Sigismond et le voyageur

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          Dès qu’il s’était retrouvé dans ce monde étranger, Sigismond avait su qu’un danger le guettait. Cela ne venait pas du démon qui était passé là avant lui et dont il sentait l’aura maléfique… C’était autre chose : une autre créature arpentait les lieux en intruse, il la sentait toute proche, elle le surveillait. On ne vit pas cinq cents ans sans développer une certaine intuition.

     Plus prosaïquement, une odeur de sang frais lui chatouillait les narines. Le démon n’était déjà plus qu’un souvenir, quelqu'un s’était chargé de lui. Quel gâchis ! Songeait- le vampire qui ne négligeait aucune occasion de s’abreuver. Quel que fût le danger qui le menaçait, il fallait qu’il aille au devant de la créature. Peut-être que le démon transportait une ou plusieurs reliques…

     Sigismond laissa son corps prendre une forme vaporeuse. Ce serait plus pratique et plus discret pour se déplacer. Il louvoya entre les réverbères qui jalonnaient une longue rue déserte. Plus il se rapprochait de sa cible et mieux il en comprenait la nature. Cette aura était celle d’un ange, à n’en pas douter ! L’autre ne bougeait pas. Le vampire sut qu’il était attendu et repris un aspect plus consistant pour aller à la rencontre de l’ennemi.

     Celui-ci était adossé, bras croisés, contre un mur. Il regardait Sigismond avancer d’un air moqueur. Il portait autour de son cou, bien en évidence, le plastron de Lilith, comme un défi qu’il lançait à Hell et à son représentant. Ses cheveux blancs lui donnait un air vénérable que démentait la jeunesse de ses traits. Le vampire se retint de sourire. Il connaissait son adversaire : c’était Christophe le voyageur, un être orgueilleux et trop confiant en ses propres qualités.

     Sigismond le laissa mener le jeu. Il joua l’étonnement et la panique lorsque l’ange se déplaça soudain pour lui porter un coup d’épée.. Il lui permit même de laisser une longue estafilade sur sa peau laiteuse. Enhardi, Christophe l’attaqua en redoublant de force… mais en oubliant toute prudence. Le vampire n’attendait que ça : l’instant où une faille se présenterait…

     Tout à coup, il la trouva. Un espace dégagé vers le cou de l’ange belliqueux vers lequel il se précipita sous forme de brume. L’épée s’abattit sur lui… en vain. Il n’y avait ni chair ni os à trancher. La main de Sigismond se matérialisa sur la garde de l’épée qu’il arracha violemment à son propriétaire. Désarmé et sans pouvoir faire un seul geste, Christophe le voyageur se retrouva contre le mur, une grande silhouette à l’allure cadavérique penchée sur lui.

     Tranquillement, le vampire étancha sa soif. Puis il retira le plastron du cou de sa victime exsangue. Il avait déjà une relique en sa possession. A sa connaissance, il en existait sept : plus que six et il deviendrait maître de Hell ! Pas un vulgaire pantin que le maître actuel viendrait habiter, non, lui serait son propre maître. Il détournerait le pouvoir des reliques à son profit.

     Le sang de l’ange coulant dans ses veines, il sut qu’il avait à présent la capacité, ô combien précieuse, de passer d’un monde à l’autre. Il se concentra et s’éleva dans une brume dorée…

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