L'errance du poète
Le poète vogue au fil de ses certitudes,
Dans de lourds nuages aux mordants coloris.
Il trace des courbes sur des papiers meurtris
Au sang pourpre de ses cruelles plénitudes.
"Cesse de rêver et vis" lui crie sa raison.
Le poète sourit et revient à sa tâche
Brodant des syllabes, des mots en pâmoison.
L'amour au cœur caressant, l'âme au cénotaphe,
Comme dans les jardins à la française, il peint
Des bouquets de vers aux équilibres certains.
Il voit dans ses écrits une belle harmonie
Qui tranquillise son esprit d'homme esseulé
Et l’entraîne dans le pistage ensorcelé
Des miroirs d'une exaltation infinie.
Mais l'amour n'existe pas, s'il n'est pas vécu,
Dure réalité qui frappe le poète,
Trouble sa conscience, le voici vaincu.
À genoux, il rampe et hurle ce qu'il souhaite,
Mais l'écho lui répond qu'il est seul à jamais,
C'est dans d'autres jardins qu'est l'amour désormais.
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