Amoricide
S'il fallait par mes mots, enfin toucher ton cœur,
Je commencerais par te dévoiler ma haine.
Faire preuve d'éloquences sans jamais avoir peur
Et de sombres humeurs revenir sans peine
Aux lumières éclatantes et aux joies contenues.
S'il fallait pour t'aimer offrir sans retenue
Un cœur déjà fragile, ou une autre à aimer.
Je serais bien capable de déchirer mon âme
La soumettre à tes cris, tes colères animées,
Te laisser, de tes ongles, en déchirer la trame.
S'il fallait en arriver à seulement en souffrir,
Te regarder partir, errer sur d'autres corps,
Mes bras, saignant encore, les laisser s'ouvrir
Te prendre et te serrer, t'écouter sans effort
Me parler de l'autre, des courbes de ses reins.
S'il avait fallu que je porte en mon sein
Les douleurs passées, comme celles espérées,
Celles qui réaniment le plus froid des desseins
Peut-être que j'aurais pu encore croire et rêver
Que ma haine est plus forte qu'un amour assassin.
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