Chapitre 5-partie 1

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Tout était silencieux. La nuit possédait encore la chambre endormie, malgré le mince rai de lumière filtrant à travers les lourds rideaux qui barrait le front de la jeune fille. Seule sa chevelure sombre traduisait sa présence, son corps frêle dissimulé presqu’entièrement sous l’épais édredon, si lourd qu’il se soulevait à peine à chaque respiration.

Le roucoulement de l’eau dévalant les tuyaux dans le mur se fit entendre. Quelqu’un venait d’ouvrir un robinet quelque part. Le sifflement lointain de la chaudière tira un gémissent étouffé à la dormeuse. Péniblement, Kate se retourna sous la couette et, s’étirant avec bonheur, se redressa sur son séant.

Elle ramena ses jambes contre elle, et les emprisonna de ses bras, posant la tête pensivement sur ses genoux. Kate fixa l’horloge en face de son lit. La trotteuse venait d’achever son silencieux parcours autour du cadran, et repartait pour un nouveau tour, inlassablement.

7h25.

Elle inspirait et expirait avec lenteur, comme si elle avait peur de briser le silence qui s’était installé à la faveur de la nuit et de trahir sa présence. Pour la première fois depuis des semaines, elle avait passé une nuit tranquille.

Pour la première fois depuis des semaines, elle n’avait pas rêvé de l’attentat.

Elle fronça les sourcils, faisant cliqueter les ongles de sa main gauche avec son pouce, comme elle en avait l’habitude lorsqu’elle était songeuse, mais s’arrêta brusquement, se rappelant que Grand-Père détestait ça.

Elle cligna des yeux. Il n’y avait plus de Grand-Père. Kate déglutit, essayant de faire passer le nœud qui s’était douloureusement formé dans sa gorge.

« À chaque fois? c’est pareil, pensa-t-elle, j’oublie, puis ça me revient de plein fouet. »

Elle secoua la tête et d’un bond sauta hors du lit, comme pour chasser ses idées noires.

Elle se rua vers la fenêtre et écarta les rideaux d'un geste théâtral qui lui décrocha un petit sourire. La lumière aveuglante l’éblouit. Elle se protégea les yeux de sa main en visière. Dehors, le soleil levant brillait encore faiblement, mais se reflétait déjà en centaines de paillettes étincelantes sur la neige immaculée, colorée de jaune et d’orange par le ciel matinal. Elle colla son front à la vitre gelée, tentant de jeter un coup d’œil en bas. Dans la cours, quelqu’un, trop couvert pour qu’on puisse l’identifier, s’affairait à couper du bois. Le ventre de Kate gargouilla bruyamment, lui faisant douter de la dernière fois qu’elle avait mangé. Elle plongea dans sa malle, et en sortit ses chaussons ainsi sa robe de chambre brodée aux armoiries des Greenmoor qu’elle passa par-dessus son pyjama. Elle attrapa la clé sur la commode vernie, et quitta la pièce.

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