma chambre et me précipite vers l'entrée. Quand je vois la personne qui hante mon esprit depuis maintenant des journées entières, mon cœur rate un battement sous la surprise.
Elisa... .
Le sang dégouline sur son corps amaigri, ses vêtements sont déchirés en copeau, laissant à la vue de tous, ses blessures et cicatrices qui parsème son épiderme. Ses cheveux sont en batailles, emmêler et coller sur son visage creusé qui perle de goutte semblable à de l'eau. Pourtant, l'odeur de l'appartement empeste le cadavre, de sang, de sueur et de renfermer. L'air devient lourd à ces senteurs macabres.
Que t'es t-il arriver ?
Comme écrasée par un poids insoutenable, elle s'écroule par terre. Je cours vers elle et m'arrête juste devant elle, afin de ne pas la brusquer.
- Je peux te toucher ?
Ses yeux gris se posent sur les miens, je suis projeté vers un tournant de souffrance et de destruction. Ne supportant pas de la voir ainsi, mon cœur se serre. Un simple hochement de sa part et je la prends dans mes bras, la soulève, l'amène vers la salle de main et la dépose dans la baignoire.
- Tu es capable de te laver toute seule ?
Me laissant dans un silence insoutenable, elle garde les yeux fixés sur le sol.
- Elisa ?
Lorsque je prononce son prénom, elle enlève sa main plaquée contre le ventre. C'est avec stupeur que je me rends compte qu'elle saigne abondement. Je me précipite vers le meuble où la trousse de secours ,s'y loge et commence à sortir tout ce dont j'ai besoin. Je me dirige vers elle et commence à enlever tout le sang qui coule. Elle grimace. Je retiens mon souffle et me concentre pour éviter de lui faire, une nouvelle fois, mal. Une fois terminer, j'applique un pansement hydrofuge, afin d'évité toute infection de la plaie.
Je la regarde droit dans les yeux.
- Tu peux te laver toute seule ?
Au moment même où elle ouvre sa bouche, les larmes lui montent et coulent sur son visage. Mon cœur se comprime davantage. Elle secoue la tête de droite à gauche pendant que ces pleurs continuent à s'écouler.
- Non, déclare Elisa dans un souffle.
- Je ne peux pas te laisser dans cet état, Moon.
Je m'arrête, remarquant que je lui avais donné un surnom sans même le vouloir. Ses yeux se lèvent vers moi et je suis incapable de détourner mon attention posée sur elle. Sans me laisser le temps de décrypter le flux d'émotions qui vient de passer dans ses pupilles, elle les baisse, rompant, ainsi, le contact visuel qui c'est installer entre nous.
- Tu veux faire quoi alors ?
Sa voix faible, me fait littéralement, hurler de l'intérieure.
- Je vais devoir te doucher.
La stupéfaction mélangée à de l'inquiétude profonde passe sur son visage. Je m'empresse de rajouter :
- Je ne vais pas te laisser nue. Tu porteras une brassière et un short. Et si tu n'es pas d'accord, tu me le dis, et je ne te forcerais pas.
Elle me regarde longuement. Aucune émotion ne passe sur son visage. Seuls ses sourcils légèrement froncés m'indiquent qu'elle est en train de réfléchir à ma proposition.
- Même si tu commences et que je te dis d'arrêter pendant que tu es en train de me laver, tu le fais ?
- Oui, à n'importe quel moment, pour tout ce qu'on ferra ensemble. Si je n'ai pas ton consentement, je respecterai coûte que coûte ta décision. Je te le promets, Elisa.
Une lueur change dans ses iris, devenant plus doux, plus attendrit, plus compréhensif, plus respectueux, plus... majestueux.
- D'accord, tu peux. Pour ce qui de la brassière et du short dirige toi vers le premier meuble à partir de la porte.
Je m'exécute. Une fois avoir pris les vêtements, je sors de la salle de bain, afin de lui laisser de l'intimité.
- Tu peux revenir, Marvyn.
Je rentre dans la pièce et prends le pommeau de douche et commence à laisser couler l'eau. Après quelques minutes, je passe le doigt sous l'eau et vérifie la température.
Assez chaude pour qu'elle ne gèle plus qu'elle ne l'ai, assez froide pour ne pas qu'elle se brûle avec.
- Je vais commencer à te rincer.
Elle hoche la tête et suit tous mes mouvements du regard. L'eau s'écoule à présent sur son corps, effaçant petit à petit un sinistre tableau. Une fois fait, je place mes deux mains sur sa taille et la soulève, afin de la déposer sur le bord de la baignoire. Je prends son shampoing, en dépose une bonne masse sur ma paume et commence à laver ses cheveux tout en massant son cuir chevelu. J'aperçois ses muscles se détendre doucement. Ce constat me provoque un léger sourire.
Je rince ses cheveux et enchaîne avec un autre shampoing puis un après-shampoing, un masque nourrissant et tout ce qui vas avec. Après avoir terminé avec sa chevelure, je m'occupe de son corps.
La partie que je redoute le plus.
- Je peux ?
Un faible sourire se dessine sur ses lèvres.
- Combien de fois vas-tu me le demander, Marvyn ?
- Autant de fois que ton consentement doit être prise en compte.
J'approche mon visage au sien, implante mes yeux dans les siens et lui murmure doucement :
- Tout le temps qu'on passera ensemble et que la décision doit te revenir. Ce qui veut dire toujours, si tu veux le savoir.
Je la vois déglutir difficilement et son regard se perdre dans le mien. Je reprends la parole, bien que l'envie de rester ainsi me tente énormément.
- J'ai ton accord ou pas ?
Elle hoche encore une fois de la tête.
- Je veux que les mots sortent de ta propre bouche, pas d'un geste.
Une minute s'écoule entre mes paroles prononcées et le moment ouvre la bouche.
- Tu as mon consentement, Luciani.
Il suffit de ses mots pour que je commence à la savonner. J'évite les cicatrices, ignorant si celles-ci sont récentes. Je masse ses muscles, un à un, afin de les détendre. Je la vois grimacer. Mon attention se pose directement sûr elle, essayant de voir où j'ai pu lui faire mal.
- Ne t'inquiète pas, je vais bien.
Je la regarde longuement, essayant de voir si elle me dit la vérité, ou juste un simple mensonge. N'ayant pas de réponse interne, je continue. Une fois avoir terminer, je prends une serviette et la sèche délicatement. Je lui passe des vêtements et part de la pièce. Je marche jusqu'au salon et m'allonge sur le canapé.
Qui ?
Pourquoi ?
Où ?
Ce genre de questions, tournent en permanences dans mon esprit.
- Marvyn !
La panique me gagne sous son cri. Je cours vers la salle de bain, et ouvre la porte. C'est à ce moment-là que je la vois par terre, les poings serrer et les larmes verser. Je m'accroupis en face d'elle.
- Qu'est-ce qui se passe, Elisa ?
- J'arrive pas à marcher. Mes jambes ne me tiennent plus, déclare la femme, la tête baisser.
- Tu veux aller où ?
Elle me regarde, incrédule.
- J'arrive pas à tenir debout et toi, tu veux qu'on sorte !
Je glousse légèrement, sachant pertinemment qu'elle se trompait sur toute la ligne.
- Je voulais dire chez nous, Moon, pas dehors.
Ses épaules s'affaissent légèrement.
- Là où je n'aurais pas à tenir debout et...
- Et... ?
Sa voix se fait plus faible.
- Là où je ne serais pas seule.
Comprenant le sous-entendu qui s'y cache, la surprise m'envahit.
Et si... .
- Si je t'amène dans ta chambre, ça te va ?
- Oui.
Je m'approche d'elle, la prends dans mes bras et nous emmène là-bas. Je la dépose sur le lit et par courir vers ma chambre afin de ramener le maximum de cousin possible. Quand je reviens, je sens son regard posé sur moi et j'entends un léger rire de sa part. Je souris, fière de pouvoir la rendre joyeuse, même pour quelques secondes. Une fois fait, je l'allonge avec les cousins qui forment un support de sa tête à son bas du dos.
- Tu peux me passer la télécommande, s'il te plaît ?
Je lui donne ce qu'elle me demande et me dirige vers la cuisine. J'ouvre le placard rempli de confiserie, prends un plateau et la remplis de gâteux, bonbons, chips et tout ce qui peut être grignoter. En même temps, je prépare un énorme pot de pop-corn et rapporte tout cela dans la pièce où se trouve Elisa.
Lorsqu'elle me voit arriver, ses yeux s'agrandissent telles deux énormes soucoupes volantes. Elle se redresse et sa bouche s'entrouvre. J'en profite pour prend un pop-corn et le lancer vers sa direction.
~
Elisa
Je sens quelque chose atterrir dans ma bouche. La seconde qui suit, le goût sucré, presque caramélisé du pop-corn envahie ma cavité buccale. Mon cœur bat la chamade sous son geste.
« Moon ».
Ses yeux sont implantés dans les miens, je revois son visage inquiet, sa prévenance, sa bienveillance, la peur de me blesser, son insistance de prendre soin de moi.
C'est normal, vu l'état auquel tu es rentrée dans l'appartement avec un jour de retard...
Les risques du métier.
Je dois bien avouer une chose : s'il n'était pas là, je serais encore le corps rempli de sang, étaler sur le sol dû à mon incapacité de tenir debout, l'odeur infecte dans l'appartement m'aurait fait sombrer dans les quatre jours d'enfer que je viens de vivre.
- Merci.
Ce mot se mélange dans mon souffle pendant qu'il fronce les sourcils, ne comprenant pas la raison qui me pousse à dire cela.
- De rien, mais j'aimerais bien savoir que me vaut ce remerciement.
« S'ouvrir à quelqu'un, c'est la même chose que se jeter dans la gueule d'un requin. »
Jamais je n'aurais imagé faire ça avec quelqu'un. J'ai toujours crue être destiné à rester seule tout au long de ma vie. Mais il se pourrait bien que cette pensée s'effondre en ce moment même.
- Sans toi... .
- Sans moi ?
Je relève mon regard, qui fixait la couverture du lit et plonge celui-ci dans ses yeux.
- Sans toi, je serais encore par terre, dans l'état où tu m'as vu. Merci d'avoir pris soin de moi, merci d'avoir été intentionné, merci de faire en sorte que je me sente bien. Merci, Marvyn.
Je sais que c'est peu, comparer à ce que je pense réellement, mais c'est tout ce que j'arrive à lui dire. Il me fixe longuement, je suis incapable de détourner mon intention sur autre chose que lui. Une douce brise m'emporte. Cette sensation m'est étrange mais pas dérangeante. Je me sens légère sans le poids qui me pèse habituellement dans les épaules. Après ce long silence, il se rapproche de moi, diminuant l'espace qui nous sépare. De sa main droite, il la pose sur ma joue et commence à la caresser, tout en continuant de tenir le contact visuel.
- On t'a fait autant de mal pour que tu me remercies de quelque chose que tu mérites, Moon ?
Moon... .
De la tristesse raisonne dans sa voix, son regard se fait plus vulnérable. Je sens un cœur qui se déchire devant quelqu'un que la vie à maltraiter. Mon cœur se serre.
Je ne veux pas qu'il ait mal à cause de ce que je vis.
À la seconde où cette pensée traverse mon esprit, l'étonnement m'envahit.
Je... il...
- Pourquoi m'appeler « Moon » ?
- Je te répondrai seulement et uniquement si tu réponds à ma question.
Je m'apprête à baisser les yeux, quand, de son index, il maintient mon menton afin de m'empêcher de détourner le regard.
- Je... .
Ma gorge se serre, les larmes me montent automatiquement, et sans que je n'ai le temps de les contrôler, elles se déversent.
- Je ne voulais pas... .
Je le coupe :
- Tu ne pouvais pas savoir que cela allait m'impacter plus que tu ne le pensais.
Il me rapproche de lui et prend mon visage en coupe.
- J'imagine que si tu as disparu pendant quatre jours, c'était, en partie, à cause de ce qu'il se passe dans ta vie.
Je ravale difficilement ma salive.
- Oui.
Je n'ai plus la force de nier, de me battre avec un masque et de faire l'insensible, de jouer un rôle qui ne m'appartient pas.
- Elisa.
- Oui ?
- Si je t'appelle « Moon », ce n'est pas pour rien.
Je fronce les sourcils. Peu de personnes ne m'ont donné de surnom dans ma vie et toutes les fois où cela arrivait, c'était toujours de connotation péjorative.
- Pourquoi, Marvyn ?
Un doux sourire effleure ses lèvres.
- Tes yeux sont semblables à la lune. Tu vis seule, tu fais en sorte de gérer tout, sans l'aide de personne. Tu brilles dans l'ombre, là où personne n'ose regarder. Tu arrives à rester debout malgré les crasses, que j'ignore, qu'on a pu te faire. Alors, oui Elisa, « Moon » est ce qui te représente le plus.
Mon souffle se raccourcit brusquement, alors que le sien caresse ma peau. Les battements de mon cœur sont à leurs paroxysmes. Ses mots se répètent dans ma tête, son regard profond me provoque de long frison. Je sens dans mon ventre une parade de papillon s'envoler, m'obligeant à me pincer ma lèvre inférieure.
« Succomber à vos désirs et c'est la mort qui vous recueillera. »
Les cinq centimètres qui nous séparent, ne m'aident pas. Mes yeux dérivent, inconsciemment, sur ses lèvres. J'avale difficilement ma salive, sentant un chaleur, qui m'étais, jusqu'à ce jour, inconnue. Un désir terriblement dangereux, m'envahir. Ses pupilles se dilatent, son regard devient sensuel, me poussant petit à petit une ligne qui m'est interdite. Il rapproche doucement son visage du mien, laissant nos souffles se mélanger. Je peux sentir les battements de son cœur tout aussi rythmé que les miens. De son pouce, il effleure ma lèvre. Ses yeux se déposent sur ma bouche puis remontent à mes iris.
- Moon..., commence à déclarer Marvyn d'une voix guttural.
D'un geste vif, je plaque mes mains sur son torse et le repousse légèrement. Je tourne la tête, évitant son regard et n'assumant pas ce qu'il vient de se passer.
J'ai failli franchir la limite du non-retour.
- Je ne peux pas.
Je me recule et reviens à ma place.
- Je comprends.
Je sens mon cœur se serrer face à cette compréhension. Il revient à sa place et met en route un film, sauf que mes préoccupations ne me permettent pas de le regarder. La scène se joue devant mes yeux, ne laissant pas mon esprit tranquille.
Un long frisson parcourt mon échine, le vent froid percute mon épiderme. Je me réfugie dans la couverture, mais il persiste. Une chaleur s'approche de moi et je reconnais, instinctivement, à qui elle appartient. Ses bras se suspendent à quelques centimètres de ma peau, ne sachant pas si ce qu'il fait est une bonne idée. Sans réfléchir, je prends celle-ci et les pose sur mon corps. Marvyn frémis en même temps que moi. Je perçois son regard posé sur moi, mais l'ignorer et essaye de me concentrer sur la télévision. Mes paupières deviennent lourdes, me transportant dans le monde des rêves.
~
Marvyn
Sa respiration est calme et régulière. Son visage est détendu, laissant une expression apaiser. Les battements de son cœur sont synchronisés avec les miennes.
On a... faillit s'embraser.
Son corps contre le mien, une chaleur intense brûle en moi. Je sent depuis tout à l'heure mes joues qui chauffent. Cela me renvoie à l'image de la femme qui est sur moi, celle qui d'habitude n'a que la froideur sur le visage, à une femme douce et expressive.
- Couteau, meurtre, cadavre.
Je me fige à ces mots, comprenant que ses mots viennent d'elle.
- Elisa ? T'es réveillé ?
- Sang, torture, trahison.
Chaque parole dite est comme une lame acérée qui s'enfonce dans mon cœur.
- Danger, secret, vie.
« Si un jour, tu m'entends dire des mots insensés alors que je suis censé dormir, c'est normal. Je parle dans mon sommeil. »
C'est ce qu'elle m'avait dit lorsque je lui avais demandé s'il y avait des choses spécifiques que je devais absolument savoir. Pourtant, je sens bien que tous ces mots ont un sens. Elle m'aurait sortie : « princesse, téléphone, pomme ». J'aurai fait abstraction.
Mais ce n'est pas le cas.
« Je ne peux pas. »
Serait-ce pour ça qu'elle a rejeté notre rapprochement physique ?
~
Elisa
***
Quatre jours auparavant
Devant le bâtiment, j'inspire profondément, essayant de calmer mon rythme cardiaque très élevé.
C'est maintenant que ça commence.
Je modifie ma démarche afin de ne pas être reconnu. Je rentre dans l'édifice et me dirige vers l'accueil. Une vielle dame s'y trouve.
Elle a l'air d'être de mauvaise humeur.
- Bonjour Madame. Comment allez-vous ?
Elle me regarde septique.
J'aurai peut-être dû jouer la femme exécrable.
- Bonjour, que puis-je faire pour vous ?
- Oui. Je voudrais rencontrer Zlat Trayvon s'il vous plaît.
- Du nom de... ?
Elle plonge son nez sur le répertoire. La seconde qui suit, elle relève la tête et me regarde d'un air interrogatoire.
- Votre nom, s'il vous plaît, demande la dame agacer.
J'affiche un grand sourire et lui sort la carte que je lui ai dérobé à la rentrée. Son visage change, laissant le choc apparaître.
- Madame Jay ! Quel honneur ! Je ne vous avais pas reconnu ! Je vais le prévenir !
Mes lèvres s'étirent.
- Ce n'est pas grave. Pour ce qui est de Monsieur Trayvon, ne le déranger pas. Il est déjà au courant de ma venue.
- Très bien !
Je lui fais un signe de tête et pars en direction de la grande porte ornée de l'emblème du cabinet. Je marche dans l'immense couloir menant à un accesseur. Voyant les porte s'ouvrir sur un couple qui s'embrasse langoureusement.
Sérieux. Ils ne peuvent pas faire ça ailleurs ou faire en sorte que personne ne les aperçoivent.
Tu es censée passer inaperçue. C'est normal qui ne te voit pas.
Je détourne ma direction et me dirige vers les escaliers. Je monte les marches et me rends au deuxième étage. Voyant les portes de l'ascenseur s'ouvrir, j'y rentre et appuie sur le bouton de l'étage 49.
Une fois arriver, je me dirige vers son bureau. Je ne prends pas la peine de toquer et rentre dans la pièce. La première chose que je vois est ses yeux marron foncé. La surprise s'y traversent suivit de ses sourcils qui se froncent.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
Un sourire innocent étire mes lèvres.
- Tu devrais faire attention aux personnes que tu recrutes la prochaine fois.
Il me fusille du regard.
- Mon personnelles sont totalement aptes à faire leur boulot.
- Ouais, si tu le dis.
Il serre ses poings. Je vois la colère qui monte en lui.
Parfait.
- Sors de mon bureau, Elisa.
- Je peux savoir le motif ?
- T'attires toujours les problèmes quand tu es dans les parages.
- Dit plutôt que t'as la poise et que tu me remets la faute sur moi.
- Il faut que je te rappelle ce qu'il passait la dernière fois que tu es venue ?
Sang, torture, trahison.
Je sens mes muscles se raidir.
- C'était il y a deux ans, Zalt.
- Oui, la même période où ton ex à failli tous nous buter et que tu nous avais supplié de lui faire confiance.
Je serre la mâchoire, ne supportant pas qu'il me remette tout sur mon dos.
Surtout avec ce qu'il s'est passé il y a peu de temps.
- J'ai été naïve et j'en ai déjà assumé les conséquences. Tu n'as pas besoin de me le rappeler quand on sait tous les deux que chaque seconde que je respire, cette période s'ancre de plus en plus dans ma conscience.
Il me dévisage.
- Tu... .
- Je ?
- Tu as vachement changé en aussi peu de temps. Qu'est-ce qui c'est passer pour que se miracle se produise ?
Je glousse légèrement, par son insinuation. Je sens mon âme vibrer à cette remarque, me faisant comprendre, que malgré moi, je connais déjà la réponse.
Ce n'est pas le moment pour les introspections profondes.
- En quoi j'ai changé précisément ?
Une lueur mystérieuse traverse ses pupilles.
- En beaucoup de choses. Crois-moi.
- Hmm.
Un bref silence s'installe entre nous.
- Je peux savoir la raison qui t'amène ici ?
- J'aimerais savoir quelque chose.
- Dis-moi.
- Tu connaîtrais quelqu'un du nom de « Rann » ?
L'étonnement passe sur son visage puis s'assombrit.
- On ne peut rien te cacher.
Je m'empêche de justesse, de froncer les sourcils.
Ça commence très mal pour lui.
Je croise les bras et lève un sourcil.
- J'attends la suite.
- Alonzo Rann est le bras droit de Josiah Vern.
Je sens mes membres se crisper.
- Tu es sûr de ce que tu avances ?
- Oui. J'hésitais de te dire qu'il était revenu.
- Oh, t'inquiètes pas, j'ai eu le droit à une petite visite de sa part.
Il me fixe, sans cacher son inquiétude.
- Et... ?
- On s'en fout. Donne-moi plus d'information sur Alonzo.
***
Je sors de son bureau avec trois mots qui tourne en boucle dans mon esprit.
Danger, secret, vie.
Josiah Vern est venu pour m'anéantir.
Alonzo Rann pour détruire quelqu'un.
Il forme une bonne équipe à eux deux.
Un rire sans joie m'échappe.
Je vis dans un monde de fou.
J'ouvre la porte d'entrée et le vent glacial me frappe au visage. Je regarde mon téléphone et vois alors mon chauffeur arriver au loin. Je m'approche de lui et monte dans le véhicule. Soudainement, un tissu est plaqué contre mon nez et ma bouche. En moins d'une seconde, je comprends ce qui est en train de m'arriver.
Quelqu'un est en train de me droguer.
Le néant m'accueille les bras grand ouvert, me plongeant dans l'obscurité totale.
~
Marvyn
Elle se lève brusquement, le corps tremper de transpiration. Sa respiration est saccadée et la peur du danger imminent est inscrite sur son visage. Elle passait une main dans ses cheveux et se répète en boucle :
- Ce n'est qu'un cauchemar, un simple cauchemar.
- Elisa ?
Elle se tourne brusquement vers moi.
- Marvyn ?
- Dis-moi ce qu'il se passe ?
Sa mâchoire se contracte.
- Rien.
- Elisa. Ne me mens pas.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
- Je t'ai entendu, déclare simplement Marvyn.
L'inquiétude s'installe dans son regard.
- Comment ça ?
- Tu parlais dans ton sommeil. Tu as dit, je cite : « Couteau, meurtre, cadavre. », « Sang, torture, trahison. » et « Danger, secret, vie. » .
Elle dévie son regard de moi et se meurt dans un silence profond.
- Elisa. Je ne t'ai pas posé la question parce que tu n'étais pas bien, mais il faut que tu me le dises maintenant.
- Je ne peux pas.
- Tu dis toujours ça, mais tu ne justifies jamais.
- Ecoute. Je sais que tu te poses des questions, mais c'est ma vie et elle ne te regarde pas.
Je serre mes poings, impuissante face à son rejet constant.
- Je ne veux pas m'énerver, mais tu ne vis plus toute seule. Donc arrête de te comporter comme si tu n'avais personne pour t'aider et laisses moi t'épauler.
Elle ne fait quelque pas vers moi puis s'arrête. Son regard est froid.
- Tu ne connais rien de ma vie, tu ne peux rien faire de quoi que ce soit alors contente toi d'être heureux que je t'offre un toit et occupe toi de tes affaires.
De sa voix glaciale, les mots qu'elle prononce me transcendent le cœur.
C'en est trop.
- Tu sais ce que ça me fait ? Tu as pensé à moi au moins ? Tu me rejettes sans cesse alors que je veux juste t'aider.
J'en ai marre de tout prendre sur moi et d'encaisser.
Je sais qu'elle vit des événements qui sont durs à gérer, mais j'ai aussi mes problèmes et ce n'est pas pour autant que je lui fais mal pour autant. Elle serre ses poings et inspire lentement.
- Tu ne sais même pas le quart que je vis. En fait, si tu veux le savoir. Tu ne sais rien de moi et de mes blessures. Je ne veux pas que t'y prennes part, et si tu ne le comprends pas alors c'est ton problème.
Elle à l'air de vouloir me protéger.
Mais elle s'y prend mal.
- Je ne sais rien de toi parce que tu refuses de m'en dire plus. J'en ai marre de te voir mal. Voir chacune de tes blessures physiques et morals te faire souffrir m'abat peu à peu sans que tu ne t'en rendes compte. Mais cela ne veut pas dire que je ne peux pas prendre soin de toi et alléger ce poids que tu portes sur les épaules. Je ne fais que te le montrer, depuis le début. Je sais que tu as tes traumatismes, tes peurs et tout ce qui vas avec. Cela fait partie de toi, de la personne unique que tu es.
J'avais maintenu un contact visuel avec elle tout au long que je lui déclarais le fond de ma pensée. Une larme s'écoule lentement sur sa joue. J'aimerais la prendre dans ses bras, mais cette fois-ci, je ne veux pas que ça soit un pas pour revenir en arrière.
Non. Je veux que ça soit un pas qui nous amène en avant, pour toujours.
Une autre larme se déverse. Je reste là, devant elle, attendant sa réponse.
- Je...
Sa voix est étranglée et ses pleurs ne s'arrêtent pas, ses épaules s'affaissent et elle serre la couverture dans ses mains. Je reste silencieux, la laissant le temps d'exprimer enfin le fond de ce qu'elle vie intérieurement.
- Je suis désolée.
Comprenant que c'est tout ce qu'elle prononcera, je prends la parole :
- Je t'excuse, mais ce n'est pas pour autant que tu réponds à ma question. S'il y a bien un moment où tu peux réellement te confier, c'est maintenant.
- Je ne peux pas parce que ça te mettra en danger.
J'avance vers elle et prends ses mains dans les miennes.
- Je connais le danger bien plus ce que tu ne l'imagines.
J'avance mon visage du sien et lui murmure :
- Si je me suis retrouvé à amener mes frères à l'hôpital, il y a presqu'un mois, c'est que la situation été critique.
Elle retient son souffle et se contente de me regarder droit dans les yeux.
- Alors si tu crois que je ne peux pas affronter le côté sombre qui anime le monde auquel nous vivons, tu te trompes sur toute la ligne.
Les larmes recommencent à couler.
- Ils m'ont détruit pour faire de moi ce qu'ils n'ont jamais réussi à être. Ils... ont tué la petite fille que j'étais.
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